Un souffle haletant, sa tête se retournait constamment vers l'arrière alors que le jeune homme essayait de sauver sa propre vie. Un animal gigantesque le rattrapait par derrière. L'homme sentait son cœur battre très fort dans sa poitrine, lui provoquant des crampes par moment. Son système sympathique était tout en alerte, éveillant ses sens les plus aguerris et augmentant l'adrénaline qui coulait maintenant dans sa veine. Son pancréas utilisait tout ce qu'il pouvait donner afin d'aider l'homme à se sauver du danger mortel qui le guettait. Puis, tout n'était qu'un noir total. Les morceaux de chair virevoltaient en lambeaux tout autour, les crocs de la bête qui le déchiquetait. Les cris du pauvre jeune homme se faisaient entendre dans la nuit obscure. Puis, plus rien. Là était mort Caliel Lysereän. Il avait attiré la bête à lui pour que sa femme, enceinte, puissait s'enfuir et sauver sa vie ainsi que celle de l'enfant qu'elle portait. Malheureusement, tout ce danger, toutes ces sensations et les coups qu'elle avait eu en tombant plusieurs fois au sol, Alice allait mettre au monde un enfant sous la pluie et dans en endroit qu'elle ne connaissait même pas. Son époux venait d'être tué. Ses hurlements déchirant la solitude de la nuit l'avait fait frissonner d'horreur. La Tiefflin finit par tomber à genoux et les contractions commencèrent leur travail. Elle s'était tu durant tout le processus, s'infligeant des douleurs au bras avec ses dents pour éviter de hurler. Elle ne désirait pas attirer la bête qui avait décapité son mari. Au bout de trois bonnes heures de travail, la jeune femme mit au monde une jeune fille. Elle décida de la prénommer Ëvelýn puisque c'était le prénom que Caliel aurait souhaité pour une fille. Alice n'avait pas vraiment été d'accord, mais au vu de la mort de son tendre époux, elle avait décidé de lui accorder cette dernière faveur, nommant sa fille en l'honneur de son désir.

L'errance était la seule survie que pouvait offrir Alice à sa fille. La Tiefflin fuyait de village en village. De forêt en forêt. Elle était affamée à chaque passage dans les ruelles d'un nouveau village. Ses doigts pillaient tout ce qu'elle pouvait trouver pour elle et pour sa fille. Jusqu'à ce qu'un jour, alors qu'elle devait rentrer, Alice avait disparu mystérieusement. Ëvelýn ne l'avait jamais revue. Elle attendait, jour après jour, dans la petite cabane que sa mère avait construite dans une forêt dont elle ne connaissait même pas l'emplacement. La jeune fille était laissée à elle-même. Elle avait à peine quelques miches de pain et de l'eau potable pour s'abreuver, pour ne pas tomber malade. La mauvaise eau pouvait la tuer, elle le savait. Ëvelýn réussit à survivre environs six jours toute seule avant d'oser sortir à l'extérieur. Elle s'était armée d'une dague et elle quitta la cabane pour s'aventurer dans les feuillages de la forêt. Le temps était froid. Le vent mordait sa peau lorsque soudain une bourrasque se levait. Ëvelýn luttait à présent pour sa vie et elle arriva dans le prochain village juste à temps. La toux avait remplacé la plupart de ses souffles. Elle souffrait. Cela lui prit prsque un mois tout entier pour récupérer. Elle avait la peau étrangement chaude, comme plusieurs Tiefflin. Cela l'avait protégé de la mort. Toutefois, la belle souffrait énormément. La glace avait mordue sa peau telle des lames de couteau, sans toutefois laisser une seule marque sur son passage. Lorsque son mal avait enfin disparu, elle se jura de se venger de la trahison de sa mère. Celle-ci l'avait laissé seule, l'abandonnant ainsi à son propre sort. Elle allait payer pour ce qu'elle avait fait. C'était une promesse.

Lorsque sa mère avait disparu, Ëvelýn était âgée de 12 ans. Elle n'était qu'une pauvre adolescente perdue et effrayée. Elle se forgea au cours des prochaines années une carapaces si énorme que son cœur devenait de glace, puis de pierre. Elle devenait une jeune femme svelte, grande et surtout resplendissante d'une beauté qui faisait chavirer le cœur des hommes, faisant jalouser les femmes, les inquiétant de la stabilité de leur couple. Malgré l'allure fragile et douce de son corps, la belle était musclée, flexible et agile. Elle s'entraînait avec un homme qui était en fait maître d'armes. C'était donc grâce à lui qu'elle avait appri le maniement des armes et à se défendre. Même avec son allure de guêle, elle était une femme dangereuse. À l'âge de 30 ans, Ëvelýn vécue sa première et dernière peine d'amour. C'était cela qui avait tout déclenché dans le sadisme et dans la cruauté de la jeune femme. C'était son maître d'armes qui avait profité de sa bonté et de son amour pour lui. Ëvelýn l'assassina sans aucun regret ni remord, dans son lit, un soir. Elle avait su que l'homme avait une femme et des enfants un peu plus loin dans le village. Sans même se prier, le sang qui couvrait son corps de la tête jusqu'aux pieds, la belle se dirigeait vers la maison du maître-d'armes et elle assassina sa femme âgée de 30 ans et son fils âgé d'à peine 3 ans. La demoiselle n'avait aucun regret à prendre ces mesures. Aucun. Elle quitta ensuite le village, couverte de sang de la tête aux pieds.

Elle parcourait les terres à la recherche de sa vie, d'un sens. Elle vivait de l'argent qu'elle pouvait voler lors de ses assassinats. La belle ne se contentait pas seulement des pièces que pouvait lui fournir ses employeurs lorsqu'elle devait tuer quelqu'un. Lorsqu'un travail voulait être fait, de n'importe quelle façon, que celle-ci soit rapide, lente, sadique, violente ou autre, c'était elle qu'on aimait bien appeler. Il fallait cependant garder une idée en tête à son sujet... il ne fallait pas la trahir. Ëvelýn était le genre de femme à retrouver les personnes qu'elle recherchait et à se venger d'une manière horrible. Elle pouvait disséquer un corps le plus longtemps possible avant que la vie ne quitte son corps. Elle savait appuyer sur les points sensibles et faire tordre sa victime dans tous les sens de la douleur. Ëvelýn avait longuement étudié le corps et leurs points faibles. Durant toutes ces années, la belle n'avait pas cessé de s'entraîner et de perfectionner ses arts du combat. Elle était très douée au corps à corps, mais elle restait très dangereuse avec une arme blanche entre les mains. Son arme préférée restait une dague légère ou un court sabre.

Au court de l'une de ses dernières expéditions, Ëvelýn se fit aborder par un homme à l'allure terriblement menaçante. De sa voix caverneuse, il ouvrit la bouche, faisant entrouvrir ses lèvres charnues. Il lui dit alors des renseignements intéressants et lui proposa même d'intégrer la Guilde. Toutefois, Ëvelýn ne voulait pas tout de suite s'engager dans une faction. La belle lui proposa de le retrouver un de ces jours pour lui donner sa réponse. L'homme mystérieux se volatilisa rapidement dans la nature, sans aucune trace. Il savait un jour qu'il la retrouverait pour avoir une réponse. La jeune femme n'avait même pas besoin de le chercher puisque c'était lui qui allait la trouver. Âgée alors de 95 ans, Ëvelýn errait dans différentes régions, tueuse à gage de sa profession qui lui assurait pièces pour manger, dormir et boire.