<< Non mais quel temps de chien ! La neige n'arrête jamais et le vent griffe ma peau d'Orc. Satanée Norpalie,que diable fais-je donc encore ici? Ah oui, je n'ai plus le moindre sous..>>

Thaom n'en pouvait simplement plus. La semaine dernière elle se trouvait bien au chaud dans une taverne et l'instant suivant de vils coquins l’assommaient dans le blizzard. Bien heureusement un foutu Traqueur de l'Ordre des cinglés sortit de nulle part l'avait gentiment remise au lit avant de l’emmerder avec son clébard qui se prenait pour un dur tout comme son maître. Bref les temps sont durs et la guerrière se retient pour ne pas hurler de colère en plein dans la gueule de l'hiver. Afin de retourner vers son clan et son lit douillet en bordure de la jungle des périls certains, elle se devait de trouver un travail. N'ayant guère le choix, elle se retrouve à patrouiller dans la forêt avec un Norpalien fin connaisseur des bêtes et pisteur chevronné. C'est sans doute par mégarde de sa part qu'elle du le remettre trois fois sur le bon chemin avant de le regarder s'enfoncer à nouveau dans la mauvaise direction.

- Hey mon gars, tu vas où comme ça?

- Euh nulle part je vérifiais quelque chose, vous voyez, juste là des traces de...

- Des traces de Norpalien ouais ! Suis-moi si tu veux un repas chaud ce soir. Nous sommes bien au-delà de notre itinéraire, rentrons.

Sans plus les deux Gardes-chasse rentrèrent au bercail sans croiser le moindre animal blessé ni le moindre braconnier.

Il était à peu près six heures du matin et le soleil venait à peine de traverser la fenêtre de l'auberge. Thaom était au chaud, pour une fois, et elle entendait bien dormir quelques heures encore au grand désarrois du froid et de la neige qui l'attendaient de pied ferme. Évidemment, on frappait à sa porte quelques secondes plus tard.

- Madame l'Orc ! Nous avons besoin de vous et tout de suite ! cria une voix à demi étouffée par l'épaisseur du bois.

Soudain elle senti la fraîche du matin saisir ses pieds qui pendaient hors du lit, ce dernier étant trop petit. Elle respira profondément avant d'envoyer paître les draps et la couette au fond de la pièce.

<< Je vous souhaite d'avoir une bonne raison espèce d'humain...>> maugréa t-elle pour elle-même. Elle ouvrit la porte avec force et fronça les sourcils en regardant l'homme devant elle.

- Que voulez-vous ? lâcha t-elle en prenant soin de bien faire sentir son haleine matinale à son interlocuteur. Ce fut comme s'il avait reçu une gifle en plein visage puis il se ressaisit avant de répondre.

- Des brigands ont volé deux juments pleines aux écuries. Ils ont aussi emporté plusieurs pièges destinés au gros gibier ainsi que de la nourriture qui était placée dans la réserve. Une femme est morte et deux jeunes écuyers sont blessés.

- En quoi cela me concerne t-il ? Les gardes sont là pour ça non ? Où sont-ils trop profondément enfouis dans leurs armures ?

- Nous avons fait un prisonnier, madame, et il a donné des informations concernant une grande battue prévue pour demain. Il y aurait une vingtaine de braconniers impliqués et les gardes m'envoient quérir vos services. Ces hommes traqueraient des....Frivoles , madame.

- Des quoi ? Qu'est-ce que ce nom stupide, vous vous moquez de moi parce que je suis verte, c'est ça ? Elle ouvrit la bouche dévoilant ses crocs.

- Mais calmez-vous voyons ! Les petites choses qui ressemblent à des dragons et qui se camouflent dans la forêt en prenant la couleur de leur environnement? Ils valent une petite fortune chacun et il semble bien que nos braconniers en est dénicher quelques-uns pas loin d'ici ! Alors nous devons retrouver leur trace et empêcher cette chasse.

- C'est tout ? Alors attendez dehors, j'arrive dans une minute. Elle retourna dans la chambre, saisit son manteau, mit ses bottes et attrapa sa hache d'arme cachée sous son oreiller avant de quitter la pièce.


Thaom reçu 5 pièces de cuivre pour s'être fait réveiller trop tôt ! Félicitations.

À peine le nez dehors et déjà elle avait froid. Elle n'allait sans doute pas se plaindre alors qu'un braconnier tout frais était juste là devant elle, bien ficelé à une chaise, près des écuries. C'est du revers de la main qu'elle entama la discussion. L'homme cracha maladroitement du sang par terre et se mit à ricaner.

- Sale Orc, ça m'étonne que ces barbares de Norpaliens ne t'es pas encore écorchée vive ! Ça doit être l'odeur qui les tient à l'écart ! Il s'approcha de mieux qu'il pu de Thaom avant de poursuivre.<< Et bien moi ça ne m'arrêterait pas, pouffiasse !>> Puis il cracha sur les bottes de la guerrière qui resta de marbre, les sens en ébullition.

- Je te laisse une chance de tout me raconté sur tes petits copains et votre plan, ou je me ferai une joie de te faire sauter la tête des épaules misérable insecteee!! hurla t-elle au bord d'exploser. L'Orc n'était pas le meilleur des atouts lors d'interrogatoires et ils allaient l'apprendre à leur dépend. Elle n'avait que faire de ces ''Frivoles'', mais personne ne l'insultait de la sorte sans en subir les conséquence.

- Tu rêves ma vieille, mourir me fait pas peur. La seule chose plus pénible que d'avoir à poser les yeux sur ta carcasse c'est de t'entendre sale...

Dans un mouvement latéral très précis la hache de Thaom décapita le braconnier insolant, arrosant de liquide chaud et ferreux tous les gardes placés à proximité. L'un deux s'effondra alors que le plus haut gradé s'adressa à elle totalement outré.

- Mais vous êtes bel et bien folle madame ! Comment sommes-nous censés arriver à nos fins à présent ? Nous n'avons aucune idée de la suite des choses et nous savons encore moins comment les trouver ! C'est du beau travail, du très beau travail.

- Merci, dit-elle simplement. Aviez-vous pris la peine de le fouiller ? Je vois que non puisque cette carte vous a échappé, manifestement ! Et c'est moi l'idiote ?! Elle se saisit de la bourse attachée aux restes du bandit. Je vais m'en charger seule, capitaine. Et à mon retour je veux une place sur votre navire le plus douillet et le plus rapide, c'est clair? J'en ai marre de me geler les fesses ici.

Il lui fit simplement signe que oui alors qu'elle était déjà en selle prête à s'occuper des braconniers.

- J'espère que tu n'es pas aussi inutile que tes maîtres, Yaa !!!

25ième jour de Gec, 15ième année de l'ère du Second souffle

Sa monture noire avait chevauché vers le sud-ouest à toute allure pendant 2 heures et elle s'arrêta à bout de souffle. Thaom descendit d'un bond plus ou moins gracieux et consulta une fois de plus la carte tout en parcourant l'horizon de son regard cendré. La carte indiquait l’emplacement du campement des braconniers et vraisemblablement elle y était presque. En fait elle avait déjà patrouillé dans les environs sans remarquer quoi que ce soit, pourtant ils étaient bien là bien cachés derrière une large crête enneigée. Elle espérait qu'ils soient tous présents afin de passer son message de façon claire et décisive.

Elle laissa donc sa monture en bordure de la forêt et se dirigea vers le repaire supposé des revendeurs de Frivoles.

- Faites-moi plaisir, sortez vos armes qu'on rigole un peu, dit-elle en sentant une chaleur bien connue s'intensifier dans ses veines.

Le soleil était encore timide mais le temps était calme et clément. Cela n'empêchait cependant pas les cils givrés de Thaom de coller ensemble à chaque clignement. Elle pouvait alors distinguer une mince colonne de fumée s'élever au-dessus de la fameuse crête. Des voix graves et des rires se firent entendre. Elle du s'allonger dans la neige afin de ne pas se faire repérer. Soudain elle vit ledit campement et compta 3 hommes et une femme, cette dernière déambulait maladroitement autour du feu une bouteille à la main.

- Espèce d'ivrogne, non mais je rêve, regardez-moi cette bande de bouffons ! lâcha t-elle à mi voix.

Elle voulu révéler sa présence lorsqu'elle vit deux autres individus tenant des cages dans chaque main entrer dans le camp. Tous se rassemblèrent autour des nouveaux venus.

- Alors, dis la femme, combien vous en avez les gars? Montrez-nous, aller!

Ils retirèrent les toiles couvrant les cages et aussitôt des cris stridents retentirent et les cages résonnèrent au contact répété des petites ailes sur leurs parois. Les frivoles ressemblaient à de vrais petits dragons.

- On a frappé fort les mecs ! Y'avait deux gros nids dans cet arbre que Mervine avait marqué, ça fait 6 bestioles à 200 Gel'or chacune ha ha ha ! Non mais qu'est-ce que j'vous avais dis hein?

L'Orc avait les pieds gelés et elle en avait plus que marre d'écouter cette bande d'idiots parler de la pluie et du beau temps, saisissant ses deux haches de maîtresse de guerre elle se releva et bomba le torse à l'intention des mécréants.

- Et moi, vous savez ce que j'ai capturé et décapité ce matin pour mon plus grand plaisir ? Un bouffon nommé Mervine, vous savez, votre copain ?!. Et vous savez ce que j'ai trouvé sur ses restes encore chauds ? Une jolie carte au trésor qui m'a gentiment mener ici. Je ne vous laisserai qu'une chance de déguerpir en laissant ces bêtes là où elle sont.

Ils furent tous très surpris de voir une géante verte les menacer au sommet de la colline, mais semblèrent ignorer son avertissement puisqu'ils accouraient déjà l'arme au poing.

- Comme vous voudrez.

Elle dévala la pente, faucha un bras et fracassa un thorax avant de tranché la gorge d'un second assaillant en tournant sur elle-même. Elle poursuivit son chemin du sang plein la figure et les bras bien droits de chaque côté de son corps alors que ses armes laissaient des trainées rouge vif dans la neige. Encore 4 adversaires et cette fois c'est la femme qui chargea Thaom en criant comme une espèce de truie enragée. L'Orc lui asséna un violent coup de tête et elle s'effondra sans broncher.

- T'es une honte pour toutes les femmes, tu le sais ça ? siffla la guerrière en crachant sur la femme inconsciente.

À son approche les 3 derniers braconniers lâchèrent leurs armes respectives en levant les mains dans les airs.

- Pitié madame, prenez-les et partez, nous rentrons à Varak ce soir et vous n'entendrez plus jamais parler de nous, jamais !

Ils acquiescèrent de concert.

- Ces hommes aussi débiles soient-ils sont morts par votre faute ! Pourquoi est-ce que personne n'écoute jamais !?

Elle laissa elle aussi tomber ses haches et empoigna celui qui semblait être leur chef par le col de son manteau et le souleva en le regardant dans les yeux.

- Varak hein ? Et comment comptez-vous vous rendre là-bas, messieurs?

- On a un chariot et 4 chevaux norpaliens en pleine forme et prêts à partir, madame. Pourquoi est-ce si important?

- J'ai un marché à te proposer, ami. Tu m'aides à ramener les petits dragons d'écorce dans leur nid parce que je me découvre une conscience ces jours-ci, tu me suis jusqu'à Fort-froid avec tes deux copains, on livre ces messieurs aux gardes et ensuite tu me conduis au port de Varak où je te laisserai partir, ça te va?

Il eut un silence notable au cours du quel l'homme regarda ses complices à plusieurs reprises avant de répondre.

- C'est d'accord.

- Parfait ! fit-elle en le relâchant.

- Qu'est-ce que tu nous fais là Rikard ? Espèce de salaud ! Je te jure que je...

Thaom le frappa au visage et il s'écroula à son tour le nez brisé. L'autre offrit ses mains jointes à l'Orc pour qu'elle l'attache au plus vite.

- Toi t'es malin. Et toi, attaches ce gaillard bronzé et ligote cet autre débris, on a du boulot.

- Oui, madame, tout de suite.
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Près d'une demi heure plus tard les Frivoles étaient libres et Thaom et ses nouveaux amis étaient en route pour la capitale à bord d'un chariot de bonne qualité. Elle avait même mit la main sur les juments qu'on avait volées le matin même. Une fois la tension diminuée, les trois individus mangèrent un peu et la guerrière leur raconta quelques blagues bien de chez elle qui les firent rire un bon coup. Arrivés aux portes de la ville près de 3 heures plus tard, elle conduisit le prisonnier jusqu'au capitaine de la garde en portant l'autre malfrat sur son épaule gauche. Elle laissa ce dernier glisser par terre sans faire attention. Des hommes le transportèrent vers les cachots. Une bonne chose de faite.

- Au fond t'es un mec plutôt sympa, braconnier.

- Vous aussi madame la furie sanglante. dit-il tristement pendant que les soldats s'emparaient de lui.

Par la suite elle résuma son aventure au capitaine en omettant quelques détails.

- Vous êtes un sacré numéro, Orc. Si jamais l'envie vous prend de passer nous voir, nous aurons sans doute du travail pour vous, malgré tout vous êtes efficace ! Je commençais presque à vous apprécier.

- Ouais, je fais toujours cet effet-là, vous en faites pas. Alors vous me payez et je pars ça vous va ?

- C'est parfait, voilà et encore merci. Bonne route à vous Thaom Melcrudak !

- Merci. Oh et vous serez aimable d'aller payer l'aubergiste pour moi, je suis partie en coup de vent ce matin, bon aller, au revoir soldats du froid !

Et elle retourna vite fait au chariot en calculant le contenu de sa bourse.

- T'es encore là, étonnant. Tu aurais pu t'enfuir.

- J'aurais pu mais à quoi bon ? Vous auriez sans doute suivi ma trace jusqu'à me mettre la main dessus au sens propre et je serais probablement mort dans d'atroces souffrances alors...

- Vu sous cet angle...! Bon, quittons ce pays de malheur, j'en ai marre de geler !

- À vos ordres madame la furie ! Yaa yaa !! fit Rikard en faisant claquer les sangles de cuir sur l'arrière train des larges bêtes sombres.

Thaom en avait pour au moins 2 mois, mais elle rentrait chez elle.