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 Jagor l'Archer.[en cours )

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MessageSujet: Jagor l'Archer.[en cours )   Jagor l'Archer.[en cours ) EmptyDim 8 Juin 2014 - 18:51

Jagor
 Il y a tant d'aurores qui n'ont pas encore lui



.:: identité ::.

 

 

 Genre : Masculin

 Race : Suli-Felidae

 Âge : Trente ans

 Surnom : L'Archer

 Terre d'origine : Bélin

 Philosophie : Instinctif

 Profession : Égide du Sanctuaire de Bélin

 Faction : Gardiens

 Aptitude particulière : Là où œil voit, flèche va.

 
Jagor l'Archer.[en cours ) 1402318378-tesv-fan-art-khajiit-by-bakirasan-d4j96zu

.:: apparence ::.

Façonné par une existence de traques et de courses-poursuites dans les sous-bois, Jagor est puissant, alerte et agile. Habitué à transporter et à dépecer ses proies, le felidae possède également une poigne surprenante. Quelques cicatrices s'entrecroisent sur son pelage noir et gris, ajoutant aux motifs de sa fourrure, souvenirs de chasses ayant mal tourné et de conflits regrettables. Deux d'entre elles, souvenirs lancinants d'un membre du Gantelet, sont là pour lui rappeler qu'il n'est pas fait pour le combat singulier. Les balafres ornant son museau, il les doit à un Ours Tigré en colère. Il s'en était fallu de peu que le félin ne serve de pitance à la bête ce jour-là, fort heureusement cette dernière s'était retrouvée gênée par sa taille lorsqu'elle tenta de poursuivre Jagor à travers les bois, lui permettant de s'esquiver promptement.  Ses deux yeux sont d'un bleu perçant et semblent toujours fouiller sans relâche lorsqu'ils se posent sur un inconnu. Si les intentions de l’Égide sont rarement hostiles, sa façon de scruter ses interlocuteurs les mets souvent mal à l'aise. Un observateur aguerri remarquerait qu'il a exactement le même regard lorsqu'il fouille les fourrés à la recherche de gibier.


.:: personnalité ::.

Jagor est quelqu'un de faussement simple. Ordinairement, il ne laisse rien transpirer que la tranquille autorité qu'il a appris à revêtir depuis qu'il est Égide. En tant que tel, il a pour ses frères et sœurs la même considération protectrice qu'un père aurait pour ses enfants. Il ne regarde pas les autres Gardiens comme des subordonnés mais comme les amis qu'ils sont et se garde bien de trop user du pouvoir dont il est symboliquement investi, ce qui a souvent tendance à étonner ses relations humaines.

Tout en lui respire la mesure, la prudence, l'humilité, mais il arrive que sa personnalité se fendille de façon imperceptible. Jagor n'est pas un être serein, et le doute le ronge quotidiennement. Le doute quant à son rôle, au rôle des Gardiens, et celui des Sulis en général. Le dilemme qui le hante a été engendré par l'époque dans laquelle il est né et beaucoup de ses congénères le partagent avec lui.

Depuis sa plus tendre enfance il est partagé entre son amour irrationnel pour la forêt hérité de son père, et une profonde estime pour la civilisation humaine, héritage de sa mère cette fois. Sa position l'a conduit à fréquenter très régulièrement Hydrasil au fil des années et le fauve s'est petit à petit habitué au contact des nombreux humains qu'il côtoie là-bas. Il lui est même arrivé de parvenir à dormir dans un lit ! Familier des hommes, de leurs politiques et de leurs coutumes, il joue un rôle de médiateur entre les humains et les Gardiens de Bélin.

  Il se surprend parfois à rêver que les Sulis abandonnent le monde des hommes pour se réfugier au cœur des grandes forêts, celles qui étaient bien avant que le premier Suli ne voie le jour. D'autres songes sont moins cléments. Il y aperçoit des hommes pleins de haine incendiant les forêts, massacrant les siens, emplissant le ciel de cris d'effrois et c'est sans compter un fantôme du passé qui lui susurre à l'oreille des mots d'avertissement et de colère qui trouvent bien trop d'écho en lui. Une colère qui lui serre encore les entrailles lorsqu'il se réveille en sursaut au terme du cauchemar et se mue en tristesse. Une colère qu'il sait couver en lui depuis longtemps, et qu'il craint par-dessus tout. Il sait que sa rancœur pourrait provoquer la destruction du fragile équilibre péniblement bâti par les Gardiens entre hommes et Sulis à Bélin, c'est pourquoi il l'étouffe constamment et n'en a jamais rien montré à qui que ce soit. Mais la tristesse qui le ronge fais parfois surface sans qu'il ne s'en aperçoive, altérant son comportement, le rendant muet et mélancolique, parfois même au beau milieu d'un entretien.

.:: histoire ::.



Demonda, 15 de Brinhal, 14ème année de l'ère du second souffle.

 J'écris ces lignes sur le conseil d'amis qui désiraient que je couche mon histoire sur le papier afin de laisser une "trace écrite". Je dois avouer que j'avais d'abord rejeté d'emblée cette proposition. Un Suli, écrire pour laisser une trace ? Voilà bien une idée humaine. Les seules traces que nous avons coutumes de laisser sont nos héritiers et quelques morceaux de bois sculptés. Les nôtres sont déjà peu nombreux à savoir écrire, alors écrire sur soi-même ? Une perte de temps. Mieux vaudrait travailler à des essais ou des traités sur la Nature, la technique ou la chasse qui pourraient profiter durablement et concrètement à tous les peuples. C'est pourquoi j'avais aussitôt rejeté puis oublié cette suggestion.

Seulement, c'était sans compter sur la détermination(!!) de la dame d'Hydrasil. Lors de notre dernière discussion voilà maintenant une semaine (c'était à l'occasion d'une "visite de courtoisie" comme disent les humains) elle relança la question. Et à présent, je dois bien avouer que la perspective de laisser aux Égides qui me succèderont une idée des conditions dans lesquelles s'est faite l'actuelle entente entre humains et Sulis de Bélin à travers l'histoire de mon "ascension" est tentante. Qu'ils puissent garder toujours à l'esprit ce qui a été perdu, gagné, et surtout ce qui a été sacrifié à la cause de Tsongor (qui est aussi celle de tout le peuple Sulis, j'en suis intimement persuadé). Qu'ils mesurent l'ampleur de ce que l'engagement des Gardiens signifiait et devra continuer à signifier. Une manière comme une autre de contribuer aux annales de l'époque.

"Votre témoignage saura sûrement se révéler précieux pour les descendants des Gardiens comme pour les historiens de mon peuple. À défaut...ce sera sans aucun doute le premier ouvrage rétrospectif écrit par un Suli." C'est sur ces mots que la Dame Delsola avait conclu son argumentaire. Par la suite nous avons continué à en discuter, et au final, je me retrouve ici, adossé à un chêne centenaire en haut d'une colline qui surplombe la splendeur d'Hydrasil, en train d'essayer de coucher ces mots sur un parchemin neuf le moins maladroitement possible. La sensation du bois souple de mon arc me manque, cette plume est traître et cherche sans relâche à m'échapper. De fait, je ne sais si j'atteindrai ici la clarté et la concision à laquelle j'aspire, mais après tout il n'y a qu'une manière de le savoir. Commençons.



L'Aube-

Mes premiers souvenirs remontent à l'époque où notre clan n'était pas encore sédentaire et parcourait les forêts du nord librement. Nous étions une petite vingtaine de Felidaes, nous vivions de la chasse et du troc que nous faisions avec les autres clans Sulis que nous retrouvions une fois tous les ans dans une immense clairière naturelle. Mon père me transportait encore sur ses épaules, j'étais bien trop jeune pour suivre le groupe comme le faisaient mes frères plus âgés. Lorsqu'il partait à la chasse avec les autres, je restais au camp avec les femmes et les autres petits. Nous aidions nos mères comme nous pouvions à dresser le campement, préparer le repas, entretenir les outils, tanner les peaux...Mais il faut bien l'avouer, nous préférions par-dessus tout passer notre temps à jouer, ce qui ne laissait pas d'irriter les mamans. Nous fêtions les chasseurs comme des héros lorsqu'ils revenaient de la chasse leur gibier sur les épaules, ils étaient nos idoles. Notre rêve à tous était d'être un jour capable de traquer les bêtes de la forêt et de nous mesurer à elles, de faire en sorte que le clan ne manque jamais de rien.

Je garde de cette époque un sentiment d'éblouissement, c'était pour moi un véritable âge d'or. Nous vivions chichement et dangereusement, mais nous étions tous unis, solidaires, veillant les uns sur les autres. Le soir, autour du foyer, Orgoï le vieil Ursidae (je ne sais plus qui du clan ou de lui avait adopté l'autre) nous contait les vieilles histoires, celles qui naissent au creux des forêts secrètes du monde, là où les arbres parlent aux oiseaux qui nichent dans leur tronc. Nous entendions parler des jungles lointaines où vivaient d'étranges Sulis au pelage noir comme la nuit, ainsi que d'horribles monstres verts et musculeux qui ne connaissaient que la guerre. Nous frissonnions de plaisir et d'effroi à l'évocation des légendaires démons. Puis nous allions nous coucher et nous nous endormions, bercés par les rires et les crépitements des braises.
Oui, à cette époque, nulle dissension ne venait ternir l'horizon. Et puis le groupe accueillit de nouveaux arrivants. D'autres Sulis, trois Felidaes et deux Canidaes. Par leur simple présence, ils allaient me faire découvrir beaucoup de choses dont on avait tenu à nous éloigner le plus possible comme je devais m'en apercevoir. Mais avant d'y venir, nous allons nous arrêter un moment sur l'éducation que mon père nous prodiguait à moi et mes frères.

Très tôt il m'avait enseigné, comme à mes frères, le sens de la chasse et ce qu'elle impliquait pour nous comme pour les bêtes sauvages. Nous autres Sulis chassons pour nous nourrir et nous habiller, avait-il coutume de dire, et c'est uniquement pour ces raisons que nous tuons. Lorsqu'un animal accepte de mourir pour que nous puissions manger ce soir, c'est un grand honneur qu'il nous fait, et c'est pourquoi nous devons remercier cet animal. C'est aussi pour ça que nous devons nous montrer dignes de lui. Un cerf, une perdrix, même un loup, ne nous laissera pas prendre sa vie si nous ne lui prouvons pas notre valeur. Il sait que nous avons besoin de sa viande, mais il ne la donnera qu'à un chasseur brave, habile et humble. Telles sont les voies d'Ëyä, la Grande-Mère qui a façonné le ciel, la terre et la mer au commencement des mondes. Souvenez-vous-en.

Les outils que nous utilisions étaient pour la plupart rudimentaires. Même les coutelas des chasseurs n'étaient pour la plupart que des cailloux taillés, à l'exception de ceux d'Orgoï et de mon père. Auprès de leurs coutelas, les autres ne tenaient pas la comparaison. Les leurs n'étaient pas de simples outils, c'étaient aussi des armes. Elles avaient été forgées dans un métal qui m'était inconnu et leur tranchant n'avait pas de pareil. Détail qui m'avait fasciné à l'époque, on pouvait voir le soleil se refléter dans la lame. C'étaient les premières armes humaines qu'il m'avait été donné de voir, et bien entendu, j'ignorais tout de leur nature, mon père et le vieil ours n'ayant jamais répondu à mes pressantes interrogations à ce sujet. Mon arme de prédilection toutefois, était bien l'arc. L'arc étant, d'après mon père, l'arme du chasseur par excellence. Prends soin de ton arc comme tu prendrais soin de ton propre enfant avait-il dit un jour. Je m'étais d'abord étonné de ce conseil, mais j'avais vite compris à quel point nous dépendions de nos armes pour survivre. Régulièrement, mon père m'emmenait chasser avec lui et m'enseignait son savoir-faire. Lorsque je fus assez grand, il m'aida à fabriquer mon premier arc et m'emmena tuer mon premier gibier. Je m'en souviens très bien. Nous étions seuls dans une forêt où des arbres immenses nous empêchaient d'apercevoir le ciel, le silence régnait sous leur couvert et nous progressions dans la pénombre. À trente pas de nous à peine, une biche et son faon broutaient paisiblement des fougères, dans une flaque de lumière que les feuillages avaient laissé percer. Ma flèche atteignit le faon au flanc. Il poussa un faible cri, et tituba avant de s'écrouler, parcourut de soubresauts. La mère s'échappa aussitôt. Je m'approchai, armé du coutelas de mon père, et fixai ma victime. Je crois qu'il était encore vivant lorsque je le remerciai de son don au clan. Lorsque nous revînmes, mes frères et le reste de la tribu me fêtèrent comme le chasseur que j'étais devenu. J'aidai les femmes à préparer le faon pour le repas du soir, un peu plus tard j'écoutais, captivé, l'histoire quotidienne d'Orgoï. J'avais encore le goût de ma proie sur la langue et le savourai paisiblement. J'étais enfin un adulte. Je devais avoir douze années, et j'étais sûrement le Suli le plus heureux qu'Ëyä ait jamais fait.


Le temps des changements vint abruptement avec l'arrivée dans le groupe de cinq nouveaux Sulis. Le clan les avait rencontrés au hasard de ses errances, perdus et affamés, et les avait aussitôt pris sous son aile. Ils se refirent une santé au bout de quelques jours parmi nous et nous les prîmes en sympathie. Au cours d'une soirée, ils nous confièrent qu'ils étaient des mercenaires en vadrouille et qu'ils nous étaient très reconnaissants de leur avoir sauvé la mise. Comptant voyager un temps avec nous, ils accompagnaient les chasseurs lors de leurs expéditions, et je passai beaucoup de temps à parler avec eux. Trop peut-être, mais ils me fascinaient. Ce n'était pas simplement parce que c'étaient les premiers Canidaes que je voyais, mais bien à cause de leur vêture et de leurs armes. Ils portaient d'étranges armures de fer et de cuir mêlés qui protégeaient leur torse et leurs avant-bras. Leurs chausses étaient faites d'un tissu souple qui m'était inconnu et sentait étrangement. Et puis ils utilisaient des armes qui m'étaient restées inconnues jusqu'à maintenant. Ces étranges bâtons aussi longs que lourds à pointe ferrée qu'ils nommaient des « lances », et ces longs coutelas à la lame large et à garde croisée qui pendaient à leur ceinture. Des épées me disaient-ils. Fabriquées par des mains humaines.
Des mains humaines...


Je n'avais jamais vu d'hommes. Un jour, tandis que nous traquions un sanglier, mon père avait entendu quelque chose qui avait dû l'alerter. Il nous a fait plonger dans les fourrés, comme si le sanglier n'avait été qu'à quelques pas de nous, prêt à charger. Mais ce n'était pas le sanglier que j'entendis ce jour-là, le visage enfoui dans l'herbe. C'étaient des voix sonores qui résonnaient à travers les bois, accompagnés par des hennissements de chevaux et le bruit d'une galopade. Les voix s'étaient vite éloignées vers le nord et mon père m'avait fait signe que nous pouvions nous redresser avant de statuer : Nous ne retrouverons pas ce sanglier. Puis il vit la question dans le regard que je lui lançais et ajouta d'un ton sec : Des humains. Ce fut le premier « contact » que j'eus avec l'espèce humaine, et il me laissa énormément de questions auxquelles le clan ne pouvait ou ne voulait pas apporter de réponses. C'est pourquoi je ressentis l'arrivée de ces étranges Sulis qui vivaient et se battaient comme des humains comme une chance d'assouvir mon insatiable curiosité. Mais bien évidemment, voir les nouveaux venus satisfaire cette dernière n'enchanta pas mon père outre-mesure, ni Orgoï d'ailleurs.

Le paisible conteur que nous connaissions adoptait une attitude réservée voire méfiante à proximité des guerriers. Il avait presque l'air dangereux. Orgoï ne venait jamais chasser avec nous, il disait qu'il était bien trop lourd et maladroit pour nous être d'une quelconque utilité. Pourtant, j'apercevais parfois sous ses frusques de nombreuses cicatrices, trop nombreuses et trop régulières pour qu'elles soient dues à des expéditions malchanceuses ou à sa  soi-disant « maladresse ». Nous avions déjà été en situation précaire auparavant, alors que j'étais très jeune et que les chasseurs étaient loin. Je me souviens d'un jour où une meute de loups faméliques nous avait trouvés et encerclés, et où nous nous étions tous blottis entre les bras massifs de notre ami, tous les petits du clan. Les mères s'étaient armées et entouraient la montagne de croc de fourrure et de griffes que formait Orgoï. Mais ce dont je me souviens le mieux, c'est de cette menace sourde qui émanait de lui, et de ce grognement hargneux qu'il avait lancé aux prédateurs affamés. Alors que la vue des couteaux et des flèches brandis par nos mères ne les avaient pas inquiétés le moins du monde, ce simple grognement les fit hésiter. À vrai dire, ils firent plus qu'hésiter, et après quelques instants ils s'enfuirent sans demander leur reste. Orgoï éclata alors d'un rire rassurant, sans doute pour mettre fin aux pleurs des petits. Par la suite il redevint ce lourdaud bonhomme et maladroit qu'il avait toujours été jusque-là. Mais je ne devais plus oublier cette facette de notre ami que j'avais entrevue grâce à ces loups.


Un soir, mon père et Orgoï réunirent les autres chasseurs du clan, et eurent une discussion longue et mouvementée. Le lendemain, les mercenaires nous disaient adieu d'un air contrit. Je compris que mon père et le vieil ours avaient insisté pour qu'ils nous quittent beaucoup plus tôt que prévu pour une raison qu'ils ne voulaient décidément pas nous apprendre à mes frères et moi. Nous étions tous très tristes de leur départ, ils avaient été d'agréables compagnons de route et de chasse, et leurs histoires sur les villes humaines allaient nous manquer. Je me souviens de la confusion qui m'habitait à l'époque et qui n'allait cesser de grandir alors que ma famille et mon clan se déchiraient sous mes yeux. En effet, à la suite du départ, plusieurs disputes perturbèrent l'atmosphère de tranquillité affairée qui caractérisait habituellement notre campement. La plus violente se produisit entre mes parents. J'avais déjà remarqué que mère ne semblait pas partager entièrement les opinions d'Orgoï et de mon père sur tout ce qui avait trait aux humains. J'en eus la preuve définitive ce jour-là, lorsqu'ils s'affrontèrent devant mes frères et moi. Notre mère tenait obstinément tête à notre géniteur, le traitant de tout les noms tout en le menaçant de sa louche. Elle affirmait qu'il ne pourrait pas nous tenir éternellement à l'écart du monde, qu'il allait devoir se résigner à suivre le courant du fleuve, et qu'autrement il provoquerait notre perte à tous. Lui rétorquait qu'il ne permettrait jamais aux hommes de corrompre notre mode de vie et que nous n'aurions jamais dû accueillir ces « parias  civilisés » parmi nous. J'admirais mon père pour sa sagacité et le discernement dont il faisait généralement preuve en toute chose, mais à cet instant, je découvrais qu'il était des occasions où il pouvait refuser d'entendre raison, ce qui me déstabilisa grandement, comme on peut l'imaginer de la part d'un jeune Suli qui idolâtre son père. Ce fut à ce moment-là que Lin me pris par la main et m'éloigna de force du camp pour « aller chasser ».

Lin était la fille adoptive d'Orgoï. C'était une Felidae, comme la plupart d'entre nous, mais son pelage était couleur sable. Elle venait du sud, de Varakir nous avait dit le conteur. Il l'avait trouvée au cours de ses voyages, un jour de grand vent dans les ruines d'un campement Suli, sanglotant au fond d'un panier. Cela faisait deux jours qu'elle n'avait pas mangé. Incapable de retrouver la trace des précédents occupants de l'endroit, il décida de la prendre sous son aile et lui donna un nom.  Nous l'accueillîmes en même temps que le vieil ours lorsqu'ils croisèrent notre route voilà des années. De peu mon aînée, elle était une des quelques femelles Suli capables de rivaliser avec les mâles à la chasse. C'était ainsi qu'Orgoï l'avait élevée. Elle était aussi douée que moi à l'arc et ne se privait pas de me le rappeler régulièrement durant nos traques. Notre relation était un mélange de complicité et de rivalité amusée. Mais je dois avouer que si elle me voyait comme un simple ami, j'étais pour ma part petit à petit en train de tomber sous son charme au fil de nos escapades. Ce jour-là cependant, tandis que nous nous éloignions du camp, nulle magie ne vint épicer les regards que nous échangions. Nous partîmes marcher le long la rive de la rivière voisine, dans le silence. La forêt et ses habitants nous entouraient de leur bruissement familier. Les cimes laissaient percer quelques rayons qui venaient déranger les discrets habitants des bois. Je m'absorbai dans la contemplation de tout ceci, sans doute de peur de devoir penser à l'avenir. Les choses allaient changer, c'était évident. Je n'avais pas encore croisé les humains que déjà, ils semaient indirectement la discorde au cœur du clan. J'ignorais tout des raisons pour lesquelles Orgoï et Père les haïssaient, et je n'étais pas certain de vouloir les connaître. Ce dont j'étais certain, en revanche, c'était que malgré toutes les lieues que j'avais parcourues depuis ma naissance, je n'avais encore rien vu du monde. J'aimais la grande forêt comme on aime une mère, mais en grandissant, les enfants n'aspirent-ils pas à s'affranchir de l'étreinte maternelle ? Tel je me trouvais, jeune chasseur égaré, assoiffé de découvertes et de nouveaux horizons, effrayé par mes propres désirs, avec dans la poitrine une douleur lancinante qui battait le sang et me poussait de l'avant.


Midi-

Le lendemain, ma mère, mes frères et moi étions descendus au ruisseau de bon matin pour les ablutions. Elle avait tenu à ce que nous venions tous ensembles, sans notre père. Cela ne s'était plus produit depuis que j'avais tué mon premier faon. Pendant que nous nous baignions dans un silence explicite, elle prit la parole depuis le rocher où elle s'était installée pour nous surveiller.

-Je vais partir.

Nous la regardâmes, toujours silencieux et à présent immobiles. Dans mon torse, mon cœur s'affolait. Je ne voulais pas entendre les mots qui suivraient ceux-ci, et pourtant tout en moi criait le contraire.

-Il y a longtemps que je désapprouve la façon dont ce clan est mené, ainsi que les opinions de votre père. J'avais tort de croire qu'il s'adoucirait avec le temps. Demain, moi et les autres qui pensent que nous devons cesser de vivre reclus dans les forêts partirons pour les territoires humains. Je tenais à vous en prévenir, car je veux que vous puissiez faire votre choix vous-même.

Ma mère m'avait toujours parut quelque peu froide et distante. Elle ne jouait que rarement avec moi lorsque j'étais petit, et ne s'exprimait généralement que de façon laconique. Même en cet instant où elle annonçait quelque chose qui allait bouleverser nos vies, il n'y eut pas une once d'émotion dans sa voix. Comme si elle énonçait un simple fait qui devait arriver de toute manière et dont il n'y avait pas lieu de s’inquiéter.

-Pourquoi partirions-nous chez les humains ? J'ai entendu dire qu'ils étaient jaloux, rusés et mauvais, que leur argent était une corruption ambulante et qu'ils brûlaient les forêts.

Celui qui vient de parler ainsi, plein de défi, est Armeth, mon frère aîné. Il se dresse devant notre mère, bras croisés, sourcils froncés. L'eau du ruisseau dégouline le long de sa belle fourrure cendrée. Lorsque ma mère répond, je constate avec surprise qu'il y a dans sa voix un accent presque suppliant. Avec le recul, je m'aperçois aujourd'hui qu'elle n'avait pas dû s'attendre à ce que beaucoup de ses fils la suivent, et que cela avait dû la peiner grandement.

-Oui Armeth, il est vrai que certains humains sont tels que tu les as décrits. Mais quelle importance ont ces quelques brebis galeuses ? Même chez les Sulis on trouve es lâches et des traîtres. La civilisation des humains comporte plus d'un aspect et ne cesse de se complexifier, de s'agrandir. Mes fils, il faut aimer les humains, et leur pardonner leurs errements. L'avenir de notre clan, comme celui de notre race toute entière dépends en partie d'eux, et si nous nous en faisons des ennemis, puisse Ëyä nous prendre en pitié, car alors nous nous trouverons bien seuls face aux engeances démoniaques qui se lèvent au Sud ! Je dis qu'il est vital que nous allions à leur rencontre et apprenions à mieux les connaître. Si vous choisissez de suivre votre père et son ours d'ami, soit. Mais pour l'amour de la Grande-Mère réfléchissez-bien, je ne voudrai pas vous avoir dotés d'une tête pour rien.

Mon grand-frère ne trouvant rien à rétorquer, il sortit du ruisseau et se dirigea silencieusement vers le campement suivi par mes autres frères. Je restai seul, sur la berge, à observer ma mère agenouillée sur son rocher au milieu du cours d'eau. Elle était comme prostrée, et, une main contre sa poitrine, semblait lutter contre la montée des larmes. Soudain, un mouvement furtif attira mon œil vers les arbres qui surplombaient la scène. Avant qu'elle ne se dissimule derrière un tronc, j'eus le temps d'apercevoir la queue de Lin. Elle avait dû nous suivre et avait tout entendu. Dans les moments qui suivirent je perçus un sanglot qu'elle n'avais pas pu étouffer complètement. Elle savait que j'accompagnerais ma mère, même si cela signifiait que je doive dire adieu à mon père et à Orgoï ainsi qu'à elle. Car elle ne quitterait pas son père adoptif, je le savais moi aussi. Je feins de n'avoir pas compris qu'elle était là, et baissais le regard vers le cours d'eau. Je vois encore les quelques feuilles qui virevoltaient à sa surface, comme autant de petits navires partis pour se perdre dans le gouffre noir de l'océan qui borde les mondes et abrite les cieux sans fin. Comme autant de vies.

Le lendemain, je fis mon paquetage en silence et me joignit à ma mère sans rien dire. À ses côtés se trouvaient trois chasseurs et leurs familles, tout aussi décidés à aller à la rencontre des hommes. J'étais le seul de ses enfants à avoir pris son parti. En face de nous, mon père, Orgoï et les autres nous dévisageaient. Je ne voyais pas Lin. Elle avait sans doute voulu éviter cet ultime face-à-face. Dans certains regards, je voyais la tristesse, dans d'autres, la colère, dans celui de mon frère aîné, je vis même du mépris. Mais ce qui me frappa le plus, ce fut ce que je trouvais dans les yeux de mon père : une profonde incompréhension. Ce fut lui, s'adressant à Mère, qui rompit le silence chargé de tensions qui s'était installé.

-Je t'en prie, Zaïr, tu n'as pas à faire ça. Nous pouvons vivre loin des hommes, je le sais. Ce sont des menteurs ! Des tueurs ! Ils vous tromperont avant de vous dépouiller, et vous finirez par mendier dans les rues boueuses d'une de leurs villes infestées de vermines ! Tu le sais aussi bien que moi, et je ne tolèrerai pas que tu condamnes ainsi notre fils !

-Cesse tes jérémiades, Kal. Je n'écouterai pas tes idioties une minute de plus. Nous partons. En vous obstinant à demeurer isolés dans ces bois, vous ne faites que vous condamner vous-même. Jagor et les autres ont fait le bon choix, et nous vous le prouverons, d'une manière ou d'une autre.

-Avec tout le respect que je te dois, tu te trompes Zaïr, c'est toi qui te condamnes, ainsi que Jagor.

Orgoï a parlé, de sa voix de basse, lourde et sonore. Il est debout, et dépasse de deux bonnes têtes le plus grand des chasseurs. Son pelage d'un blanc éclatant, ses griffes cruelles, ses yeux rouges, sa stature menaçante ; alors que je le voyais comme un vieux conteur bourru et fainéant, cette image de lui empreinte de tristesse et de majesté devait rester gravée en moi. Encore aujourd'hui il vient parfois me visiter en rêve tel qu'il était alors, je garde de chacune de ses apparitions une impression d'amertume.

-Que veux-tu dire, gros feignant ? le railla Mère. Tu dis des bêtises plus grosses que toi depuis quelques jours. Toi aussi tu veux suivre mon imbécile de mari ? Je te croyais plus malin que ça, Orgoï. Tu devrais avoir compris que nous ne survivrons pas si nous nous isolons des hommes.

-Les hommes sont des démons. Le vieil ours a parlé avec force, et ma mère se tait, impressionnée malgré elle par son interlocuteur. Je les ais longtemps côtoyés avant de vous rencontrer et je les connais mieux que tu ne le penses. Ils ont la langue double et leurs actes sont souvent à deux tranchants. De leur magie impie, ils ont troué le ciel et ainsi lâché les engeances maléfiques de Sipriar sur notre monde. Ils répandent le sang des leurs sans fin, plongés dans des guerres incessantes, assoiffés de pouvoir. Ils ne valent guère mieux que les habitants d'au-delà de la Mer des Larmes. S'ils le pouvaient, Zaïr, ils détruiraient les dieux pour s’accaparer leur puissance. Leur orgueil ne connaît pas de limites, et dans leur course, ils n'épargneront personne. Nous sommes les enfants de la grande forêt. Nous nous devons de lui être fidèle.


-C'est là ce que tu ne sembles pas comprendre, Orgoï, rétorqua ma mère. Je ne trahis ni la forêt ni la grande Déesse, et je leur serai toujours acquise. À présent, nous partons. Ëyä fasse que nos chemins se rencontrent à nouveau.

Et ainsi, nous partîmes sans plus de cérémonies pour les territoires humains. Je laissai derrière-moi toute mon enfance et nombre de personnes que je ne devais plus jamais revoir vivantes. Pourtant, sur l'instant, la vague tristesse que je ressentais se trouvait quasiment étouffée par mon enthousiasme pour ce qui nous attendait. J'allais enfin à la rencontre de ce monde qui m'avait été celé si longtemps durant. J'avais seize printemps, un grand arc, quelques flèches et aucune idée de ce que j'allais vivre.


Nous voyageâmes durant deux semaines vers les environs d'une ville que Mère nommait "Hydrasil". Moi et les autres chasseurs nous occupions de la nourriture, comme auparavant. On aurait presque pu croire que rien n'avait changé. Un jour que nous revenions de la chasse un énorme sanglier ballotant entre nous, je me surpris à sourire à l'idée de voir la tête que ferait Lin en voyant une telle prise. Son absence m'affectait de plus en plus à mesure que les jours passaient. J'en arrivais à me murer dans un silence qui laissait mon entourage perplexe. C'est-à-dire qu'en plus de penser à Lin, je songeais aussi aux mots d'Orgoï à propos des humains. Sur le moment, je ne les avais pas bien compris, tout chamboulé que j'étais de constater que mes parents ne s'aimaient plus. Les humains auraient permis aux démons de nous envahir ? Il fallait que j'en apprenne plus. J'en avais reparlé à Mère qui m'avait sèchement jeté quelque chose à propos d'un "accident" et d'un "imbécile de mage", mais cela ne m'avait guère éclairé.

Puis, nous arrivâmes à Hydrasil. Ou plus exactement, aux collines environnant la cité. Une cité humaine. La première que je voyais. Je restais béant devant l'ampleur de l'architecture, ayant peine à me convaincre que je n'étais pas en train de rêver. Et pourtant...De là où nous étions, nous apercevions les portes de la Cité, non moins impressionnantes, au travers desquelles semblait circuler un flot quasi-ininterrompu d'individus. Passé l'émerveillement, un autre sentiment naquit en moi à la vue de la ville. Ses remparts gigantesques, ses créneaux, ses tours que l'on pouvait voir de loin, tout en elle m'intimidait. Je m'imaginais les conflits de légende décrits par Orgoï prenant place au pied de ces remparts et ne pouvais m'empêcher de frissonner. Cet endroit était prêt pour la guerre. Mais je ne pouvais pas encore concevoir que l'on veuille en mener une contre Hydrasil même. Les autres interrompirent bien vite ma contemplation ébahie pour m'envoyer attraper le repas du soir. J'avisais un bosquet non loin et m'y dirigeais, encore tout étourdi par la vision de la cité. Tandis que je me glissai accroupi sous l'ombre projetée par les cimes j'ignorais que je pénétrais sur un territoire de chasse privilégié de la noblesse humaine. Je devais le découvrir quelques instants plus tard dans des conditions pour le moins inattendues.

En effet, tandis que je m'avançais sous le couvert des arbres, je commençais à percevoir une rumeur lointaine, c'était comme si un petit troupeau de chevaux se dirigeait vers moi. Puis j'entendis les cris. Des humains montaient ces chevaux. Des humain en chasse. Aussi inquiet qu'excité, j'achevais de me dissimuler dans les fourrés en espérant qu'ils ne remarqueraient pas le traces de ma présence. Quelques instants plus tard, je les vis. Ils surgirent des sous-bois, semblant ne faire qu'un avec leurs montures, des chevaux puissants à la robe blanche et auburn qui étaient faits pour parcourir la terre de long en large sans jamais fatiguer. Ils avaient d'étranges liens dans la bouche et sur leurs dos, par lesquels les tenaient leurs maîtres. Je les revois encore, ils étaient jeunes, nobles et rivalisaient d'arrogance dans leur maintien. Les armes qu'ils portaient, lances, flèches et épées étaient belles et brillantes. Je ne voyais pas là les démons cruels décrits par Orgoï, et restai quelque peu admiratif et jaloux devant l'assurance et l'aisance que ces jeunes humains avaient à se mouvoir sur leurs montures en pleine forêt. Ils s'arrêtèrent non loin de moi, et aux propos vifs et moqueurs qu'ils échangèrent, je crus comprendre qu'un des leurs allait arrêter là la partie de chasse qu'ils avaient entreprises, la faute à un cheval poussif. Le jeune noble qui montait l'animal en question était plutôt grand et bien bâti, et menaçait ses camarades du poing en riant tandis que ses cheveux blonds et en bataille s'agitaient en tout sens. C''était le plus dépenaillé de tous. Enfin, ils s'éloignèrent à la poursuite du gibier, laissant derrière eux le jeune noble qui mit pied à terre et se mit à entourer sa monture d'attentions affectueuses.

Ce fut à cet instant qu'un mouvement furtif dans le sous-bois non loin de l'humain attira mon attention. Un animal se cachait là, et le jeune homme lui tournais le dos. Ayant un mauvais pressentiment, j'armais mon arc et avançais, accroupi, afin d'avoir un meilleur angle de tir sur ce qui risquait de jaillir de ces buissons. Le cheval piaffa nerveusement, et son maître se redressant m'aperçut, sans doute crut-il que mon arc était pointé sur lui puisqu'il pâlit et leva les mains pour montrer qu'il n'avait pas l'intention de se servir de l'épée qui pendait à sa ceinture ouvragée. Ce fut cet instant que la bête choisit pour attaquer. Elle surgit des buissons dans un saut leste qui visait clairement l'homme. Ma flèche partit, et, grâce au sort, la transperça, la projetant sur le flanc. C'était un loup blessé. Une bave rouge aux lèvres, il tentait tant bien que mal de se défaire du trait qui le traversait de par en par. L'homme le vit, et, comprenant ce qui s'était passé, m'adressa un sourire reconnaissant. Ce fut ainsi que je rencontrais Edmund De Lorios, cadet d'une maison noble Bélinoise. Et il est plus que probable que si nous nous étions rencontrés en d'autres circonstances, je ne serai pas en train d'écrire ces lignes aujourd'hui.

J'étais, comme on peut l'imaginer, très mal à l'aise et assez farouche envers cet humain qui me parlait avec une familiarité déconcertante. Il s'aperçut de mon trouble, et, ayant avisé mes pauvres frusques, se dit probablement que je méritais un genre de récompense pour lui avoir sauvé la mise. Bien une réflexion humaine, ça. Toujours est-il qu'il déclara qu'il voulait me rencontrer à nouveau demain, non loin du bosquet où nous nous trouvions, pour décider de la suite. J'acceptais, confus, et m'en retournais chez les miens le loup sur l'épaule tandis que lui galopait vers les siens les avertir que leur gibier était à présent entre les pattes d'un Sulis qui venait de lui sauver la mise. Le soir, je racontais tout à mes compagnons qui n'en crurent pas leurs oreilles. À peine arrivés en vue de la ville et un membre du groupe rencontrait un homme noble ? Il sembla à ma mère qu'ëyä avait placé notre voyage sous une étoile particulièrement favorable. Plus tard dans la nuit, alors que nous nous étions assoupis sur le sol couvert de mousse, Mère me réveilla et me dit que je devais aller au rendez-vous fixé par l'humain et qu'elle comptait m'accompagner.

Le lendemain nous rencontrâmes Edmund ensembles. Il fit preuve envers Mère d'une série d'attentions qui me mirent mal à l'aise et que je devais bientôt apprendre à définir comme "courtoisie". Par la suite, Mère le pris à partie et eut avec lui une discussion rapide que je n'entendis pas. Je pus voir cependant que le jeune homme était passablement déstabilisé par ce que ma mère lui demandait...Lorsqu'elle revint vers moi, elle m'annonça de but en blanc : "Tu vas aller vivre à Hydrasil. Tu étudieras tout ce qu'un jeune noble humain doit étudier, et tu te familiariseras avec leur monde. Nous avons eu de la chance, Edmund est apparemment plus ouvert d'esprit que beaucoup de nobles. Viens mon enfant, nous rentrons au campement annoncer la nouvelle aux autres."

On imagine aisément le désarroi qui s'empara de moi à ces mots. J'avais toujours considéré ma génitrice avec une affection et une admiration exacerbée parce que malgré son statut de "femelle" elle ne s'était jamais laissée marcher sur les pattes et que ses connaissances en plantes comme en mysticisme étaient bien plus étendues que chez les autres membres du clan. Et encore, je devais découvrir par la suite qu'elle avait d'autres domaines de prédilection, autrement inattendus. Pourtant, lorsqu'elle eut fini sa tirade, je n'eus qu'une envie : la planter là, elle et ceux qui l'avaient suivis et m'enfuir dans le sous-bois. Je n'en fis rien naturellement, sinon je je ne serais pas là à rédiger tout ceci en utilisant la grammaire des humains. J'imagine que je n'étais pas assez sûr de moi pour partir. Et puis, peut-être aussi étais-je un peu curieux du sort que me réserverait Edmund...


Quelques jours plus tard, je pénétrais dans Hydrasil, l'Intemporelle, en compagnie de mon nouvel ami humain. Il me loua une chambre à une auberge bien fréquentée des beaux quartiers et m'assura qu'il s'occuperait de régler mon ardoise. Je n'ai pas compris ce qu'il voulait dire sur le moment, mais vous pensez bien que pour rien au monde je le lui aurais signalé. Je laissais faire. Il m'acheta de nouveaux habits, autrement seyants, ainsi que quelques parchemins vierges, de l'encre et des plumes. C'était, m'avait-il dit, pour me permettre de "suivre les leçons." Ensuite, je rencontrais ses parents qui étaient selon toute vraisemblance de braves personnes...Du moins il me sembla. Ils m'étaient visiblement très reconnaissants d'avoir sauvé leur rejeton. Je rencontrais également celui  qui devait être mon professeur, un vieil humain barbu et ventru aux mains couvertes de taches d'encres et richement vêtu. Geoff Klump. Le lendemain, j'eus le plaisir, en compagnie de quelques petits nobliaux moitié moins âgés que moi, d'assister à ma première classe en tant qu'"élève".

Une partie de plaisir. Essayez d'apprendre à un jeune chasseur Suli les rudiments de l'écriture, de la géographie et de l'histoire, sans compter la littérature humaine et nanique. Vous comprendrez peut-être par quelles espèces d'épreuves était passé mon pauvre professeur. Malgré tout, il parvint à m'inculquer ce qu'il devait. Petit à petit je m'intéressais à toutes ces étranges matières et me les appropriai. Je passais des heures entières dans la bibliothèque à consulter des ouvrages aussi énormes que poussiéreux, en remontrant aux étudiants humains les plus assidus. Avec le recul, je pense que je dois cette "réussite" au soutien que m'apporta Edmund, qui était très conscient de la difficulté que j'éprouvais à me plonger dans ce monde qui n'était pas le mien. Et puis aussi les quolibets de mes camarades de classe. Ils étaient relativement motivants. Bref, je me familiarisais avec les hommes et la ville d'Hydrasil. Je visitai régulièrement ma mère et les siens qui s'étaient installés dans un village voisin et se faisaient lentement accepter par la communauté paysanne. Je chassais en compagnie d'Edmund et de ses camarades. Dans les concours de tir que l'on organisait parfois lors de ces évènements festifs nommés "foires", je rivalisais avec les meilleurs hommes d'arc de la cité. Mon mode de vie avait radicalement changé, et la perception que j'avais du monde également. Quatre années, relativement paisibles passèrent. Je me "civilisais".

Et puis brutalement, mes racines ressurgirent. Cela se passa un jour en apparence comme les autres. Je me trouvai à bord d'une charrette qui se rendait à Hydrasil en compagnie de quelques enfants turbulents qui jouaient sur des barils de bière. Le conducteur, un paysan peu amène, avait accepté de me prendre à bord lorsque je lui avais montré la couleur de mon or. Nous n'étions pas encore en vue de la cité, et la campagne environnante se laissait admirer. C'est alors que le véhicule passa un col et qu'un paysage bien différent s'offrit à mon regard. L'odeur de bois brûlé vint, et ce fut comme si un sergent d'armes m'avait  asséné un coup de massue dans l'estomac. La vision de l’œuvre des charbonniers ainsi que la fumée qui s'en dégageait ne tarda pas à emplir mes yeux de larmes. La vieille forêt avait été rasée sur des centaines d'hectares. Des chênes, des hêtres et des ormes il ne restait que de larges souches pour la plupart déracinées et débitées. À cette vue, l'image d'une scène très précise remonta le courant de ma mémoire pour venir s'imposer à moi avec la violence cruelle qu'ont parfois les vieux souvenirs que l'on croyait enfouis. Je n'étais encore qu'une boule de poils ébouriffée. La nuit était tombée et j'avais sommeil, néanmoins mon père m'avait conduit hors du camp que nous avions monté pour la nuit. Nous nous étions approchés d'un arbre centenaire, je crois qu'il s'agissait d'un chêne. Alors, mon père s'était accroupi, et, ayant pris ma patte, la déposa délicatement tout contre l'écorce du vieil arbre. Tu vois, Jag, m'avait-il dit, les arbres sont les enfants bénis de la Grande-Mère tout comme nous. Sais-tu pourquoi ? À cette question, je devais avoir largement secoué le chef en signe de négation car je me souviens du sourire amusé de mon père lorsqu'il poursuivit : Parce qu'ils sont vivants eux aussi, et de la plus belle manière qui soit. Écoute, si tu colles ton oreilles contre l'écorce de cet arbre tu peux l'entendre respirer, celui qui est à l'intérieur.
Celui qui est à l'intérieur ? avais-je balbutié tout en collant mon oreille contre le tronc.
Oui. Le petit dieu qui sommeille, tapi au cœur du tronc.

C'était ainsi que mon père m'avait présenté mes frères arbres, il y a si longtemps. Si vous êtes un homme peut-être comprendrez-vous un peu mieux à quoi je dus faire face en découvrant ce carnage. Si vous êtes Suli, vous aurez d'emblée saisi l'ampleur de l'horreur que m'inspira ce spectacle et combien il me poussa à me remettre en question moi le civilisé.



Crépuscule-










Minuit-




.:: magie ::.

Flux magique

Magie spirituelle.


École de magie

Magie Divine.

 
Rang de départ

Votre rang vous sera attribué par la personne en charge de votre fiche Wink

.:: hors jeu ::.

Quel est le code de validation caché dans les règlements?  En l'inscrivant vous acceptez de vous soumettre aux règles établies.    

 → Zephira's been here

 De quelle façon as-tu trouvé le forum ?

 →Grâce au "Top Heroic Fantasy".

 As-tu des suggestions ou des commentaires ?

 → Je viens d'arriver donc je dis peut-être une ânerie, mais il me semble bien que pour l'instant les seules créatures déformées/maléfiques qui taquinent les différentes factions ce sont les goules. Mais où sont les démons et les rois nécromanciens, où sont les armées de créatures innommables grandes comme des tours de mages !? Mais ceci dit avec le nombre de factions et de clans rivaux/alliés présents dans l'univers d'ildir, je ne peux certainement pas me plaindre d'un manque de diversité.  

Et c'est un vrai plaisir de s'immerger dans l'histoire de la vallée d'Ildir, ses mythologies, ses peuplades, ses intrigues. Et la section "bibliothèque" m'a surpris, elle est également très agréable à parcourir !


@ mise en page et codage par Elanille Therce




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Zéphira Delsola
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Zéphira Delsola
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MessageSujet: Re: Jagor l'Archer.[en cours )   Jagor l'Archer.[en cours ) EmptyDim 8 Juin 2014 - 19:10

Bonsoir !

Le code est bon. Je valide, Sir !

Ce rôle me tient vraiment à cœur et j'ai hâte de voir ce que tu vas en faire cheers 

Concernant les créatures maléfiques... Oui, il n'y a "que" les goules (qui n'en restent pas moins une menace pour tout les habitants non-armés). Les autres créatures viendront avec les évènements du forum.
Je n'en dis pas plus car nous sommes actuellement en pleine refonte de plusieurs sujets du forum afin de rendre le tout plus "palpitant". Sache que toutes les créatures de tes rêves sauront fouler la terre d'Ildirith le moment venu ! ;D
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MessageSujet: Re: Jagor l'Archer.[en cours )   Jagor l'Archer.[en cours ) EmptyDim 8 Juin 2014 - 19:23

Bonsoir Dame, merci de l'accueil ! Je tâcherai de m'appliquer et vous ferais signe dès que j'aurai fini. 👽 Je prendrai soin de cette égide.
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Thaom Melcrudak
Fondatrice/Chef du clan Ours-hurlants
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MessageSujet: Re: Jagor l'Archer.[en cours )   Jagor l'Archer.[en cours ) EmptyDim 8 Juin 2014 - 21:45

Je vois que tu as bien cerné la magie, mais nous la remanions en ce moment même alors d'ici quelques jours tu devras revoir ton pouvoir mais ne t'en fais pas, tu trouveras ton compte Smile

Bienvenue et merci pour tes commentaires Very Happy En marche, Jagor, vers ton destin! (et sans doute le château de Bélin puisque Zéphira aime trop les Sulis Razz )
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Zéphira Delsola
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MessageSujet: Re: Jagor l'Archer.[en cours )   Jagor l'Archer.[en cours ) EmptyJeu 17 Juil 2014 - 6:47

Hey hey hey ! ♥️

Ca fait maintenant un petit mois que cette fiche est en cours,
J'ai évidement remarqué que tu as rempli au fur et à mesure et que cette fiche n'a donc pas été éditée la dernière fois il y a un mois et c'est aussi la raison pourquoi tu es encore dans "fiche en cours" Razz

Peux-tu nous donner un peu de nouvelles ?
N'hésite pas à poster une absence si tu pars en vacance ou si tu manques de temps.

Bonne continuation !
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Thaom Melcrudak
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MessageSujet: Re: Jagor l'Archer.[en cours )   Jagor l'Archer.[en cours ) EmptyLun 11 Aoû 2014 - 10:35

Aucune nouvelle donc nous déplaçons cette fiche dans ''refusées'' et libérons le prédéfini.
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MessageSujet: Re: Jagor l'Archer.[en cours )   Jagor l'Archer.[en cours ) Empty

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