Quand on doit se démerder seul, on a rapidement besoin d'argent. Et quand on a besoin d'argent mais aucun savoir en quoi que ce soit, on prend ce qui vient. Et Fleya avait vraiment eu droit à tout et n'importe quoi... Mais c'était le prix de la survie et de la liberté, qu'elle préférait s’acquitter que de devoir y renoncer... La lune se levait sur les terres endormies. Une jeune Suli vadrouillait en solitaire dans une bourgade dont elle n'avait pas pris le soin de connaître le nom. Sur la place centrale, un panneau d'affichage siégeait. Il regorgeait de primes sur divers types de criminels, du voleur à l'assassin. Mais ce n'est pas d'une chasse dont avait envie la jeune fille cette nuit. Elle avait besoin d'argent rapidement et une traque pouvait prendre beaucoup de temps. C'est alors qu'elle remarqua une affiche promettant une belle récompense contre une escorte de caravane le temps d'un voyage qui ne devait pas durer plus d'une journée.
Quelle aubaine ! Exactement ce dont elle avait besoin ! Elle arracha l'affiche et se dirigea vers l'adresse inscrite en bas de page. Elle vint frapper à la porte. Une fois... Deux fois... Trois fois...
~Mais bordel, ils sont morts ou entrain de cuver ?!~
La bonne réponse était dormir ! Activité normale des gens saints lors des nuits.... Imaginez un peu la tête du marchand, la tête enfarinée, lorsqu'il ouvrit la porte pour découvrir une peluche vivante grandeur nature ! Il se demanda au début si elle était perdue, puis s'il ne rêvait tout simplement pas. Et face à son air ahuri, la féline prit les devant et lui mettant l'affiche sous le nez, elle lui dit.
-Vous cherchez toujours quelqu'un pour ce travail ? Euh... Oui mais... -Je le prends. Quand partons-nous ? Enfin ma petite demoiselle, soyez raisonnable, ce genre de travail c'est dangereux et...
~Et voilà, c'est reparti.... "Et t'es trop jeune" "Et c'est pas un travail pour une jolie demoiselle" "Et patati et patata" !~ ~Dur dur d'être un chaton, hé hé hé~ ~GRRRRRR toi tais-toi !~
-La petite demoiselle boulotte des guerriers tous les jours au petit déjeuner au sens propre comme figuré, et ses griffes sont pas pour faire jolis....
Le ton avait dû être un poil glacial car l'homme se sembla se déconfire sur place. C'est vrai que maintenant qu'il y réfléchissait, une Suli était de base une demi bête féroce et qu'elle saurait donc très certainement se défendre. N'ayant pas vraiment envie de devoir essuyer la colère de la tigresse, il accepta sa candidature et lui donna rendez-vous le lendemain à l'aube. La jeune fille était à l'heure, ce qui surprit un peu le marchand qui ne chercha pas vraiment à comprendre davantage. La caravane était petite, ce qui serait facile à protéger pour la jeune Suli. La journée promettait d'être agréable, toutes les conditions étaient réunies. Et d'ailleurs, le voyage se passait très bien, une matinée sans problème ! La route qu'ils empruntaient ne semblait pas des plus dangereuses. Tant et si bien que Fleya finit par se poser des questions.
-Dites-moi... La route n'a pas l'air malfamé.... et le voyage a été organisé un peu au pied levé.... alors les risques que l'information soit divulguée aux oreilles des malfrats est nul.... Et pourtant.... Cette mission plutôt bien payée pour si peu de risques ? Vous n'auriez pas oublié de me dire quelque chose .... ?
Le marchand sembla mal à l'aise et il finit par répondre troublé et agacé.
De quoi vous plaignez vous ? Le travail n'est pas dur et bien payé, je ne vois pas où est le problème.... -Le problème c'est que je n'apprécie que très moyennement qu'on me prenne pour un jambon et que je flaire le truc louche à plusieurs kilomètres là.... A force de parler du malheur on finit par l'attirer sur soi ! Cessons là cette discussion qui ne mène à rien !
Le comportement du marchand ne fit qu'attiser la suspicion de la jeune féline. Il y avait quelque chose qui lui échappait mais elle ne put réfléchir davantage que....
Mécréaaaaaaaaaaant !
Les deux voyageurs firent tous deux volte face pour découvrir une ménagère bien en chair et visiblement très courroucé les courser, et même les rattraper. Fleya l'observa arrivée avec de grands yeux ronds. Mais qu'est-ce que c'était que cette bonne femme ?! Et plus étrange le marchand vint littéralement se cacher derrière la féline !
Voyons Mimine, calme toi, je ne fais que mon travail je te le promets ! Menteur ! Tu vas vendre des parfums aux femmes ! -Mimine ?! Vous n'allez pas me dire que vous avez peur de votre femme ?!
Et la lumière se fit dans l'esprit de la jeune fille. Si le marchand avait calculé son coup de la sorte, c'était parce qu'il savait qu'il allait se faire attaquer... Par sa femme.
-Non mais je n'y crois pas c'est une blague ?! Ma mie est excessivement jalouse et s'imagine toujours des tas d'histoires, et à chaque fois que je pars dans un nouveau marché, c'est la même histoire. Faites attentions, elle a des bras comme des cuisses de taureau et la force qui va avec ! Et c'est qui cette fille-chat ? Ne me dis pas que tu les prends aussi jeunes !!! Mimine voyons.....
Si au début la féline avait du mal à y croire, la manière dont la bonne femme éclata une souche d'arbre qui avait eu le malheur de se mettre en travers de son chemin lui fit prendre conscience des risques.
-Ho misère.....
Et commença ainsi le début d'une course poursuite effrénée. Comme quoi le poids et la taille ne faisaient pas tout, car malgré son gabarit la femme se révélait rapide ! Heureusement que Fleya avait pour elle son agilité qui lui permit d'esquiver les charges de cette furie !
Allons Mimine calme toi, c'est ma garde rapprochée ! Garde toi donc d'être aussi rapproché ! -Calmez moi donc cette folle !
~Tu les fais toutes tomber ! Quel charisme ! Ha ha ha !~ ~La ferme !~
Fleya commençait à en avoir marrer et elle dégaina son fouet-fléau dans le but de se défendre.... Ou pas....
NON ! Ne lui faites pas de mal ! -Si je ne fais rien elle va me réduire en descente de lit ! RAAAAAAAAAAH Mimine voyons ! Je vous en prie, ne lui faites pas de mal !
~Ils commencent à me plaire ces deux là ! Pas étonnant qu'il ne trouvait pas d'escorte, tu parles d'une arnaque !~ ~Allons de quoi te plains-tu, tu as une fervente adepte !~ ~Va mourir toi....~
Cela ne pouvait pas durer indéfiniment ! Et le marchand qui refuser qu'elle puisse user de son arme, non mais quelle poisse ! Quand on était pas aidé, il fallait ruser ! Au fil de ses esquives, et alors que l'infortuné mari tentait en vain de raisonner sa femme, la jeune tigresse se rapprocha petit à petit des abords de la forêt, jusqu'à ce qu'elle parvienne à se positionner dos à de gros chênes. Elle semblait s'être mise en position de difficulté, mais son coup était en réalité calculé. Car à présent elle semblait coincée dos au chêne. Et la femme jalouse ne se fit guère prier, elle chargea tel un taureau !
Mimine NON !
Trop tard, elle s'était élancée, et au dernier moment alors que le marchand avait détourné la tête refusant de voir le massacre, Fleya avait bondit sur la branche la plus basse de l'arbre pour s'y réfugier. La bonne femme percuta le tronc de plein fouet, la violence du choc fit trembler l'arbre qui perdit quelques feuilles, et la féline dut s'agripper fermement à sa branche pour ne pas tomber. La surnommée Mimine s'effondra au sol assommée. Le pauvre arbre avait son écorce éclaté...
Mimine ! -Ouf, au moins elle est calmée.... Ma pauvre Mimine ! -Oui bon c'est bon, vue la bestiole elle s'en remettra hein.... Dites-donc soyez polie hein ! -Ouais ouais..... Mais... Mais qu'est-ce que vous faites ?! -Vous croyez tout de même pas que je vais recommencer ce petit manège à chaque fois qu'elle se réveillera ?! Je l'attache et vous la libérerez à destination !
Le marchand se voyait mal imposer le risque de la colère de sa femme à la jeune fille, et il n'insista pas. Bien évidemment la femme se réveilla et commença à hurler et à râler, incitant Fleya à compléter son geste en la bâillonnant. Le marchand détourna le regard, un peu honteux d'en venir à de tels procédés. Mais il devait reconnaître que pour une fois, il avait la paix. Et ce fut en fin d'après midi qu'il arrivèrent à destination.
-Voila, vous êtes arrivés, et bon courage pour la calmer ! Oui oui.... tenez voila votre dû. -Merci, et attendez que je sois partie assez loin avant de la détacher s'il-vous-plaît.... Je comprends oui, filez vite je la sens qui s'agite.
Son argent récupéré, la féline ne se fit guère prier et décampa promptement !
Thaom Melcrudak Fondatrice/Chef du clan Ours-hurlants
Un certain proverbe dit que l’occasion fait le larron. Cela n’avait jamais été aussi vrai que ce soir là. Fleya s’était aventurée dans une petite ville en pleine expansion le temps de faire une petite pause avant de reprendre la route. Il faisait nuit, l’air était frais, le ciel dégagé sur une lune parfaitement ronde. D’un pas souple et aérien, la jeune féline bondissait d’un toit à un autre, s’assurant de faire le moins de bruit possible. Parce que c’était bien connu que les rues et les allées, c’était pour ces touristes de civils hein ! Pourquoi se priver d’une chance de glisser et de se casser une patte –ou pire- alors qu’on pouvait jouer les inconscientes de service qui vadrouillait sur les toits ? Visiblement un sujet de réflexion que Fleya n’avait pas cru bon de mettre à l’ordre du jour !
Mais qu’importe, la jeune Suli vagabondait museau au vent, observant les étoiles et la ville à moitié endormie. L’avantage des toits était que lorsqu’on était silencieux et qu’on portait une cape, on ne vous remarquait pas. Et ainsi, on pouvait observer sans être vu…. Ce qui permit à Fleya d’assister à un bien sinistre spectacle ! Alors qu’elle était perdue dans ses pensées, un bruit de pas de course retentit… Le temps que la féline tourne son regard, ce fut un cri de douleur qui résonna dans la nuit. Deux ombres s’enfuirent laissant un homme s’effondrer au sol.
Poussée par la curiosité, la jeune Suli s’approcha rapidement de l’homme au sol, voir s’il n’était pas trop tard également. Mais lorsqu’elle atterrit à ses côtés, la mare de sang dans laquelle il baignait ne laissait pas de doute sur son triste sort. Destin funeste et impitoyable, mais cela faisait hélas partie des risques de la vie de chacun, et Fleya le savait mieux que quiconque. Alors qu’elle l’avait retourné pour voir son visage, elle remarqua une poche bien remplie sur un de ses vêtements. Sans honte ni gêne, elle prit ce qui reposait dans cette dernière pour voir de quoi il s’agissait. Là où il était à présent, il se soucierait peu de ce qu’il advenait de ses effets. Elle découvrit un papier plié proprement, un contrat visiblement. Un contrat de mercenariat. Cet homme était donc un mercenaire… Il avait visiblement accepté une mission, et de là à ce qu’elle lui ait coûté la vie, il n’y avait pas grand chemin.
Toujours mue par sa curiosité, la jeune demoiselle prit connaissance de la dite mission, avec une certaine surprise. Il s’agissait de prendre le rôle d’un véritable stratège militaire. Poser ce genre de requête à des mercenaires, il fallait être parfaitement inconscient ou très désespéré…. Le contrat n’était pas signé, et une avait été inscrite grossièrement sur le coin de la feuille. Fleya réfléchit rapidement, et finit par conclure que l’absence de signature, l’adresse notée à la va vite étaient autant d’élément qui lui faisaient penser que les commanditaires de cette mission ne connaissait pas encore leur exécutant. Mais un dernier détail attira bien davantage son attention. La somme promise en échange des services de stratège !!! C’était toujours intéressant de ce mettre de sous dans la poche !
Mais elle ne put rester là davantage. Elle entendait déjà des bruits de pas de course et les cris d’ordre entre les miliciens. Il fallait prévoir qu’ils allaient arriver voir l’origine de ce tumulte. Fleya décampa promptement, sentant venir les ennuis si elle restait à côté d’un cadavre. Elle s’enfuit par les toits, ni vu ni connu. Lorsqu’elle fut éloignée de plusieurs quartiers, elle jeta de nouveau un œil à la mission du défunt. Il n’y avait pas beaucoup de détail, comme cela était à prévoir. Il n’y avait que le profil de l’homme qu’ils recherchaient…. Et le thème de la mission. Fleya observa une dernière fois l’adresse, avant de se décider rapidement à s’y rendre. Après tout, l’ancien candidat n’irait pas protesté à ce qu’on prenne sa place, et il fallait bien faire le travail ! Continuant sur sa lancée, elle arriva au lieu-dit. Une paillasse reculé et visiblement abandonnée, au détail prêt qu’il y avait de la lumière qui s’échappait par les jours de la porte et des fenêtres délabrées. Papier en main la jeune fille frappa à la porte avec un certain culot.
Un gaillard entrouvrît la porte d’un air méfiant et lâcha d’un ton peu engageant.
Qui va là ?!
La jeune Suli capuche rabattue ne répondit pas et se contenta de tendre l’ordre de mission qu’elle avait chapardé plus tôt. L’homme ouvrit davantage la porte et l’observa quelques instants méfiant. Il lui demanda de se découvrir afin de voir son visage, et tira une sacrée tête en découvrant la jeune Suli. Qu’est-ce que c’était que cette blague ? Une chatte tigrée grandeur nature ?! Voyant l’air dubitatif de son interlocuteur la jeune fille lui adressa un regard sauvage avant de laisser échapper un grondement sourd de fauve qui ne laissait pas beaucoup de place au doute quant à ses capacités à être féroce si elle le désirait. L’homme « rassuré » sur ses compétences, il la laissa entrer sans toutefois se séparer de son air méfiant. Elle arriva dans une salle éclairée à la lueur de bougie ou plusieurs hommes se tenaient assis autour d’une table ronde, recouverte de papier et d’un large plan. Tous se tournèrent vers la jeune Suli en se demandant quoi. Ils cherchèrent un semblant d’explication auprès de celui qui avait ouvert à la jeune fille, mais il se contenta d’hausser les épaules, interdit. Fleya adopta de nouveau un air sévère qui décontenança certains hommes. Cette frimousse de chaton pouvait très bien être une tigresse finalement… Tant et si bien que celui qui devait être le chef du groupe fini par prendre la parole.
C’est vous le mercenaire qui avez répondu à l’offre ? -Semblerait bien ouais…. Vous m’avez pas l’air taillé pour diriger des hommes et mener une action comme nous voulons le faire…. -Ha ? Vous êtes devin et on m’aurait pas prévenu ? Très drôle, on n’est pas là pour rigoler mon petit chat, on tape dans du lourd, du très lourd. On ira pas plus loin dans la mission si je ne te sens pas capable de pouvoir nous être utile.
La situation se compliquait. C’était bien la première fois qu’on demandait à Fleya de prouver sa valeur pour une mission. Ils ne voulaient pas un papier certifiant et retraçant toutes ses expériences sur le terrain non plus ?! Néanmoins le problème lui parut bien vite plus délicat qu’elle ne l’aurait imaginé. Car elle vit déjà quelques gaillards mettre leur main sur le pommeau de leurs armes. Visiblement, les candidats qui n’étaient pas retenus ne reverraient pas la lumière du soleil…. Là elle ne riait plus en effet, si elle ne trouvait pas un moyen de faire ses preuves, elle allait être gravement en danger ! Elle réfléchit vite, et se résout à faire quelque chose qu’elle n’avait pas l’habitude de faire. Se servir de Shotra pour se faire accepter par un groupe. C’était même tout le contraire de ce qu’elle faisait d’ordinaire, mais ici, cela aurait une double utilité. Non seulement ça montrerait aux autres qu’elle n’était pas du tout une enfant de chœur. Mais surtout, si jamais ça venait à tourner mal, Shotra serait déjà là pour pouvoir l’aider à se sortir de ce guêpier. Tout aller donc se jouer sur un coup de poker et il allait falloir lui être convaincante. Elle esquissa donc un sourire confiant et mystérieux et confiant, et se tenant droite devant l’assemblée, et dit à voix haute.
-Répand les affres de mon courroux…. Shotra !
Des symboles apparurent immédiatement au sol, entourant Fleya avant que les ombres environnantes ne se réunissent brusquement devant la jeune Sulis, laissant apparaître l’ombre abyssale devant sa maîtresse. Il eut plusieurs exclamations de stupeur et même quelques légers cris étouffés de peur. Un démon ! Un vrai démon en chair et en os –enfin façon de parler- devant eux ! Cette gamine invoquait des forces d’un autre monde. Cette fois-ci les armes furent dégainées, et Fleya eut tout juste le temps de retenir son compagnon qui lui était bien parti pour foncer dans le tas. Il y avait des hommes qui avaient l’air antipathique, des armes, sa maîtresse qui l’invoquait, pour lui c’était le cadre type d’une agression caractérisée sur son invocatrice. Le jugement était facile chez lui, peine capitale à toutes les sauces ! Aussi il ne comprit pas tout de suite pourquoi sa maîtresse le retint d’une patte sur l’épaule. Mais les ennemis supposés ne bougèrent pas non plus…. Il ne fit donc rien, se tenant toutefois prêt à bondir au moindre geste de trop.
-Est-ce que Shotra ici présent vous semble une preuve suffisante, ou est-ce que je dois en prime mettre en œuvre la manière dont je le dirige ? Les hommes échangeaient des regards entre eux en sachant plus vraiment quoi pensé. Le chef lui fixait la créature dans un mélange d’incrédulité et d’admiration. Ils avaient d’ores et déjà un atout dans leur poche. Il se tourna donc vers la table où reposaient la paperasse et le plan, invitant la jeune Suli à le rejoindre. Il écarta les feuilles qui masquaient le plan et lui expliqua la situation.
Le clan Grisetouason nous cause régulièrement des problèmes. Nous avions décidé de mener un assaut de grande envergure pour les éradiquer une bonne fois pour toute et prendre le contrôle de la ville. Il tienne la partie ouest tandis que nous possédons l’est. Mais lors d’une attaque, notre stratège a été capturé et emprisonné. Ils sont persuadés que nous ne sommes plus en mesure d’agir, et espère gagner le temps nécessaire à se parer à notre attaque. Ils croient que nous n’oserons pas attaquer avec un otage d’une telle valeur, et que nous sommes trop désorganisés pour mener une attaque en plus d’un sauvetage à présent. Nous ne pouvons pas organisés un simple sauvetage au vue de la surveillance des lieux. Nous n’avons pas le choix nous devons mener et l’attaque de leur QG et la libération de notre homme. Et c’est là que vous intervenez. Nous sommes la force de frappe et vous devez organiser l’assaut que nous donnerons dans une peu plus d’une journée. Nous avons établis un rapport avec tout ce dont nous disposons qui pourrait servir. Le temps nous est compté…..
Fleya observa le plan, étudia la situation, et se demanda si elle ne s’était pas fourrée dans des emmerdes infernales ! Pourtant la voix qui siégeait dans ses pensées lui avait répété X fois de réfléchir à deux fois avant de foncer tête baissée, mais ça avait visiblement du mal à rentrer ! Comment allait-elle pouvoir goupiller une telle attaque ?! ~Voila ce qui arrive quand on ne réfléchis pas tête de linotte ! Tu ne peux plus reculer maintenant, il va falloir aller jusqu’au bout ! Hé hé hé je sens que ça va être mémorable….~ ~J’avais oublié que je pouvais compter sur ton soutient infaillible…. Mais tu vas voir, je vais la faire cette stratégie !~ ~Je serais curieux de voir ça !~
Le chef du groupe vint lui indiquer le nombre d’hommes dont elle avait besoin, les armes, les munitions, et tous les renseignements possibles qu’ils avaient accumulé jusque-là. Bien évidemment le stratège n’avait laissé aucune piste ou indication sur son plan. Fleya se retrouvait devant un puzzle dont elle ne savait pas l’image d’origine. Il ne tenait donc qu’à elle de l’inventer. Elle resta un moment silencieuse en observant les éléments qu’elle avait en face d’elle. On avait mis à sa disposition des petites figurines d’échecs pour matérialiser les troupes, et d’autres petits objets pour lui permettre de détailler son plan. Le chef du groupe intima aux hommes de quitter les lieux, avant de les suivre pour la laisser réfléchir dans le calme. Cela dit, on ne laissa pas la jeune fille sans surveillance non plus. Des gardes avaient été désignés pour garder la porte, seule sortie de la pièce. Il s’agissait de ne pas laisser les informations s’échapper…. La jeune Suli observa le plan, les rapports sur les dispositifs ennemis, et les ressources dont elle disposait. Il lui fallait activer ses méninges….. Dans sa tête de féline, elle associa le challenge face à elle comme une grande partie de chasse en meute à deux trois détails près. Déjà l’ennemi n’était pas une proie qu’ils allaient bouloter mais des opposants intelligents qui savaient se défendre et qui étaient certainement préparés à recevoir une attaque…. Mais la demoiselle avait pour elle son instinct de prédatrice, il lui fallait maintenant le conjuguer avec son sens de l’observation et sa réflexion…. Une heure passa, puis une seconde et une troisième. Au bout de la quatrième et alors que l’aube commençait à pointer le bout de son nez, le chef commençait à se poser des questions, et il finit par entrer dans la salle pour voir où en était cette curieuse fille chat. Et elle semblait visiblement très absorbée à ce qu’elle faisait. Il finit par l’interpeller.
Alors ? -J’ai de quoi vous occuper….
L’homme fit signe à ses homme de rentrer et lorsque tout le monde fut là, la jeune fille présenta son plan.
Le plan retraçait le quartier dans lequel se terrait leurs opposants, avec les bâtiments, les entrées, les installations etc. Elle plaça un pion rouge sur chaque entrée. Un pion orange sur ce qui leur servait de caserne. Un dé doré sur chaque carré noir représentant des égouts. Elle gardait dans sa patte des pions noirs représentant leurs effectifs. Et tout en tournant autour de la carte posée sur la table, elle prit parole et s’expliqua.
-Les tenues volées des miliciens Grisetouason nous seront utiles mais ce dont nous aurons le plus besoin seront les tenues qui ressemblent à celle de la Guilde.... Mon plan se découpe en trois coups.... Elle désigna les pions rouges et les entrées et axes, et plaça quelques pions noirs sur l’accès principal.
-Nous commencerons par submerger les entrées principales avec les chiens-loups, et les chiens de chasses. Il nous faudra prendre tous les chiens disponible, et tous les lâcher en même temps sur les trois endroits en simultané. Nous aurons alors très peu de temps pour agir....
Elle désigna ensuite les dés dorés.
-Ces dés représentent les égouts du quartier, ils nous offriront des voies d'accès discrètes et plus difficiles d'accès pour d'éventuels renforts. Il faudra juste éviter les rats, mais je doute que ça nous pose problème. Nous passerons donc par les égouts et c'est là que les costumes de la guilde trouveront leur utilité. Plusieurs d'entre nous -après être sortis discrètement des égouts j'entends- revêtiront ces costumes, et ils incendieront la caserne ici ! Elle plaça un pion noir devant le bâtiment militaire.
-Immédiatement après, ils se rabattront vers les sorties pour y attirer le plus gros des effectifs et profiter de la cohue ambiante et des combats pour s'enfuir. Ceux restés en arrière auront piégé les voies d'accès principales avec les pièges à ours et tout ce qui peut s’installer rapidement, pendant que les autres auront fait exploser l’infrastructure militaire. Là, la quinzaine d’archer entre en scène une fois le gros des troupes passé, et ils les canardent. Leur QG sera ainsi privé de renforts et nous pourront nous y infiltrer.
Tout en parlant, elle déplaçait les pions noirs en leur faisant suivre le parcourt qu'elle décrivait.
-Les Grisetouason s'attendent à une visite de votre part, pas à une invasion surprise de la Guilde. Il est inéluctable qu'ils iront sans hésiter au combat contre eux. Ils voudront protéger leur territoire, et ils croiront que l’attaque et menée par eux..... Néanmoins il ne faut pas se leurrer, le QG sera surement préparé à nous recevoir. C'est là que les tenues de milicien Gristouason entreront en action. Les quelques infiltrés nous ouvriront la voie vers votre gars, en se faisant passer pour du renfort venu remplacer la sécurité présente afin qu'elle rejoigne les troupes au combat à l'extérieur. Une fois votre bonhomme récupéré, repli immédiat. Ce n’est pas la bataille qui les achèvera, mais elle les aura considérablement affaiblis, en plus d’avoir libéré votre homme. Vous pourrez dès lors organiser un assaut final avec lui. Satisfait ? Des questions. Les hommes se regardaient en se demandant si ça allait marcher ou pas, avant de porter leur regard sur leur chef, à qui ils s’en remettaient visiblement. Celui-ci était très concentré sur le plan que la petite demoiselle lui avait soumis. Il lui semblait potable mais est-ce qu’il marcherait ? Il n’avait pas vraiment le choix que de s’en remettre à elle. Il ne s’y connaissait pas tellement, d’où le fait qu’il demande de l’aide à l’extérieur. Désirant garder la face devant ses hommes, il déclara.
Ok nous ferons donc ainsi…. Mais tu resteras ici sous surveillance ma mignonne ! -?! Hors de question que tu profites de l’attaque pour te volatiliser si ça tourne mal. Si on a des problèmes, tu devras nous en répondre….. Fleya se sentit subitement stressée. Déjà que s’être torturée les méninges pendant des heures l’avait épuisé, voilà qu’à présent elle se retrouvait sur la sellette, son sort dépendant de la réussite de son plan ! C’était un peu fort, car la réussite ne dépendait pas entièrement d’elle et de son plan non plus ! C’était un peu facile ! Mais elle ne pouvait pas y faire grand-chose. La journée qui suivit lui parut bien longue tandis que les hommes se préparaient dans l’anonymat le plus complet. Fleya devait encore réfléchir à une solution de secours au cas où tout ça tournerait mal. Elle ne pouvait pas finir ainsi, pas aussi bêtement ! Elle devait trouver le moyen de se sortir de ce guêpier en cas de défaite. Et bien entendu, les voix à l’intérieur de sa tête se donnèrent à cœur joie pour la tourmenter davantage.
~C’est la fin Fleya….. Crois-tu vraiment que ton marchera, que tu as une chance de gagner ? Tu n’as jamais eu de formation militaire, jamais dirigé d’hommes, la seule créature que tu as eu sous tes ordres est un démon asservi qui n’est pas forcément obéissant. Sans compter que tu ne seras pas là pour veiller sur le déroulement des opérations…. Et que tu n’as aucune idée des aptitudes de ces hommes.~ ~Et sinon dire de quelques choses de constructifs, comme une solution ou une idée ?! Ça changerait pour une fois !~ ~Tu es la seule maîtresse de ton destin Fleya, à toi de le forger, à toi de t’en sortir.~
Toute la journée, cela avait été ainsi. Il l’harcelait, augmentait sa peur et son stress, elle se doutait qu’il y prenait un malin plaisir. Et lorsque le soir ils partirent sur le front, la jeune féline retint son souffle. Si cela tournait mal, elle ne pourrait s’en remettre qu’à Shotra et sa force pour se sortir de ce guet-apens du mieux qu’elle le pourrait. Et déjà que la journée avait été longue, la nuit lui parut l’être encore plus. Les trois gardes attachés à sa surveillance ne la lâchaient pas du regard, et il était difficile de savoir qui des quatre désirait le plus que la mission réussisse. L’échéance été arrivée, et aucune nouvelle des hommes sur le terrain. Les mains se crispaient sur les gardes des armes, et Fleya fit de même, en déglutissant. Ils avaient échoués…. Et elle allait devoir payer ! Ou presque ! A la dernière seconde, le chef déboula en trainant dernière avec lui un bonhomme qui n’avait visiblement pas jouit d’un très bon service dans la résidence forcé où il avait été consigné. Ils avaient réussi…. En retard mais vivant ! Fleya poussa un long soupire de soulagement tandis que les gardes étaient content de retrouver leur compagnon. Il y avait eu des pertes mais ils avaient rapatrié leur homme et mener à bien l’assaut. Fleya se sentait revivre et respirer. Elle était sauve, mais elle l’avait échappé belle !
~Alooooooors ? Qui est-ce qui a réussi hein ?!~ ~Les hommes qui sont allés sur le terrain.~ ~Tssss sinistre hypocrite !~
Elle avait commencé à rejoindre prestement la sortie lorsqu’on l’interpella. Elle se figea tout autant que son cœur en se demandant qu’est-ce qu’on pouvait bien lui vouloir encore, redoutant qu’on n’en veuille à sa vie pour X ou Y raison.
Voila ta prime ma mignonne ! Et aucun mot sur tout ce qu’il s’est passé ici…..
Fleya récupéra son dû en acquiesçant rapidement et fuit limite la demeure, laissant les hommes à leurs retrouvailles et à leur victoire. Bizarrement la somme qu’elle avait perçu ne lui paraissait plus aussi coquette et appréciable au vue de tout le souci qu’elle s’était fait durant cette aventure. Néanmoins, elle en était sortie grandie. Elle avait appris à faire appel à son esprit déductif et logique pour mettre en œuvre un plan en prévoyant les difficultés, résistances et oppositions prévisibles. Et malgré ce que disait cette voix dans sa tête, elle s’était pas mal débrouillée pour une première fois, dont elle se souviendrait longtemps !
Thaom Melcrudak Fondatrice/Chef du clan Ours-hurlants
Voila plusieurs jours que la jeune Sulie marchait dans la nature, bravant la neige et le vent glacé. Qu’il était dur ce climat des steppes gelés, ce territoire qui lors des temps de violentes tempêtes de glace offrait un paysage à la fois désolé et magnifique. Mais pour rien au monde la féline ne le renierait. Il faisait partie d’elle, il était la famille qu’elle ne pourrait jamais perdre et qu’il ne l’abandonnerait jamais. Elle ne se sentait en paix et vivante que dans ces climats rigoureux et violent, pour lequel sa morphologie était adaptée. Elle arpentait d’un pas souple, presque aérien, la neige pure et immaculé. Son regard qui se perdait dans l’horizon finit par tomber sur un grand domaine. Sa cape rabattue sur ses yeux, sa longue queue sur son museau pour lui permettre de respirer l’air froid sans difficultés, elle se dirigea vers les habitations dans l’espoir d’y trouver un refuge le temps que le vent givrant se calme. Arrivée sur place, elle découvrit que ce domaine était en réalité un grand temple, perdu au milieu de nul part. Bien que les plus surpris furent les moines qui y vivaient lorsqu’ils virent leur porte s’ouvrir et une silhouette féminine pénétrer. Comment un petit bout de femme comme elle pouvait-il voyager par un temps pareil ?
Se hâtant pour aller à sa rencontre, ils se figèrent de nouveau en découvrant une paire d’oreilles, une queue, et une fourrure tigrée. Qu’était-ce donc que cette curieuse créature, aux allures d’une fauvesse redoutable, mais au regard d’une pureté et presque d’une candeur déstabilisante. Elle n’avait affaire ici qu’à des hommes, elle ne sentait aucune odeur de Suli en ces lieux. Peut-être était-ce la première fois qu’ils voyaient une ressortissante de sa race ? Un peu intimidée, la jeune fille demanda s’il était possible de trouver refuge quelque part en ces lieux. Les moines intrigués l’observèrent encore plus fascinés lorsqu’ils s’aperçurent qu’elle parlait leur langue. Peut-être ne sortaient-ils pas assez…. Vint alors un autre moine visiblement plus haut gradé et déjà d’un certain âge qui vint voir la raison de cette « agitation » chez ses frères. Il fut lui aussi surpris, mais sembla reconnaître la race de la jeune fille.
Vous avez dû faire un long voyage jeune Sulie. Vous êtes bien loin de chez vous… Nous ne saurions laisser une si jeune demoiselle sous ce temps implacable. Vous pouvez vous reposer ici le temps que les cieux nous offrent des jours plus cléments. Suivez-moi, je vais vous guidez vers un bon feu et une infusion de plante qui vous réchauffera.
-Je vous remercie infiniment de votre hospitalité.
Le sourire franc sincère, emprunt de certain traits enfantins, que revêtit alors la féline en fit naître un autre sur le visage du prêtre. D’un geste il l’invita à la suivre l’entrainant vers des lieux plus confortables, sous le regard curieux des moines, tandis que certains reprirent leurs occupations. La féline observait les lieux silencieusement. Les édifices étaient grands et spacieux, de pierres brutes voir taillés à même la roche. Mais ils étaient robustes et solide, et permettaient de protéger les occupants des vents froids et de la neige. La féline arriva dans une grande pièce, à la lumière tamisée, et au foyer rougeoyant. Le prêtre lui désigna une chaise couverte de fortune couverte d’une peau de bête.
Le confort est un peu spartiate pour les personnes de l’extérieur, mais vous pourrez vous y réchauffer et vous y reposer autant qu’il vous plaira.
-C’est déjà très gentil de votre part.
C’est notre devoir d’être bienveillant envers les enfants de ces terres. Je vais vous chercher de quoi vous réchauffer un peu. Vous avez une couverture sur cette table. Ôtez donc votre cape pour la faire sécher, et couvrez vous avec cette couverture.
La féline s’exécuta en remerciant une fois encore le prêtre, tout en installant sur la chaise de bois recouverte de fourrure. Elle réchauffa ses pattes non loin du feu crépitant. Dehors, elle entendait encore le vent qui hurlait sa fureur. Mais le son était presque entièrement étouffé par les murs, comme si ces derniers refusaient qu’on vienne troubler la paisibilité de ses résidents. La féline avait à peine commencé à se perdre dans ses pensées que le prêtre revint un bol en bois épais fumant en main. A l’intérieur, un liquide vert clair exaltant une odeur mêlant fleurs et chlorophylle, une infusion visiblement finement sucré. La féline la prit entre ses pattes tandis que le prêtre vint s’assoir face à elle tandis qu’elle goûta avec délice à sa boisson chaude. Le prêtre ne put réprimer un large sourire en apercevant les oreilles de la jeune Suli frémir sous le bonheur de cette boisson. Lorsqu’elle eu terminé de boire ses premières gorgées, il prit parole.
Veuillez m’excuser, je ne me suis pas présenté à vous, je me nomme Mungin, modeste prêtre de ce temple. Et vous ?
-Je m’appelle Fleya, je suis une voyageuse.
Un bien grande quête pour une jeune Sulie, cela n’est pas trop dure de voyager seule ?
-Ce n’est pas toujours facile, mais c’est une liberté qui n’a pas de prix….
La féline se surprit à bailler et s’excusa auprès du prêtre, qui rit doucement.
Ce n’est rien voyons, ces plantes aident à dormir, bien que leur effet soit très léger. Je pense que la route a dû vous fatiguer. Il y a des chambres inoccupées, elles sont très petites mais cela vous permettra néanmoins de vous requinquer.
La féline acquiesça en terminant son bol avant de suivre de nouveau le prêtre vers les dortoirs. Il la guida en début d’un couloir et se tournant vers elle il lui dit.
Choisissez une chambre parmi celles disponibles, et reposez vous autant qu’il faudra. Je dois vous laisser, je suis déjà en retard dans mes tâches quotidiennes.
-Merci pour tout Mungin.
La féline l’observa s’éloigner avant de vadrouiller dans le couloir en cherchant pour une chambre dont la porte n’avait pas d’inscription. Mais alors qu’elle passait près d’une porte, son ouïe fine repéra un son… Un râle de souffrance, à moitié étouffé. Hésitante, la féline se décida à entrouvrir la porte pour jeter un œil, juste histoire d’être sûr que tout allait bien. Elle trouva un vieillard allongé par terre à côté de son lit. Fleya se dépêcha d’entrer pour l’aider à se relever et à le remettre au lit. Nul doute que le pauvre homme avait dû tomber de son lit. Une fois qu’elle l’eu remis dedans, elle lui demanda s’il allait bien. Le pauvre grand-père acquiesça lentement de la tête avant de lui désigner une cruche sur la table de chevet non loin. Il avait surement voulu se servir un verre d’eau…. Elle se saisit du gobelet de bois qu’elle remplit d’eau avant de l’aider à boire. Ce n’était pas dans ses habitude de se montrer aussi serviable envers quelqu’un, mais elle ne se voyait pas un seul instant refermer la porte et faire comme si elle n’avait rien vu. L’homme la remercia d’une voix faible et fatiguée avant de l’observer quelques instants de ses yeux mi clos. Fleya se dit que c’était parce qu’il n’avait surement jamais vu de représentant de sa race avant, comme ses confrères.
Mais il la regardait différemment…. Ce n’était pas de la curiosité ou de l’étonnement. Non… il la sondait… comme s’il lisait en elle. Fleya regardait en direction de la porte se demandant si elle ne ferait pas mieux d’aller chercher quelqu’un pour veiller sur ce vieillard si mal en point. Et lorsqu’elle porta de nouveau son regard sur le vieil homme, elle le découvrit avec un faible sourire aux lèvres. Surprise à son tour, elle n’eut pas le temps de se demander plus longtemps ce qu’il avait qu’il prit parole, faisant visiblement un gros effort rien que pour ça.
Jeune fille… Pourriez-vous…. Rendre service à…. Un pauvre vieux fou…. Tel que moi…. ?
-Un service ?
Oui…
Glissant péniblement sa main sous son oreiller, il en ressortit un pendentif, un symbole étrange entrelacé constitué d’un minerai bleuté tout aussi curieux. Il la tendit à la féline qui le prit, sans comprendre où l’homme voulait en venir. Il vint alors à lui expliquer.
J’ai…. Pour mission de… Veiller sur ce…. Pendentif. Mais…. En ce moment…. Je suis souffrant. J’ai besoin…. De pouvoir…. Dormir en paix. Vous n’êtes pas…. De ce temple…. Il n’a… aucune valeur pour vous…. Pouvez-vous… Le garder… Juste pour cette nuit ? Que je puisse… Me reposer….
La féline resta comme deux ronds de flan face à cette demande aussi incongrue. Néanmoins si un petit papy agonisant avait réussi à protéger un bijou un peu breloque juste en le mettant sous son oreiller, c’est qu’il n’y avait pas grande difficulté à accomplir cette mission. L’homme avait visiblement du mal à parler et cela n’allait pas lui demander un gros effort.
-Entendu, je veillerai sur lui pour vous. Mais vous ne voulez pas que j’appelle quelqu’un pour que l’on s’occupe de vous ?
Non… Ne vous en faites pas….
-Entendu… Je vous laisse alors.
La féline repartit, en jetant un dernier regard sur le vieillard qui s’endormit, un sourire sur le visage. Apparemment ce simple geste suffit à son bonheur…. La féline ne ferma pas la porte toutefois. Dès fois qu’il ait besoin d’aide, elle préférait que l’on soit en mesure de l’entendre ou de le voir. Elle se trouva une petite chambre inoccupée, et s’installa à l’intérieur, posant ses maigres affaires au pied du lit fortune. Un sommier creux taillé à même la roche, remplis de foin enfermé dans un sac de toile, le tout recouvert d’une couverture. Sobre mais toujours agréable lorsqu’on était fatigué comme l’était la féline, qui déposa ses affaires au pied du lit. Elle observa le pendentif, et le mit machinalement. Elle doutait que qui que ce soit ne vienne le lui prendre, mais au moins à son cou, elle ne risquerait rien. Elle se glissa dans le lit avec plaisir et se laissa aller à fermer les yeux. Un peu de repos avant de reprendre la route… Ou pas. Car voila qu’une musique retentit. La féline ouvrit un œil en se demandant qu’est-ce que cela pouvait bien être. Se levant, elle commença à chercher d’où provenait la mélopée qui semblait résonner partout dans le domaine.
Mais quelque chose l’intrigua. Où étaient passés tous les moines ? Elle avait arpenté plusieurs couloirs, et elle n’avait vu ni entendu personne. Comme si l’endroit était désert…. La féline appela, mais le silence fut sa seule réponse. Qu’est-ce que c’était encore que cette histoire ? Et cette musique qui résonnait….. Une musique bien douce, empreint d’une certaine mélancolie…. Qui venait de l’extérieur ? Qui pouvait être assez fou pour jouer dehors pas un temps pareil ? La féline poussa la porte qui menait à une cours extérieur, se préparant au froid et vent…. Mais aucune tempête ne l’accueillit. Une neige sage et silencieusement tombait lentement en grosses plumes duveteuses. Le temps s’était calmé ? Au milieu de l’épais tapis blanc qui recouvrait le sol, siégeait un piano. C’était donc ça cette musique ? Mais…. Depuis quand un instrument pouvait-il jouer sans musicien ? Et qu’est-ce qu’un piano faisait ici ?! Interloquée la jeune féline s’approcha du piano immobile mais dont le son venait. Elle observa les rangées de touches fixes, perplexe. D’une main timide, elle vint faire glisser ses doigts sur les dites touches…. La musique ne venait-elle pas de sa tête ?
Et pourtant en caressant l’instrument, elle sentit certaines touches vibrer doucement. Elle appuya alors sur les touches concernées, et commença à jouer l’air qu’elle entendait. Il lui fallait suivre les vibrations comme des indicateurs légers. Très concentrée, ce ne fut que lorsqu’elle redressa le regard qu’elle l’aperçut. Elle bondit en arrière sur la surprise, observant ce spectateur sortit dont ne savait où, et surtout…. Qui n’était pas humain. Des écailles oscillant étrangement entre bleu, gris et vert, des membranes fines et transparentes, et un regard d’une profondeur abyssale, résultant d’un mélange entre un bleu foncé et un noir jais. Fleya l’avait sentit, et pour être dans le domaine elle était formelle et abasourdie en même temps. Cette créature…. Était un démon…. Qu’est-ce qu’un démon faisait dans un temple ?! Et pourquoi avait-il apparu sur ce piano en observant silencieusement la jeune Suli jouer de l’instrument ? Méfiante la jeune fille se tint sur ses gardes.
-Qui es-tu ? Pourquoi es-tu venu ?!
Parce que vous m’avez appelé….
-Moi ? Mais je n’ai rien fait de tel ! Je n’ai employée aucune magie !
La créature lui désigna le piano d’un lent mouvement de tête. Fleya se retrouva bien embêtée. Elle n’avait pas fait appel à Shotra pour n’effrayer personne, alors si en jouant du piano elle se mettait à invoquer des créatures d’ailleurs….
Pourquoi avez-vous pris sa place ?
-La place de qui ?
Du sage Adeliar….
-Un sage ?
Vous portez le pendentif que je lui ai offert….
-Le vieil homme ?!
Que lui est-il arrivé….. Démoniste…..
- !!! Shotra ! Shotra viens à moi !
Ce démon avait décelée sa nature de démoniste, il pouvait être extrêmement dangereux, surtout qu’elle n’avait pas pris son arme. Mais Shotra ne vint pas….
Votre démon ne viendra pas ici.... Qu’est-il arrivé à Adeliar…. Démoniste….
Fleya commençait à paniquer. Pourquoi Shotra ne venait-il pas ?! Que lui était-il arrivé ? Il l’aurait suivit jusque dans les pires tréfonds infernaux, alors pourquoi ce silence ?! Acculée la féline sortit ses griffes et commença à montrer les crocs. Son pelage s’hérissa et elle grogna à la créature.
-Adeliar est souffrant et avait besoin de repos. Il m’a demandé de veiller sur ce collier le temps qu’il puisse passer une nuit correcte. Après si t’as un problème avec moi, on va régler ça !
…. Adeliar vient me voir…. A chaque lune de glace…. Et il joue pour moi…. Il n’a jamais manqué une seule fois à nos rendez-vous…. En toutes circonstances….
La féline déglutit. Dans quelle histoire s’était-elle encore embarquée ? Et depuis quand un sage venait jouer du piano pour un démon ?! L’imposante créature vint reprendre sa place sur l’instrument tout en fixant la tigresse.
Jouez pour moi.
-Hein ? Quoi ?
Jouez pour moi.
-Mais je ne sais pas jouer de piano moi…
Adeliar vous guide…. J’entends à travers vous la musique qu’il me joue…. N’êtes-vous pas parvenu à me faire venir en jouant tout à l’heure ?
-…. La féline resta silencieuse. Les démons étaient des créatures imprévisibles, et il pouvait à tout moment l’attaquer par surprise. Venir à une distance aussi proche, c’était du suicide, de la folie pure et dure. Mais avait-elle vraiment le choix ? Elle déglutit en s’approchant du piano pour y reprendre place. Elle avait plutôt intérêt à bien jouer…. De nouveau elle sentit les touches vibrer…. Et en se concentrant elle reprit la musique. Le vieillard était-il vraiment entrain de la guider ? Pourquoi l’aurait-il mêlée à tout ceci ? Et comment cela allait-il finir ? Tant de questions avec pour seul réponse le son du piano. La créature écoutait presque religieusement son regard se perdant dans le ciel. Et au bout d’un moment, elle finit par dire.
Je vois… C’était donc cela qu’il voulait me dire….
-Hm ?
La musique, démoniste, est aussi un langage…. Adeliar et moi communiquions grâce à elle….
La créature vint poser son regard sur le pendentif avant d’ajouter.
Il m’a fait là sa plus belle prestation…. Quel beau cadeau….
-Je ne comprends rien….
La magie est rare en ce monde…. C’est une chance qu’il vous ait rencontré, démoniste. Grâce à vous, je peux aller le saluer dignement… Mais, pour vous il est temps de partir.
-Quoi ?
N’entendez-vous pas démoniste ? On vous appelle…
Au loin, très au loin, Fleya entendait une voix, celle de Mungin. Elle se tourna vers la direction de cette voix, et brusquement, la tempête était là ! Violente et glaciale, le pelage de Fleya était déjà à moitié recouvert de glace ! La jeune Suli tourna sur elle-même observant les alentours. Le démon avait disparu, le piano aussi, tout comme le décor. Déboussolée la jeune féline ne comprenait plus rien, sentait brusquement la morsure du froid. Mungin se précipita vers elle, lui déposant sa cape sur les épaules.
Fleya ! Mais que faites-vous là ?! Les moines vous ont vu déambuler dans les couloirs le regard figé dans le vide et vous ne répondiez à aucune sollicitation ! Nous nous sommes inquiétés, le temps qu’on vous retrouve vous êtes restée longtemps dehors ! Rentrons, vous allez tomber malade.
Très désorientée, la jeune Suli le suivi machinalement avant de finalement reprendre ses esprits, et une fois à l’intérieur, elle attrapa le bras de Mungin pour lui dire paniquée.
-Il faut allez voir le vieux monsieur ! Le sage ! A.. Adeliar ! Vite !
Maître Adeliar ?!
-Oui ! Cette créature à écailles ! Elle voulait aller le voir ! Je ne sais pas ce qu’elle lui veut et il n’allait pas bien déjà quand il m’a confié le pendentif et…
Adeliar vous a donné son pendentif ?! Et la créature dont vous parlez…. Vous parlez du Dieu Jöbhaal ?! Vous avez vu Jöbhaal ?!
-Oui, c’est une longue histoire, je vous expliquerai mais il faut aller le voir !
La féline c’était déjà mise à en route lorsque Mungin la retint par le bras, l’air grave.
Fleya…. Maître Adeliar nous a quitté il y quelques instants….
-Quoi ?! Mais….
Il était mourant Fleya, et il savait son heure proche. Nous nous étions tous préparés à cet événement….
Fleya fut choquée, et elle observa incrédule le pendentif qu’elle prit dans sa patte.
-Il… il m’avait envoyé jouer du piano ?
Je pense que Maître Adeliar voulait faire ses adieux à notre Dieu, ou plutôt le prévenir qu’il allait bientôt le rejoindre…. Il était le seul parmi nous à communiquer avec lui. Sa perte est lourde pour nous… Mais nous attendrons son successeur patiemment.
Fleya ôta le collier et le tendit à Mungin qui le prit. Elle n’était pas ce successeur, et chacun le savait. Elle avait été un joli coup de chance. Mungin regarda le collier avec une grande émotion qu’il contint, avant de se retourner vers la jeune fille.
Merci d’avoir fait cela pour notre Maître. Je sais maintenant qu’il a pu partir en paix. Je devine aisément que vous êtes encore plus spéciale qu’il n’y parait jeune Fleya. Après tout il n’est pas donné à tout le monde de pouvoir rencontrer un dieu.
~Mon pauvre ami si tu savais que tu révérais un démon…~ ~Et au final qu’est-ce que ça change ?~ ~Ben tu m’excuseras mais je suis bien placée pour savoir que c’est lunatiques comme créature et il pourrait bien les éradiquer du jour au lendemain !~ ~Bien des divinités furent racontées comme étant ainsi. Pourtant elles n’étaient pas démoniaques. Tu fais bien confiance à Shotra. Pourquoi ne pourraient-ils pas prendre un démon pour dieu ?~
Une fois de plus cette fichue voix avait raison…. Et puis ce temple avait l’air assez paisible malgré tout. Mungin avait conduit la jeune féline devant le foyer pour qu’elle puisse se réchauffer et sécher son pelage. Sans ce dernier, elle serait très certainement dans un état critique ou même morte. Il l’avait laissé ainsi, tandis qu’il devait s’occuper des préparatifs pour le dernier voyage de leur Maître. Fleya était finalement partie se recoucher. Un rêve…. Tout cet étrange échange avait eu lieu dans un rêve. Ce qui expliquait pourquoi Shotra n’avait pas répondu. Mais cette fois-ci, la nuit fut calme et reposante. Le lendemain matin, la tempête s’était calmée et il était temps pour la féline de repartir. Mais alors qu’elle allait franchir les portes, Mungin l’interpella.
Jeune Fleya, attendez. Je voulais vous remercier encore une fois pour ce que vous avez fait. Adeliar ne vous a pas trop demandé votre avis ni expliqué la situation, et cela aurait pu vous coûté très cher…. Pardonnez le, je pense qu’il avait du user de ses dernières forces pour vous remettre le pendentif.
-Ce n’est rien Mungin, ne vous en faites pas je ne lui en tiendrai pas rigueur. Il a fait comme il pouvait pour faire ses adieux…..
Mungin prit la patte de Fleya et lui remit une bourse de cuir rempli de pierres finement taillées.
Maître Adeliar disait qu’elles étaient des cadeaux de Jöbhaal…. Nous trouvons souvent de ces pierres lorsque nous recueillons l’eau de la rivière. Je sais qu’il aurait voulu vous remercier personnellement, alors prenez ceci. Elles vous seront plus utiles à vous qu’à nous…. Et inutile de refuser, j’insiste.
-Je…. Je vous remercie infiniment Mungin.
Prenez soin de vous jeune Fleya. Et bon voyage.
La féline le gratifia d'un sourire sincère et bienveillant avant de reprendre la route pensive. Si on lui avait dit qu’un jour elle aurait fait ce genre de mission…. Mais peut-être était-ce la plus belle mission qu’elle avait pu faire jusqu’ici. Une rencontre qui avait soulevé bien des questions sur elle-même d’ailleurs. Elle qui avait fait le pari fou de considérer Shotra autrement que comme un démon asservi. Elle qui faisait l’affront, la folie de faire confiance à son démon. Elle qui serait la risée de ses pairs pour cette inconscience. Cette expérience avec ce temple et ses résidents l’avait troublée. Y avait-il un espoir pour qu’un jour elle puisse partager sa vie avec ses démons en toute quiétude ? Ou connaîtrait-elle à son tour la corruption de son âme par la noirceur de la magie qu’elle employait ? Pouvait-elle faire naître quelque chose de positif de ce que tout le monde jugeait négatif ? Seul le temps pourrait lui répondre….
Sporadique La main de Litrish
Âge : 223 Philosophie : Diplomatie Divinité(s) : L'ensemble du panthéon Faction ou Clan :
Attributs Races: Réputation: (5000/5000) Adage: « Que ceux qui boulversent l'Équilibre se méfient.»
Sipriar, patron des démons est connu sur tout le Continent comme étant le Mal a l'état pur, mais peu savent qu'il était jadis Nà; un dieu émotif et songeur. Il n'était pas encore le Patrons des ''démons'' comme on les appelle, ni le Mal incarné. Seulement un jeune Immortel qui ne connaissait pas les limite de sa plus grande force.
La créativité.
Les Mortels (et même les dieux) ont tendance à déclarer maléfique ce qui n'est qu'incompris. Si les Démons sont pervertis par la haine qui gagna plus tard Nà devenu Sipriar, ils gardèrent également cette touche de créativité qui faisaient d'eux -dans le pire des cas- des êtres chaotiques et imprévisibles. Se pourrait-il qu'il y ait aussi un bon côté ? Litrish aurait-il laissé s'abattre sur le Continent une telle injustice ?
Peut-être.
S.
Récompense:
Fleya ne reçoit qu'un Gel'or, mais elle gagne beaucoup plus qu'une satisfaction monétaire, à n'en pas douter.
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