[Début du RP, ici]

Plus que quiconque, les Orcs étaient habitués à sentir l'adrénaline annonciatrice d'un combat imminent se répandre dans leurs veines. Wotram ne faisait pas exception à la règle. Depuis sa plus tendre enfance, on lui avait apprit à chérir cet instant, à ne pas craindre la mort. Son courage ne lui faisait pas défaut ce jour là, alors qu'il cheminait vers la ferme de Mr Bombabil.

Il avait fait tout ce qui était en son pouvoir, pour affronter ce qui l'attendait en toute sérénité. Une semaine plus tôt, il avait envoyé un messager ailé porter une copie de l'incantation à son chaman. Il n'était pas totalement convaincu que ce dernier comptait en faire bon usage, mais il avait toujours fait montre d'un dévouement sans borne et ne comptait pas changer d’allégeance.
Ensuite, il s'était rendu dans le temple des cinq, pour faire bénir l'Affamée. Il savait que cette épée si particulière avait déjà été consacrée par les Nains lors de sa conception, mais il ignorait si les divinités des fils de la pierre étaient en mesure d'éloigner les démons. Aussi avait-il préféré jouer la sécurité en s'adressant à ceux des hommes. Après tout, pour ce qu'il en savait, il pouvait en être des dieux comme des guerriers, plus on en a dans ses rangs et plus on a de chance de sortir victorieux !
Le reste de son temps à Hydrasil avait été utilisé pour amasser des vivres et trouver deux montures. Voilà comment il s'était retrouvé à chevaucher sur un trait léger à la robe bai, accompagné d'un cob de la même livrée en cheval de bât.

Le combattant des marais avait eu tout le loisir de faire connaissance avec ses compagnons de voyage durant la semaine de route. Sa monture était assez froide et avait facilement tendance à paresser, tandis que le cob se montrait vaillant et courageux à la tâche.
Nagarog espérait faire preuve d'autant de détermination que lui, alors qu'ils approchait de l'exploitation agricole hantée.

Parvenu sur les terres de Bombadil, Wotram mit pied à terre. Il attacha ses montures dans un endroit qui semblait sûr, puis il alla toquer à la porte de l'habitation principale. Ignorant si quelqu'un était en mesure de l'entendre dans le coin, il préféra faire confiance à sa voix de basse pour avertir de sa présence.

- OH HEY ?! MR BOMBADIL ? LE PROFESSEUR HALABUS DE L’ACADÉMIE D'URION M’ENVOIE POUR VOTRE PROBLÈME ! hêla-t-il en scrutant les environs.

La fine ouïe de l'Orc ne tarda pas à recueillir la réponse du vieillard, qui avait l'air de se trouver d'un une construction annexe, probablement une grange ou un poulailler. Wotram réajusta donc sa cape, balayant au passage un maximum de la poussière accumulée durant le voyage. Il essayait de faire bonne impression, mais à l'arrivée du propriétaire des lieux, quelque chose l'incita à penser que ce n'était pas un franc succès.
Cela venait peut être des cris de terreurs, du visage parcheminé étiré par la peur ou de la tentative de fuite éhontée, allez savoir ?!

L'Apprenti chaman attrapa instinctivement le fermier par le bras. Il allait enlever son masque dans le même mouvement, mais une petit voix lui souffla que de voir un visage verdâtre et couvert de cicatrices ne serait d'aucun réconfort.
Aussi se contenta-t-il de saisir les épaules de Bombadil pour le forcer à le regarder.

- Calmez-vous, Monsieur ! Vous ne craignez rien, je viens pour vous débarrasser des démons mineurs qui ont envahis votre ferme. commença-t-il sur un ton qui se voulait apaisant.

Il lâcha ensuite le vieil homme et se recula légèrement en exposant ses mains en un signe de reddition. Il savait qu'il serait impossible de convaincre son interlocuteur, si ce dernier restait dans un tel état de nervosité.
De toutes façon il savait ce qu'il avait à faire, c'est pourquoi, sans prêter plus attention à l'infortuné paysan, il déroula le morceau de parchemin sur lequel était inscrit l'incantation.

- Si vous préférez quitter votre ferme le temps que j'affronte ces créatures de l'Outre-monde, vous trouverez mon cheval attaché à l'entrée de votre propriété. Il va falloir que je les rende tangible pour les exterminer et ils pourraient devenir dangereux. Vous êtes prêt ? lança-t-il à la cantonade.

Nagarog n'était pas certain que son hôte soit toujours à ses côtés, mais dans la mesure où il redoutait de le regarder de peur qu'il en fasse un infarctus, il préféra parler le plus clairement possible sans trop hausser la voix.

Pour le plus grand plaisir du guerrier Orc, le vieux Bombadil retrouva son calme et put lui indiquer l'endroit où il avait le plus de chance de trouver ses cibles. Wotram réitéra alors son avertissement et lui conseilla à nouveau de se mettre à l'abri.
Puis, il se dirigea vers la grange, les mises en gardes du fermier en tête, et posa une main contre la porte. De l'autre, il s'empara d'une petite fiole en verre attachée à sa ceinture, avant d'ouvrir brutalement l'entrée du bâtiment d'un seul coup. Sans perdre une seconde, il y lança la fiole qui se brisa en libérant une épaisse fumée âcre et nauséabonde. Il s'agissait d'émanations gazeuses, passablement toxiques, précieusement récoltées dans les marais par les disciples du Grand Chaman.

- Enfant de l'Outre-monde, je te vois comme tu me vois et te somme de retourner d'où tu viens! Ton feu et ta haine ne me troublent point, et par le grand Revoran, si tu l'oses, je t'ordonne de m'affronter ! psalmodia-t'il en serrant son amulette.

Aussitôt il se jeta à l’intérieur de la grange et fit un roulé boulet, dont on ne pouvait nier la théâtralité. Durant sa petite figure acrobatique, il en avait profité pour balayer rapidement les lieux du regard.
En plus des restes d'un ou plusieurs cadavres, il avait cru discerner quatre silhouettes différentes.

Puisqu'il se devait de frapper le premier, il ne perdit pas un instant de plus et projeta un poignard dans le dos de l'un de ses adversaires. Suite à quoi, il se rua sur un autre opposant en lançant la lame courbée de sa chaîne droit devant lui. Sans attendre de savoir s'il avait réussi à esquiver ou non, Nagarog bondit et déroula un puissant coup de pied pour frapper le côté du crâne de son adversaire.
Le combat ne serait pas facile, mais l'ombre des marais comptait bien montrer aux démons qu'il pouvait être aussi redoutable qu'eux !

Un cri primitif résonna bientôt dans la grange, faisant vibrer les cloisons en bois. Puis se fut un rire qui retentit jusqu'aux oreilles de Wotram. Ce dernier en profita pour se replier auprès de l'un des poteaux qui soutenaient le toit du bâtiment.

Le guerrier Orc eut alors tout le loisir de voir ses deux premières cibles se remettre un peu trop rapidement sur pied. L'idée que le chef des démons soit capable de régénérer ses sbires lui vint immédiatement à l'esprit. Peu importe, il se promit de l'abattre en premier !
Contient de la difficulté de la tâche, l'apprenti chaman dégaina son épée à lame large sans perdre un instant. L'Affamée en main, il écouta attentivement les propos de son opposant.

- Le mal qui me ronge est mon fardeau et je saurai le porter. N'ai pas la bêtise de me confondre avec l'un de ces Hommes, je connais le goût des tiens pour la tentation et la manipulation ! Maintenant voyons si tu dis vrai et si tu es aussi invulnérable que tu le prétends ! cracha-t-il en brandissant son arme bénie.

Aussitôt il donna un violent coup de coude dans le poteau, faisant trembler l'étage supérieur de la grange où était entreposé le foin et la paille. Un épais nuage de poussière tomba des hauteurs et se mêla à ce qui restait du nuage d'émanations marécageuses.
Nagarog se dirigea sur sa gauche en courant, mais lança la lame de sa chaîne vers la droite. Cette dernière se planta dans l'une des poutres transversales et, d'un coup sec, l'âme des marais s'en servit pour changer brusquement de trajectoire. Assénant au passage un puissant coup d'épée au démon le plus proche. S'il espérait lui avoir coupé la tête, il ne prit pas le temps de s'en assurer.

Prenant appuie sur la poutre avec son pied, il retira sa lame du bois et se hissa dans les hauteurs de l'édifice. D'un violent coup de pied, il déséquilibra l'une des lourdes bottes de paille, qui s'abattit sur l'un des démons. Profitant du chaos ambiant, l'aspirant chaman se prépara à user de sa magie...

Malheureusement pour Wotram, Bémoth était rapide et la déconvenue de ses acolytes n'avait fait qu'attiser sa rage. Une nouvelle provocation et le sol trembla, pis encore la bâtisse se scinda en deux. L'Orc eut le réflexe de planter ses griffes dans une latte du plancher pour ne pas basculer. Ébahi par la puissance destructrice du démon, il croisa son regard et comprit qu'il n'avait pas intérêt à rester à découvert.

Pas assez rapide pour bondir au sol, le Chien de brume fut atteint par la déflagration quand tout un pan de la grange vola en éclat sous l'effet de l'attaque mentale. Groggy et couvert de sciure de bois, le guerrier se força cependant à se relever. La charge de Bémoth avait au moins eu l'avantage de soulever un nuage de poussière capable d'engloutir la ferme entière.

Nagarog avança à tâtons et failli trébucher sur quelque chose de souple. Plissant les yeux pour mieux voir, il réalisa qu'il venait de se cogner contre le corps décapité de l'un des démons mineurs. Il eut alors une idée et ne perdit pas une seconde pour la mettre en œuvre. L'Orc se mit alors à recueillir du sang de démon dans ses mains pour l’essuyer sur sa cape, le but étant de couvrir sa propre odeur pour tromper son ennemi.
Ne s'attardant pas plus que nécessaire, l'Apprenti chaman se remit rapidement en route pour localiser son adversaire. Tâche aisée, tant le chahut provoqué par le démon furieux tranchait avec le silence de mort qui régnait dans les environs.

Couvert tant visuellement par la poussière en suspension, qu'olfactivement par le sang de la dépouille, Wotram mit à profit tout ce qu'il avait apprit chez les Pieds visqueux pour se déplacer dans le plus grand silence. Guettant la moindre occasion, il profita d'un nouveau mouvement d'humeur de la créature de l'Outre-monde pour lui bondir dessus épée en avant. S'attendant toutefois à un contre redoutable, il fit également tournoyer l'Assoiffée, prêt à utiliser la chaîne pour atteindre le monstre ou se soustraire à lui.

Hi ha ! C'est à quelques jurons près ce qui passa par la tête de Wotram quand il se retrouva sur le dos d'un démon gesticulant, en se cramponant à l'Assoiffée comme si sa vie ne tenait qu'à un fil... Ce qui était un peu le cas, à peu de chose près, puisque le fil en question était une chaîne qui se terminait par un lame et que cette dernière se planta rapidement dans l'échine de Béhémot, afin de s'assurer une prise supplémentaire.

C'est alors qu'il crut commencer à prendre le dessus sur son adversaire qu'une violente douleur transperça le crâne de l'Orc. Elle était accompagné d'une nouvelle tentative de corruption de l'être immonde, qui savait comment faire une offre qu'on ne peut pas refuser !
Malgré la douleur, ou plutôt grâce à la douleur, Nagarog se concentra sur son but, sur la raison de sa présence. Il n'était pas là pour exterminer gratuitement des proies innocentes, il ne cherchait pas non plus à jouer au plus fort ou à prouver qu'il était un véritable guerrier. Non. Il était là parce qu'un humble fermier et sa famille était menacé par des créatures sans foi ni lois. Il était temps de mettre un terme à cette menace, de préférence avant qu'il y ai d'autres dégâts matériels ! Tout cela n'avait que trop traîné.

Le Chien des brumes ne chercha pas à négocier, raffermissant sa prise d'une main, il fit un mouvement de poignet pour remettre l'épée qu'il tenait dans l'autre dans le bon angle. Puis, avec leste et rapidité, il fit courir la lame bénie le long du coup de la créature pour l'égorger.

- Tu te trompe si tu crois pouvoir m'acheter aussi facilement ! Je t'ai déjà dis que je ne croyais pas les paroles des êtres de ton espèce. Alors retourne d'où tu viens ! Tu n'as déjà que trop souillé cette terre...

Que faites-vous lorsque des pieux acérés surgissent du sol sur lequel vous vous tenez ? Et bien, vous faites comme Wotram venait de le faire, vous décarrez vite fait, bien fait avant d'être empalé !
Voilà pourquoi l'Orc avait abandonné sa position sur le dos du démon, qui venait de donner une nouvelle dimension à leur combat. Se réceptionnant d'une façon fort peu académique, le guerrier se trouva nez à nez avec son opposant.

Profitant des jubilations du démon, Nagarog s'éclipsa à nouveau. Bien content d'avoir passé des heures à crapahuter dans le sol lourd et fouillant des marécages, qui lui avaient conféré une endurance à toute épreuve. Le but n'était toutefois pas la fuite. L'apprenti Chaman voulait simplement amener son adversaire sur un terrain qui serait plus à son avantage.
Les ruines de la grange étaient parfaite pour cela, aussi n'eurent-ils pas loin à aller !

Parant griffes et crocs avec sa chaîne et son épée, le Pied Visqueux fut plusieurs fois projeté au sol. Il savait que plus le combat durerait, plus il serait à l'avantage du démon dont la puissance physique ne semblait pas faiblir. Cependant, en prenant sa forme originelle Béhémot avait certes libéré son plein potentiel physique, mais été aussi devenu vulnérable. Enfin... Encore fallait-il parvenir à l'atteindre sans y laisser la vie !

Cette fois, la lame de brume ne perdit pas un instant pour se servir des connaissances acquises auprès du Grand Chaman. Apposant sa main sur le sol, il profita d'être au milieu des champs pour utiliser les racines qui couraient sous la surface.
Dans un premier temps, il se positionna entre deux pans de mur déchiquetés par la précédente salve du monstre. Les racines s'extirpèrent du sol et rampèrent sur le bois jusqu'à former un lien entre les deux appuis. Wotram y plaça l'Affamée, son épée bénie, et utilisa sa création comme un lance pierre qui projeta la lame droit sur le cœur de l'ennemi, à la manière d'une arbalète géante.
Puis dans un deuxième temps, l'Orc profita de la diversion offerte par sa première attaque pour faire à nouveau appel à ses talents chamaniques. Cette fois ses alliées surgirent entre les pattes de Béhémot pour le déséquilibrer.
Le but du guerrier à la peau verte étant de faire tomber le démon sur ce qui restait derrière lui de l'un des piliers de soutènement, un véritable pieu à la hauteur de sa proie !

Un dernier soupir, comme un écho au dernier râle de Béhémot. Wotram était hors d'haleine et son corps entier le faisait souffrir, mais il avait survécu. Il s'estima donc heureux et reprit ses armes en main.
Une dernière vérification, pour s'assurer que son adversaire était bien passé de vie à trépas. Puis brusquement, il lui trancha la tête, comme pour s'assurer que cela ne changerait pas. L'Orc sortit ensuite quelques fioles de l'une des aumônières de sa ceinture et récolta un peu de sang du démon et autres fluides cadavériques, qui pouvaient avoir un intérêt quelconque pour un adepte du chamanisme.

Sa besogne totalement accomplie, Nagarog nettoya brièvement ses lames souillées par le sang démoniaque. Avant de retourner voir le vieux Bombadil. Il rassura ce dernier qui ne courait à présent plus aucun risque et s'excusa pour l'état de la grange. Le fermier était toutefois du même avis que le guerrier des marais, sur le fait qu'à choisir entre dégâts matériels et mort violente, mieux valait sacrifier une vieille bâtisse en bois !

Une poignée de main et quelques remerciements plus tard, Lame de Brume était revenu à l'extérieur de la ferme, où l'attendaient sagement ses deux chevaux. Il flatta l'encolure de son robuste hongre bai, avant de se remettre en selle. Direction Hydrasil, pour prévenir Halabus que le contrat avait été rempli.