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 ♦ Une frontière bien gardée [Phelim]

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MessageSujet: ♦ Une frontière bien gardée [Phelim]   ♦ Une frontière bien gardée [Phelim] EmptyMar 21 Jan 2014 - 11:21

« La maladie vient à cheval, elle s’en retourne à pied. »


Une semaine… peut être deux. Helen restait aussi pâle, aussi silencieuse que le trépas lui-même. S’il était hors de question qu’il ne l’emmène à ses côtés, nous devions pourtant admettre notre soucis quant à son état qui, jour après jour, allait de mal en pis. La fièvre ne semblait décidée à retomber, et nous l’observions faiblir, impuissants. Si Brom avait obtenu la permission de cesser son activité pour veiller sa femme, j’avais pris la décision de maintenir l’herboristerie ouverte. Il fallait entretenir l’activité, et le revenu… J’admettais par ailleurs que cela me permettait de ne pas trop songer à l’issu de ces prochains jours.

Les jours passants, les plantes vinrent à manquer. Si certaines étaient accessibles non loin de la cité, Helen avait pour habitude de se rendre à Varak pour y trouver l’essentiel. Comment me résoudre à entamer pareil voyage, alors que les jours semblaient comptés ? Je dû pourtant m’y résoudre, alors que les réserves allaient en maigrissant.

« Elle sera sous bonne garde, pars l’esprit serein. » m’assurait Brom…


Je cédais à contre cœur.

Deux jours furent nécessaires pour prendre toutes les dispositions. En tout premier lieu, je rendais visite à Aldéas. Ne tenant nulle rigueur quant à mes absences répétées, et mon manque quant à prendre de ses nouvelles, il accéda bien tôt à ma requête : il me fallait une monture, et je n’avais en aucun cas les moyens d’en louer une à quelconque marchand. Si je le savais posséder un splendide étalon, répondant au nom d’Eloy, je n’étais pas sans ignorer qu’il avait récemment acquis une jeune jument. C’était celle-ci qu’il concéda à mettre sous ma garde.  Je la découvrais alors.

C’était une merveilleuse jument  à la robe baie-noir. Un caractère bien trempé, une éducation limitée, je manquais de tâter de ses sabots  lors de notre première rencontre. La chose était acquise : cette monture n’allait pas me rendre les choses aisées. Je décidais dès lors de commencer ma route à pieds, la menant à mes côtés. Pincée à deux reprises lors de la première heure passée ensemble, j’appris très vite  à éviter ce genre d’incident. A sa selle étaient sanglés vivres, tenues de change et herbes diverses. J’avais gardé à portée mon arc, mon carquois, une dague (si l’on pouvait encore l’appeler ainsi) et une bourse destinée au commerce.

Les jours vinrent très vite à s’enchaîner. Je tentais de me repérer, d’après les quelques notions transmises par Brom. Je devais être sur la bonne voie. Nul incident n’avait été à déplorer jusque-là. Si Azalée (car tel était le nom de la jument) avait joué de sa mauvaise tête les premières heures, j’étais tout de même parvenue à monter en selle au cours de la deuxième journée, accélérant l’allure. Je n’aurais pas été jusqu’à assurer qu’une complicité était née entre nous… mais nous nous tolérions désormais, et il était de fait que nous allions devoir passer encore un certain temps ainsi.

Je prenais sur moi de faire halte lorsque nous passions près d’un bois ou d’une forêt. Si la chasse n’était pas quelque chose que j’appréciais outre mesure, je devais admettre que cela permettait un rationnement provisoire. Si, néanmoins, il m’était donné de reconnaître ici ou là quelconque plante ou baie comestibles, j’y portais ma préférence sans une once d’hésitation.

Dans l’optique de pallier à ces arrêts imprévus, et lorsque le temps me le permettait, il m’arrivait de temps à autres de pousser ma progression plus en avant dans la nuit. C’était très précisément une de ces nuits, alors que j'arrivais à la frontière de ces terres…



(¯`·.¸¸.·´¯`·.¸¸.->



Courbaturée, je tentais de songer à ces terres encore inconnues, dans l’espoir d’oublier les cahots douloureux de la route. Sans que je n’aie à la supplier, Azalée repassait au pas. Je tentais alors de trouver une posture plus agréable sur la selle. C’était peine perdue.

Pourtant, alors que nous progressions, lentement mais surement, je sentais la jument se tendre. Sa nervosité devint telle qu’elle semblait hésiter à chaque pas, son regard se portant à droite, puis à gauche. Je me penchais légèrement, passant ma main sur son encolure. Ses muscles étaient raidis, et aucun de mes mots ne sut l’apaiser. Je décidais dès lors de laisser ma cape retomber sur la selle, libérant arc et carquois, alors que mon attention se portait alentours. Une main tenant l’arc, la seconde au carquois, je m’en remettais pleinement à ma monture, qui avançait pas à pas.

Sans que je ne sache en trouver l’origine, je sentais désormais en chaque parcelle de mon corps mon instinct me crier au danger. Ce n’était désormais plus seulement la lubie d’une jument tempétueuse.

Malgré toute l’attention portée, le premier incident concret survint alors qu’Azalée, en proie à une panique qui m’était alors encore inconnue, vint à se cabrer avec puissance. Surprise, je basculais en arrière en une protestation succincte. Je heurtais le sol, et parvenais tant bien que mal à m’écarte de la créature désorientée. Portant une main à ma tempe, je me redressais en peine, et examinais les environs en quête de l’origine à ce chaos. Je remarquais alors que je n’étais plus seule…

« Mais qu’avons-nous là ? »


L’être qui me tenait tête possédait une carrure toute caractéristique, que je reconnus aisément malgré la pénombre ambiante. Des Hommes –Félin (j’ignorais leur nomination exacte, qui m’avait été contée comme telle). S’il m’avait été donné d’en rencontrer quelques-uns au cœur de la cité d’argent, je m’étonnais de les croiser également ici. Sans doute aurais-je du m’inquiéter davantage de la lame qui était pointée en ma direction… Oh, et de celle-ci, également. Peut-être de celle-là, même. Ou bien encore de ces deux-là, qui se débattaient avec la jument. Mais non, voilà que je m’interrogeais quant à leur présence ici. La belle affaire. Je décidais alors de revenir aux priorités.

« Que désirez-vous ? »


J’entendis un rire sec derrière mon dos. Sans me retourner pourtant, j’observais avec attention celui qui semblait destiné à me répondre.

« Qu’as-tu à nous donner ? »

« Je n’ai absolument rien qui ne soit susceptible de vous intéresser. Passez votre chemin. »

« Passer notre chemin ? Voilà bien une drôle d’idée. Je suis certain que nous allons trouver notre bonheur. »


Je tournais brusquement la tête en direction d’Azalée, alors qu’un hennissement déchirant accompagnait une plaie ouverte au niveau de la sangle, coupée sans le moindre ménagement pour la monture. Selle, sacs et besaces tombaient alors lourdement sur le sol, alors que la jument paniquée s’agitait en tous sens, tant et si bien qu’elle parvint au bout du compte à se soustraire à la prise, et en quelques ruades bien pesées, s’éloignera de l’attroupement sans demander son reste.

J’avais assisté à la scène, impuissante. Une autre voix s’élèvera alors.


« De la nourriture, des vêtements et des… herbes. »

« Ramassez l’arc. »


Je réalisais seulement que mon arc avait accompagné ma chute, et avait échoué au sol. Je glissais alors la main à ma taille, en tirant la petite lame. La bourse était toujours à mon côté, et sembla d’ailleurs bien assez tôt attirer l’attention.

« Oh ! Ça aussi. »


Aussitôt avait-il pointé son doigt en ma direction, que deux d’entre eux vinrent en ma direction. Je reculais alors et… me jetais tout droit dans les bras du dernier, qui se tenait dans mon dos depuis quelques instants déjà. Une erreur si grotesque, que je l’avais presque bien cherché. Ce n’était pas moi… Comment avais-je pu terminer en pareille situation ? Je semblais perdre mes moyens, sans en comprendre la raison… Il fallait me reprendre, et vite.

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Phelim Albérick
Fondateur / La colère de Revoran
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MessageSujet: Re: ♦ Une frontière bien gardée [Phelim]   ♦ Une frontière bien gardée [Phelim] EmptyMar 21 Jan 2014 - 20:36

♦ Une frontière bien gardée [Phelim] Flame10


Les flammes montaient plusieurs dizaines de mètres dans les airs; un spectacle aussi impressionnant que terrifiant. C'était comme si les Dieux eux-même avait voulu leur envoyer un signe comportant un message des plus clair: ''Vous ne gagnerez pas cette guerre. Vous mourrez tous.''

Phelim dégoupilla sa gourde en cuir et y bu goulument. L'alcool descendit dans son gosier laissant dans son sillage une chaleur réconfortante. Autours de lui s’affairaient hommes et femmes à tenter d'éteindre le gigantesque incendie, mais c'était peine perdue. L'auberge de Fonduvent allait être rasée et le reste du village avec. Rien ne pourrait l'arrêter car on n'éteignait pas ce genre de feu; il était magique créé par un sorcier puissant. Trop de fois il avait vu cette même scène. Le mal gagnait et bien que le Recruteur semble des plus stoïque devant la situation à l'intérieur il était dégoûté par tant de souffrance.

Une homme courrait vers lui, un Bélinois du nom de Guëk qui faisait lui aussi partit de son Ordre; la Main rouge.

- Tous les survivants ont été évacués. Un détachement va les escorter jusqu'au prochain village selon tes ordres.

- Bien.

Le silence s'empara des deux hommes. Phelim savait ce qu'allait suggérer son lieutenant maintenant que tous étaient évacués.

- Nous n'avons toujours pas trouvé le responsable. Les hommes commencent à s’éreinter...

- Qu'ils cherchent encore, répondit-il sèchement.

- Il n'y a plus d'espoir, Phelim. Aucun témoin n'a l'a aperçu et les chances qu'ils soient encore là sont quasi inexistantes.

Phelim ne voulait pas l'avouer, mais il était d'accord avec Guëk. Si le sorcier responsable de cet incendie était encore là, ils l'auraient déjà repéré. Pourtant, ils n'abandonneraient pas, pas tant que son devoir ne soit rempli. Le recruteur allait lui ordonner de continuer lorsqu'une voix qui avait été douce autrefois l'interpella.

- Je sais à quoi il ressemble.

Ils avaient devant eux une jeune fille à peine âgé d'une douzaine d'années debout et vêtue de haillons. Les deux hommes se regardèrent un instant, interrogatifs. Les cheveux sombre cachaient la suie sur le visage de porcelaine de l'enfant, mais pas ses yeux emplis de colère.

- Elle est si jeune pour haïr, chuchota Phelim, abasourdi.

Puis, il avança vers elle avec douceur, posant un genou à terre pour être à sa hauteur. 

- De qui parles-tu ?

- Je parle de l'homme que vous cherchez. Celui qui a fait brûler ma maison.

Le regard de Phelim se fit plus sévère, sa mission transparaissant à travers son regard.

- Peux-tu me le décrire ?

Elle ouvrit la bouche et les mots découlèrent sans effort de son esprit.

- Il était grand; plus que vous. Il avait des cheveux blanc comme la neige et une peau noire comme le charbon. Ses oreilles étaient pointues et il portait un bâton.

- Quel genre de bâton ?

- Celui que les hommes intelligents portent, mais avec plus de pierres précieuses. Son bout ressemblait à une flamme dansante tellement il était serti de rubis.

Phelim commençait à bien s'imaginer sa cible. Il était sur de le connaître, mais un détail manquait. Posant une main sur l'épaule de la jeune fille, il demanda:

- De quelle couleur sont ses yeux ?

- Violet.

Hochant la tête, il savait maintenant qu'il ne s'était pas trompé.

- Viens, jeune fille. Nous allons t'amener au reste des survivants. Tu pourras y être tranquille.

- Je n'ai plus de famille, ni de maison. Mon seul désir est que vous retrouviez cet homme et que vous le tuiez.

Les mots frappèrent de plein fouet Guëk qui était resté à l'écart . Il n'y avait vraiment plus d’innocence en cette enfant qui n'en était désormais plus une. Phelim se leva en continuant de regarder la jeune fille pour un dernière fois.

- Tu as ma parole.

Sur ce, il tourna les talons et accompagné de son lieutenant le Recruteur quitta les restes fumants de Fonduvent et son orpheline.




Cette jeune fille ne pouvait quitter l'esprit du guerrier vêtu de rouge pendant qu'il chevauchait vers Varakir. Il avait ordonné à son bataillon de rester prêt des ruines de Fonduvent au cas où d'autres incidents similaires se reproduiraient. Il fallait être prudent, mais le jeune commandant Selar devait être mis au courant vu la gravité des évènements et voyager seul était plus rapide.

Galopant en compagnie de son hongre gris nommé Baraz, Phelim ne tarda pas à apercevoir les dunes de sable et la chaleur annonciatrice de sa contrée. Le soleil baissait rapidement en laissant place à une douce soirée sans nuage. C'est lorsqu'il disparu derrière l'horizon qu'il aperçu des silhouettes. Manifestement des bandits de grands chemins en train de détrousser une voyageuse. C'était des Sulis des frontières, comme on les appelait; de la racaille prêt à vous déposséder de votre dernière pièces sans pitié. Tirant la bride de Baraz, il évita de justesse un cheval de robe sombre pris dans une course effrénée. Du sang perlait le long de sa cuisse et parsemaient de quelques gouttes le sol desséché.

Descendant de sa monture, Phelim se dirigea vers le premier bandit dos à lui qui tenait la jeune femme entre ses griffes. Sans l'ombre d'une hésitation, il l'assomma d'un coup de pommeau bien placé. Le Suli chuta en renversant momentanément son ancienne prisonnière avec lui, donnant juste assez de temps au Recruteur de se mettre entre le groupe de voleurs restant et elle. Les tenant en respect avec son épée longue, il dit:

- Vous enfreignez la loi du comté de Bélin, Sulis. La chance vous sourit car si ce même incident aurait eu cours à quelques pas plus au sud vous seriez bons pour la potence, mais ici vous ne ferez que croupir en prison. L'autorité de la Main rouge supplante celle de la milice. Rendez-vous maintenant ou je me verrai l'obligation d'user de la force.

Sa voix était limpide, sans peur et beaucoup d'entre-eux le perçurent. L'armure de la faction leur faisait également peur, mais pas à tous, apparemment.
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MessageSujet: Re: ♦ Une frontière bien gardée [Phelim]   ♦ Une frontière bien gardée [Phelim] EmptyMer 22 Jan 2014 - 5:52


L’astre du soir couvait ces terres de sa douce lueur. Les lieux et l’instant auraient pu être charmants, si ce n’était cette emprise qui se resserrait sur ma poitrine, tandis que les deux êtres imposants parvenaient presque à ma hauteur. Je conservais toujours au creux de ma main la petite lame, et tentais un mouvement vain pour en faire usage. Vain, oui, car je fus prise de vitesse, tandis qu’une large main se refermait sur mon poignet, l’enserrant avec force. Je maintenais la prise encore un moment, avant de céder en un gémissement, alors qu’un craquement curieux émanait de mon poignet. La petite lame échouait au sol, gisant désormais inutile.

Peut-être était-ce la douleur, ou peut-être était-ce la respiration rauque près de mon oreille, ou peut-être bien encore était-ce tout simplement cette inattention qui semblait m’avoir gagnée depuis le commencement de cette scène. Quoiqu’il en soit, je n’avais en aucune manière entendu cette rumeur pourtant caractéristique d’une monture en approche. Pas plus que son cavalier, mettant pied à terre. Et je ne fus sans doute pas la seule en ce cas, car la cohue se fit attendre.

L’étreinte ferme qui me maintenait depuis quelques instants sembla flancher, alors que je me sentais entraînée en une chute surprenante. Par chance (tout était question de point de vue), je n’eus pas réellement l’occasion de faire usage de quelconque réflexe qui m’aurait poussé à me reprendre sur mes appuis. Je me dégageais néanmoins rapidement de cette posture, alors que mon regard se portait alentours. J’eus tout juste le temps de discerner une ombre, s’interposer entre ma propre personne, et le reste des Hommes-Félin. Ces derniers marquèrent alors un arrêt, cessant leur progression.

Je profitais de cet instant de confusion pour me redresser et m’éloigner de la créature momentanément inconsciente. Je conservais néanmoins une attention partielle sur cette dernière et restant quelque peu en retrait, j’examinais cette scène nouvelle. Pour autant, je ne pipais mot. L’inconnu ne semblait pas un danger immédiat. A dire vrai, je m’imaginais sans peine lui devoir ma liberté retrouvée.  Je ne m’attardais donc, pour le moment, que très brièvement à son examen, reportant toute mon attention sur les Hommes-Félin, qui ne semblaient plus désormais parader avec tant de force.


« Vous enfreignez la loi du comté de Bélin, Sulis. La chance vous sourit car si ce même incident aurait eu cours à quelques pas plus au sud vous seriez bons pour la potence, mais ici vous ne ferez que croupir en prison. L'autorité de la Main rouge supplante celle de la milice. Rendez-vous maintenant ou je me verrai l'obligation d'user de la force. »


Je me retournais une nouvelle fois sur cet homme, alors qu’il achevait de prendre la parole. Sa main ne tremblait pas. Son port était altier et son allure déterminée. Sa voix quant à elle était restée ferme et assurée. Je laissais le temps d’un prompt instant la surprise marquer mon visage, puis recouvrais une expression plus neutre. Une nouvelle voix se laissait entendre. Nouvelle ? Pas vraiment, je la reconnaissais sans peine, pour être la première à s’être adressée à moi en cette soirée.

« La Main Rouge, hein. Tu n’en reste pas moins un humain, un sot qui songe pouvoir tenir tête à six sulis. As-tu également reçu un coup sur la tête, mon pauvre ami ? »


Il avait insisté sur le terme "ami" en pure provocation alors qu’il lançait un coup d’œil en direction de son homme à terre, comme pour imager ses propos. Puis je le vis regarder à droite, et à gauche, en direction de ceux encore debout, qui semblaient prendre subtilement du recul. J’ignorais encore qui de tous était le plus sage, et qui le plus sot.

« Allons ! Avancez et apprenez à cet homme que les armures et les noms ne sont pas gage de victoire ! »


Pas un mouvement. L’hésitation était marquée sur leurs traits. Jusqu’où iraient-ils ? L’Homme-Félin (j’avais bien noté le terme de "sulis" emprunté par les deux interlocuteurs) semblait perdre patience. Sa voix retentit alentours, caverneuse.

« Hâtez-vous de venir à sa rencontre, sans quoi je me chargerai personnellement de vous ! »


Ah ! Voilà donc qui sembla les piquer, car après un coup d’œil porté vers le suli, ils portèrent leur attention sur l’homme qui semblait source de leur terreur. Car c’était bien de la terreur que je percevais dans les yeux d’au moins deux d’entre eux. Comment cet homme pouvait inspirer un sentiment si encré à ces créatures semblant pourtant inébranlables.  J’ignorais tout de ses aptitudes, et portais alors mon regard alentours. Mon arc était hors de portée, quant au carquois… J’ignorais où il se trouvait. Je pivotais vers le suli toujours à terre, et examinais son équipement. Rien. Comment pouvait-il être le seul de ses compatriotes à ne pas posséder la moindre once d’acier ! Je devais cependant admettre que leur puissance et leur carrure pouvait bien les soustraire à de tels encombrements. Voilà bien ma veine. Il était pourtant hors de question que je reste impuissante en pareille situation. Regagnant le corps inconscient, je récupérais ma petite lame (cela serait certainement toujours plus utile que mes petites mains), puis examinais les environs avec une attention toute particulière. Je gardais mes distances avec l’homme qui tenait toujours tête aux bandits ; non pas par crainte… simplement dans l’optique de ne pas entraver ses mouvements, quels qu’ils soient.  

Et ce sont donc quatre sulis qui allaient en avant. Le cinquième reposait encore à terre, quant au sixième, celui qui avait pris la parole, il semblait momentanément rester en retrait. Je croisais son regard, alors qu’il esquissait l’ombre d’un sourire. Je penchais légèrement la tête sur le côté, soucieuse. Je notais alors seulement l’arc qu’il tenait en sa main. Mon arc. Où était donc passé le carquois ? Agacée par ce questionnement, il était désormais d’ordre qu’il ne mette pas la main dessus. C’est alors que je le vis. A quelques mètres derrière lui. Je ne m’attardais pas dessus, dans l’idée de ne pas attirer son attention. Qu’il sache s’en servir, ou non, n’était pas réellement une priorité. Prudence était mère de sureté, quatre sulis étaient bien assez sans avoir à gérer un archer. Je m’écartais davantage, sans quitter son regard. Ce sourire malsain restait accroché à son visage. Il crut sans doute que l’arc possédait une quelconque valeur plus importante, car je lus sur ses lèvres, plus que je ne l’entendis.



« Viens le chercher... »


Là n’étaient pas tout à fait mes intentions. Du coin de l’œil, je vis deux des quatre sulis se jeter en avant, prêt à en découdre. S’ils devaient périr, sans doute valait-il mieux périr brièvement. Leurs mouvements n’étaient pourtant pas tout à fait assurés. Ils redoutaient le duel avant même de l’avoir entamé, et cela s’en ressentait en leur aisance. Les deux autres pour leur part, semblaient encore hésiter quant à savoir s’ils devaient ou non se lancer à la charge. Était-ce réellement de l’hésitation ? Car ils semblaient dès lors observer chaque mouvement de l’étranger, s’imprégnant de ses réactions à venir, jaugeant la situation.

Tout en captant toujours l’attention du suli, je restais prête à intervenir. Un poignet cassé et une lame aussi courte qu’un couteau de ménage… Voilà bien qui n’aurait pas été d’un grand secours, mais il aurait toujours été temps d’improviser en temps et en heure. Je songeais dès lors avoir retrouvé une grande partie de mes moyens. Assurément ?


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Phelim Albérick
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MessageSujet: Re: ♦ Une frontière bien gardée [Phelim]   ♦ Une frontière bien gardée [Phelim] EmptyVen 24 Jan 2014 - 22:24

L'un d'eux n'avait pas peur, du moins pas autant. C'était certainement leur chef. Le Suli semblait des plus commun arborant un pelage brun et des oreilles mi-rondes comme on en voyait tant sur le territoire bélinois. Aucune cicatrice ni blessures visible ne pouvait lui donner le statut de dur-à-cuir, ni aucun gonflement des muscles. C'était plutôt quelque chose d'invisible; un charisme de chef qui lui permettait de se faire suivre par des esprits plus faibles que le sien.

Il prit la parole en voyant l'hésitation de ses troupe à attaquer le Recruteur. Il incarnait après tout la loi et des plus est un haut-gradé militaire. Les quatre sous-fifres étaient jeunes; peut-être dans les vingt quatre ou vingt cinq ans et ne s'étaient certainement jamais frotté à pareil adversaire, habitué à prendre attaquer enfants, femmes et hommes sans défenses.

« La Main Rouge, hein. Tu n’en reste pas moins un humain, un sot qui songe pouvoir tenir tête à six Sulis. As-tu également reçu un coup sur la tête, mon pauvre ami ? »

Phelim ne répondit pas à la raillerie. Au contraire, il garda le silence en analysant chacun des mouvements du chef bandits et de ses hommes de main. Celui-ci, grâce à sa persuasion intuitive tentait d’insuffler du courage à ses troupes. L'humain n'était pas savant, mais il n'avait pas besoin d'un gros cerveau pour reconnaître des signes d'impatience d'avant-combat. Oui, les jeunes Sulis avaient peur, mais leurs actions leur avait enseigné à la transformer en adrénaline; chose dangereuse.

« Allons ! Avancez et apprenez à cet homme que les armures et les noms ne sont pas gage de victoire ! »

Pas un mouvement. La tentative du meneur avait échouée, mais c'était prévisible. Il était ardu de mener des hommes autrement que par la violence. C'est la solution que le Suli choisi même si celle-ci était désespérée et inappropriée pour une telle situation car cela voulait dire que le chef envoyait ses troupes à l'attaque et que ce serait les moins psychologiquement prêts qui seraient en première ligne.

« Hâtez-vous de venir à sa rencontre, sans quoi je me chargerai personnellement de vous ! »

Comme il le croyait, les quatre Sulis se mirent à avancer, mais pas à cherger. Deux d'entre eux étaient plus nerveux, ne le regardant, lui, que comme une masse dangereuse, imprévisible. Les deux autres avaient la tête plus froides et prenaient le temps d'analyser leur ennemi avant de se lancer, même si cela voulait dire d'envoyer leur compagnons pour le tester. Phelim prit lui aussi le temps d'observer, mais pas eux; elle. La jeune femme semblait blesser, mais cela ne semblait pas mortel. Son regard était alerte, voire calculateur. Puis, il y avait le chef qui restait derrière ses troupes à sourire sans rien faire. L'arrogance se lisait sur ses lèvres qui lui décochaient un rictus malin.

Deux Sulis chargèrent à sa rencontre et il ne réfléchit pas. Glissant sur la gauche, Phelim évita de se faire attaquer par le Suli de droite et en profita pour asséner à l'autre un coup montant puissant. Sa hache plantée en pleine poitrine, le Suli tomba raide mort. Bloquant une attaque latérale, il coinça le gourdin grâce aux à l'une de ses lames en forme d'aile de sa hache et fit pivoter son arme violemment, rompant son poignet tout en le désarmant. Ses cris de douleurs s'interrompirent lorsque le guerrier de la Main rouge l'assomma.

Les deux autres ne se firent plus prier. Attaquant simultanément, ils empêchèrent Phelim de les séparer ce qui l'obligea à esquiver sans pouvoir riposter. Le duo enchaîna sur une attaque similaire, mais au lieu d'esquiver l'humain pivota sur lui-même; bloquant l'une des attaque avec sa hache et l'autre grâce à ses bouclier toujours attaché à son dos. Maintenant derrière eux, Phelim profita de la confusion de ses adversaires pour prendre son arme de défense et l'empoigner fermement de sa main gauche. La rondache arborant l'insigne de la Main rouge faisant face aux bandits.

L'humain sourit à son tour en voyant la colère se lire sur le visage du chef. Il avait un arc en main, mais pas de flèches. Il semblait chercher quelque chose. Derrière lui était le carquois qu'il trouva, puis le rejoint. Encochant une flèche, le meneur visa le sale humain responsable de sa mauvaise journée.
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MessageSujet: Re: ♦ Une frontière bien gardée [Phelim]   ♦ Une frontière bien gardée [Phelim] EmptySam 25 Jan 2014 - 8:52


Les évènements s’étaient enchaînés promptement. Les deux premiers Hommes-Félins eurent à peine lancé leur charge que, déjà, le premier tombait à terre, expirant son dernier soupir. Puis un cri déchirant, alors que les os cédaient sous la violence du mouvement, immédiatement suivi d’un Silence accablant. Deux étaient à terre. Trois, en comptant la première victime.

Je n’avais pas manqué une seconde de ce curieux bal. L’homme agissait avec une aisance peu commune, mettant ses adversaires en déroute sans grande peine. Aussi, lorsque les deux prochains attaquèrent, et bien que paraissant moins désorientés par la situation, je semblais moi-même  moins soucieuse quant au dénouement. Un grognement pourtant détournera mon attention. Je m’étais laissé distraire assez longtemps pour perdre l'intérêt du suli en retrait. Lorsque je pivotais à nouveau vers lui, il avait mis la main sur le carquois. Quelques instants de plus, et le voilà prêt à décocher sur l’étranger. Son visage n’exprimait désormais plus alors que la contrariété, en son état le plus pur.

J’examinais promptement la manière dont il usait de son arc, et haussais un sourcil, sceptique.


« Plus haut. »


Ces deux mots avaient claqués, incongrus. Il sembla alors un moment interrompu en son mouvement, braquant son regarde sur ma personne. C’étaient les premiers mots que j’avais prononcé, depuis le commencement de cette scène, ce qui était bien assez pour capter à nouveau l’attention de l’Homme-Félin qui, bien que conservant une distance raisonnable avec les trois autres protagonistes, était désormais armé. Etais-je vraiment assez sotte pour le conseiller, de surcroit ? Bien sûr que non… L’agacement émanant de sa personne était plus que palpable. Je décidais dès lors d’en jouer, le temps nécessaire à ce que l’inconnu ne se sorte de son propre dilemme.

En un mouvement rude, je le vis basculer sur sa gauche, changeant momentanément de cible. Je conservais une certaine distance.


« Plus à gauche. »


Sa mâchoire se crispant, il relâcha trop tôt. La pointe chantant sur ma gauche, elle échoua plus loin. Je n’avais pas esquissé le moindre mouvement. C’était un très mauvais tireur - je conservais certes une certaine distance, mais viser correctement restait tout de même chose accessible… Un mauvais tireur agacé et peu concentré, qui plus était. Si les armes lourdes laissaient place à la précipitation, l’arc requérait une certaine précision, une certaine maîtrise de soi. Voilà qui semblait manquer à l’être qui s’apprêtait à réitérer l’expérience. A nouveau, il relâchera trop tôt. Nouvel échec. J’avais pourtant eu l’idée de m’écarter légèrement sur la droite, appréciant le risque présent comme plus important.

Nouvelle protestation agacée, tandis que l’arc se voyait purement et simplement lancé à terre. Je le vis alors s’avancer, impétueusement. J’avais bien assez tenté ma chance, reculant promptement de quelques pas. Il parvint bien tôt à ma hauteur. Trop tôt. Je sentais sa main se resserrer autour de ma gorge, avant de ne terminer à terre, quelques pas plus loin. Quelque peu sonnée, la douleur à mon poignet vivement éveillée, je reprenais pourtant, de mon autre main, prise sur la lame encore en ma possession. Je ne cherchais pas à me redresser, et il fut sur moi en un rien de temps. Je sentais à nouveau mon souffle se couper, tandis que sa large main reprenait prise. Son regard rencontrait le mien alors que, s’approchant, je sentais son haleine sur mon visage. Il esquissait un sourire victorieux.


« Vous, les Humains. Vous vous songez invincibles, mais vous n'êtes qu'un tas d'os qui ne demande qu'à se briser. »


Je conservais une certaine neutralité, malgré l’urgence de la situation. C’était maintenant, ou jamais. Et je vis alors son regard se voiler, tandis que son expression changeait  du tout au tout. La surprise, la colère, la douleur et puis… plus rien. Il retombait de tout son poids sur ma personne, une petite lame fichée en sa nuque. Je respirais péniblement, et mis un certain temps à me dégager de là – n’oublions pas que du haut de mon mètre soixante, je ne pesais pas bien lourd face à cette créature... Cela fait, je restais un instant aux côté du corps, inerte, alors que j’inspirais encore douloureusement.

Quelques secondes passées, je levais les yeux vers l’homme mystérieux, ayant échappé à la suite des évènements. Je m’apprêtais alors à me redresser pour prendre pleinement conscience de la situation, lorsque je sentis une main se resserrer sur mon poignet meurtri, laissant échapper un gémissement profond. Je braquais mon regard sur celui que je songeais mort. Comment pouvait-il encore être en vie ? Du sang ruisselait le long de la plaie avec abondance. Il tentera d’émettre un son, une parole, mais seul un borborygme inhumain parvint jusqu’à mes oreilles. Puis il retomba, lâchant ma main par la même occasion. Je prenais cette fois-ci mes distances.


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MessageSujet: Re: ♦ Une frontière bien gardée [Phelim]   ♦ Une frontière bien gardée [Phelim] EmptyMar 4 Fév 2014 - 13:42

♦ Une frontière bien gardée [Phelim] Sulis10


Prêt à recevoir une flèche à son flanc droit, Phelim gardait l'archer de biais pour ne rien manquer de ses agissements, mais il comprit bien vite qu'il devrait faire confiance à la jeune femme qu'il avait secouru; ses deux adversaires de mêlée lui prenant trop d'attention pour qu'il ne la sépare encore. Un coup de rapière vint par la droite, mais il leva sa rondache à temps pour le bloquer. Sans attendre, le deuxième adversaire de Phelim imita son confrère et tenta un coup d'estoc vers la cuisse de l'humain. L'acier pénétra sa chaire, mais l'humain ne cria pas, même si la douleur était intense. Au lieu de cela, il coupa net le bras porteur de l'arme l'ayant blessé. Le Suli, lui ne put retenir ses cris, ni ses larmes; il s'écroula par terre en balançant son poids de gauche à droite, paniqué par la douleur et le sang qui coulait abondamment. Phelim qui tenait en respect le premier homme-félin lui dit:

- Reste tranquille, sinon le sang coulera plus vite.

Sa voix autoritaire avait fait mouche et le Suli sembla se calmer. Il était jeune, peut-être le plus jeune d'entre-eux. Les yeux de l'estropier semblaient vouloir se retourner dans son crâne, mais il réussit à déchirer un bout de ses vêtements sans parvenir à se l'attacher pour en faire un garrot. Phelim asséna un coup de rondache au premier Suli qui s'étala de tout son long au sol, étourdi. Il en profita pour approcher le Suli maintenant handicapé. Il lâcha ses armes et attacha fermement le bout de vêtement autours du poignet de l'homme-félin tout en acceptant le regard d'enfant sur son visage.

- Je ne veux pas mourir, dit-il.

- Alors, reste calme et ne t'endors pas.

Il hocha la tête, reconnaissant. L'humain venait de lui trancher la main, mais il l'avait oublié, c'est lui qui l'avait empêché de saigner à mort. Puis, il sentit un bien-être fou en lui; une chaleur réconfortante et il eut soudainement l'envie de se coucher sur la terre desséchée qui lui semblait si confortable. Il ferma les yeux pour profiter de ce moment et s'endormit pour ne plus se réveiller.

Phelim se releva et remarqua que le guerrier Suli qu'il avait étourdi était près de lui en train de regarder le corps inerte de son ancien coéquipier.

- Vous avez tenté de l'aider. Je ne comprend pas; pourquoi ?

- Prend le reste de tes frères et déguerpissez. Vite avant que je ne change d'avis. J'enverrai une patrouille vous chercher et vous serez juger pour banditisme. Je vous conseille de vous avoir rangé avant qu'elle ne vous trouve.

Sur ce, il se retourna vers la jeune femme. Il fit des yeux étonnés lorsqu'il vit le corps inerte de l'archer près d'elle. Il se demanda si c'était la première fois qu'elle tuait et espérait que non, même s'il croyait que cette pensée fut malsaine. Il ne voulait pas avoir été l'adjuvant d'une perte d'innocence. Cependant, elle semblait solide, sérieuse.

- Vous êtes blessée ?

Derrière Phelim, les Sulis s'éloignaient, vaincus, mais tout de même heureux d'être encore en vie. Leur instinct leur dictait de ne pas laisser leur colère parler. Ils devaient avant tout survivre, mais qui sait s'ils allaient un jour revenir dans ce même coin de pays pour détrousser et peut-être même tuer d'autres gens ?
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MessageSujet: Re: ♦ Une frontière bien gardée [Phelim]   ♦ Une frontière bien gardée [Phelim] EmptyMar 4 Fév 2014 - 17:52


Je conservais quelques instants cette même posture. J’ignorais le poids de mon propre corps sur cette terre témoin de peines et de massacres. Je ne faisais nul procès de ces cailloux qui meurtrissaient mes genoux.  Ce corps inerte reposant encore à mon côté, et son sang… maculant chair et vêtements. Oh non, nulle plaie ouverte à déplorer. Nulle plaie apparente.

Cet espace de temps, qui ne devait durer que quelques secondes à peine, semblait s’éterniser. Je retrouvais peu à peu une respiration convenable, tandis que je captais une conversation proche. Je portais dès lors mon attention sur l’Homme-Félin, et son interlocuteur. Prenant doucement conscience de la tournure des évènements, je suivais du coin de l’œil le cheminement des survivants, tournant le dos à leurs compagnons moins chanceux.

Je ne pipais mot, n’avais jusqu’alors pas esquissé plus de mouvements qu’un va et vient de la tête. Puis, je croisais son regard ; cet homme singulier qui s’était interposé sans ciller, impénétrable, et… clément. Était-ce de la clémence, ou simple appel à la droiture ? Cela n’avait au bout du compte que peu d’importance ; bien assez de sang avait coulé en cette nuit. Je me décidais à me redresser, alors qu’il prenait à nouveau la parole, à mon intention.


« Vous êtes blessée ? »


Essayant d’esquisser un mouvement circulaire du poignet, je pinçais légèrement les lèvres et secouais la tête.

« Rien dont je ne me remettrais… Je vous remercie. »


Le remerciais-je quant à sa demande, ou quant à ses actes ? La chose était encore confuse. Néanmoins, j’avais laissé échapper ces mots avec une aisance qui me surprenait moi-même. Le ton de ma voix pourtant était resté monocorde… Je portais mon regard sur les corps reposant à terre, allant de l’un à l’autre, sans que nulle expression ne semble transparaître sur mon visage. J’ignorais encore à qui je devais ce secours providentiel. Si cela me poussait à garder une posture neutre et distante, j’étais assurée que mon regard ne saurait tromper l’œil avisé. La pénombre ambiante était en ce sens ma compagne en l’instant.

« Je vous dois cette issue indemne… Mais… »


Je marquais un temps d’arrêt alors que je terminais mon tour d’horizon, revenant du fait à sa personne. Le regard encore porté bas, je changeais brusquement d’expression, soucieuse. Du sang perlait le long de sa jambe. Cherchant alors le temps d’un court instant la plaie qui en était la cause, je revenais finalement croiser son regard.


« Votre jambe… »


S’il ne m’avait pas été donné l’occasion d’évaluer l’ampleur de la blessure, je jugeais néanmoins – et par expérience – qu’il n’était que rarement admis comme bonne idée de laisser une plaie sans soins. Je balayais à nouveau, et promptement, les alentours. J’ignorais à quelle distance nous étions encore de la ville la plus proche. Azalée ayant par ailleurs cru bon de me fausser compagnie. Il me serait encore donné l’occasion de partir à sa recherche. Je la savais blessée, mais par dessus tout, apeurée. Je décidais de ne pas interroger l’homme, qui se tenait toujours non loin, à ce propos. J’avais, pour l’heure, bien d’autres préoccupations. Ces même préoccupations qui m’avaient jusqu’alors empêchée de quérir quelques renseignements sur mon sauveur – je n’avais pas pour habitude d’intégrer ce mot à mon langage, mais j’admettais bien volontiers qu’il était de rigueur.

Ce "sauveur" conservait néanmoins ce statut d’étranger. D’où venait-il, qui était-il, en quelle direction se rendait-il, et par quel hasard s’était-il retrouvé en ces lieux, à cet instant ? Pouvais-je avoir en lui pleine confiance ? La crainte qui avait plongé ces Hommes-Félins en un désordre malhabile à son arrivée ne m’avait pas échappée… J’imaginais mal sa seule prestance produire un tel impact… Tant de questions qui mériteraient tôt ou tard de trouver réponse. Mais ce n’était pas l’heure. Je lui étais pourtant redevable...

Il m’était important de m’assurer de sa bonne santé. Remettre de l’ordre et remettre la main sur mes biens – je repousserais aussi longtemps que possible la récupération de la lame encore fichée dans la nuque du suli. Retrouver la jument, si cela m’était encore donné. Aldeas était un homme bon, mais je doutais très sincèrement que la disparition d’Azalée ne soit pour le ravir. Elle était blessée, elle aussi… Je devais par ailleurs encore me rendre à Varak, d'une manière ou d'une autre. Il était hors de question pour moi de rebrousser chemin. J’étais bien trop en avant… et bien trop dans l’embarras. Un voyage qui promettait pourtant des jours sereins. C’était bien trop aisé pour durer.



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MessageSujet: Re: ♦ Une frontière bien gardée [Phelim]   ♦ Une frontière bien gardée [Phelim] EmptyMar 4 Fév 2014 - 20:03

Elle semblait souffrir, mais en silence; Phelim le remarqua. Son poignet semblait être la cause de son mal, mais il ne semblait pas trop mal en point car elle pouvait le bouger. Peut-être un légère fracture sans plus. En tout cas, elle saurait s'en occuper; il en avait la conviction. Depuis ses longues années comme Recruteur chez la Main rouge, il lui était arrivé de voir plusieurs blessures et bien que celle de la jeune femme était bénigne, elle était aussi douloureuse.

- Rien dont je ne me remettrais… Je vous remercie.

Un sourire se dessina au coin des lèvres du guerrier écarlate.

- J'ai vu des soldats pleurer pour moins que ça. Vous semblez bien l'encaisser.

Phelim regarda autours de lui. Il y avait des morts et du sang un peu partout.

- Il n'y a pas de quoi, répondit-il avec une froideur peu commune. Vous avez de la chance que je passe par là.

- Votre jambe…

Son regard s'abaissa à sa blessure jusque là l'ayant épargné de toute douleur. Il savait cependant qu'elle arriverait en trombe une fois l'adrénaline retombée. Il hocha brièvement la tête en signe de remerciement pour lui avoir fait penser. S'il ne pansait pas cette plaie -quoi qu'elle ne soit pas mortelle- elle pourrait s'infecter et là il deviendrait urgent d'agir. Boitant légèrement, il s'éloigna pour aller s'asseoir plus loin. Il décida d'aller inspecter le Suli qui semblait être le défunt chef de cette bande de renégat. Il avait été terrassé par ce qui semblait être un vieux couteau ayant été aiguisé des centaines de fois pour ne plus que donner une mince épaisseur de métal extrêmement coupant.

- Nous repasserons pour l'expression les bons outils font les bons ouvriers...

S'asseyant, il déchira un bout de sa chemise blanche pour l'attacher en garrot comme il l'avait fait au jeune Suli qui avait été emporté par les autres lors de leur départ. Ils n'avaient pas emportés leur défunt chef, par contre. Peut-être le prenaient-ils pour responsable du massacre.

- Drôle de coin de pays, n'est-ce pas ?

Encore sa voix semblait lointaine, perdue dans ses pensée. Ses origines le poussaient à vouloir le bien pour ces terres, mais l'esprit pragmatique qu'il s'était développé avec les années le ramenait toujours au concret, parfois trop.

Son bandage mit en place, il regarda la jeune femme s'avancer vers lui. Elle jeta un coup d’œil à sa dague plantée dans le corps du Suli; elle ne semblait pas pressée de la reprendre. Phelim se leva en prenant soin de ne pas trop bander les muscles de sa cuisse en gardant sa jambe le plus droit possible et il délogea l'arme qu'il essuya sur sa tunique déjà rouge pour la remettre à sa propriétaire.

- Les Varakirois ont un proverbe. ''L'arme que tu utilises pour tuer tes anciens ennemis te protégera de tes nouveaux.'' Je ne sais pas si c'est vrai, mais ça vaut le coup d'essayer.

Il tendit sa main vers la Bélinoise.

- Je suis Phelim.

Il ne dit pas ''je suis enchanté'' ; le moment n'y était pas propice.

- Le prochain village se trouve à la frontière, plus à l'est. Je vous conseille de vous y rendre pour vous faire soigner. Tuse est un village marchand, mais la nuit il est plutôt mouvementé. Il est fort à parier que ces Sulis venaient de Tuse, mais je ne crois pas que vous ayez le choix.

Fronçant les sourcils, il rajouta.

- Je sais que vous ne me connaissez pas, mais j'aimerais au moins vous y escorter. Votre monture a disparue et vous ne ferez pas le voyage à pied dans cet état à moins que vous ne vouliez vous évanouir sur le chemin. Votre cheval devrait vous suivre s'il vous connait bien.
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MessageSujet: Re: ♦ Une frontière bien gardée [Phelim]   ♦ Une frontière bien gardée [Phelim] EmptyMer 5 Fév 2014 - 6:27


Un mince sourire naissant à la commissure de ses lèvres, je penchais légèrement la tête sur le côté, en guise d’interrogation silencieuse. La réponse ne devait pas tarder, car il reprenait bien tôt la parole.


« J'ai vu des soldats pleurer pour moins que ça. Vous semblez bien l'encaisser. »


L’espace d’un moment fugace, qui n’était pas destiné à s’éterniser plus d’une seconde, je souriais en échos. Mince sourire, contradiction la plus entière à mes états d’âme et irrévérence aux vues des corps inconscients qui avaient jonché ce territoire. L’un y reposait encore.

« J’ai vu de modestes Hommes endurer bien plus que cela… »


Semblant suivre le même cheminement, je vis son expression se refermer, alors que son regard se portait alentours. Je sautais sur l’occasion pour baisser les yeux, l’espace d’un instant. D’une manière ou d’une autre, et quand bien même je n’exprimais d’aucune sorte ces tourments, je considérais ce bain de sang de mon fait. Je ne les avais pas vus venir… Comment avais-je pu ne pas les voir venir ? Je pris le ton de sa voix de plein fouet. Une froideur non dissimulée qui appuyait avec une certaine justesse mes songes en l’instant. Mais il n’était pas l’heure de s’apitoyer de mon sort. Je conservais cependant le silence. Il était assez ironique d’énoncer que la chance avait été ma compagne en cette soirée, pourtant, et en quelque sorte, c’était une évidence qui  n’avait pas besoin d’être appuyée.

Le voilà qui prenait alors de la distance, un boitement qui ne m’échappait pas accompagnant sa démarche. Regagnant le corps encore présent, il semblait examiner la cause de son décès. Moi, de toute évidence… Bien que cela n’ait en soit jamais été discutable, cette pensée était en elle-même une peine à elle seule. Oh non bien sûr, je n’étais depuis longtemps plus la jeune demoiselle innocente que j’avais pu être quelques années auparavant. J’avais appris à regarder la mort dans les yeux, à l’accepter comme telle. Pour autant, je ne comptais que très peu de victimes périssant de mes propres mains. Y aurait-il jamais une bonne raison de tuer ? Tuer ou être tué… J’avais cet aspect de la vie en horreur, bien qu’il m’avait été donné de m’y résoudre.


« Nous repasserons pour l'expression les bons outils font les bons ouvriers... Drôle de coin de pays, n'est-ce pas ? »


Au son de sa voix, je parvenais à m’extraire à ces sombres pensées. Reposant mon regard sur sa personne, je hochais distraitement la tête. "Drôle" n’était pas vraiment le terme que j’aurais employé. J’avais eu vent de quelques rumeurs quant à ce passage, mais ignorais dès à présent ce qui m’attendait au-delà de cette frontière. Les alentours de la cité d’argent pouvaient également être riches en sombres rencontres, mais la nuance était ici que ces terres m’étaient parfaitement étrangères. Quelle idée avais-je eu d’entreprendre ce voyage, alors que j’ignorais tout de l’état de santé d’Helen en cette heure.

Je l’observais prendre les premières précautions quant à sa plaie, et appréciais au moins cela. Nombreux étaient les hommes que j’avais rencontré, trop fiers pour admettre le mal là où il sautait aux yeux. Et nombreux de ceux-là avaient par la suite eu des jours agités pour s’en remettre. Je pouvais cependant lui apporter mon aide… Je m’apprêtais à aller chercher ma besace (reposant sans doute quelque part dans les environs), lorsqu’il en vint à se lever, s’emparant de la courte lame malmenée qui était restée en son dernier logis : la nuque du suli.


« Les Varakirois ont un proverbe. ''L'arme que tu utilises pour tuer tes anciens ennemis te protégera de tes nouveaux.'' Je ne sais pas si c'est vrai, mais ça vaut le coup d'essayer. »


Une arme. Un simple couteau destiné à couper des plantes. Voilà bien une première. De là à le considérer comme une arme en tant que telle, il était encore un torrent que je ne désirais traverser. Je n’étais pas un soldat, pas plus qu’une guerrière. J’avais appris l’art de manier certaines armes, mais sans réelle intention de nuire. Une réponse seule à une agression qui restait encore un sombre précipice au sein de ma mémoire. Il m’avait pourtant été enseigné que, lors d’un duel, celui qui ne baissait pas sa lame pour tuer, serait tué. J’avais par chance montré à quelques reprises que cela n’était pas à prendre pour parole d’or. Mais pas ce soir…

« Merci… »


Un murmure. Mais à nouveau, je le remerciais. Je ne le remerciais pas d’avoir tué. Je ne le remerciais pas d’avoir mis sa propre vie en jeu pour l’étrangère que j’étais à son égard. Je le remerciais pour sa prévenance. Je le remerciais d’être encore debout. Les uns cependant ne pouvaient aller sans les autres… c’était acquis. Je récupérais alors la lame, et la glissais à ma taille.

«  Je suis Phelim. »


Us et coutumes voulant, j’inclinais légèrement l’échine et répondais en échos.

« Je me prénomme Elanille. »


Il en vint par la suite à m’indiquer le village le plus proche, m’assurant que nos "compagnons" de cette nuit provenaient sans nul doute de ces lieux. Tuse. Je n’avais jusqu’alors jamais ouï-dire qu’un tel endroit existait. J’avais pourtant décidé d’accorder crédit à sa parole. Par ailleurs, j’étais encore bien trop loin de ma destination, tout autant de mon point de départ. Je n’irais pas bien loin de la sorte. J’accueillais donc cette nouvelle avec intérêt.

S’il serait certes bon d’user de cette halte pour immobiliser mon poignet, il me semblait plus urgent que lui-même n’apporte grand soins à sa blessure. Aussi, lorsqu’il en vint par la suite à se proposer pour me mener en ces lieux, je jugeais l’occasion propice à ce qu’il ne prenne également quelque repos. Je hochais alors doucement la tête, en guise d’assentiment.


« Je ne saurais m’opposer à cette suggestion. Veuillez me pardonner pour le souci que je vous cause. Sans doute aviez-vous bien d’autres préoccupations en d’autres lieux. Je ne désire en ce sens pas être en cause de plus de dérangement… Quant à la jument qui m’accompagnait, vos paroles ne m’apportent guère d’espoir. Je crains que nos liens n’aient jamais su passer au-delà de la tolérance. Elle a été mise sous ma garde le temps de ce voyage...»


D’une manière ou d’une autre, je parviendrais à la retrouver. Peut-être avait-elle trouvé un quelconque chemin vers ce village dont il avait fait mention ? C’était porter beaucoup d’espoir sur une monture entêtée bien que non dénuée de bon sens, mais tout espoir était bon à prendre. Pour l’heure, je me détournais et tentais de remettre la main sur ma besace. Je la trouvais bien assez tôt auprès de la selle et autres maigres biens qui j’avais pu emmener avec moi. Seul mon arc et mon carquois étaient encore hors de portée. Je ne les oubliais pas, et ne comptais pas quitter ces lieux sans remettre la main dessus. J’avais cependant une autre idée en tête, dans l’immédiat. M’emparant de la cape qui reposait au sol, je la jetais par-dessus mon épaule, libérant ainsi ma main valide qui s’emparait alors de la besace. Rebroussant chemin, je déposais cette dernière aux pieds de l’homme que je savais désormais se nommer Phelim.

« Prenez le temps de vous asseoir quelques instants, je n’en ai pas pour longtemps… »


Sur ces paroles, je laissais la lourde cape choir sur le corps inerte. Elle était bien trop petite pour cet imposant suli, mais je répugnais à laisser cette créature ainsi, aussi répréhensibles aient été ses actes. Je m’accroupissais finalement et laissais ma main glisser dans la besace. J’en ressortais trois petites bouteilles, en sélectionnais deux et reposais la troisième. De la première, je sortais trois bourgeons séchés. Sans outre procès, je les laissais regagner la terre. La seconde semblait source de mon attention. Elle contenait quelques herbes séchées et mises en poudre. La fiole avait d’ores et déjà dû faire usage, car il n’en restait qu’une quantité limitée. Je l’ouvrais cependant, et en versais une partie du contenu dans celle désormais vide. Scellant cette dernière, je plaçais la seconde encore ouverte à même le sol – il n’était décidément pas aisé de faire ouvrage d’une seule main. J’empoignais ma gourde, et laissais quelques gouttes venir remplir à mi-hauteur le réceptacle de verre. Je le scellais à son tour, et le remuais avec soin. L’eau prit bientôt une teinte brun/vert, où quelques morceaux de plantes subsistaient encore. J’avais vu Helen suivre ce cheminement à quelques reprises, et avais moi-même appris à le reproduire. Aussi, lorsque l’eau trouble redevint sereine, je cédais ce curieux mélange à Phelim, le lui tendant paume ouverte.

« Imbibez-en les tissus couvrant la plaie. Cela retardera le risque que la blessure ne s’aggrave, et l’assainira. Mais il sera tout de même nécessaire d’apporter des soins au plus tôt… Ces herbes doivent infuser, leurs vertus en l’état est présent, mais moindre… Par ailleurs, je tiens à vous prévenir que cela risque d’éveiller la douleur.»


Je ne doutais pas de sa tolérance face à la douleur, mais par acquis de conscience… Je le laissais ainsi seul juge quant au moment opportun d’en faire usage. Si tant était bien entendu qu’il accorde crédit à mes paroles. Il était certes venu à mon secours, mais ignorait encore tout de ma personne. Les plantes et herbes étaient souvent (bien plus que l’on ne pouvait le soupçonner) usées à mauvais escient. Je soutenais pourtant son regard, n’y laissant transparaître nulle tromperie. Si j’étais un imposteur, j’étais alors un très bon imposteur. J’avais cependant une capacité assez médiocre quand il s’agissait de tromper autrui. Mais cela ne lui était pas connu. Il ne lui restait dès lors plus qu’à me croire sur parole, et prendre en compte, ou non, mes recommandations.

Le laissant décider du bien fondé de mes paroles, je me détournais et remettais la main sur le reste de mes biens, en commençant par l’arc et son carquois.


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MessageSujet: Re: ♦ Une frontière bien gardée [Phelim]   ♦ Une frontière bien gardée [Phelim] EmptyVen 7 Fév 2014 - 11:33

Elle semblait en accord avec sa proposition. Phelim n'en fut pas surprit; essuyer une telle attaque n'était pas de tout repose et elle devrait certainement -en plus de guérir son poignet- mettre de l'ordre dans on esprit.

« Je ne saurais m’opposer à cette suggestion. Veuillez me pardonner pour le souci que je vous cause. Sans doute aviez-vous bien d’autres préoccupations en d’autres lieux. Je ne désire en ce sens pas être en cause de plus de dérangement… Quant à la jument qui m’accompagnait, vos paroles ne m’apportent guère d’espoir. Je crains que nos liens n’aient jamais su passer au-delà de la tolérance. Elle a été mise sous ma garde le temps de ce voyage...»

Phelim hocha la tête en faisant bien attention à ne pas répondre au sujet de ses préoccupations. Elle n'aimerait peut-être pas. Il était un traqueur et la plupart des gens ne les aimaient pas. Du moins, ils ne les aimaient plus maintenant que la paix était revenue.

- Je suis certain qu'elle flaira l'étendu d'eau la plus près. Maintenant, nous devrions nous presser; les nuits sont froides par ici.

Le guerrier voulu avancer jusqu'à sa monture, mais sa blessure l'en empêcha. La douleur venait d'arriver de façon vive. La jeune Bélinoise sembla le remarquer car c'est avec un ton qu'il entendit comme compatissant qu'elle lui demanda de se rasseoir, une idée en tête.

L'orgueil de l'homme d'âge mûre avait grandie avec les année; il avait survécu à de pires blessures, mais son bon sens savait reconnaître la pertinence de soigner sa blessure. À la cuisse, cela handicaperait pour marcher, voire peut-être combattre. Il se rassit donc en laissant échapper quelques mots signifiant son accord.

La scène qui suivit le laissa perplexe, mais curieux. La jeune femme se dirigea vers le corps de l'homme qui avait faillit la tuer et l’habilla de sa cape en signe de respect pour les morts. Il était coutume s’abriller ainsi les cadavre importants sur un champ de bataille. Un tel respect venant de ce qui semblait être une femme tout à fait normale l'épatait.

Puis, il extirpa ce qui semblait être trois flacon contenant des herbes et un liquide clair qu'elle mélangea. Une fois satisfaite par la couleur de sa concoction, elle revint vers lui pour le lui tendre.

« Imbibez-en les tissus couvrant la plaie. Cela retardera le risque que la blessure ne s’aggrave, et l’assainira. Mais il sera tout de même nécessaire d’apporter des soins au plus tôt… Ces herbes doivent infuser, leurs vertus en l’état est présent, mais moindre… Par ailleurs, je tiens à vous prévenir que cela risque d’éveiller la douleur. »

Phelim gratifia la jeune femme d'un hochement de tête et d'un regard solennel. La route était longue avant d'arriver à Tuse et s'ils voulaient y arriver avant que la nuit ne soit à son plus froid tous devaient être capable de le faire.

Sur ce, il s’exécuta à rouvrir le pansement pour déchirer une nouvelle fois sa chemise qui rétrécissait à vue d’œil. Il imbiba le nouveau morceau de tissus de la concoction et l'appliqua rapidement sur la plaie. Il sentit ses mâchoires se serrer sous la douleur, un grognement s'échappant de ses dents. Un fois la souffrance calmée, il se leva en constatant que cela l'aidait à mieux se déplacer, mais légèrement. Assez pour se diriger vers sa monture et tendre la main à la jeune femme.

- Nous devrions y être dans une heure. Prête?


Enfin, Tuse était en vue. Petit village regroupant une vingtaine de chaumières, il était fait pour la plus grande partie de bois. Les palissades et les ponts qui retenaient à deux bons mètres de hauteur le gros du villages étaient plantés profondément à même le sol boueux. Nous nous saurions cru dans un marais orque, mais il n'en était rien. C'était la collision naturelle produite par les grands étendus d'eau du côté bélinois avec la terre sèches du côté varakirois. Un brouillard dense dissimulaient les âmes errantes du village, bien qu'on attende encore leurs voix fêtardes et fortes produits d'une fin de soirée bien arrosée.

- Ce n'est pas le grand luxe, mais cela nous permettra de nous reposer.

Les barricades étaient fermés pour la nuit. Or, un garde s'avança de son balcon pour voir le duo en bas.

- Vous êtes à Tuse, bastion varakirois. Déclinez votre identité.

- Phelim Albérick, recruteur en chef de la Main rouge et ami de Dagathor, votre seigneur. Nous sommes blessés et demandons le gîte.

Un autre garde vint chuchoter quelque chose à l'oreille du premier.

- Vous pouvez entrer, dit-il enfin.

Les portes s'ouvrirent sur la place principale qui était vide à cette heure.

- Si cela vous semble vide, détrompez-vous et restez sur vos gardes.

Phelim savait que dans chaque recoin d'ombre des pairs d'yeux les toisaient. Le plus sur était de trouver une auberge au plus vite avant qu'ils ne décide à venir voir de plus près.
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MessageSujet: Re: ♦ Une frontière bien gardée [Phelim]   ♦ Une frontière bien gardée [Phelim] EmptyVen 7 Fév 2014 - 17:45


Une heure de chevauchée. Une heure environ, avant que le village ne daigne se dévoiler à nos yeux. Je portais mon regard alentours, tantôt curieuse, tantôt suspicieuse. Le froid devenait mordant, l’air humide et brumeux. Je peinais à discerner les lieux avec exactitude, plissant les yeux de temps à autres. Plus nous approchions, pourtant, et plus je parvenais à discerner quelques éclats de voix et conversations houleuses. J’avais perdu la notion de temps, mais supposais la nuit bien avancée. J’étais éreintée, endolorie. Pour autant, je ne laissais transparaître nul signe annonciateur d’une quelconque lassitude. Je n’étais pas à plaindre. Je laissais alors mon corps épouser machinalement les mouvements de la monture.


« Ce n'est pas le grand luxe, mais cela nous permettra de nous reposer. »


Je hochais la tête en guise d’assentiment, alors que nous parvenions finalement aux barricades de ces lieux, naturellement closes. Un homme vint alors se présenter à nous, en quête de nos intentions et identités. Je gardais obstinément le silence, alors que Phelim prenait la parole. Un prompt échange qui devait aboutir à notre entrée au village. J’écoutais, sans vraiment relever. J’étais ailleurs. Restée parmi ces brumes denses. Je plaçais la paume de ma main sur ma tempe, m’extirpant quelque peu à cette torpeur passagère.

Nous débouchions alors sur ce qui semblait-être la place principale. Nulle âme qui vive à portée de vue. Je me remémorais pourtant sans mal les conversations captées au-delà de ces murs. Tuse ne dormait pas encore, j’en étais assurée. Quel était donc ce silence, s’installant sur notre passage.


« Si cela vous semble vide, détrompez-vous et restez sur vos gardes. »


Ainsi donc, voici qui me confortait en cette désagréable sensation. Ces lieux n’étaient ni source d’accueil, ni de bienveillance. Il n’était pas nécessaire de me prier davantage quant à la nécessité de conserver prudence et attention. J’étais sur le qui-vive et me laissais aveuglement guider en ces territoires étrangers. Nous étions exposés.

Alors que nous avancions depuis peu, je reconnus sans peine le hennissement caractéristique de deux ou trois chevaux, saluant notre passage. Premier signe de vie concret, je portais instinctivement mon regard en leur direction. Malgré la brume encore oppressante, je les distinguais alors sans mal. A quelques mètres de là, en dehors du chemin que nous empruntions, les silhouettes se détachaient de la pénombre.


« Phelim… »


Un murmure, à peine audible. Une seconde de plus, et je regagnais la terre ferme. Encore une seconde, et je quittais promptement le sentier. Je passais au travers de la brume, assurée de ma destination. Je ne prêtais qu’une oreille distraite aux murmures alentours et progressais de pied ferme. Je parvenais finalement auprès d’un habitat modeste. Si ce n’étaient les hennissements maintenant omniprésents, l’endroit paraissait paisible. Je décidais pourtant de ne pas me fier à cette dernière impression. Nul recoin en ce village ne semblait pouvoir se coupler au terme "paisible".

Je m’approchais des chevaux, attachés en un pan du mur à l’aide de courtes cordes. Bien trop courtes pour leur laisser à loisir de se mouvoir à leur guise. Je ne m’arrêtais pourtant prioritairement que sur l’un d’entre eux. Un jeune cheval pie noire. Une jument, pour être exacte. Je passais la main sur son encolure, descendant jusqu’au passage de sangle. Je découvrais là une plaie ouverte. Cela ne faisait nul doute. Comment était-elle parvenue en ces lieux, entravée à ce mur ? J'étais allée vers elle tel une évidence, ne semblant pas douter l'ombre d'un instant du bien fondé de cette fuite soudaine. J'avais soit de très bon yeux, soit de très bonnes oreilles, soit un instinct remarquable. Les faits étaient pourtant bien là.


« Azalée… Comment es-tu arrivée ici… »


Pour la toute première fois depuis notre rencontre, la jument paraissait exprimer un certain contentement quant à ma présence. Réciproquement. Sans plus attendre et sans procès, je glissais mes doigts au travers des nœuds de corde, libérant la monture de ses entraves.  A nouveau, elle hennit. Et comme un écho, les autres hennirent à leur tour. L’un même, hardi, frappait le mur de son sabot.

La suite devait être une évidence.

La porte du logis s’ouvrit à la volée, laissant apparaître un homme de haute stature – peut-être le mètre quatre-vingt passé. A peine passait-il le seuil, qu’il se lançait en quelques vociférations houleuses.


« Voleurs ! Déguerpissez ! Vous allez voir ce que… »


Il ne parvint pas au bout de sa tirade, alors que son regard rencontrait le mien. Se plantant là, j'observais son visage aller de haut en bas et de bas en haut, tandis qu'il me toisait avec une attention mi-surprise, mi-intéressée. Je soutenais son regard, droite et sans piper mot, la jument toujours sous ma garde. Il mit quelques instants de plus à prendre conscience de ce dernier point, essentiel. Son regard redevint dur, et son ton sec.

« Je peux savoir ce que vous faites avec ça ? Lâchez cette corde. »


Je haussais les sourcils, tandis qu’il effectuait quelques pas plus en avant. Repoussant le flanc de la jument, je l’incitais à se placer en mon dos et alors qu’il parvenait à ma hauteur, quelques relents d’alcool parvinrent jusqu’à moi. Je maintenais pourtant ma position.

« Cette jument ne vous appartient pas. »


Impassible, j’avais pourtant laissé transparaître une certaine froideur dans le ton de ma voix. Et dans la pâle lueur, je vis les joues de mon interlocuteur virer à l’écarlate, tandis qu’il bombait le torse.


« Je l’ai trouvée, elle est maintenant à moi. Si vous la voulez, va falloir la payer. »

« Voilà bien un drôle de concept. Bien mal acquis ne profite jamais. Pourquoi devrais-je payer quelque chose qui me revient de droit ? »

« Le droit, vous savez, c’est qu’une question de point de vue. Payez, ou partez. »
[/color]


Dans une dernière tentative d’intimidation, il franchit le dernier pas qui nous séparait encore. Un pas de trop. La corde m’échappait brusquement, tandis que la jument passait sur mon côté, pivotait subitement et ruait. Les sabots de l’animal rencontrèrent le malheureux qui finissait à terre. Malgré la violence de l’acte, il ne semblait pas blessé. Tant et si bien qu’il ne mit qu’un court instant à se relever. Cette fois-ci, il semblait réellement hors de lui.

Quelques murmures se laissaient encore entendre parfois, alentours. Je cru distinguer du coin de l'oeil une ombre passer, fugace.


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Phelim Albérick
Fondateur / La colère de Revoran
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MessageSujet: Re: ♦ Une frontière bien gardée [Phelim]   ♦ Une frontière bien gardée [Phelim] EmptySam 8 Fév 2014 - 15:36


La taverne n'était plus très loin; Phelim pouvait la voir se dessiner à travers la fumée. C'était un bâtiment modeste fait de billots de bois sur deux étages. Il semblait y avoir encore plusieurs personnes sur la grande terrasse adjacente qui parlaient bruyamment. Le Recruteur savait que Tuse était un village gangréné par la criminalité et que c'était un peu elle qui le régissait, les gardes trop peu nombreux pour réellement avoir de l'influence.

Elanille était agitée, elle qui pourtant semblait des plus calme il y avait un instant. Elle aurait pu être nerveuse en chemin, mais il l'avait sentit calme et ce même à l'entrée du village; il comprit alors que quelque chose n'allait pas. Elle l'interpella, mais avant qu'il ne puisse lui répondre, elle était descendu de la monture et courait dans la brume pour y disparaitre.

- Damnation.

Phelim fit pivoter sa monture pour foncer vers la jeune femme... C'est ce qu'il avait cru. Une fois sorti de la place publique, il ne la vit nulle part; elle devait s'être écartée de la route pour se faufiler entre les maisons. Mais qu'est-ce qui lui avait prit ? Voulait-elle à tout prix se faire tuer ? Soupirant, il se mit en quête d'Elanille au trot en tentant de percer l'obscurité.

Les hurlements d'un homme lui mit la puce à l'oreille. Il ne savait pas s'ils étaient causés par la Bélinoise, mais ça valait le coup d'essayer cette piste faute de n'en avoir aucune autre. Se mettant au galop, il se dirigea dans la direction du fameux cri. Il espérait seulement ne pas avoir à combattre car s'il le faisait dans son état il serait des plus désavantagé; sa cuisse lui faisant de nouveau atrocement mal.  

Il la trouva devant une chaumière où étaient attachés, apparemment trois chevaux. Elle semblait en avoir détaché un qui ressemblait vraisemblablement à sa jument. L'était-elle ? Le plus important pour l'heure était de l'empêcher d'être blessée par l'homme qui se réclamait certainement être le propriétaire de l'animal. Il était grand, costaud, l'air bourru et violent. Descendant de Baraz, Phelim s'avança vers eux, ne boitant presque pas, ignorant la douleur comme on lui avait apprit à le faire lors de situations dangereuses. Il mit sa main au pommeau en s'apprêtant dégainer son épée courte afin d'en terminer rapidement avec cet homme, mais une ombre l’arrêta net. Les entourant, trois gardes munis d'arbalètes les tenaient tous trois en joug. Celui qui n'avait pas de casque dissimulant ses traits prit la parole.

- Ne dégainez surtout pas ou je devrai vous abattre.

Le gros homme semblait aussi avoir été arrêté dans son élan, immobile à quelques pas d'Elanille.

- Et toi recule, doucement.

Le voleur de cheval semblait des plus colérique, mais il s'exécuta. Il se mit à genoux comme le lui ordonna l'homme et déposa ses mains jointes sur sa tête.

- Recruteur, j'espère que vous n'alliez pas tuer cet homme.

Phelim ne répondit pas, il se contenta de rengainer son arme en regardant la Bélinoise. Elle ne semblait pas blessée.

- Si vous savez qui je suis, vous savez que vous n'avez pas l'autorité nécessaire pour m'arrêter.

- Vous n'êtes pas en état d'arrestation, mais ces deux-là oui. Et vu que vous alliez tenter, apparemment de défendre la mademoiselle, j'imagine que vous nous suivrez de votre plein gré.

- Qui êtes-vous au juste ?

- Mherod, capitaine de la garde de Tuse et j'arrête ces deux gens pour dérangement de la paix. Vous verrez notre seigneur sans tarder.

Phelim croisa le regard d'Elanille et hocha la tête.

- Tout ira pour le mieux, je te ferai sortir de là.

- Injustice ! C'est elle la voleuse. Elle a tenté de prendre mon cheval.

Le grand homme encore agenouillé ne pu rien dire d'autre, on l'avait déjà menotté, ainsi qu'Elanille et tous étaient en route pour la demeure du seigneur.
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MessageSujet: Re: ♦ Une frontière bien gardée [Phelim]   ♦ Une frontière bien gardée [Phelim] EmptyDim 9 Fév 2014 - 8:03


Un pas, puis deux. Précautionneuse et en prévision de tempête, je prenais une simple distance. Respectable. Rien de plus qu’un temps d’avance, s’il était nécessaire.  Je ne discernais nulle arme à son côté, mais conservais néanmoins une certaine prudence.  La mauvaise humeur paraissait désormais sa seule muse, alors qu’il allait de l’avant. Je n’étais qu’à quelques pas. Une distance moindre pour un homme  impétueux. Pour autant, il ne parvint pas à destination.

Les évènements s’étaient enchaînés promptement. Une monture en approche. Un homme posant pied à terre. Puis une mise en garde.


« Ne dégainez surtout pas ou je devrai vous abattre. »


Contrainte et en vue des évènements, je quittais du regard mon premier sujet d’intérêt. Lui-même paraissait désormais hébété, n’apportant momentanément plus guère d’attention à ma personne. Je prenais ce temps acquis pour étudier l’esquisse d’une scène nouvelle qui ne devait en aucun cas s’annoncer comme bon présage.  

De ces nouveaux protagonistes, je croisais le regard du premier. Phelim. M’attardant l’espace d’un instant, j’achevais mon examen en portant mon attention sur les gardes. Un. Deux. Trois. Armés et prêt à en faire usage, qui plus était.


« Et toi recule, doucement. »


Je discernais du coin de l’œil mon précédent interlocuteur prendre ses distances à contre cœur, mettant genoux à terre.  Je n’esquissais dès lors plus l’ombre d’un mouvement, ne laissait nulle parole passer mes lèvres closes. A ma grande surprise, Azalée campait ses positions, restant à mon côté. Je la savais nerveuse, et redoutais un nouvel excès de zèle. Je laissais alors la paume de ma main aller à la rencontre de sa robe maculée, en un mouvement prompt mais délicat.

« Du calme… »


Conservant pleine attention portée sur ces trois nouveaux personnages, je laissais ces mots glisser en un murmure à peine audible. La jument, destinataire de cette simple recommandation, expirait fortement.  Phelim assurant son autorité, nous devions pour notre part être voués à comparaître devant le seigneur de ces terres. En cause ? "Dérangement à la paix". Après cette soirée, c’était bien là un comble.

Malgré ma réticence, je considérais la chose raisonnable de ne pas protester, pour l’heure. Néanmoins, je ne pus réprimer un mouvement de recul, à mon grand damne et à mon insu, tandis qu’un homme gagnait ma position, en vue de me lier les mains. Une raison à ce retrait ? Il leur était nécessaire de manipuler mon poignet pour arriver à leurs fins, et ce sans grand ménagement. Ce simple reflexe face à la douleur ne me valut qu’une peine plus importante encore lorsque l’étau vint à se resserrer.  Je crus flancher l’espace d’un instant, mais n’allais pas plus loin qu’une protestation silencieuse. La fraîcheur nocturne eut heureusement tôt fait de m’apporter à nouveau bien assez de lucidité. Je croisais le regard de Phelim.


« Tout ira pour le mieux, je te ferai sortir de là. »


Je hochais la tête en un mouvement léger, et alors que je reprenais à peine mon souffle, nous nous mettions en marche. Je ne relevais pas la protestation de l’homme quant à une éventuelle injustice et me contentais désormais de progresser en silence, tentant tant bien que mal d’oublier la douleur lancinante provoquée par les liens.

J’avais pris en compte le côté étriqué de ce village, et supposais donc que nous n’allions pas mettre grand temps avant d’arriver à destination. L’homme qui allait à mon côté, mains liées, conservait son teint écarlate. Je l’observais du coin de l’œil, alors qu’il marmonnait quelques palabres inaudibles et du fait incompréhensibles. Puis soudain, il en vint à braquer un regard accusateur en ma direction.


« Vous regretterez tout ça. Je vous l'assure. »


Je haussais les sourcils, mais ne répliquais pas. Et alors qu’il s’apprêtait à s’épancher en quelques autres menaces vaines, une interjection mit un terme à ses intentions.

« Silence ! Avancez. »


Je le vis se renfrogner en un instant, posant son regard sur ses pieds.  J’esquissais un mince sourire, l’espace d’une seconde, face à l’ironie de la situation. Puis je retrouvais une allure stoïque, un visage fermé et vide de toute expression. Qui donc m’avait assuré que ce voyage saurait s’apparenter à une "merveilleuse aventure" ? Qu’il me serait donné de découvrir des paysages riches en apprentissages, et des personnalités sans nulle autre pareille ? Aldéas, bien entendu. S’il m’était donné de rentrer en un seul morceau à la capitale, il entendrait parler de moi. Sans aucun doute sa gausserait-il de cela, lui qui avait également pour habitude de clamer à qui voulait l’entendre que j’avais l’art et la manière de m’attirer aux pires ennuis. A l’entendre, une simple promenade en ma compagnie dans le plus petit et le plus serein des jardins se terminait fort probablement en une véritable aventure. Non sans exagérer les faits.

Et alors que je repensais à la capitale, je repensais également à Helen. Je n’avais pas prévu de m’attarder outre mesure, dans l’idée de retourner au plus tôt à son chevet. Je ne pouvais dès lors plus qu’espérer qu’elle ne se remette de ses maux, redoutant que les choses n’aillent en sens opposé. Cette fois ci, je m’assombrissais. Cette soirée n’allait-elle donc jamais prendre fin ?

J’ouvrais la bouche, inspirant profondément alors que je courbais l’échine face à la douleur. Une main s’était refermée sur mes liens, m’imposant l’arrêt. J’évitais de justesse de me retourner, retrouvant bien tôt mon sang froid. Je levais alors mon regard sur la demeure qui nous faisait face. Si les chaumières sur notre chemin étaient semblables, celle-ci se démarquait inévitablement. D’une part, elle était isolée. D’autre part, et si elle n’était pas non plus de taille démesurée, elle restait pourtant plus imposante que les logis environnants. Chose peu surprenante en soit. Ce qui contrastait par-dessus tout, était que cette demeure semblait être la seule à ne pas être bâtie de bois.

Celui que j’avais compris se nommer Mherod, et qui avait jusque-là marché en tête, prit les devants, tandis que les deux autres restaient à nos côté. Deux hommes se tenaient à l’entrée,  de part et d’autre. Un échange succinct, et voici qu’il pénétrait au sein de la demeure. Le temps passait, alors que le froid commençait à mordre les chairs. Je détournais mon regard de cette façade que j’avais eu le temps d’examiner en long, en large et en travers et portais alors mon attention alentours. Une désagréable sensation persistait encore, et alors que je cherchais à apaiser cette crainte insensée, je discernais à nouveau du coin de l’œil une ombre passer. Imposante, fugace. Je pivotais légèrement, attirant de ce fait l’attention du garde à mes côtés. Mon regard était désormais fixe sur une pénombre inhabitée. L’homme suivit mon regard, sans y trouver matière à pareille attention. Il vint alors à poser sa main en mon dos, m’incitant à avancer. Mherod était de retour.

Nous pénétrions dans un couloir. Mherod en avant, l’homme aux chevaux accompagné d’un garde, et enfin moi-même, également soigneusement escortée. Quelques instants de plus, et nous débouchions sur une vaste pièce. L’on vint nous placer au centre de celle-ci. Deux gardes supplémentaires pénétrèrent en ces lieux et se postèrent à l’encadrement de la porte, tandis que nos deux aimables bourreaux (mon poignet devait être rancunier) campaient de part et d’autre de nos personnes, et enfin le chef de la garde en grande conversation à quelques pas de là.  Je jetais un coup d’œil aux lieux que nous venions de gagner : la pièce en elle-même était oppressante. Et pour cause ! Tout espace libre semblait avoir été comblé avec quelques trophées en tous genres. L’art d’exhiber, signe de quelconque complexe ou de quelque orgueil démesuré. Je jugeais cela bien trop prétentieux et extravaguant pour un modeste seigneur issu de telles terres.  Je redoutais dès lors de rencontrer le personnage, s’il devait s’apparenter à cet espace.

Le chef de la garde se redressait alors, quittant son interlocuteur, qui lui-même vint à se tourner vers nous. Je sus alors bien assez tôt à qui nous avions affaire.


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MessageSujet: Re: ♦ Une frontière bien gardée [Phelim]   ♦ Une frontière bien gardée [Phelim] EmptyVen 14 Fév 2014 - 19:25



Le ton était donné et leur entrée ne sembla guère enchanter le seigneur des lieux. Vieux, l'air hautain et austère, ledit dirigeant les toisait d'un regard supérieur. Fronçant ses sourcils gris et abondants, il quitta sa large chaise en bois teint et s'avança vers ses plus récents ''invités''. Le chef de la minuscule ville étudia brièvement les spécimens qui se tenaient devant lui l'air exaspérés et tendus. Après un bref cercle effectué autour de la brute épaisse voleuse de chevaux, d'Elanille puis de Phelim il s'adressa à ce dernier de sa voix grave ;

- Ne dites rien, la Main rouge ? Toujours entrain de fouiner et d'utiliser comme bon vous semble vos droits de parcourir les terres, mais pas chez moi petit.

Phelim laissa échapper un sourire narquois à l'intention du grand et bedonnant seigneur. Puis ce fut au tour d'Elanille de supporter l'haleine de bœuf de leur hôte.

- Et vous mademoiselle, vous êtes tombée au mauvais endroit au mauvais moment c'est ça? Pfffa ! Vous m'avez davantage l'air d'une vagabonde contrainte de voler pour manger ! Nous savons quoi faire des voleurs par ici.

Elle lui lança un regard noir et avait du mal à contenir sa colère face à une telle absurdité. Décidément la tension montait à vue d’œil. Effectuant une légère rotation, il s'approcha du mécréant qui les accompagnait. Ce dernier lui cracha au visage en s’esclaffant très fort. Le seigneur de Tuse se mit aussi à rire avant de lui asséner un puissant coup de poing dans le ventre, le privant d'air momentanément. Un genoux à terre il apostropha le dirigeant.

- Sale porc ivrogne! Nous n'en avons pas fini avec ton misérable village! Bientôt nous ne nous contenterons pas que des bêtes, nous prendrons femmes et enfants! Gloire à Maxence, tas de larves, gloire au vrai seigneur!


- SORTEZ-MOI CET IMBÉCILE! Aux cachots, je lui réglerai son compte plus tard. Bon, assez. Je suis Fexus Gribur et vous avez semer le chaos sur mes terres. Expliquez-vous.

Relevant le menton et bombant le torse Phelim fut le premier à répondre.

- Je suis Phelim. Et voici Elanille, une amie. Tout ceci est un mal entendu seigneur Gribur. Après avoir été blessés par des bandits mon amie ici présente et moi-même nous dirigions vers votre humble ville pour nous reposer. L'homme qui était ici il y a peu fut aperçu entrain de voler sa monture. Alors je suis intervenu et vos gardes nous menés à vous.


Le Recruteur jeta un œil vers Elanille qui semblait attendre la suite. Une mince grimace de douleur allait et venait sur ses lèvres. Il regarda ses entraves et pesta intérieurement.

- Ces liens ne sont pas nécessaires monsieur, je vous prierais de bien vouloir les lui retirer. Nous sommes de bonne foi et nous aimerions pouvoir traiter cette affaire de façon civilisée. Je n'ai aucune envie de faire usage de force en ces lieux. Je ne souhaite pas non plus y être contraint.


Fexus les toisa à nouveau avec son regard empreint de dureté et de condescendance.

- Je ne vous aime pas, mais votre histoire tiens malheureusement la route. Pourtant vous avez troublé la paix dans ma ville et vous persistez à agir avec témérité alors tout n'est pas simple dans cette affaire. Je vous propose donc ceci ; Venez à bout de ses voleurs de chevaux pour moi et vous serez traités avec respect, recevrez nourriture et gîte avant de repartir. La demoiselle pourra également récupérer sa monture. Qu'en dites-vous?

Ne pouvant guère décider seul, Phelim interrogea son amie du regard. Quoi qu'elle choisisse il la suivrait, quitte à devoir s'enfuir d'une manière ou d'une autre. Cependant il n'était jamais mécontent à l'idée de faire couler le sang des imbéciles.
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MessageSujet: Re: ♦ Une frontière bien gardée [Phelim]   ♦ Une frontière bien gardée [Phelim] EmptySam 15 Fév 2014 - 14:52


Je portais une attention toute particulière à ce personnage qui se dressait désormais non loin de nous. S’il ne m’était pas coutume de juger un homme précocement, j’avais pourtant grande peine à ne pas me rebuter en présence de cet être austère et imbu de sa propre personne. Mon sentiment ne devait en aucune manière aller en sa faveur, alors qu’après avoir soigneusement pris conscience de l’état des choses, il prenait la parole, s’adressant au Recruteur.

Les mots se voulaient secs, supérieurs et pourtant malhabiles. Je haussais les sourcils, lançant un regard en biais à Phelim. Ce dernier ne prit aucunement la peine de répondre à la provocation, laissant un mince sourire marquer ses traits. Je devais pourtant bien vite en revenir à notre interlocuteur, tandis qu’il en venait à mon propre cas. A nouveau, ses paroles se voulurent hautaines, dédaigneuses.  


« Et vous mademoiselle, vous êtes tombée au mauvais endroit au mauvais moment c'est ça ? Pfffa ! Vous m'avez davantage l'air d'une vagabonde contrainte de voler pour manger ! Nous savons quoi faire des voleurs par ici. »


Ce n’étaient certes pas les répliques cinglantes qui manquaient en cette heure. Je lançais un regard noir à ce pseudo-seigneur, lourd de sens. Pour autant, nul mot ne devait échapper à mes lèvres, soigneusement pincées par l’exaspération. Cette soirée devait désespérément parvenir à me porter haut dans l’agacement. L’épuisement se muait en une force nouvelle, qui me rendait pourtant nerveuse d’impuissance. Si je reconnaissais nombreuses autorités, je n’accordais néanmoins qu’un certain dédain mal dissimulé à ce genre de personnages. Nulle once de confiance, en somme. Je conservais malgré tout une maîtrise de rigueur. Ce n’était pas le moment de faire un esclandre.

J’esquissais alors un simple mouvement de recul, tandis que l’homme à mon côté se courbait, posant un genou à terre. L’échange entre les deux protagonistes avait été houleux. Le seigneur de Tuse devait bien évidemment avoir le dernier mot, alors que l’impertinent était envoyé à rejoindre les cachots. Je n’étais pas sans âme, et s’il me vint à l’esprit de me préoccuper de son sort, je devais bien assez tôt en revenir à nos propres préoccupations. Des explications devaient être données. Nous passions dès lors d’un "dérangement à la paix", à la mise en œuvre d’un réel "chaos" ! Je n’eus heureusement pas l’occasion de relever ; Phelim fut le plus prompt à prendre la parole, relatant succinctement nos dernières (més)aventures. Homme habile teintant ses propos d’une certaine courtoisie.

Je ne devais pas remarquer son regard porté sur mes liens mais supposais pourtant la peine dont ils étaient la cause transparaître aisément. Je posais sur sa personne un discret coup d’œil, reconnaissant. Il me fallait pourtant encore les supporter un temps, alors que le Seigneur reprenait la parole. J’en revenais donc à lui, une énième fois.


« Je ne vous aime pas (… »


Voilà au moins un  point sur lequel nous devions nous entendre.

« …) mais votre histoire tiens malheureusement la route. Pourtant vous avez troublé la paix dans ma ville et vous persistez à agir avec témérité alors tout n'est pas simple dans cette affaire. Je vous propose donc ceci ; Venez à bout de ses voleurs de chevaux pour moi et vous serez traités avec respect, recevrez nourriture et gîte avant de repartir. La demoiselle pourra également récupérer sa monture. Qu'en dites-vous? »


Et à nouveau, je croisais le regard de Phelim. Il maintenait une posture droite, semblant quérir une certaine approbation de ma part. Mes premiers doutes ne devaient alors pas être accordés au dilemme qui nous était posé. Il m'était nécessaire de comprendre ce qui m’échappait en l’instant ; c’était un cheminement essentiel qui transparaissait seul par une marque soucieuse prenant place sur mon visage.

Je supposais aisément Phelim comme étant un homme droit et peu enclin à délaisser en conscience qui était dans le besoin. Et pour cause ! C’était ainsi qu’il était venu à ma rencontre. C’était également ainsi qu’il avait écopé d’une plaie ouverte qui devait actuellement fortement le handicaper. Malgré tout, il s’était porté volontaire pour m’accompagner en ces lieux, n’avait pas hésité l’ombre d’une seconde à se présenter à nouveau alors que j’avais de manière peu convenable échappé à sa compagnie plus tôt dans la soirée, et pour finir, il se tenait là, alors que rien ne l’y avait contraint… en apparence, tout du moins. Car c’était très précisément ce que je redoutais : que ses actes ne soient mués par une quelconque contrainte morale. Il ne me devait absolument rien - je lui devais tant en revanche. Rester en ma compagnie ne paraissait qu’être le moyen le plus sûr de passer encore certains temps mouvementés. Or, et malgré tout cela, il paraissait encore et constamment prêt à bondir en cas de nécessité. J’allais jusqu’à le croire capable de prendre mon parti en cas d’opposition.

Il serait certainement temps de lui en toucher deux mots, avant qu’il ne me vienne à l’esprit de douter assurément de sa sagesse.

Cheminement se faisant, j’en revenais alors à la question initialement posée. Ce Seigneur ne me paraissait pas homme de compromis, encore moins homme honnête. Je redoutais dès lors les conséquences d’une opposition à cette apparente généreuse opportunité.  Par ailleurs, l’idée sous entendue par " venir à bout " n’avait rien pour me plaire. Je n’étais pas d’un naturel à aller quérir les ennuis (ce n’était pas nécessaire), ni même – et encore moins – sujette à entretenir pareils desseins. En soit, la question n’était pas de chercher la meilleure option, mais bel et bien la moins pire. Je ne me fiais aucunement aux promesses de confort.

Une poignée de secondes à peine écoulée, je laissais finalement un soupir discret passer le scellé de mes lèvres, alors que je hochais à peine la tête, en guise d’assentiment. S’il était destiné en tout premier lieu au Recruteur, je constatais promptement qu’il avait habilement été capté par le reste de l’assemblée. Aussitôt, l’on vint faire tomber les entraves, me tirant une énième – et je l’espérais ultime -  mimique douloureuse face à ce contrariant manque de délicatesse.


« Bien ! Fort bien ! Allez donc ! »


Plus qu’une simple invitation à quitter les lieux, c’était une réelle mise à la porte. Les deux gardes postés à l’entrée ouvraient la voie, là où deux autres nous incitaient promptement à aller de l’avant. S’il n’était en aucun cas nécessaire de me supplier plus encore pour prendre congé de cet odieux personnage, je marquais cependant un temps d’arrêt. Là, sur un banc de bois ouvragé posté contre le mur, reposait avec négligence un large drapé. Le tissu blanc (maculé ici ou là), sans grande valeur apparente, devait pourtant m’apporter grand intérêt. Je me tournais aussitôt vers le Seigneur de Tuse.

« Seigneur Gribur, avant que nous ne prenions congé de votre auguste demeure pour mener à bien notre mission, me feriez-vous la grâce de me permettre d’emporter ce modeste tissu ? »


Je laissais un sourire anodin ponctuer ma demande. S’il devait prendre conscience de l’énormité de mes propos, le Seigneur en vint pourtant à hausser les épaules avec dédain, m’invitant à m’emparer sans tarder du drapé. Je m’exécutais, anticipant un caractère potentiellement lunatique, qui l’aurait poussé à revenir sur ses propos. Courbant très légèrement l’échine, je tournais alors les talons, sous le regard suspicieux du garde encore planté à l’entrée. Je le dépassais sans procès.

Nous regagnions finalement l’extérieur de la demeure. Le froid était mordant. Peu vêtue, je fus prise au vif, regrettant l’espace d’un instant la douce chaleur que me procurait jadis ma cape, reposant désormais avec le corps sans vie de l’homme-félin. Je détournais pourtant rapidement mon attention de la température ambiante, alors qu’un claquement sonore frappait le sol. Azalée se tenait à quelques pas de là, maintenue par l’un des gardes à qui elle menait la vie dure. Je n’eus cependant pas l’occasion d’esquisser le moindre pas en sa direction, l’homme s’interposant immédiatement.


« Elle reste ici. »


Je lui lançais un regard assassin, avant de reporter mon attention sur la jument.

« Je reviens te chercher aussi tôt que possible. Sois aimable. »


Et à nouveau, je tournais les talons. Instaurant machinalement  une certaine distance avec la demeure, je prenais pourtant garde de conserver Phelim à portée de vue. Je m'installais ainsi quelques minutes en une allée apparemment  isolée, m’emparant de la petite lame qui reposait à ma taille et la laissais transpercer (non sans peine) le tissu acquis quelques instants plus tôt, et tant bien que mal, je déchirais une bande sur la longueur. Pas trop épaisse. La scène aurait pu être comique, en d’autres circonstances  - parvenir à déchirer ce tissu muni d’une seule main relevait un tant soit peu de l’acrobatie. Parvenue à mes fins, pourtant, je passais celui-ci autour de mon poignet, en de nombreux tours, non sans grimacer à quelques reprises. L’œuvre précaire achevée, j’examinais avec soin le résultat : le poignet n’était pas parfaitement immobilisé, mais tout de même correctement maintenu. Cela irait ainsi, pour le moment. Je conservais le reste du drapé, en prévision d’une certaine plaie, d’un certain Recruteur, qui n’allait sans doute plus savoir comment se vêtir s’il continuait à arracher sa tenue pour se panser.  

Après ce court laps de temps, je me redressais et portais pleinement mon attention sur Phelim.


« Je suis navrée… Vous n’étiez en aucun cas tenu de… »


Je ne parvenais pas au terme de ma phrase, portant mon regard alentours. J’étais soudainement  et très particulièrement préoccupée par quelques mouvements que je croyais discerner par-delà la brume.

« Ces lieux vous sont familiers, n’est-ce pas… Si nous allons à la rencontre de ces hommes, combien viendront à nous en retour ? Portez vous crédit aux promesses de ce Seigneur ? »


Je revenais à lui. Ayant porté grande garde à extraire ces mots en un murmure, je cherchais désormais une réponse en sa posture, avant même qu’il ne s’exprime. J’avais ce sentiment fâcheux que si nous parvenions à mener à terme cette quête, nous ne saurions malgré tout dormir sur nos deux oreilles. J'appréhendais dès lors la suite des événements.

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MessageSujet: Re: ♦ Une frontière bien gardée [Phelim]   ♦ Une frontière bien gardée [Phelim] EmptyLun 17 Fév 2014 - 20:49


Elle avait posé le pour et le contre et avait tranchée, elle avait décidée d'essayer de gagner sa liberté pour un acte qu'elle n'avait commise et ça Phelim n'était pas sur d'être capable de même. Son regard bleu acier se posa sur le seigneur de Tuse visiblement ravi de la décision d'Elanille. Il devait penser que le duo allait se faire tuer en essayant de rétablir la justice dans sa ville et, faute de mieux, il n'aurait au moins pas de compte à régler avec Daga'thor et ne contingenterait pas plus ses geôles déjà bien remplies.

Pour Phelim, penser ainsi contrevenait aux idéaux de la justice par la loi et cela le dégoutait. Pourtant, rien ne l'obligeait à rester près de cette femme pour l'aider; ce n'était pas le devoir de la Main rouge de venir en aide aux gens; ils chassaient les monstres pour qu'eux puissent vivre en paix et pour Phelim c'était bien assez, mais il devait admettre qu'il se sentait responsable de cette jeune femme et il ne savait pas encore pourquoi il était intervenu pour la sauver de ces Sulis. Ce qui était certain c'est que c'était chose passée et qu'il devait finir ce qu'il avait commencé. C'était en lui et il ne pouvait abandonner peu importe son avis sur la question.

Le duo se fit littéralement prier de prendre la porte et enjoint à la franchir. La jument d'Elanille était maintenue par un garde qui l'empêchait de la reprendre; certainement une partie du plan du seigneur Gribur pour les motiver dans leur quête. Puis, la Bélinoise se replaça le poignet d'une seule main grâce à un morceau d'un tissus prélevé dans la seigneurie; un exploit. Elle semblait des plus débrouillarde quand il s'agissait de survivre et lui quand il était temps de tuer. Ils faisaient une belle paire.

L'écho de voix parvint jusqu'aux oreilles du Recruteur qui lança son regard vers la brume. Il savait que derrière elle se trouvait la taverne, lieu où résidait -certainement- la bande des voleurs de chevaux et ce fameux Maxence.

« Je suis navrée… Vous n’étiez en aucun cas tenu de… »

Il ne répondit pas, elle avait stoppée sa phrase. Il savait qu'elle comprenait déjà ce qui lui aurait répondue si elle l'avait fait. Il lui aurait dit que ce n'était pas l'important, qu'il fallait agir et vite.

« Ces lieux vous sont familiers, n’est-ce pas… Si nous allons à la rencontre de ces hommes, combien viendront à nous en retour ? Portez vous crédit aux promesses de ce Seigneur ? »

Il semblait déterminer, regardant droit devant lui. Prêt à en découdre.

- Il n'y a qu'une seule façon d'en terminer, lança-t-il sombrement.

Puis, il disparu dans les masses grises opaques, se dirigeant d'un pas boitant, mais décidé vers la taverne. Il ne prit pas peine de savoir si Elanille le suivait, il ne s'y intéressait pas. Il connaissait la source du problème et il ferait tout pour l'éradiquer.

Arrivé à la terrasse bondée, il s'apprêta à y monter, mais un homme lui barra la route, certainement le gardien des lieux. Haut de plus de deux mètres, il ressemblait véritablement à une armoire à glace sans pour autant être agressif. Il faisait son travail.

- On ne passe pas sans invitation, monsieur. Je vous prierais de rebrousser chemin, s'il-vous-plait.

- Je viens voir Maxence.

Tous se turent sur la terrasse, regardant un instant celui qui avait prononcé le nom qu'il ne fallait pas. Le gardien et Phelim se regardèrent longuement, décortiquant les intentions de chacun. Phelim comprit que ce géant n'était pas méchant; il semblait compréhensif, comme s'il ne voyait pas le premier tenter sa chance contre ce patron du crime.

- Il fallait le dire plus tôt.

Lui laissant le champ libre, celui-ci monta sur la terrasse pour ensuite entrer dans l'établissement. Il savait qu'on l'observait et qu'on l'avait suivit. Il n'était certainement pas le premier à être envoyé à l'abattoir et il songea au gros seigneur dans sa loge en train de rire en imaginant sa mort. Le guerrier se laissa guider par la masse de clients s'ouvrant sur ses pas, le dirigeant vers leur chef. Il monta les escaliers pour arriver à la seule et immense pièce du deuxième; le loft de Maxence.

- Alors, vous me cherchiez ?
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MessageSujet: Re: ♦ Une frontière bien gardée [Phelim]   ♦ Une frontière bien gardée [Phelim] EmptyMar 18 Fév 2014 - 9:28


« Il n'y a qu'une seule façon d'en terminer »


Je restais interdite l’espace d’un instant. Cela ne représentait en rien la réponse à laquelle je m’étais attendue. Cela n’avait rien d’une réponse en soit, d’ailleurs. M’apprêtant à faire part de cette préoccupation non sans importance, je devais aussitôt me heurter à cette silhouette qui s’en détournait sans plus de procès par-delà la brume. Je redoutais dès lors et fortement une quelconque méprise quant à mes intentions premières. Sur cette pensée funeste, je tranchais promptement au travers des ruelles, ne me fiant en aucune manière à ces allées qui m’étaient étrangères. Je captais néanmoins la cohue caractéristique provoquée par quelques ivres personnages, et la laissais guider mes pas. Je progressais plus aisément qu’il m’aurait été donné de le croire, et parvenais bien tôt à destination. Juste à temps pour discerner le passage se refermer derrière le Recruteur.

« Un instant ! »


Interpellation vaine qui devait ne jamais parvenir à destination, se perdant parmi les conversations qui reprenaient peu à peu. Si j’appréhendais – non sans raisons – de pénétrer en ces lieux, je m’y présentais pourtant, talonnant désormais Phelim de peu. Pas assez, cependant. J’examinais promptement les alentours, tandis que le Gardien se présentait avec nonchalance.

« Que puis-je pour vous ? »


Je ne portais pas immédiatement mon attention sur sa personne. Me hissant sur la pointe des pieds, je prenais bonne note de la direction empruntée par mon compagnon d’infortune. Cela acquis, j’en venais tout compte fait à celui qui se tenait entre ma propre personne, et ma destination actuelle. Je devais bien tôt déplorer que mon comportement n’avait pas été sans éveiller les soupçons. Aussi cru-t-il bon de me mettre en garde, portant un coup d’œil par-dessus son épaule.

« Vous ne devriez pas entrer. Votre ami aurait sans doute également mieux fait de s’en abstenir. Partez, tant que vous le pouvez encore. »


Une marque de stupeur devait transparaître, l’espace d’une seconde. Cet homme paraissait bien étranger aux caprices de ces terres. Je décidais dès lors de jouer la carte de l’honnêteté. L’intonation de ma voix se faisait douce, assurée mais pourtant anxieuse.

« Je vous en prie. Il me faut entrer. »


Soutenant son regard avec détermination, je m’assurais gain de cause, tandis qu’un soupir échappait à ses lèvres. J’inclinais très succinctement la tête, en guise de remerciement.

« Il n’y a vraiment pas de quoi… »


Reculant d’un pas, de deux, puis de trois, je parvenais finalement à me frayer un chemin. La population des lieux se faisait dense. Je n’espérais pas passer inaperçue. Ne devais pas passer inaperçue. Pas après l’entrée de cet homme qui requérait audience auprès de Maxence. Le lien devait s’établir en une aisance fracassante. L’esprit le moins vif n’aurait su passer à côté d’une telle évidence. Je ne cherchais ainsi pas à faire preuve de retenue et de discrétion, c’était perdu d’avance et une contrainte inutile. S’il me fut en tout premier lieu aisé de progresser, je devais plus en avant me confronter à une masse plus compacte. Je ne cherchais pas à entendre les murmures sur mon passage. Peut-être aurais-je pourtant dû y prêter une attention, même infime.

L’escalier emprunté par Phelim n’était qu’à quelques pas maintenant. Je jouais des coudes pour parvenir à ce but sans encombre. Plus que quelques pas encore… Une main vint à s’abattre sur mon bras, y instaurant une prise ferme. Je cessais ma progression en un soupir exaspéré, alors que je pivotais sur moi-même.


« Hé, Leo’ ! Elle ne vient pas de chez toi celle-là ! »


Le surnommé Leo quittait son assise, interpellé. Non loin de là, il se mit à rire grassement, suivi par deux ou trois comparses.

« Nop,  je te l’assure ! Je les prends plus en chair, tu devrais le savoir maintenant ! Bah ! Je peux bien faire exception. Il en faut pour tous les goûts, pas vrai ? »

« Ah ! Elle est bien au mien en tout cas ! Tu as ton premier client ! »


Quelques exclamations approuvaient en écho de part et d’autre de la pièce. Je n’avais pas de temps à perdre, opposant une résistance à cette prise.

« Je vous prierai de lâcher mon bras. »


Un regard assassin. Un ton sec et sans équivoque. Je n’étais tout bonnement pas d’humeur à jouer à ce petit jeu.

« Me prier de lâcher ? Ah ! Vous entendez ! Elle me supplie déjà ! »

« Je n’aimerai pas avoir à me répéter. »

« C’est qu’elle a du caractère ! »


Il m’attirait à lui, plaçant son visage à quelques centimètres du mien. Je soutenais son regard, sans un mot, sans ciller. Son haleine devait pourtant avoir tôt fait de me donner la nausée. Relents puissants d’alcool et de quelques mets peu envieux.  Je conservais pourtant un flegme désarmant.

« Que vas-tu donc faire contre mon… refus d’obtempérer ? Obtempérer…. Hé, hé ! Ca fait assez pompeux, non ? Ah ! Crierais-tu au secours ? Lui là-haut, peut-être ? C’est peine perdue, je crois qu’il va être occupé un moment ! »


Les paroles de trop. L’acte de trop. En un mouvement brusque, il s’emparait de ma taille, achevant de réduire l’écart. Puis un hurlement rauque. Une femme se doit bien tôt d’apprendre les quelques parties délicates des hommes. Je ne me faisais pas prier. La prise se relâchait sans compromis, alors qu’il se courbait douloureusement. Je sautais sur l’occasion pour reculer de quelques pas. Des éclats de rire retentissaient de toute part, face à la détresse de leur camarade de beuverie. Les remarques allaient également bon train.

« Ouh ! Ne tarde pas trop à les remettre en place ! »

« A les remettre en forme, surtout ! »

« Ah celle-là, tu l’as pas volée ! »

« Ben ça alors, Rey ! Nous voilà épargnés de tes bâtards, va p’t’être falloir la remercier ! »


Je vis alors l’homme se redresser, écarlate. Ni une ni deux, il parcourait en un instant les quelques pas nous séparant. Je me baissais en une flexion aisée et véloce, en guise de réflexe salutaire, alors qu’un coup était porté. S’il celui-ci m’avait de prime abord été destiné, je constatais promptement qu’il avait trouvé autre acquéreur. Le pauvre bougre (était-il vraiment à plaindre) qui s’était tenu au mauvais endroit, au mauvais moment, allait brusquement choir contre la rambarde de l’escalier.

Ce qui devait arriver ensuite relevait de l’évidence.


« Oh… »


Prenant conscience des évènements à venir, je m’écartais subitement. Les esprits échauffés devaient s’apaiser d’une manière ou d’une autre. J’avais sans réelle préméditation enclenché une escarmouche générale, qui en finissait bien tôt aux mains, de part et d’autres de la taverne. A plusieurs reprises, je manquais de me retrouver prise entre deux querelles, et me retrouvais en un rien de temps retranchée contre les murs de la taverne. Les quelques esprits assez lucides et avisés pour ne pas prendre part à cet échange furibond et infantile, se retrouvaient également rassemblés de la sorte, observant sereinement la scène, d’un œil pourtant mauvais et réprobateur. Les examinant du coin de l’œil, je discernais une lame pendant à la taille de certains, bombant le torse là où leurs bras se croisaient sur leur poitrine. Froideur immuable, impénétrable.

Je m’écartais de ces personnages singuliers, revenant à mon objectif premier. Après un nouveau cheminement pénible entre les divers protagonistes qui protestaient désormais contre l’intervention forcée du gardien de ces lieux (je crus l’apercevoir esquisser un mince sourire résigné, alors que nos regards venaient à se croiser), je parvenais finalement au pied de l’escalier. J’hésitais une fraction de seconde, curieusement mal à l’aise. Je devais en comprendre la raison, alors que nombreux regards se portaient en ma direction à l’instant même où je posais le pied sur la première marche. Les épéistes. Je progressais de quelques marches, sans les quitter une seconde. Nul autre esquisse d’intention de leur part, je finissais par m’en détourner, accélérant l’allure alors que je montais désormais les marches deux à deux.

Je ne mettais en aucune manière ce détail non sans importance de côté. Mais pour l’heure, il me fallait aller de l’avant. Je débouchais alors sur la pièce unique à l’étage. Phelim se tenait bien là, mais évidemment, il n’était pas seul. Malgré la cohue encore audible dans la pièce principale, je ne tardais pas à entendre un écho à mes pas. Jetant un coup d’œil par-dessus mon épaule, je découvrais trois de ces singuliers personnages s’arrêtant à mi-hauteur, en attente. Mais de quoi ? Les autres semblaient être restés plus bas… J’ignorais ce qu’il s’était produit durant mon périple jusqu’à cette zone, et retrouvais la scène en l’état, redoutant de n’avoir que trop tardé, prête à m'adapter et à réagir en conséquence.


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MessageSujet: Re: ♦ Une frontière bien gardée [Phelim]   ♦ Une frontière bien gardée [Phelim] EmptyVen 21 Fév 2014 - 14:40

♦ Une frontière bien gardée [Phelim] Maxenc10


La porte s'était refermée derrière Phelim, bloquant le bruit agressant des chahuts de la populace fêtant et buvant. La salle l'accueillant était d'une étrange beauté, contrastant parfaitement avec le décor sombre et insalubre de l'auberge un étage plus bas. Les planchers de bois clair étaient vernis, les murs faits de pierres polies donnant un air distingué et une baie vitrée donnant sur l'étage d'en dessous ajoutait un cachet non-feint au bureau du maître des lieux.

Maxence qui était accoté sur son bureau richement ouvragé regardait en sa direction, un air des plus neutres sur le visage. Une mascarade ?

- C'est exact, je vous cherchais.

Le chef des bandits hocha la tête lentement empreint d'une certitude nouvelle.

- Vous venez pour les chevaux, n'est-ce pas ?

- Comment pouvez-vous savoir cela ?

Maxence, qui ne semblait pas armé, s'avança vers la baie vitrée en regardant d'un œil détaché la bagarre générale sévissant dans son établissement. La lumière vacillantes des lampes illuminant l'endroit se reflétait sur son visage découvrant des traits durs et pourtant possédant une certaine douceur dans son regard émeraude. Une genre de tristesse de l'âme à la fois intuitive et intelligente.

- Si je vous le dit, cela changera-t-il quoi que ce soit à vos intentions ?

- Je ne peux pas vous le promettre.

- Soit.

Se détournant de la baie vitrée, Maxence fit face à Phelim. Il était à vingt bons pas de lui, mais ne semblait pas prendre ses distances.

- Ce n'est pas le premier aventurier qu’envoi Gribur, seigneur de Tuse à ma rencontre. Vous êtes, en fait, le quatrième à fouler ces lattes de bois. À chaque fois je leur raconte mon histoire et ils font leur choix. Je vous en ferai également part si vous le voulez, mais avant j'aimerais que votre jeune ami vienne également à nous.

Les mâchoires de Phelim se serrèrent, il ne voulait pas inclure la jeune femme dans ce qu'il s'apprêtait à faire. Un bandit beau parleur, il en avait déjà vu, et bien qu'ils sachent enjôler, ils restaient des hors-la-lois. Pour Phelim ce Maxence ne faisait pas exception et le seigneur Gribur était peut-être un homme exécrable, mais il restait détenteur de la loi dans cette ville et il ne le remettrait pas en cause.

La porte s'ouvrit révélant Elanille. Maxence satisfait reprit son histoire.

- Bonjour, ma chère. Je me suis demandé si vous alliez passer la porte de cet endroit après que votre ami ne décide de le faire. Je ne vous connais pas, mais quelque chose me dit dans votre regard que vous n'êtes pas une femme de guerre, ni même de violence. Alors, c'est certainement la loyauté qui vous a mené à suivre cet homme si sombre.

Sa voix restait calme, voir douce, ce qui rajoutait de la sincérité à ses pensées. Mais de tout cela Phelim n'entendait ni ne voyait.

- Vous aurez remarqué la pauvreté des lieux... Tuse est ainsi depuis que Gribur est au trône. C'est un homme mesquin et égoïste qui met en avant ses plaisirs personnels avant celui de tous.

- Vous avez une bien haute estime de vous pour un voleur de chevaux.

- Ne vous en déplaise, guerrier, je ne parlais pas de ma propre vision, mais de celle de Gribur et non je ne rabaisse pas pour me rehausser, ce sont des faits vérifiés que tous les villageois pourront témoigner. Gribur est un tyran.

« Oui, il est vrai que je vole chevaux, Dun'or et nourriture, mais jamais je ne vole les villageois -mes complices. La couronne est notre objectif. Nous ne faisons que redistribuer les richesses. »

- Et les autres aventuriers venus jusqu'ici, vous les avez tuer ?

Maxence resta silencieux pendant quelques secondes. Il semblait triste à nouveau, voir torturé.

- Ils ont choisi leur voie de leur plein gré. Je ne voulais pas leur faire de mal. J'ai voulu les convaincre que ma cause était juste, mais ils n'ont rien voulu entendre, ils ont voulu la violence et... je leur ai donné.

Phelim resserra sa poigne de son épée, visiblement prêt à en découdre., mais se ravisa. Il jeta un coup d’œil à Elanille.

- C'est ton choix. Je ne déciderais pas de façon juste si c'était moi. Tu dois prendre cette décision. Que fait-on de lui ?
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MessageSujet: Re: ♦ Une frontière bien gardée [Phelim]   ♦ Une frontière bien gardée [Phelim] EmptyVen 21 Fév 2014 - 18:38


« Bonjour, ma chère. Je me suis demandé si vous alliez passer la porte de cet endroit après que votre ami ne décide de le faire. Je ne vous connais pas, mais quelque chose me dit dans votre regard que vous n'êtes pas une femme de guerre, ni même de violence. Alors, c'est certainement la loyauté qui vous a mené à suivre cet homme si sombre. »


Je ne devais avoir que quelques instants pour prendre pleinement conscience de la scène, interpellée par cet inconnu. Si je laissais transparaître une parcelle d’étonnement quant à ce fait, l’homme en revanche paraissait attendre ma venue. Je maintenais un instant la porte ouverte, alors que je m’attardais sur Phelim. L’examinant avec attention, je m’assurais de son état. Cela achevé seulement, je me tournais vers Maxence qui venait à bout de ses propos, laissant la porte se refermer doucement derrière moi.

Je suivais avec attention l’échange suivant, entre les deux hommes. Pourtant, je n’intervenais en aucune manière, campant mes positions alors que je cherchais à rendre sa place à chacun. Je m’étais attendue à beaucoup de choses en passant cette porte, mais certainement pas à cela. Pas après la mésaventure au pied de cet escalier, pas après cette soirée. Nous en venions à l’aboutissement du discours, il me fallait intervenir.


« C'est ton choix. Je ne déciderais pas de façon juste si c'était moi. Tu dois prendre cette décision. Que fait-on de lui ? »


Je m’attardais à nouveau quelques secondes sur Phelim. C’était la deuxième fois en cette longue soirée qu’il se reposait sur mon opinion. Quel crédit pouvait-il apporter à mes propos, moi qui n’étais tout compte fait qu’une rencontre d’un soir. Une inconnue. Il ignorait tout de moi. De mes croyances, de ma morale. De ce que je considérais comme noble, et de ce qui m’exaspérait. Décider avec justesse.

Je n’avais pas omis de prendre en note sa main fermement cramponnée à la garde de son épée. Il paraissait prêt à réagir au besoin.

Agir en conscience. Ma conscience.


« Vous avez tué ces hommes. Mais ces hommes ont-ils jamais eu le choix ? Vous-même, qui esquissez l’ébauche d’un seigneur mesquin. Quel était le choix de ces hommes ? Mourir de vos mains, ou de celles du seigneur Gribur ? Leur avez-vous seulement laissé une chance, outre que celle d’embrasser votre cause ? »


Je quittais mon emplacement, esquissant quelques pas en direction de Maxence.

« Vous maniez le verbe avec adresse, mais sachez que notre soirée a été rude, et qu’il serait bien mal avisé de chercher à endormir notre raison. »


Dépassant Phelim, je me dressais maintenant à quelques pas à peine de l’interlocuteur, soutenant résolument son regard. Je cherchais à y discerner la moindre once de malice. La moindre micro-expression susceptible de tromper ses propres propos. Si cette proximité paraissait peu raisonnable, je restais cependant sur le qui-vive, prête à prendre mes distances. Mon visage pourtant ne laissait transparaître nulle expression susceptible de trahir une telle éventualité.

« Que ce soient les hommes parlant au nom du Seigneur, ou ceux agissant en votre nom… Nul ne me porte à reposer d’un côté ou de l’autre. Alors dites-moi… pourquoi devrions-nous prendre votre parole en considération ? Pourquoi la vôtre, plus que celle de quiconque ? Vous admettez prendre ce qui ne vous appartient en aucune manière. Cela ne rend pas plus honnêtes vos actes. Faut-il admettre votre cause pour être écarté de ces nuisances ? »


Je songeais l’espace d’un instant à Azalée, désormais entre les mains des gardes, et laissais une brève pointe d’agacement teinter la fin de ma tirade.

J’allais par la suite poser un regard accusateur sur la pièce où les esprits semblaient encore peiner à s’apaiser. Sur ces hommes encore adossés sobrement contre les murs de la taverne. De ceux-là même qui se tenaient derrière cette porte. Je songeais sans mal les gardes du seigneur postés en quelques lieux par-delà ces murs. Cette désagréable sensation d’être prise entre deux feux. Mais d’une manière ou d’une autre, à mettre la main au feu, l’on se brûle.


« Vos hommes, ou la garde de Tuse. C’est une impasse. Que proposez-vous pour en venir à bout ? »


La parole contre la parole. Les actes contre les actes. Le Recruteur m’avait laissé faire face à un dilemme qui ne devait pas vraiment en être un. Il était contre ma nature de blesser quiconque n’avait pas levé la main le premier. Je ne m’accordais pas plus le loisir de rendre ainsi une quelconque pseudo justice. Je n’avais, pour ma part, aucune peine à aller à l’encontre de cette autorité qui se permettait en toute impunité de mener à la mort quelques âmes errantes. Gribur ne m’inspirait aucune sympathie. Un homme était-il libre de sentence qui répondait à son bon plaisir sous la seule couverture de son titre ? Ce n’était pas l’idée que je me faisais d’un homme de pouvoir. De la noblesse, d'âme et d'esprit. Pour autant, je n’oubliais pas que c’était Maxence qui avait au bout du compte pris ces vies. Mais n’avions-nous pas nous même causé le trépas de certains en cette nuit ?

Pour en venir au fait, je n’accordais crédit ni à l’un, ni à l’autre, et supposais que nous ne pourrions tourner les talons ni d’un côté, ni de l’autre. Mener Maxence à Gribur ? Nous aurions sans doute tôt fait de nous opposer à ses comparses. J’attendais désormais qu’il ne s’exprime, qu’il n’expose avec plus d’arguments une potentielle issue à cette soirée sans fin. Cela n’impliquait en aucune manière que j’allais, ou non, me ranger à son point de vue. Aussi beau parleur était-il, il était temps de parler plus avant, ou de tirer les armes.


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MessageSujet: Re: ♦ Une frontière bien gardée [Phelim]   ♦ Une frontière bien gardée [Phelim] EmptyMar 25 Fév 2014 - 14:36

Le chef bandit remarqua que le guerrier de la Main rouge en train de serrer sa poignée d'épée, prêt à en découdre. Il ne pourrait le convaincre lui, mais heureusement il avait décidé de laisser choisir sa compagne du dénouement de cette conversation et elle semblait plus réceptive à l'idée de parler que d'en venir aux armes. Était-ce de par ses origines bélinoises -peuple plus civilisé que la moyenne- ou à cause de son histoire personnelle ? Maxence se le demanda un instant tandis qu'elle énonçait son premier contre-argument.

« Vous avez tué ces hommes. Mais ces hommes ont-ils jamais eu le choix ? Vous-même, qui esquissez l’ébauche d’un seigneur mesquin. Quel était le choix de ces hommes ? Mourir de vos mains, ou de celles du seigneur Gribur ? Leur avez-vous seulement laissé une chance, outre que celle d’embrasser votre cause ? »

Maxence regarda cette fois par la fenêtre à l'opposée de la vitre donnant sur la taverne. La nuit était tapie d'une nuage opaque se déplaçant lentement entre les rues et allées du village où il avait vécu toute sa vie. Chaque maison lui rappelait une anecdote, une histoire de jeunesse. Un sourire nostalgique apparu brièvement sur le coin de ses lèvres.

- Il est intéressant que vous souleviez ce point en parlant de choix. Ces hommes, ces mercenaires ont fait leur choix avant même d'entrer à Tuse. Ils ont décidé de leur mode de vie incertain se basant sur leur propre survie en échange d'or, ça vous l'avez compris je vais donc enchainer sur ce qui vous intéresse vraiment: mon châtiment.

« Oui, je leur ai donné le choix, comme je vous le donne en ce moment car je crois que, bien que les intentions de votre compagnon soit belliqueuses, vous le méritez. Tous les êtres vivants doté d'intelligence le mérite. Ces hommes qui sont entré ici n'avaient pas besoin de mon approbation pour se décider, ils ont voulu me tuer et j'ai fait ce que tous les Hommes font. Vous savez ce dont je veux parler. »


« Vous maniez le verbe avec adresse, mais sachez que notre soirée a été rude, et qu’il serait bien mal avisé de chercher à endormir notre raison. »

- Je comprend, répondit-il simplement. Cependant, je n'essaie pas de vous convaincre, je ne fais que dire ce que je crois être vrai. Libre à vous de penser ce que vous voulez de moi. Personne n'est parfait et certainement pas moi, je l'avoue, mais mes actions sont nécessaires.

Cette femme s'approchait maintenant vers Maxence, toujours près de son bureau. Elle ne semblait pas lui vouloir de mal, aussi se laissa-t-il approcher sans aucun stress ne perçant son regard.

« Que ce soient les hommes parlant au nom du Seigneur, ou ceux agissant en votre nom… Nul ne me porte à reposer d’un côté ou de l’autre. Alors dites-moi… pourquoi devrions-nous prendre votre parole en considération ? Pourquoi la vôtre, plus que celle de quiconque ? Vous admettez prendre ce qui ne vous appartient en aucune manière. Cela ne rend pas plus honnêtes vos actes. Faut-il admettre votre cause pour être écarté de ces nuisances ? »

- Je n'ai aucun homme et j'ai toujours refusé le fait d'être un chef de quoi que ce soit. Par contre, l'humain a besoin en général d'un guide, de quelqu'un qui soit capable d'endosser les responsabilités souvent trop lourdes. Quand j'ai découvert que j'avais ce ''don'' et que je devais l'utiliser si je voulais que le peuple de Tuse vive en paix, j'ai capitulé. J'ai fais de moi un dirigeant criminel capable de tout.

« Mais les représenter ne veut pas dire que je puis les contrôler. Il arrive qu'une personne échappe aux conseils que je donne: ne pas tuer, ne pas voler plus que ce qu'on a besoin, ne pas s'en prendre aux innocents... La seule chose que je puisse faire est endosser cette responsabilité aussi quitte à ce qu'on me voit comme un être vil et sans scrupule, comme votre ami. »


- La loi est la même pour tous, Maxence. Nous ne pouvons pas faire ce que nous voulons ou nous créons le chaos et cela est bien pire qu'une régence mal gérée.

- Peut-être, mais je ne peux plus voir mon peuple souffrir à cause d'un seul. Je ne peux plus voir d'enfants vivre dans les rues ni de mères se prostituer pour les nourrir ou de pères se faire battre par les intendants du seigneur pour non paiement de taxe. Alors, le choix vous appartient. Vous pouvez tenter de m'arrêter ou quitter, je ne vous en empêcherai pas. C'est le même choix que j'ai donné à tous.

Il regarda Elanille devant lui de ses yeux émeraude.

- Voyons ce que vous allez choisir.
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MessageSujet: Re: ♦ Une frontière bien gardée [Phelim]   ♦ Une frontière bien gardée [Phelim] EmptyMer 26 Fév 2014 - 6:51


J’avais laissé le silence s’installer un moment, alors que je portais mon attention sur Phelim. En bas, un certain calme semblait avoir repris le dessus. Les hurlements furieux avaient tout du moins momentanément cessé, pour laisser place à quelques conversations taquines et mouvementées. Il paraissait entendu que j’aurai encore une fois à prendre part quant à cette décision. Si cela devait me contrarier, je n’en laissais rien paraître (je ne décidais pas pour moi seule, mais prenais le risque de mettre la vie de Phelim en danger – une fois de plus – fonction de mes choix et de mes paroles). J’étais pourtant furieusement partagée par ma conscience et ma raison. Ce n’était pas un cadeau, autant l’admettre. Je croyais pourtant l’homme qui m’accompagnait assez censé pour intervenir en cas de nécessité, et pour se rallier à son bon sens à la première occasion y faisant appel. Il n’allait certainement pas se laisser abattre pour une faute que j’aurai pu commettre. C’est assurée par ces pensées que j’en revenais alors à mon interlocuteur.


« Je n’approuve pas ce que vous faites. Que vous le vouliez ou non, ces hommes qui échappent à votre prétendu bon vouloir, répondent en votre nom. Vous ne pouvez pas vous contenter d’endosser la responsabilité de leurs actes. Cela ne rendra pas à autrui ce qui a été pris. Cela n’effacera pas les mémoires, ou ne rendra la vie à ceux qui l’ont perdue en un "malheureux accident". »


Je marquais une pause, repensant aux Hommes – Félins. Je dissimulais tant bien que mal une pointe d’agacement, parlementant actuellement avec ce même homme qui probablement " endossait leurs actes ". Non, cela n’avait aucun sens, et n’apportait absolument rien. Les lois n’étaient certes pas conçues pour aller à la convenance de tout à chacun, mais elles permettaient tout du moins de cadrer un tant soit peu les choses. Certains hommes dévoués à la cause de Maxence passaient ainsi outre ces lois, sous prétexte de ce bien-fondé, et agissaient tout compte fait à leur propre bon vouloir. Que cela soit honorable, ou non, ne paraissait représenter que peu d’importance. C’était mettre une sucrerie sous le nez d’un bambin en lui expliquant que cela risquait fortement de lui gâter les dents, pour l’observer s’en emparer et la dévorer sans plus se prononcer.  Ce n’était pas une preuve de courage ou de grandeur. J’avais au contraire plutôt l’impression qu’il s’en lavait soigneusement les mains. "Faites vos propres choix, vos actes feront de vous celui que vous serez. Assumez.". Nous faisons tous ne propres choix.

« Vous ne pourrez éternellement vivre ainsi. Ce n’est pas sain. Je ne peux prendre position quant à la véracité de vos propos. Pour autant, vous me paraissez emprunter une voie délicate : un seigneur, "votre" peuple, et vous… Pourquoi ne pas quitter ces terres ? Rien ne fonctionnera jamais ainsi. Voler, menacer, prendre la vie d’autrui… Est-ce là l’exemple d’un meneur ? Est-ce là tout ce que vous pouvez apporter à ce peuple en peine ? Le chaos entraîne le chaos. Si vous n’êtes pas en mesure de rompre ce cercle, alors en quoi vos actions seraient-elles plus louables que celles du Seigneur actuellement en place ? »


A nouveau, je marquais une brève pause. Je ne portais nulle insulte, nulle provocation dans mon intonation. Bien au contraire, calme et compréhension – apparente – paraissaient mes maîtres mots. Il n’était pas nécessaire d’envenimer les choses par un ton trop tranchant et accusateur.  Mon point de vue paraissait pourtant clair, et parfaitement posé.

« Vous prétendez n’avoir jamais jusqu’alors aspiré à prendre le pouvoir. Point de vue que vous mettez à mal en vos propres termes. Néanmoins… Il est un homme qui possède le pouvoir et la loi de son côté, et un homme qui aspire désormais et d’une certaine manière a ce même pouvoir, et qui pour cela, encore selon vos propres termes, est " capable de tout ". Vous êtes sans conteste un homme censé, et savez que tôt ou tard, il faudra trancher. Que ferez-vous alors ? Jusqu’où ce " dirigeant criminel " est-il prêt à aller ? Un homme prêt à tout pour un idéal qu’il songe unique est dangereux. Tromper, trahir, tuer ? Je n’ai pas confiance en vous, Maxence, sachez-le. Cela ne saurait cependant vous empêcher de dormir, je n’en doute aucunement. »


J’esquissais un mince sourire entendu, venant adoucir la dureté de mes propos.

«  Nous ne sommes pas des mercenaires. Vous tuer dans le seul but de vous tuer ne rimerait à rien. Cependant… »


Je portais cette fois mon regard au dehors.

« La Garde est probablement par - delà ces murs à l’heure où nous conversons. Je crains fortement que ce ne soit actuellement ou votre tête, ou la nôtre. Je tiens pour ainsi dire à conserver la mienne. La sienne également. Quant à la vôtre… Si elle doit tomber, cela ne sera pas de mes mains. Pour l’heure. »


Je capitulais en ces termes, revenant à sa propre personne. Pesant l’espace d’une poignée de secondes le pour et le contre de ce que je m’apprêtais à quérir, je déclarais finalement.

« Tout comme je vous l’ai précédemment énoncé, la soirée fut pénible et rude. Nous avons besoin de repos… et de soins. »


Je portais mon poignet à hauteur de poitrine, appuyant ainsi mes propos. Cependant, et comme je l’avais mentionné précédemment, je n’avais aucune confiance en Maxence. Pour être parfaitement honnête, je le supposais encore capable de nous tomber dessus à la première occasion. La blessure de Phelim nécessitait plus de soins que je n’en requérais moi-même. Ce qui rendait sa situation plus handicapante et plus précaire. Une faiblesse potentielle. Je le laissais détenteur du bien-fondé de la dévoiler, si cela lui paraissait à propos. Je restais pourtant préoccupée par son état. Pour l’heure cependant, il ne me paraissait pas judicieux d’insister à ce propos, probablement déjà porté à connaissance de notre interlocuteur.

« Pouvez-vous nous assurer protection et repos en cette nuit ? Après quoi nous quitterons ces lieux. Ces terres ne sont pas vôtres, mais à chaque homme le loisir de choisir sa voie. Que j’approuve ou non vos actes, vous en répondrez tôt ou tard. Nous ne sommes pas vos juges, encore moins vos bourreaux. Le Seigneur Gribur possède les hommes nécessaires pour venir vous quérir à cette porte. Ce n’était certainement pas là ses intentions quant à notre venue. »


Je ne trouvais nulle excuse à cet homme qui s’attendait probablement à retrouver nos corps à l’aube. Son titre m’importait peu. Aussi haut soit-il placé. Un homme médiocre, reste un homme médiocre, aussi imposante soit son assise. Je n’étais pas sans reconnaître l’autorité imposée par une hiérarchie assurément nécessaire, mais il était à exclure de me faire plier genoux devant de tels personnages. Ce sentiment même qui permettait à Maxence de trouver un tant soit peu plus de grâce à mes yeux.  Le respect, cela se méritait.

Une pensée pourtant devait traverser mon esprit, me ramenant à d’autres préoccupations. Je me tournais vers Phelim, prenant la parole à son intention.


« Je me devrais cependant de retourner vers la demeure de cet homme, au plus tôt. Il sera alors fait acquis que nous sommes encore en vie, et que nous n’avons rien ni personne à lui mettre sous la dent. Mais la Garde reste en possession d’ Azalée. Je vous ai causé bien assez de soucis et de dérangement, vous n’êtes pas tenu de rester à mes côtés. Je ne quitterai cependant pas Tuse sans elle. »


Cela supposait évidemment que je comptais sur le fait que nous puissions prendre Maxence comme homme de parole, et que nous passions la nuit sans encombre. Cela supposait par ailleurs et par-dessus tout que la jument passe la nuit saine et sauve… Je doutais fortement qu’ils ne prennent soin de la panser et d’assainir sa blessure. Je doutais plus encore qu’ils ne prennent la patience de dompter son caractère tempétueux. Dès lors, je redoutais par avance de ne pas la retrouver en vie.

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MessageSujet: Re: ♦ Une frontière bien gardée [Phelim]   ♦ Une frontière bien gardée [Phelim] EmptyDim 2 Mar 2014 - 12:05


Maxence voyait bien que la jeune femme semblait troublée. Elle semblait être du genre à poser le pour et le contre de chaque action qu'elle soit petite ou grande. Comme lui. Il restait donc patient devant l'attente qu'encourait ce jugement. Si Maxence était aussi bon orateur, il y avait une raison. Il se rappela les deux Tiefflins, deux frères, qui étaient venu cogner à sa porte comme Phelim et Elanille.  Ils ne parlaient pas bien le langage humain, mais il avait cru comprendre qu'ils étaient ''obligés'' d'en venir aux armes contre lui pour gagner leur liberté et quitter Tuse. Il n'avait pas pu les raisonner et il avait du se défendre contre eux, même s'il savaient qu'eux ne voulaient pas vraiment se battre que s'il le faisait c'était pour leur frère respectifs. Gribur avait cette fâcheuse manie de vous prendre ce que vous avez de plus cher pour ensuite vous obliger à faire ses multiples caprices qui se révélaient faire partie d'un seul objectif, le tuer, lui.

L'argumentaire de la jeune femme continua, mais cette fois le chef de la rébellion de Tuse ne répondit pas. Il attendait le dénouement de cette logique qui allait en une solution. Que pouvez-vous m'offrir qui puisse m'aider à pencher en votre faveur ou du moins à vous faire confiance.

« Pouvez-vous nous assurer protection et repos en cette nuit ? Après quoi nous quitterons ces lieux. Ces terres ne sont pas vôtres, mais à chaque homme le loisir de choisir sa voie. Que j’approuve ou non vos actes, vous en répondrez tôt ou tard. Nous ne sommes pas vos juges, encore moins vos bourreaux. Le Seigneur Gribur possède les hommes nécessaires pour venir vous quérir à cette porte. Ce n’était certainement pas là ses intentions quant à notre venue. »

Il manquait un élément à cette interrogation. Il y manquait la chose que Gribur avait ravi à cette femme. La chose qui l'empêchait de partir à part les blessures de Phelim et les siennes. La femme se retourna vers le guerrier en tunique rouge.

« Je me devrais cependant de retourner vers la demeure de cet homme, au plus tôt. Il sera alors fait acquis que nous sommes encore en vie, et que nous n’avons rien ni personne à lui mettre sous la dent. Mais la Garde reste en possession d’ Azalée. Je vous ai causé bien assez de soucis et de dérangement, vous n’êtes pas tenu de rester à mes côtés. Je ne quitterai cependant pas Tuse sans elle. »

Phelim semblait aussi penseur. Comment reprendre le cheval à un groupe d'hommes bien armés à eux-seuls ?

- Vous n'aurez à y aller, clama calmement Maxence.

Un sourire arborait maintenant sur son visage. Il semblait voir un avantage dans ce conflit qui les divisait.

- Vous avez oublié que j'étais spécialiser dans le vol de chevaux. Les villageois vous feront sortir de la ville pendant que j'irai chercher Azalée. Je vous la ramènerai après coup. Pour vos blessure, je peux vous donner ceci.

Il alla derrière son bureau et ouvrit l'un des tiroirs. Elanille aurait sentir Phelim se crisper prêt à dégainer sa hache pour la lancer sur Maxence si celui-ci venait à leur pointer une arme à distance. Mais il n'en fut rien. Il revint vers le groupe, une bourse en cuir dans la main.

- L'un de vous s'y connait-il en plantes ?

Il regarda pendant une bref instant Phelim, puis s'arrêta sur la jeune femme.

- Vous, oui, dit-il avec certitude. Appliquez ces herbes séchés sur la plaie et imbibée-là d'un linge mouillée. C'est une cataplante, quelque chose de très rare. Vous savez que je ne mens pas.

Il se retourna vers Phelim.

- C'est maintenant à vous de décider. Acceptez-vous mon aide ?

L'indécision du guerrier était palpable, mais après quelques instants il répondit.

- Que devons-nous faire ?

- Gari !

Un homme passa la porte. C'était l'un des deux fier-à-bras ayant suivit Elanille.

- Oui ?

- Emmène-les au tunnel. Ils doivent quitter la ville.

- Pas de problème. Allez, les amoureux, suivez-moi.

Avant qu'ils ne quittent, Maxence attrapa doucement le bras d'Elanille. Son regard émeraude était maintenant solennel.

- Je vous rattrape avec Azalée. Attendez-moi près des portes d'entrée. Je suis désolé que vous ayez été mêlée à tout cela. Si aujourd'hui je réussi je sais que cela ne pardonnera pas mes précédent gestes, mais au moins je sais que j'aurai essayé de suivre le chemin de la rédemption.
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MessageSujet: Re: ♦ Une frontière bien gardée [Phelim]   ♦ Une frontière bien gardée [Phelim] EmptyDim 2 Mar 2014 - 18:17


« Vous n'aurez à y aller. »


Je pivotais vers Maxence, interpellée par sa remarque.

« Vous avez oublié que j'étais spécialisé dans le vol de chevaux. Les villageois vous feront sortir de la ville pendant que j'irai chercher Azalée. Je vous la ramènerai après coup. Pour vos blessures, je peux vous donner ceci. »


L’oublier ? Voilà bien une drôle de supposition. Il m’aurait été en l’état peu aisé d’oublier un pareil détail. Etait-il vraiment nécessaire de rappeler une nouvelle fois que je n’accordais que peu de crédit à cet homme, et qu’en soit, je ne comptais aucunement sur un quelconque service de sa part ? Je ne le pensais pas. Aussi, je ne répliquais en aucune manière, conservant ces remarques derrière le scellé de mes lèvres. Alors qu’il venait à bout de ses propos, je l’observais avec attention faire le tour de son bureau, paraissant en quête de quelque bien. Revenant à nous, une bourse de cuir en main, il s’arrêta un instant sur ma personne.

Quelques paroles, et je m’emparais du contenant mis à ma disposition. Je l’ouvrais succinctement, m’assurant de son contenu. Je me décidais cependant à en faire un examen plus poussé avant usage. D’ici là, je refermais soigneusement la bourse et la rangeais à mon côté, cerclé par mes propres plantes, alors que j’inclinais doucement la tête à l’attention de Maxence. Ce dernier se détournait vers Phelim.

Tous paraissaient maintenant arrivés en un accord. Phelim compris. Gagner un tunnel censé nous mener en dehors de Tuse. Là, nous retrouverions Maxence, et Azalée. C'était admettre sa parole, et attarder cette nuit plus encore. La chose pourtant entendue, nous nous apprêtions alors à quitter ces lieux, en compagnie de Gari, notre guide en cette escapade – je ne prenais pas la peine de relever ses propos. Sentant alors une main se refermer avec prudence sur mon bras, je m’arrêtais en mon élan et me tournais vers Maxence, le questionnant du regard.


« Je vous rattrape avec Azalée. Attendez-moi près des portes d'entrée. Je suis désolé que vous ayez été mêlée à tout cela. Si aujourd'hui je réussi je sais que cela ne pardonnera pas mes précédent gestes, mais au moins je sais que j'aurai essayé de suivre le chemin de la rédemption. »


Je ne cherchais pas à me soustraire à sa prise, l’observant avec une attention toute nouvelle. Finalement, je hochais la tête.

« Entendu… Nous vous attendrons… Tâchez de ne pas vous faire tuer d'ici là. »


Puis tournant les talons, je me dirigeais vers la porte tenue ouverte par le nommé Gari.

« Si la demoiselle veut bien se donner la peine. »


Ton sarcastique. Sourire marqué. Je lui lançais en retour un regard lourd de sens, alors que je prenais les devants tout en m’assurant que Phelim allait à ma suite. Gari fermait la marche. Descendant les marches une à une, je portais mon attention sur la salle principale, quittée quelques instants plus tôt. Mêmes protagonistes, même ambiance qu’à mon arrivée. Parvenue au bas de l’escalier, je marquais un instant d’arrêt, alors que les regards se portaient en notre direction.

« Eh ! Reyan, r’voilà ta promise ! Gare à tes… »


Je braquais mon regard en direction de l’imprudent qui ne parvenait pas au bout de ses propos, alors qu’il portait tour à tour son attention sur le Recruteur, et sur notre guide. Nulle autre réplique ne devait dès lors échapper à quiconque, tandis que curieux étaient ceux qui suivaient notre progression ; il ne devait pas être commun en ces temps de voir quiconque redescendre de là-haut en l’état.

Je m’arrêtais à la porte principale, inclinant doucement la tête à l’intention du Gardien, un mince sourire effleurant mes lèvres. Ce dernier s’écartant, j’invitais Gari à prendre les devants, en un mouvement discret de la main. "Politesse" rendue sous le prétexte de nous ouvrir la voie, je m’assurais par-dessus tout de ne pas être en première cible en cas de présence de la Garde. Mes intentions claires, l’homme prit les devants en un grognement morose, alors qu’il passait prudemment l’encadrement.

Le tunnel se trouvait sur le mur ouest de l’établissement. Une petite entrée s’apparentant à quelque débarras souterrain ordinaire. La ruelle était sombre et étroite, ne laissant nulle lueur s’y insinuer. Le brume encore omniprésente nous accordait une certaine discrétion alors que nous passions d’une entrée à l’autre. Parvenu à destination, il descellait une porte menant sur un petit escalier.


« Par ici… »


Pénétrant en avant, il disparaissait par-delà la pénombre. Un instant d’hésitation, et j’allais à sa suite, alors qu’une vive lueur embrasait soudainement le souterrain, dévoilant une petite pièce encombrée de choses et d’autres. Plissant les yeux le temps nécessaire à l’accoutumance, je me plaçais en un coin alors qu’il lançait à l’attention de Phelim :

« Refermez bien derrière vous. »


Puis je le vis entamer un curieux manège, alors qu’il déplaçait ici et là quelques brics et quelques brocs, nous poussant à nous déplacer à plusieurs reprises alors que la poussière se soulevait abondement. Je toussais à quelques reprises avant de placer le revers de ma main contre mon visage, sans grand arrangement. Finalement, une ouverture basse se dévoilait dans le mur, forçant l’usager à se baisser avant de retrouver un couloir étriqué, mais à hauteur d’homme.

« Peut-être souhaitez-vous prendre les devants ? »


Il avait pivoté vers Phelim, dévoilant en un sourire exagéré quelques dents gâtées et noircies. Ce petit manège aurait su s’éterniser - à qui passerait le premier. S’éterniser, oui, mais pas en ce tunnel, où ne pouvait progresser qu’une personne après l’autre.

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MessageSujet: Re: ♦ Une frontière bien gardée [Phelim]   ♦ Une frontière bien gardée [Phelim] EmptyJeu 6 Mar 2014 - 18:39

Phelim ne savait plus vraiment quoi penser de ce Maxence alors qu'il s'adressait à son amie un peu prise au dépourvu. Après ce bref échange le groupe entreprit de quitter l'établissement sous les regards incrédules des fidèles. Ce Gari irritait le Recruteur qui réprimait son impatience se disant qu'ils seraient tous deux libres sous peu, filant enfin vers Varak.

Le fameux passage secret se révéla être un tunnel restreint caché derrière la pierre d’une petite pièce située à l’ouest de la petite ville. Une fois la poussière retombée, leur guide usa une fois de trop de son ton stupide et arrogant alors qu’il leur demandait d’entrer dans la cavité. Le guerrier le poussa brutalement en lui lançant un regard intimidateur puis il fit gentiment signe à Elanille de passer la première.

-Vous, Gari, retournez donc auprès de votre chef, nous saurons nous débrouiller. Adieu.

Suite à cette recommandation qui se voulait aussi brève qu’éloquente, il patienta quelques instants puis pénétra à son tour dans ledit tunnel lorsque son amie lui cria que la voix était libre. Une fine poussière le fit tousser à maintes reprises lorsqu’il nettoya sommairement ses vêtements de nouveau au côté de son amie.

- La dernière ligne droite je présume, bientôt tout ceci ne sera plus qu’un mauvais souvenir. Je compte bien vous escorter jusqu’à la capitale, si vous n’y voyez pas d’inconvénient.  Allons-y ma chère, allons-y.

Sur ce le duo poursuivi sa route longeant la paroi terreuse et humide jusqu’à apercevoir une seconde ouverture recouverte d’une simple planche. Sur ses gardes, Phelim la retira prudemment laissant peu à peu entrer l’air frais. De l’autre côté, il pouvait entrevoir la forêt silencieuse baignant dans la brume près de l’entrée principale de Tuse comme leur avait expliqué le voleur de chevaux. Jusque-là du moins il avait tenu parole.

Après s’être extirpé du trou, il offrit sa main à l’herboriste qui lui offrit également la sienne. Ils étaient finalement parvenu à quitter cette fichue ville d’escrocs en un seul morceau et sans effusion de sang, cela arrivait rarement à Phelim qui regrettait presque de ne pas avoir fait payer ce vantard de seigneur. Quelques secondes plus tard, ils virent apparaître Azalée en compagnie de Maxence lui-même ainsi que de la monture du Recruteur.

- Voilà, aventuriers, comme promis. Je dois dire que votre intervention a su me faire réfléchir et qu’à l’avenir mes méthodes changeront. Ce n’est pas par la violence et la peur que nous rendrons Tuse à son peuple, je le sais à présent. Même si mes intentions ont toujours été nobles, j’étais loin du compte. Je vous remercie, sincèrement. Puisse votre route être sans encombre désormais. Adieu les amis.

Il échangea un bref regard avec Elanille puis disparu en silence par les portes qui ne semblaient étrangement pas gardées. Peu importait désormais, un voyage d’un jour et demi les attendait à présent. Son amie et complice de fortune se mit en selle et le duo disparu rapidement sous la lueur timide d’une nuit sans lune.

[..]

Épuisés mais en vie les compagnons avaient atteint Varak où ils s'apprêtaient à se dire au revoir. Étrangement le guerrier qui commençait à apprécier la demoiselle se sentit déçu un bref instant. Puis il se ravisa et lui sourit amicalement en lui tendant une fois de plus sa main.

- Je suis heureux d'avoir fait votre rencontre malgré les circonstances l'entourant. Si vous avez besoin de moi, vous me trouverez au quartier général de la Main rouge au centre de la ville, tout le monde sait où il se trouve. Et voici quelques pièces pour vous remercier de votre courage et de votre implication. Je vous souhaite de trouvez ce que vous êtes venue chercher. Au revoir, Elanille.

Lentement il lui tourna le dos et disparu dans la foule avec son cheval gis la laissant un peu démunie dans cette nouvelle et immense cité.

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MessageSujet: Re: ♦ Une frontière bien gardée [Phelim]   ♦ Une frontière bien gardée [Phelim] EmptySam 8 Mar 2014 - 4:38


Parole tenue…

Nous parcourions les quelques mètres nous séparant encore de l’extérieur de Tuse ; de ce qui devait l’être, tout du moins. Parvenus à l’extrémité du tunnel, Phelim reprenait les devants. M’emparant de sa main tendue, je me hissais à sa suite, retrouvant avec bonheur l’air nocturne. La brume était encore présente, pesante. Pour autant, nous avions bel et bien atteint notre but.

La suite devait se présenter alors que Maxence venait à notre rencontre, comme convenu. En son côté gauche, Azalée, et sur sa droite, le cheval du Recruteur. A notre vue, la jument devait bien tôt se soustraire à son guide temporaire, parcourant les quelques pas restant au galop. Lui adressant un mince sourire alors que je glissais la paume de ma main sur son encolure, j’écopais en retour d’un coup de museau dans le dos. C’était plus ou moins de bonne guerre.

Maxence devait bien tôt prendre la parole. Je l’écoutais avec grande attention, pourtant assurée sur les bonnes intentions ne faisaient pas uniquement les bons hommes. Je n’intervenais, ni ne répliquais pour autant. Mon point de vue avait clairement été exposé, il n’était pas nécessaire d’en rajouter. Peut-être mon cheminement, tôt ou tard, me permettrait de revenir en sa rencontre, mais pour l’heure, nous devions reprendre la route. Remerciant Maxence, je le saluais et lui adressais un mince sourire avant de monter en selle, non sans peine, bien tôt imitée par Phelim qui devrait encore quelques temps supporter sa plaie. J’adressais un coup d’œil entendu à ce dernier, puis me mettais en route à sa suite.



(¯`·.¸¸.·´¯`·.¸¸.->


Nous passions les portes de Varak ; aboutissement d’un parcours semé d’embuches. Là devaient se séparer nos chemins, car déjà, il prenait la parole en ce sens. Aussi, je portais mon attention à lui, non sans surprise.

« Je suis heureux d'avoir fait votre rencontre malgré les circonstances l'entourant. Si vous avez besoin de moi, vous me trouverez au quartier général de la Main rouge au centre de la ville, tout le monde sait où il se trouve.


Bien, il était donc fait acquis que j’allais devoir prendre en main la suite des évènements. Le repos ne s’annonçait pas immédiat. Glissant ma main dans la sienne, j’inclinais doucement la tête et lui adressais un mince sourire. Franc, reconnaissant.

« J’en suis également bien heureuse. Merci encore pour votre bienveillance. »


Portant mon attention sur la sacoche pendue à mon côté, j’en extirpais aussitôt une petite bourse de cuir ; celle-là même confiée par Maxence, pour preuve de sa bonne volonté. Une seconde de plus, et je la déposais au creux de sa main. Sans aucun doute serait-il avec grand soin pris en charge en son quartier général, mais cela saurait lui être utile en d’autres temps.

« N’oubliez pas ceci, ces herbes vous reviennent. Prenez bien soin de vous. »

« Et voici quelques pièces pour vous remercier de votre courage et de votre implication. Je vous souhaite de trouver ce que vous êtes venue chercher. Au revoir, Elanille. »


Cette fois-ci pourtant, je ne devais pas avoir le temps de protester, qu’il disparaissait instamment parmi les nombreuses âmes errantes. Restant interdite, je considérais cependant la chose plus raisonnable de ranger les quelques pièces à l'abri des regards indiscrets. Courage, implication… De bien grands mots qui ne méritaient en aucun cas rémunération.


« Au revoir, Phelim. »


Ainsi ce parcours s'achevait. Je restais perplexe, l’espace d’un instant. Revenant pourtant bien tôt à la raison, je me décidais à aller à la rencontre de ces lieux nouveaux.

Mettant désormais pied à terre, je me mêlais aux passants, aventuriers et commerçants qui erraient sereinement parmi les rues et ruelles, non sans rester sur le qui-vive. La fatigue jouant grandement avec mes nerfs, il devenait impératif de trouver quelconque lieu de repos. La jument allant à mes côtés ne me paraissait que trop calme. Pour autant, la soirée devait poindre sans que je n’en prenne réellement conscience.

Prenant alors conseil auprès de quelques passants, je parvenais finalement au pied d’un établissement où, m’assurait-on, il faisait bon d’être. Quelques chevaux reposaient en une écurie voisine : ma destination première. Un jeune homme vint à me rencontre, m’assurant que bons soins seraient apportés à ma monture. Me priant de régler ma dette à l’auberge, je le saluais et me rendais par la suite en ce lieu même. Le tenancier se tenait au cœur de la pièce principale. Deux ou trois tables permettaient encore d’accueillir quelques protagonistes, tandis que les autres s’animaient de grandes conversations. Adressant un simple regard de ci, de là, je me frayais un chemin et m’accoudais au comptoir.

« Bonsoir. Je souhaiterai vous louer une chambre pour la nuit, ainsi que m’acquitter de la garde de ma monture. »

« Bonsoir Mademoiselle. Bien entendu. Un repas, avec tout ceci ? »

« De quoi manger à l’aube demain, simplement… »

« Très bien ! »


Je laissais quelques pièces sur le comptoir, bien tôt amassée par l’aubergiste. Lui adressant un mince sourire, je le remerciais et, m’emparant de la clé de ma chambre, m’empressais de retrouver ma couche. Je ne prêtais que peu d’attention à l’agencement de la pièce. Scellant la porte derrière moi, je déposais mon équipement et me laissais lourdement retomber sur la couverture soigneusement déposée sur un matelas – que j’espérais propre. Je ne devais pas tarder à sombrer dans les bras d’un sommeil trouble et mouvementé.

Quelques heures à peine, et je m’éveillais sur un hurlement déchirant. Etait-ce moi, qui avais crié ? Me redressant promptement, je portais mon attention sur la petite pièce, mon regard allant de droite à gauche en un mouvement circulaire. Si je ne devais premièrement pas m’alarmer, je discernais soudainement à la pâle lueur mourante d’une bougie posée sur une petite table, une Ombre imposante. Proche de l’encadrement de la porte, je bondissais et repoussant draps et couverture, je me postais dans le coin opposé.

« Qui est là ? »


Nulle réponse. Sans quitter l’emplacement de vue, je m’emparais de la maigre source de lumière encore présente. Redoutant dès lors que mes yeux ne m’aient joué quelconque tour, je m’approchais de la source de ma frayeur nocturne. Rien. Je ne trouvais là rien d’autre qu’un mur, encadrant une porte. Abaissant ma garde, je soupirais. Par acquis de conscience, cependant, je m’en allais m’assurer que la porte était bien scellée. Apposant une force sur la poignée, je tirais la porte vers moi, m’attendant à y trouver une résistance naturelle. Je me souvenais parfaitement avoir scellé cette porte. Pour autant, il n’en fut rien. La porte s’ouvrit sur le couloir, en un grincement sonore. Je restais quelques instants interdite, avant de passer ma tête par l’entrebâillement de porte. Le couloir paraissait désert. Nulle âme qui vive à l’horizon. Outre mes yeux, la fatigue devait également me jouer des tours. Ma mémoire devait être erronée.

Refermant la porte sur un nouveau grincement, je m’assurais cette fois de sceller les trois verrous. Deux en hauteur, le dernier au bas de la porte.

M’emparant de la petite lame que je conservais le plus clair du temps à mon côté, je la déposais en compagnie de la bougie qui mourut à l’instant même où elle se reposait sur la table. Peu importe. Je retrouvais le chaleur des draps, décidée à terminer ma nuit. J’avais besoin de repos, assurément. Néanmoins, je ne devais plus parvenir à trouver le sommeil cette nuit là.


(¯`·.¸¸.·´¯`·.¸¸.->


Alors que les premiers rayons passaient par delà les panneaux de bois rabattus contre la fenêtre, je quittais mes draps. J’avais au cours de la nuit, et faute de trouver le repos, pris soin de me dévêtir. M’accordant une brève mais nécessaire toilette, je me parais à nouveau de tous mes biens : vêtements, besace, arc, carquois. Quelques objets perdus en route, cependant. Je ne m’en formalisais guère plus que de raison. Ma couche proprement arrangée, je quittais désormais la pièce, me rendant dans la salle principale.

Saluant le tenancier, je lui commandais un repas matinal. Lui épargnant la course jusqu’à ma table, je patientais au comptoir. Le repas remis en mains, j’allais alors seulement m’attabler. Mon estomac criant famine, je ne tardais pas à venir à bout de mon assiette. Je m’accordais cependant ce temps de pause pour repenser aux évènements de ces derniers jours. Les Hommes Félins, Tuse et sa Garde, le Seigneur Gribur, Maxence… Et bien entendu, l’intervention de Phelim en tout ceci. Si ce dernier était sans aucun doute au fait de ma reconnaissance, je doutais pouvoir un jour lui rendre la pareille. Les continents étaient étendus, les rencontres fortuites. Chassant cette idée de mon esprit, j’en venais par la suite à l’incident de cette nuit. Bien que raisonnée, je restais troublée… Cette Ombre me préoccupait sans que je ne parvienne à en comprendre le pourquoi. Passant le bout de mon index sur ma tempe, je me poussais à la réflexion. Soudainement, ce fut le déclic : Tuse. J’avais aperçu une Ombre similaire à quelques reprises dans les ruelles de Tuse, par-delà la brume.

Non, c’était improbable. Une Ombre n’était rien de plus qu’une ombre. Un excès de fatigue, tout au plus. Ces dernières heures avaient été éprouvantes, et je reconnaissais bien volontiers ne plus être en pleine possession de mes moyens.

Soudain, un homme vint à pousser la porte de l’auberge. Paraissant avoir couru, je reconnaissais là le jeune homme ayant pris bon soin de ma jument la veille au soir. Je fronçais les sourcils, alors qu’il me faisait signe. Me levant séance tenante, je me pressais à ses côtés, l’invitant à prendre parole.

« Qu’y a-t-il ? »


Mettant un certain temps, mais un temps certain, à trouver ses mots, je laissais quelques marques d’impatience transparaître.

« C’est… votre jument. Je crois qu’elle est malade… »


Sans en attendre davantage, je me précipitais au dehors. Direction, l’écurie. Le jeune homme m’emboitait le pas, visiblement embarrassé tout autant qu’il était désemparé. Bien tôt, je retrouvais Azalée ; la pauvre créature reposait à terre, en sueur. Je m’accroupissais à ses côtés, posant la paume de ma main contre sa chair. Je la sentais tremblante, le regard vitreux.

« Depuis combien de temps est-elle dans cet état ? »

« La fièvre est survenue subitement… puis elle s’est effondrée… Je suis venu vous quérir sur le champ… »

« Vous avez bien fait, je vous remercie… »


Je me tournais à nouveau vers la jument. Mon attention devait bien tôt se porter sur sa plaie, sans nul doute infectée. Le jeune homme se tenait à mes côtés, impuissant. Je ne devais pas bien longtemps le laisser en cette impuissance.

« Je vous en prie, trouvez-moi de l’eau bouillie, du savon, et une couverture… »


J’avais été bien sotte. Comment avais-je pu la laisser ainsi, et croire que tout allait bien aller. Rien n’allait jamais bien, en ce genre d’espoirs. Je n’avais pourtant pas besoin de prier plus avant le pauvre garçon qui se pressait à aller quérir les quelques bien que je lui commandais. Les minutes s’écoulèrent ainsi en une attente interminable. Je pressais mon front contre l’encolure d’Azalée, la paume de ma main contre sa poitrine. Je suivais le rythme de son cœur, sa respiration irrégulière.

Un pas de course claquant contre l’allée, alors que le jeune homme revenait jusqu’à nous, bras chargés. Je m’emparais aussitôt de l’eau encore chaude, sans être brûlante, et du savon. Entreprenant alors de nettoyer la plaie avec soin, je l’interrogeais soudainement. Je le sentais excessivement nerveux, sa pleine attention portée sur la blessure ouverte.

« Comment te nommes-tu ? »


Quittant non sans surprise sa torpeur, il mit un certain temps avant de parvenir à articuler clairement les quelques syllabes composant son prénom.  

« Poda… Podapien. »


Je haussais les sourcils.

« Podapien, hmm ? Un prénom bien curieux, et peu commun… Eh bien ! Podapien, je suis heureuse de faire ta connaissance. Je me prénomme Elanille. Dis-moi, sais-tu où trouver une herboristerie en ces lieux ? »

« Bien entendu ! Ma mère… ma mère tient une herboristerie ! »

« Ta mère, vraiment ? Oh, intéressant… Je te demanderai, si tu le veux bien, de m’indiquer le chemin jusqu’à elle en temps et en heure. »


Du coin de l’œil, je le vis hocher fièrement la tête alors que je lui adressais un mince sourire. Son attention désormais détournée et la plaie parfaitement nettoyée, je l’invitais à placer la couverture sur la jument. De taille humaine, elle ne la recouvrait pas entièrement. C’était cependant cela, ou rien. Mieux que rien, en soit. Laissant la paume de ma main repasser en plusieurs reprises sur son encolure, démêlant distraitement quelques nœuds présents en sa crinière, je me décidais finalement à me redresser, détournant mon regard de l’animal. Ne laissant en aucune manière transparaître mon angoisse pourtant bien présente, je reportais mon attention sur le jeune garçon.


« Les heures à venir seront décisives. Je m’en vais de ce pas quérir de quoi faire tomber la température… Garde un œil sur elle, s’il te plait. Je reviens vite. »


De la sauge. De la sauge pour faire tomber la fièvre. Cela fonctionnait tout du moins pour les humains, il ne restait plus qu’à espérer que cela fonctionne également pour les chevaux. Le jeune Podapien m’ayant indiqué le chemin jusqu’à l’herboristerie, je m’y rendais alors d’un pas assuré, et prompt. Je parvenais bien heureusement à destination sans me perdre au cœur des ruelles pourtant nombreuses. Poussant la porte de l’échoppe, je trouvais derrière un petit comptoir une femme d’une soixantaine d’années. Une douce odeur parvenait jusqu’à moi, issue de quelques plantes exposées en vrac en un bocal de terre cuite.

Je me présentais à la commerçante. Si elle parut intéressée alors que je mentionnais le prénom de son enfant, son visage devait s’illuminer alors que je mentionnais le nom d’Helen. Sans surprise et fort préoccupée, je m’empressais d’en venir aux faits.


« Elanille ! J’ai beaucoup entendu parler de toi ! Je suis heureuse de te rencontrer enfin ! Comment va le commerce à Bélin ? Ton voyage s’est-il passé sans encombre ? »

« Et bien… La route a été quelque peu mouvementée, mais me voici… Quant au commerce… Helen est alitée depuis quelques temps maintenant, nous manquions de ressources premières… »

« Oh ! Je suis navrée… Que puis-je alors pour toi ? »

« Pour l’heure… Ma jument est blessée. Sa plaie s’est infectée, sa température a grandement augmentée et j’aurai besoin… »

« … de sauge. Je m’en vais te trouver ça. »

« Merci… »



(¯`·.¸¸.·´¯`·.¸¸.->


Je m’éveillais le jour suivant en une demeure modeste. Lurielle, l’herboriste, s’était portée garante de mon repos, sur les prières de son garçonnet.  La veille et après avoir fait infuser la sauge, je l’avais administrée à ma jument, avant de passer de nombreuses heures à ses côtés. Sa température avait alors baissée courant soirée. Si je la pensais dès lors sortie de tout danger, il était à exclure de reprendre la route sans une certaine convalescence. Je prendrais ce temps acquis pour marchander avec la commerçante, avant de ne pouvoir tout compte fait retourner sur mes pas, en direction de la capitale qui m’avait vu naître.



[SUJET TERMINE]




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