"30 Bel'or!
- 50, on avait dit 50!
- 35 et on en parle plus. Je n'peux pas monter plus haut !
Zardan commençait à perdre patience. Cela ne faisait pas un jour qu'il était arrivé à Hydrasil que les affaires se faisaient déjà difficiles.
- Et pourquoi vous auriez dit 50 il y a un instant quand soudainement vous vous retrouvez bien incapable de m'en donner plus que 35?
- Parce qu'il y a un instant je ne savais pas que vous étiez de RagePierre, voilà tout. Si vous aviez été un Ecarlois, là, je ne dis pas...
- Et pourquoi donc, je vous le demande, mes origines rageuses vous empêchent-elles de payer le prix honnête pour une marchandise qui l'est d'autant plus?
- Parce que dans not' métier, maître Nain, la tête du client importe! Vous z'autres, les Rageurs, vous êtes détestables. Ca enlève au moins 20 Bel'or à n'importe quelle commande, ça. Estimez-vous heureux que je vous en fasse cadeau de 5.
- Han! Mais si vous retirez même 15 Bel'or à la commande, "ami Bélinois", je me vois contraint de retirer 30% sur la quantité de pierres dont vous avez besoin. Mais dans mon métier, c'est l'attitude du client qu'importe. Ce qui ne fait pas 30, mais 40% de pierre en moins. Et je crois savoir que vous disposez de plus de pièces d'or que de pierres, ce me semble. A vous de voir ce qui vous arrange le mieux."

...

Le nain sortit de l'échoppe de l'artisan encore plus aigri qu'à l'ordinaire. Foutue cité! Si Hydrasil était d'argent, RagePierre était d'or. Et ce n'était pas rien pour Zardan de mettre en valeur sa terre natale, cela ne lui ressemblait pas. Mais bon, il avait finit par conclure et le marché s'en tenait aux termes initiaux. Le contrat était signé et il ne lui restait qu'à l'expédier au-delà de la mer des Larmes pour que le cargo de pierres ne se mette en route jusqu'à Bélin. Ca, au moins, c'était fait. Et bien qu'il toucherait sa commission sur cette affaire, cela ne sera pas avant un bon mois. Surtout à l'allure où les paiements s'effectuent dans ces cas-là. Pour l'heure, il faisait presque nuit. Il n'avait pas le temps de trouver une bonne combine pour gagner de l'argent, il devrait donc s'en tenir aux rudiments: on trouve un joaillier qui n'a pas encore fermé boutique (et un bon joaillier sait que c'est à cette heure-ci qu'on fait les meilleures affaires, ce qui n'arrangeait aucunement Zardan), on lui file quelques pierres précieuses, du jais ou du rubis, et on peut se payer quelques nuits dans une auberge. De préférence sale et bruyante comme on les aime, ça détend et ça rappelle le pays. Et s'il vous plaît, une bonne bière, que la journée se finisse!

Pas facile tous les jours la vie d'un Nain de la grande Tour, hein? Zard reçoit donc 8 pièces d'acier et 6 de cuivre pour la vente d'une simple pierre brillante chez le joaillier. C'est déjà ça ! 

Le soleil se levait à peine sur la cité d'argent. Il était encore très tôt et les premières heures de la matinée se faisaient fraiches. Les récents rayons de soleil caressaient les toits environnants et réchauffaient à peine le pauvre Nain qui arpentait les rues d'un pas lourd mais décidé. Il n'y avait rien à redire, c'était une ville magnifique et les architectes avaient fait là du bon boulot. Difficile de penser un jour assiéger Hydrasil. Imprenable, pour sûr.
Zardan ramena sa cape sur lui, tentant de maintenir un brin de chaleur. S'il comptait rester quelques jours dans la région, il lui faudrait s'habituer aux vents matinaux. Pour l'heure, il se dirigeait vers la Goule Souriante, une des auberges les plus renommées de la ville. Il avait pris l'habitude de s'occuper de la vente de sa nourriture exotique avant toute autre chose. Malgré les techniques de conservation qu'il utilisait, il ne fallait pas jouer avec le feu. Une fois lui aura suffit: la viande se décompose et le gâchis étant déjà un problème en soi, l'odeur y rajoute son grain. Il a dû jeter sa marchandise à la mer, de peur que les marins ne s'en chargent, et lui avec. Heureusement, on n'a pas à se soucier de ce genre de détails avec pierres et métaux.

...

"Vous avez dit qu'c'était quoi déjà ?
- C'est du mortitude. Extrêmement rare.
- C'est bon, c'est bon. C'est goûtu. Mais vous en avez assez ?
- Ca dépend, vous servez combien de couverts par jour ?
- Dans les 200, 250.
- Vous faites ça un menu du jour et vous en avez probablement pour... disons... 3 à 4 jours.
- J'ai pas vraiment à me plaindre d'un manque de clientèle, vous savez. Je sais pas si cette affaire va vraiment me rapporter.
- C'est vous qui voyez. Mais vous servez du mortitude cette semaine, et vos clients même les moins fidèles se verront plus enclin à venir par chez vous à l'avenir. C'est un investissement.
- Pourquoi pas.
- Et voyez-ça autrement: combien d'établissements servent du mortitude dans tout Hydrasil ? Votre renommée, si déjà bonne, sera encore meilleure. Le mortitude ne vit que de l'autre côté de la mer, croyez-moi, seuls les seigneurs ont l'habitude d'en consommer, et pas en grande quantité. Même en Térovia c'est pas si courant. Je vous fais une fleur, là.
- C'est vrai que plus c'est rare, mieux c'est. Mais le prix monte avec, et ça faut pouvoir suivre.
- Ah, pour sûr.
- Vous pensez que mes clients peuvent se le permettre ?
- C'est à vous de me le dire. Mais si vous ne m'en prenez pas, ce sera une autre auberge qui récoltera cette gloire.
- "Gloire", hein ? Ahah. Ca faisait longtemps que je n'avais pas fait d'affaires avec un compatriote nain, ça me manquait presque.
- De toute façon vous allez m'acheter du charcajoux, n'est-ce pas ?
- Evidemment, cela fait trop longtemps que je n'en ai mangé. Ca me rappelle la maison.
- Bon, et ben on fait comme ça: vous me prenez les deux, vous organisez des soirées à thème nanesque, vous en profitez pour mettre un bon prix sur les plats, et vous êtes refaite.
- Mmmm... Ca marche, mais à une condition.
- Ca m'aurait étonné.
- Voui voui voui. Je veux un contrat d'exclusivité sur le mortitude de Bélin. Que je sois la seule à en vendre, que la Goule Souriante soit la seule auberge où le peuple peut en déguster.
- Ca je ne peux pas faire, je regrette. Les nobles en raffole. Mais à part vous et la Seigneurie, je n'en vendrai à personne dans tout le pays. On n'en a pas assez de toute façon.
- Alors marché conclu !
- Plaisir de faire des affaires avec vous, M'dame Tomberlak.
- Voui voui voui. C'est quoi vot' nom, déjà ?

...

Et voilà une bonne chose de faite. Le soleil était maintenant haut dans le ciel, et le temps s'était bien amélioré. Mais pour le moment, ça avait été les marchés que Zardan maitrisait le plus, puisque l'Alliance occidentale en avait l'exclusivité, ou presque. Les jours prochains, ce serait beaucoup plus difficile, et cela le confortait à l'avance dans son humeur ronchonne. Il en venait à manquer les jours passés à s'occuper de construction: dessiner des plans, tailler la pierre, couper le bois, laquer le métal, affûter les outils. Un bon travail manuel. Ses tâches en tant que représentant commercial finissaient presque par l'ennuyer. Mais l'instant présent, il n'avait pas le luxe de s'occuper d'autres choses.

Les Mortitudes, animaux dangereux des montagnes rageuses sont si rares ! Un contrat d'exclusivité avec Madame Tomberlak de la Goule Souriante est, pour ainsi dire, une affaire en or. Félicitations Zardan, tu te mérites 2 plaques d'or et 8 plaques d'argent pour ce contrat, mais les profits s'accumuleront bientôt, c'est certain.

Si tu souhaites recevoir un autre type d'or (comme des pièces humaines par exemple) fais-le moi savoir par Messagerie Privée. Je crois savoir que tu as également des messages non-lus dans ta messagerie qui se situe en haut de ton écran, dans la barre de navigation à son extrême droite. Tu devrais y voir inscrit ''Nouveaux''.

Cordialement.

-Phelim

Concernant le troisième jour de travail, ce bon Zard reçoit 2 plaquettes d'or et 4 d'argent pour l'échantillon.

Suite à sa triste mésaventure dans les dédales de la capitale, Zardan est abattu et déçu, mais une chose des plus improbables survint alors; Un homme encapuchonné sort de l'ombre derrière lui et vient déposer un grand sac à ses pieds. Tout y est. L'éclat de la lune dévoila un sourire amusé sur ses lèvres. 

« La Confrérie des rapaces vous salut, maître Nain. Nous ne serons pas toujours présents pour couvrir vos arrières, restez donc loin de la Basse-ville. »

Sur ce il s'en retourna dans le noir dans le plus grand des silences. Le contenu de la bourse lui revenant est de 3 plaquettes d'or. Tout est bien qui fini bien.