Malärk avançait dans les méandres des marécages tandis que l'eau sombre lui arrivait jusqu'aux genoux. Chacun de ses pas lui demandait une force supérieur à la normale tandis que les moustiques profitaient de la peau nu de l'Orc pour s'y abreuver. Décidément, il haïssait cet endroit qui était silencieux, dont le temps ne semblait pas s'écouler normalement et dont l'humidité était insupportable.
Mais son Chef l'avait chargé de partir vers le Sud en tant qu'Emissaire pour préparer le terrain pour les siens qui arriveraient prochainement avec une autre forme de dialogue si il échouait. Lui qui était à moitié Pieds-visqueux désirait faire de son mieux pour éviter que la situation termine en bain de sang et c'était la raison pour laquelle il avait accepté avec honneur.

Pour l'heure, il n'avait qu'un rôle à tenir : Trouver le Passeur. Cet Orc qui connait ces marais comme lui même connaissait son corps était sa seule chance d'arriver vivant auprès des Pieds-visqueux. Et encore, il avait entendu dire que cet Orc était dur en affaire et que ses clients disparaissaient régulièrement mais lui était un Orc et Malärk ne se laisserait jamais faire. Il gronda lourdement lorsqu'il sentit un poisson lui passer entre les jambes.
Finalement, il arriva enfin sur les berges de la terre ferme tout en sachant avec morosité qu'elle ne durerait pas longtemps. Les racines des arbres se nouaient entre elles partout autour de l'Intrus qui les observait en s'avançant en avant, les pas lourds. C'est alors qu'il sentit quelque chose craqueler sous ses pieds.
Des os, de nombreux os parsemaient le sol sec ici et là, des restes d'armures, de vêtements étaient nettement visibles sur ces squelettes tandis que Malärk serrait son étrange masse faites d'os entre ses mains en grognant et observant les alentours. Qu'est-ce que cela pouvait vouloir dire ?

Kolk'rar se rendait tout les jours à l'endroit où il enterrait les restes de ce qu'il mangeait... Ce jour-là, il apercevait un orc s'avançant dans les eaux boueuses et remplies de sangsues... Cet orc était verdâtre et avait les pieds presque comme ceux des Pieds-visqueux, mais, contrairement à ce que pourrait croire ceux qui n'ont pas l'habitude des orcs, c'était un étranger... Il n'avait rien d'un pur Pieds-visqueux.
Qu'est-ce qu'il pouvait bien faire ici ?

Kolk'rar suivit l'orc depuis la berge pendant quelques centaines de mètres avant de se hâter à rentrer à sa hutte.
Il empoigna sa cape en tissu sombre, sa lance et son masque en forme de crâne et se mit à courir vers l'endroit où il se trouvait...
Après quelques recherches, il retrouva finalement l'orc qui avait rejoint la rive et qui s'enfonçait dans le marais.
Alors, le Passeur traversa les eaux boueuses pour rejoindre également l'autre rive... Il retira quelques bestioles qui s'étaient accrochées à ses jambes.
Kolk'rar le suivait du regard de loin... L'étranger failli trébucher sur des racines, et marchait d'un pas lourd. Il s'arrêta finalement à l'endroit où Kolk'rar les restes de ce qu'il mangeait. Les os de toutes sortes qui dépassaient du sol craquelèrent sous les pieds de l'étranger. Celui ci poussa un grognement d'étonnement avant d'empoigner de façon ferme sa masse. Il commença à guetter les alentours, prêt à en découdre si quelque chose l'attaquait.

Au fond de ses pensées, Kolk'rar se dit que c'était peut-être le bon moment pour apparaître. L'étranger semblait se demander ce qu'était ces nombreux os jonchant le sol et dépassant de la terre ainsi que les restes de vêtements et d'armures.

Le Passeur enfila finalement sa cape en tissu sombre qui recouvra tout le corps et ne laissait dépasser que les gants en cuir... Il mit ensuite son masque en forme de crâne et se servit de sa lance comme bâton de marche.
Il commença à s'avancer vers l'étranger d'un pas lent, mais celui-ci ne put voir la silhouette qui s'approcha dans l'obscurité du marais.
Quand l'étranger avait le dos tourné, Kolk'rar accélérait le pas pour y arriver plus vite.
Finalement, il dit quelque chose alors que l'étranger avait le dos tourné.

"Que cherches-tu, intrus ?"

L'étranger, surpris, empoigna sa masse et se mit en garde, prêt à attaquer si jamais il le fallait.
Kolk'rar fit de même, il se mit en position de garde, la pointe de la lance, aiguisée récemment, en avant.

"Je répète... Que cherches-tu, intrus ?"

L'étranger poussa un lourd grognement.

Malärk observait les alentours tandis qu'il était aux aguets, ses sens affûtés lui hurlaient qu'un danger approchait de lui mais il ne l'entendit que lorsque une créature portant un masque, tandis qu'une cape cachait son corps, parla. Malärk se retourna rapidement bondissant plus en arrière tandis qu'il se mettait en garde, détaillant rapidement l'arrivant.
Un masque fait d'un crâne, une cape...Malärk connaissait les Marais, il savait qui se tenait devant lui malgré le fait qu'il ne l'avait encore jamais rencontré. Sa mission allait enfin commencer et tandis qu'il se redressait, il gronda vers le Passeur.

"-Passeur, je cherche les tiens, leur village. Guides moi jusqu'à celui-ci et tu seras récompensé en conséquent."

Son Chef lui avait donné de quoi payer le Passeur ainsi que les vivres de son voyage, confiant quant à la réussite, Malärk restait droit et ne cessait d'observer le Passeur, après tout, celui-ci était presque une légende pour les siens. Les crânes qui jongeaient le sol observait le Voyageur de leurs orbites vides, le visage osseux moqueur tandis que le Passeur avançait vers l'Orc, lui qui n'avait pas baissé sa garde.
Malärk sentait que quelque n'allait pas dans cette rencontre, il fronça les sourcils tandis que les Marécages les entouraient, inertes comme si le temps s'était figé pour eux, les eaux stagnantes et boueuses les encerclant.

"-Je viens au nom du Chef de mon Clan, Passeur, il désire prendre contacte avec les tiens pour préparer une guerre contre les Royaumes Nains. Le temps presse, guides moi aux tiens."

Kolk'rar haussa un sourcil.
Il se mit à tourner autours de l'orc... Lance pointée vers lui...


"Te rends-tu compte de ce que tu dis étranger, tu veux vraiment chercher la mort ?"

"Ce que j'ai à dire à ton clan est plus important que tout, Passeur."

Il écarquilla son oeil sous son masque en forme de crâne.

"Important ? Qu'est-ce qu'il y a de si important qui puisse déranger se fou de Garog'vil ?"

Les deux orcs gardèrent tout deux armes sorties.

"Je le dirais si tu acceptes de me conduire auprès des Pieds-visqueux."

Kolk'rar fronça les sourcils. Ça ne lui plaisait pas forcément de conduire quelqu'un auprès de son clan, et surtout auprès de ce Chaman...
Kolkrar se disait dans sa tête: "Et puis, tant pis pour lui si il mourrait, non ?"

"HA ! Tu connais mes tarifs, étranger ?"

"Tu auras ceci quand je serais au village !"

Le Passeur poussa un petit grognement d'insatisfaction. L'étranger grogna également à son tour, il semblait ne pas vouloir perdre son temps.
Kolk'rar se mit à tourner autours de l'étranger avec la lance toujours pointée en sa direction.

"Ça ne me plaît pas du tout, orc..."

Le Passeur abaissa sa lance et reposa le bout à ses pieds.

Les marais étaient les seuls témoins de cette scène tandis que l'eau venaient glisser le long de la mince bande de terre ferme sur laquelle les Orcs se tenaient, Malärk ne cessait de serrer sa masse tandis qu'il sentait que le résultat de cette rencontre serait capitale pour lui, comme pour son Clan. Lorsque l'Orc posa finalement la pointe de sa lance sur le sol, l'Orc parla :

"-J'étais de ce Clan, je connais ton histoire, Passeur. Tu hais les Nains, tu en portes le crâne, ne le nie pas. Mon Chef est actuellement en train de rassembler une armée plus puissante, plus grande, que les Orcs n'en ont jamais vue."

Malärk avança alors tandis qu'il observait le Passeur en notant sa réaction avant de tourner son regard vers les sombres marais, ceux-ci ne bougeaient pas, aucuns sons ne s'en échappaient à part celui sans fin des moustiques. Le temps s'était figé, il ne savait combien de minutes étaient déjà passé puis il se tourna vers l'Orc à nouveau.

"-Cette Armée marchera sur les royaumes Nains, nous les vaincrons et nous les plierons devant nous. Notre prix ? Tu auras l'occasion de te venger, de dévorer le chair des Nains autant que tu le voudras, jusqu'à en crever si tu le désires ! Si tu refuses de me conduire aux tiens alors je partirais sur le champs."

Malärk releva sa masse, la déposant sur ses épaules robustes tandis qu'il se grattait le menton en ne quittant pas des yeux le Passeur. Il était réellement un colosse tandis que son armure de cuirs flottaient sur son corps musclés.

"-Cependant, mon Chef reviendra de lui même cette fois. Point avec un Émissaire mais avec une armée réunissant les Orcs qui vivent de l'autre côté de vos marais. Il trouvera les terres de ton clan même si il doit brûler tout les marais, avec toi y comprit. Et ne songe même pas à me tuer, ma mort n'y changerait rien. Il viendrait. Il est le Tigre, il ne lâche jamais ses proies. Mais si tu me conduits aux tiens, tu auras le paiement promis, les tiens auront une place dans notre armée, ils auront la place qu'ils méritent. Cela n'est-il pas plus intelligent qu'une stupide guerre ?"

Ainsi, dans les ténèbres de ces Marais qui ne changeaient jamais, tandis que le silence pesait sur les deux Orcs, Malärk observa le Passeur en quête d'une réponse, jugeant de sa réaction tandis qu'il était prêt à se battre si jamais il devait en arriver là...

Kolk'rar observa l'étranger de son seul oeil...

"Fais ton choix, Passeur."

Il venait de recevoir une menace de mort de la part de l'étranger, il ne pouvait pas rester immobile sans rien faire !
Le Passeur se déplaçait autours de l'étranger, l'air menaçant... Mais il n'attaquait pas... Il se contenta de patauger dans la vase.

Le Clan n'aimait pas trop les étrangers. La plupart du temps, ils passaient à la casserole sans même qu'ils aient à parler.
Kolk'rar se demanda si ça changerait quelque chose le fait qu'il soit un orc.

Il s'arrêta brusquement.

"Une menace de mort ?"

Kolk'rar fit les cents pas en se grattant frénétiquement le menton.

"Le Chaman est trop renfermé sur sa tribu. Il ne fait qu'attendre le Rassembleur... Tu passeras par la casserole et tu seras dévorer avant que tu puisses parler... Ta peau sera arrachée et pelée. Tu pers ton temps étranger, il ne te recevra pas."

Kolk'rar sourit sous son masque, attendant avec impatience la réponse de l'autre orc.
L'étranger se mit à grogner... Kolk'rar empoigna sa lance et la pointa vers l'orc de peur qu'il attaque.

Le marais était horriblement silencieux... Plus aucun bruit d'insecte ou d'animal ne put être entendu... Juste les paroles des deux orcs et le bruit de leurs déplacements dans la vase.

Malärk gronda devant le comportement du Passeur, que lui voulait-il donc ? Il ne désirait que payer et arriver chez les Pieds-visqueux. Le reste lui importait peu, il avait une mission qu'il réussirait ou il mourrait en s'y essayant.

"-Je me fiche de ce que tu penses de ce Chaman, ce n'est pas avec toi que j'ai à marchander hormis le prix de mon passage. Mènes moi à eux, tu seras payé."

Malärk balança sa masse de haut en bas dans un geste impatient tandis que le silence environnant de l'aider pas à se détendre. Son regard glissait d'arbres en arbres, cherchant à s'orienter dans ces Marais sans fins mais il ne voyait aucunes pistes, aucunes traces d'un Camps. Décidément, il fallait que cet Orc soit le seul à pouvoir le guider.

"-Quant aux menaces de morts, à toi de voir ce que tu désires. Tu auras le choix de ton camps, pour l'heure il n'en est pas encore question. Il est temps de parler, pas de tuer. Mais nous perdons du temps, Passeur, me mèneras-tu aux tiens en échange de paiement ou vas-tu faire fourbons à ton devoir ?"

[HRP: Ça se passe je sais pas quand du coup. Sans doute dans le passé]

"Ça ne me plaît pas... Pas du tout... Tant pis, je t'aurais prévenu. Tu seras tué une fois au village par le Chaman. Et ton chef se fera déchiqueter les entrailles par les créatures du marais quand il viendra."

Le Passeur ôte lentement son masque, le visage devenu totalement neutre... L'émissaire sachant qui il est, ça reste inutile. Sa capuche continue d'assombrir son visage.
Il fit les cents pas puis abaissa sa lance.

"Tu peux encore abandonner, orc. Si tu désires traverser les marais, suis moi. Si non, va t-en."

Kolk'rar finit par se retourner et s'enfoncer dans la pénombre du marais, utilisant sa lance comme bâton de marche dans la vase.

"-Si les Chamans me tuent, mon Chef en sera rapidement au courant et n'hésitera pas à entrer en guerre. Il n'est pas du genre à...proposer deux fois sa chance."

Malärk soupira doucement en avisant l'étrange orc qui se découvrait, le Passeur était comme une légende pour les alentours, un être presque mystique mais qui, finalement, lui semblait tout aussi mortel que lui. Lorsqu'il lui proposa d'abandonner, le Dissident secoua son visage avant de commencer à suivre dans les marais l'orc qui y avançait bien plus facilement que lui avec ses pieds palmés. Malärk devait tirer ses jambes à chacun de ses pas, la vase les aspirant alors que des "choses" glissaient entre ses jambes. Maudit endroit.

"-Si tu connaissais mon Chef, tu le penserais pas se faire déchiqueter par la faune de ces marais. A vrai dire, si il rentre en guerre, ces marais seront les premiers à disparaître avant les tiens."

S'appuyant sur sa massue, Malärk cherchait à ne pas ralentir son guide, ni à le perdre de vue dans ces marais épais et humide. Oui, il savait bien ce que son Chef serait capable de faire et il craignait que cela n'arrive. Une telle guerre signerait la fin d'une part de leur peuple mais il savait également que son Chef voulait l'éviter. Barh...Il n'était pas devin, l'avenir lui gardait des secrets.

Kolk'rar ralentit la cadence pour que l'orc puisse le suivre. Il enjambe une racine dépassant du sol, tourne à droite et continue son chemin.
Les deux orcs finirent par arriver vers une étendue marécageuse plutôt plate obscurcie par des centaines d'arbres.
Kolk'rar empoigna sa lance et la planta devant lui. Celle-ci semblait s'enfoncer profondément devant lui.

"Mmrf..."

Il finit par tirer un bon coup sur sa lance pour la reprendre, puis il se tourne vers l'émissaire. La lance était couverte d'eau boueuse.

"Nous arrivons vers une étendue de bourbe. Suis moi de très très près car si tu as le malheur de tomber dedans, tu risques de ne pas t'en sortir et d'avoir une mort lente et très douloureuse."

Le Passeur contempla l'étendue du regard, chercha quelque chose du regard puis pointa du doigt un squelette à moitié sorti du sol en signe d'avertissement.
Il sourit, se retourna puis fit mine de contourner cette étendue.
Mälark était prudent et donc il obéissait.



Au bout de quelques heures de marche, rythmée par une concentration plutôt forte d'insectes en tout genre, les deux orcs arrivèrent près d'une rivière profonde. Une sorte de barque semblait attachée et cachée quelques mètres plus loin à un piquet sous les feuilles d'un arbre.
Le Passeur se dirigea vers cet endroit, remit son masque et fit signe de grimper dans l'embarcation. Une fois Mälark à l'intérieur, il grimpe à son tour à l'arrière de l'embarcation, se baisse, prit une rame de fortune et entama un chant tout en ramant.
La rivière semblait plutôt calme et le silence régnait depuis de nombreuses heures dans le marais.

Ils glissaient lentement sur les eaux stagnantes du marais, Malärk écoutait le chant du Passeur tandis qu'il observait les environs, découvrant de nouveaux paysages. Les heures passèrent, il était à moitié en train de dormir, le chant était agréable et l'humidité des environs l'avaient épuisé mais...il ne devait pas baisser sa garde. Ce passeur, il ne lui faisait pas confiance.

"-Que penses-tu de ton clan, Passeur ?"

Malärk posa ses yeux sur l'Orc, l'avisant quelques instants. On disait beaucoup de chose sur lui mais beaucoup réstaient vagues sur son sujet. Parler lui permettait également de ne pas fermer les yeux et de s'endormir.

"Que penses-tu de ton clan, Passeur ?"

Kolk'rar s'arrêta de chanter d'un seul coup, il continua à ramer pendant de longues minutes silencieuses, incapable de sortir un mot.
L'émissaire finit par répéter sa question, lentement.

"Alors ? Que penses-tu de ton clan, Passeur ?"

Le Passeur grogna un moment, puis ricana.

"Ha ! Tu en poses des question pour quelqu'un dont la vie est entre mes griffes, étranger."

"Comme tu voudras..."


La rivière semblait interminable, tandis que la nature sauvage des alentours du marais devenait de plus en plus dense, tellement dense que l'obscurité était presque omniprésente.
La végétation de la rivière semblait également devenir de plus en plus présente.
Le Passeur éloigna quelques moustiques utilisant les orcs comme source de nourriture et dit.

"C'est presque la fin de cette rivière. "

Néanmoins, des mouvements dans l'eau attira l'attention du voyageur tandis que le Passeur chercha un endroit où débarquer.
Les mouvements semblait chercher un endroit, tournant autours de la barque.
Kolk'rar arrêta de ramer. Les mouvements s'arrêtèrent pile devant l'embarcation, devant l'émissaire.

"Att..."

Quelque chose bondit de l'eau dans un immense jet d'eau sale et boueuse. Quelque chose de poilu possédant des cornes, des ailes et des tâches, on aurait dit un lynx.
L'étrange créature sorti du "geyser" bondit et tenta d'attraper Mälark avec sa gueule.