Rencontre fortuite d'un colosse sympathique [Beogus]

L'Orc à écailles de fer

Pieds nus, le géant déambulait tranquillement vers le prochain village, Simpliste. Il était agréablement surpris quant à l'état de la rive Est du grand continent, tout semblait maintes fois plus accueillant que par chez lui. Les Orcs n'étaient pas réputés pour leur hospitalité ou quoi que ce soit d'autre sauf pour la guerre et la débauche. Les rumeurs étaient en partie vraies, mais tous les peuples qui se respectent savent ignorer ces histoires débilitantes puisqu'ils sont bien plus complexes qu'il n'y parait.

Cran ne s’identifiait plus vraiment à ses débiles de confrères, son travail et sa réputation passaient avant toute chose et son attitude ressemblait beaucoup à celle des Hommes à présent.

La neige lui procurait une sensation nouvelle mais ne lui nuisait en rien puisque la corne sous ses énormes pieds empêchait le froid de passer. Son sac fait de peau de cerf dans sa main droite, il scrutait l’horizon de ses yeux dissemblables. Il lui tardait de s'installer quelques jours en terrain habité afin de faire le plein de liqueur de feu et de discussions avec ceux et celles qui daigneraient accepter sa présence.

Il ne se faisait plus d'illusions, ses proportions démesurées ainsi que sa belle gueule avaient tôt fait de faire fuir les plus froussards. Cependant, partout où il passait certains veulent en savoir plus sur lui et ses origines tandis que d'autres lui offrent du travail. Tout compte fait, il aurait bientôt besoin d'or et cette bourgade cachait peut-être un quelconque intéressé, il le saurait bien assez tôt.

C'est sous les regards inquiets des paysans que Cran installa sa petite tente prêt de l'entrée principale un peu en retrait sur le bord de la route. Aucune auberge n'était suffisamment grande pour accueillir sa vieille carcasse alors il n'avait d'autre choix que de dormir à la belle étoile en permanence. L'Orc prépara un feu avec ce qu'il trouva à proximité et pris place près des flammes tout en grignotant un quartier de viande d'ours frais de la veille. Soudain il porta son attention de l'autre côté du feu se sentant épié, et pour cause, un homme encapuchonné se trouvait là à le regarder sans trop oser s'approcher. De sa voix gutturale il s’adressa à lui.

- Vous, je ne mords pas, approchez, ou partez!

Et l'inconnu s'avança.

Invité

Cela faisait quinze jours que Beogus avait quitté sa tour, de quoi laisser un peu de répit à Rangdor son apprenti. Il souhaitait se rendre à Simpliste, un village bordant la frontière de Varakir. Plus il s'en approchait et plus il se demandait comment il allait ramener une étoile d'Iscuellua, il était à pied et il lui avait fallu quinze jours pour traverser les plaines de Bélin soit 360 heures de marche. Il lui restait une bonne heure de marche pour atteindre Simpliste et ne s'imaginait pas une seule seconde parcourir les vastes terres arides de Varakir à pied. Il tenterait de trouver de l'aide à Simpliste et réfléchirait à la situation une fois sur place.

Alors que la nuit tombait et qu'il n'avait plus une goutte d'eau dans sa gourde, Beogus aperçu, non loin, les fondations d'un village, il ne pouvait s'agir que de Simpliste. Tandis qu'il s’approchait du village, il remarqua un feu de camp non loin de l'entrée, quelqu'un de bien bâti se trouvait derrière et tandis qu'il cherchait à découvrir ce visage caché par les flammes, il fût surpris lorsque l'individu lui adressa la parole de sa voix roque.

- Vous, je ne mords pas, approchez, ou partez!

Il jeta un rapide coup d'yeux autour de lui, quel âne il faisait, se trouvant totalement seul au milieu du chemin, légèrement courbé en avant afin d'observer un individu imposant dont il ne savait rien et dont il n'avait que faire. Fut un temps où il avait su se montrer plus discret.

Il s'approcha et lui présenta ses excuses. C'est avec étonnement qu'il découvrit enfin son visage, il s'agissait donc d'un orc. Il fût agréablement surpris par la façon qu'il avait de s'exprimer. Lui qui n'en avait jamais vu et qui avait souvent pensé que les orcs ne savaient communiquer que par les armes et quelques cris rudimentaires,ce qui n'était pas forcement faux chez certains d'entre eux. Mais, celui qui se trouvait en face de lui, semblait un minimum cultivé malgré son physique imposant, son visage intimidant et sa façon de manger qui laissé penser l'inverse.

Il engagea le dialogue, tentant de ne pas trop le dévisager, se mettant à la place de l'orc, qui est sans doute l'individu que l'on montre du doigt lorsqu'on le croise.

-Et bien, c'est qu'il commence à faire frisquet ici, c'est bien aimable à vous de partager votre feu. Mais vous êtes bien loin de vos terres dites moi, il est assez rare de voir des orcs par ici. Quoi qu'il en soit, je me nomme Beogus Zacanal, ravi de vous rencontrer.

Il tendit sa main en direction de l'orc en espérant qu'il ne la lui broie pas.

L'Orc à écailles de fer

Alors là, c’était toute une barbe ! À première vue cet homme aurait pu être un noble, mais bien vite Cran comprit qu’il avait plutôt affaire à un humble voyageur un peu confus. Il était seul, tout comme lui, alors pourquoi ne pas l’accueillir pour discutailler et faire de ce fait plus ample connaissance? C’est alors que ce monsieur Zacanal lui tendit la main afin de conclure les présentations d’un signe de politesse ou de bonne foi, Cran n’aura vraiment jamais su le comprendre, imitant le mouvement par simple réflexe. Prenant soin comme à l’habitude d’exercer une légère pression lorsqu’il se saisit de la main du voyageur, le géant sourit avant de se présenter à son tour.

« Et bien j’suis fort heureux de vous rencontrer dans mon modeste camp du soir Mr.Zacanal, quant à moi j’suis Cran Brakior, simple mercenaire. »

Il vit le visage de son visiteur nocturne changer à l’annonce de sa profession, il rectifia donc rapidement le tir.

«Oh mais vous en faites pas monsieur l’étranger, je ne tue personne malgré les apparences! Je fais plutôt dans la protection, la récupération de présumés trésors ainsi que l’abattage des bêtes dangereuses, qu’elles soient de notre monde, ou de l’autre tiens! Ça fait longtemps que j’fais ça et c’est pas pour me vanter, mais j’suis doué, pour sûr. Mais bon, j’veux pas vous ennuyer avec mes histoires, qu’est-ce qui vous amène à Simpliste Mr.Zacanal?»

Il parlait fort et avec entrain lorsqu’il s’agissait de son travail, prenant celui-ci très au sérieux et bien à cœur. Aussi il y avait longtemps qu’on avait pris le temps de parler avec lui d’une façon si normale, si polie. Essuyant sa large bouche du revers de la main, il déposa les restes de viandes avant d’installer ses énormes pieds près de la chaleur réconfortante du feu désormais prêt à entendre le récit de son interlocuteur à l’air sage.

Invité

Il cru rêver, en plus d'être quelqu'un de courtois et chaleureux, l'orc s'avérait être un mercenaire. Mais pas de ceux qui accomplissent les basses besognes sans réfléchir, non, lui n'était pas dénoué de sentiments et avoua avoir un faible pour la protection rapproché ainsi que pour les chasses aux trésors.

Tandis que Cran s'installa plus confortablement près du feu, Beogus s'exprima.

- Mon cher, sachez que vous êtes ce qui m'est arrivé de mieux durant ces dix derniers jours. Je suis alchimiste et tout comme vous, je voyage énormément afin d'en apprendre d'avantage sur ce monde et ses mystères. Je viens d'Icavour, un petit village situé dans l'Est de Bélin. Mon dernier voyage m'a mené ici, à Simpliste, où je comptais passer la nuit afin de reprendre la route en direction de Varakir. Pour tout vous dire, les régions arides ne m'ont jamais attirées, préférant d'avantage les régions enneigées ou encore les vaste plaines verdoyantes, mais il se trouve qu'une plante résidant dans le désert de Varakir m’intéresse. Hélas, j'ai bien peur de ne pas pouvoir franchir cette vaste étendu de sable tout seul, de plus, cette plante, une fois cueilli, perd toutes ses propriétés favorables à l'alchimie au bout de quarante-huit heures.

Beogus r'approcha ses mains du feu puis reprit en observant l'orc qui semblait écouter.

-Le problème, c'est qu'il me faut ramener cette plante à Icavour afin qu'une connaissance puisse me révéler tous les secrets de cette plante ainsi que les recettes qui lui sont associées.

Il soupira.

-Bien entendu, une personne tout a fait normale dirait que c'est impossible étant donné qu'il faille une vingtaine de jours à dos de cheval afin de relier Varak à Icavour, et certainement le double à pied. Mais, il s’avère que j'ai acquis certaines connaissances lors de mes précédents voyages, bien entendu avant de vous en dire plus, j'aimerais savoir si vous seriez prêt à faire le voyage à mes côtés si je vous disais qu'il existe une petite chance pour que l'on réussisse, par contre, il faudrait partir demain à l'aube, la route est encore longue et la personne devant me transmettre ce secret n'est plus toute jeune. Que l'on réussisse ou non, vous seriez payer. Votre prix sera le mien.

Il reprit son souffle, puis, une fois détendu, attendit la réponse de l'orc.

L'Orc à écailles de fer

L’homme s’exprimait à la manière d’un érudit, ça Cran le savait puisque peu d’entre eux osaient s’aventurer hors des grandes villes où ils pouvaient, de façon générale, parfaire leur art sans craindre pour leur sécurité. Les gens qu’il croisait n’étaient que rarement des orateurs nés, il examina donc brièvement Beogus une seconde fois avant de lui répondre.

« Vous êtes vraiment prêt à payer un Orc même si votre quête échoue? Quel drôle de bonhomme vous faites! Vous devez sacrément tenir à cette plante. Et tous ces mystères sur la façon de rentrer en moins de 48 heures…Ça me plait tout ça ! Ouaip, y’a trop longtemps que ce bon vieux Cran n’a pas été embauché pour une aventure digne de ce nom. Et quant à mon prix Mr.Zacanal, 3 pièces d’or feront l’affaire. Et je compte bien vous mener à bon port, enfin façon de parler, je sais qu’il n’y a pas de port dans le désert mais bon…! Et si nous ne sommes pas victorieux, je refuserai simplement l’or, j’vous conseille de pas discuter à ce sujet. »

Le mercenaire lui fit une grimace maladroite qui se voulait être un sourire avant de lui tendre sa grosse main de nouveau. Son air redevint plus sombre lorsqu’il rencontra le regard de sa nouvelle mission.

« Vous savez Monsieur, les terres grouillent de monstres depuis quelques semaines, vous devez être conscient que malgré ma taille et ma force, il y a de ces choses que je ne pourrai vaincre si nous venions à les rencontrer…Je n’ai pas peur, ça non, et je ferai tout pour vous protéger, mais je devais vous mettre au courant.»

Hésitant, l’alchimiste lui serra la main de nouveau, concluant ainsi leur accord. L’Orc se leva et extirpa de son grand sac de voyage une immense fourrure sombre et la tendit à son protégé afin qu’il puisse prendre du repos près du feu. L’un et l’autre étaient un brin mal à l’aise pendant les minutes qui suivirent mais une conversation s’installa rapidement et donna le ton du reste de la soirée, teintée d’anecdotes et d’aspiration. Aucun Ildirien ne pouvait se priver en ces temps incertains de quelconque espoir que ce soit.

[…]

À l’aube Cran revêtit sa cape et rabattit son large capuchon avant de se diriger en ville pour faire quelques achats en compagnie de Beogus. Une fois que les provisions de toutes sortent furent acquises, les deux acolytes levèrent le camp, entamant un curieux périple vers les contrées sablonneuses de Varakir.

Dépenses de ce bon vieux Cran:

Invité

La nuit fût courte, mais l'épaisse fourrure que Cran lui avait si aimablement prêté, était très confortable et lui avait permit de bien dormir. Après avoir fait un tour en ville afin d'acheter quelques provisions,parmi lesquelles Beogus acheta un bon mètre de corde souple et légère ainsi qu'un petit récipient logeant dans son sac de voyage, les deux compagnons se mirent en route pour Varakir.

Ils marchèrent plusieurs heures, racontant à tour de rôle certaines de leurs péripéties. Tout deux s’arrêtèrent lorsqu'ils aperçurent les premières dunes de sables.

Beogus laissa échapper un profond soupir.

-Haaaa, nous y voila, c'est donc ici que notre aventure commence.

Ils s’approchèrent et, à peine ils posèrent les pieds sur le sable fin, que deux hommes firent leurs apparitions.

Tout deux, le visage voilé par un long ruban, partant du cou pour finir sur la tête, ne laissant apparaître que leurs yeux, s’approchèrent des deux voyageurs. Chacun une lame à la main, ils finirent par s'exprimer d'une voix sèche.

-Halte voyageurs, si vous souhaitez aller plus loin, il va falloir payer le droit de passage. Pour toi le maigrichon, ce sera 20 pièces d'or. Et pour toi.

Il se tourna vers l'orc et lorsqu'il entraperçu la machoire de l'orc continua d'une voix plus hésitante.

-Heu... mouais... donc pour toi ce sera 10 pièces d'or, tu as de la chance, c'est notre jour de bonté héhé. Payez ou mourrez.

Ils tendirent leurs lames. Deux bons mètres séparèrent Beogus et Cran de la pointe de leurs épées. Beogus, après avoir analysé les deux hommes, lança un regard à son ami puis lâcha discrètement quelques mots.

-Celui de droite à le genou gauche fêlé, une pression suffisamment violente pourrait le lui casser. Quant à celui de gauche, ses poignets le font souffrir, un coup brutal sur son arme pourrait peut être suffire à le désarmer.

N'ayant pas eu le temps de lui parler de son don, Beogus n'avait plu-qu’a espérer que l'orc lui fasse confiance et qu'il sache réellement se battre.

Dépenses en ville:

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