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 ♣ Une Aube Nouvelle [Eva - TERMINE]

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MessageSujet: ♣ Une Aube Nouvelle [Eva - TERMINE]   ♣ Une Aube Nouvelle [Eva - TERMINE] EmptyJeu 27 Fév 2014 - 5:24

J’ai vu passer dans mon rêve
Tel l’ouragan sur la grève,
D’une main tenant un glaive
Et de l’autre un sablier,
Ce cavalier


(…)


Et montrait d’un air de gloire
Un torse d’ombre et d’ivoire,
Tandis que dans la nuit noire
Luisaient en des cris stridents
Trente-deux dents.

Paul Verlaine









Je ne comptais plus les jours qui me séparaient de mes terres. J’avais atteint la capitale depuis maintenant une semaine, jour pour jour. Céréna, parente de Lianne, me permettait de conserver point de repos en ces terres inconnues. Tout comme Lianne m’avait prise sous son aile à Varak, Céréna se préoccupait de mon confort à Bélin. Nous n’avions pour autant que peu de choses en commun, et avions épuisé tout potentiel sujet de conversation au deuxième jour.

Je descellais en ce jour mes paupières sur une aube naissante. Nouveau temps, nouvelles tâches, tandis que les rues de la capitale se paraient dès lors aux couleurs de ces marchands ambulants, de ces nomades audacieux et téméraires. Je quittais en peine ma couche, gagnant aussitôt la salle d’eau. Céréna était une hôte bienveillante et attentionnée. De l’eau chaude, des vêtements propres. Je ne parvenais pas encore à prendre habitude de pareille considération.

Je quittais la demeure, fraîche et disposée. La robe que je portais possédait de longues manches évasées, dissimulant deux des trois anneaux qui me ramenaient à ma condition. Le dernier – et non le moindre – restait exposé, et m’attirait ici et là quelques regards soupçonneux, tandis que les maillons s’entrechoquant rythmaient mes pas. Je progressais en ces terres, optant pour les ruelles peu fréquentées, plutôt que pour les allées mouvementées.

La veille au soir, Céréna m’avait fait mention d’un homme, potentiellement en mesure de me venir en aide quant à ma quête première. Adhémar. Un pisteur, disait-elle. Si là représentait ma seule et unique chance de retrouver mon père, je ne pouvais me permettre de la laisser passer. Je me rendais donc à la demeure de cet homme, d’un pas prudent et pourtant assuré.

Parvenue à destination, je frappais doucement à la lourde porte de bois. Lorsque celle-ci s’ouvrit, je reculais d’un pas, puis de deux. L’homme qui se tenait face à moi devait avoisiner le mètre soixante-dix. Cheveux grisonnants, visage marqué par un âge mûr et carrure imposante.


« A… Adhémar ? »

« Qui le demande ? »

« Je me prénomme... Danaelle. Céréna m’a parlé de vous, et je… »

« Ah ! Céréna ! Entre donc, et dis-moi ce que je peux faire pour toi. »


Je hochais doucement la tête, pénétrant avec force prudence en cette demeure. La porte se scellait derrière moi, laissant place à la pénombre ambiante. A chaque fenêtre, quelques lattes de bois repoussaient la lumière du jour. Un frisson parcourant mon échine, Adhémar m’invitait à m’assoir à la lueur d’une chandelle mourante. A sa demande, je lui contais mon parcours, et les raisons de ma venue en ces lieux. Je le discernais hochant la tête de temps à autre, sans jamais faire mine de m’interrompre. Si je parlais des cavaliers et de mon père disparu, j’omettais en contrepartie de faire mention de ma captivité.

Alors que je parvenais au bout de mon récit, le silence devait prendre place. L’homme paraissait m’observer avec une attention toute particulière. Soudain, je le vis esquisser un sourire victorieux.


« Oh ! Pas vraiment humaine, hein ? »


Je ne comprenais pas ce que cette remarque venait faire là, hors propos. Aussi, je laissais quelques marques soucieuses prendre place, tandis que je paraissais prête à bondir à la moindre alerte.

« On se calme, je ne te veux aucun mal. Bien, bien. Concernant ta demande… J’ai besoin d’un peu de temps. Reviens demain, même heure. Je t’attendrais. »


Sur ces propos, il se levait, et dans un même élan, m’ouvrait la porte sans plus de procès. Interdite, je passais promptement l’encadrement. Il n’était pas nécessaire de me prier davantage.

« Et n’oublie pas : même heure, demain. Ne sois pas en retard. »


Je hochais doucement la tête, sceptique, et tournais les talons alors que la porte se scellait à nouveau sur mon passage. Que penser quant à ce curieux personnage ? Céréna paraissait lui porter crédit… Le meilleur moyen de savoir ce qu’il en était résidait en cette seconde entrevue. Je me devrais de m’armer de patience d’ici là.




J’arpentais les rues depuis quelques heures maintenant. Je discernais, non sans étonnement, les premières ombres dansantes d’une soirée naissante. Mon estomac vide devait alors bien tôt me rappeler à l’ordre. Je prenais alors la direction de la Goule Souriante. Nom curieux pour une auberge. La tenancière, Mme Tomberlak, était pourtant une femme charmante. Contre quelques services (ménage, rangement, courses…) en temps nécessaires, elle me permettait de prendre un repas tous les deux jours. Le reste du temps, je mangeais avec Céréna, ou je ne mangeais pas, autre qu’un morceau de pain sec. Cela ne me chagrinait en aucune manière.

Je passais la porte de l’établissement. Comme chaque soir, l’endroit débordait d’activité. Les conversations allaient bon train, et le ton devait se porter haut pour se faire entendre. Je me frayais tant bien que mal un chemin jusqu’au comptoir.

« Bonsoir, Madame Tomberlak. »


Bien que fort occupée, la tenancière vint à m’adresser un large sourire, venant à moi.

« Bonsoir Danaelle, désires-tu manger ? »

« S’il vous plait, oui… »

« Je t’en prie, vas t’asseoir, je t’apporterai cela au plus vite. »


Je la remerciais d’un sourire chaleureux, alors que je quittais le comptoir pour trouver une place parmi la foule. Je cherchais un temps, alors que tous paraissaient s'amasser autour des dernières places à portée.

« Eh ! Viens donc t’asseoir avec nous ! »


Je tournais la tête, interpellée. L’homme qui avait pris la parole se tenait sur ma gauche, installé à une table en compagnie de deux de ses compagnons. Je le remerciais prudemment, mais secouais aussitôt la tête en guise d’opposition. A peine avais-je tourné les talons, qu’une main rencontrait la mienne, me ramenant sur mes pas, brusque et sans ménagement.

« J’insiste. »  


Le ton était sec et sans appel. M’extirpant pourtant à cette prise, je secouais à nouveau la tête.

« Moi de même. Non. Merci. »


L’homme se dressait alors de toute sa hauteur, me faisant face. Son attention se portait un instant à mon cou. Récupérant ma main, il soulevait la manche, découvrant les liens.

« Ho. Ho. Quelque chose me dit que la Demoiselle ne devrait pas être ici. Ton maître me récompenserait-il grassement si je te ramenais à lui ? »


Je restais interdite, l’espace d’une seconde. Sans aucun doute me prenait-il pour une esclave en fuite. Admettons que les apparences portaient aisément en cette conclusion.

« Ou peut-être que je vais te garder pour moi. Qu’en pensez-vous ? »


L’homme se mit à rire, imité par ses compagnons. Puis il revint à moi.

« Bien. Maintenant, d’ici à ce que je me sois décidé, sois mignonne, et assied toi sans faire d’histoires. »


Faire des histoires. C’était peut-être bien là ma seule issue. Aussi pleine soit l’auberge, nul ne paraissait se préoccuper outre mesure de mon sort. Et pour cause ! Rien ne laissait présager à celui qui ne prêtait pas pleinement attention à la conversation que j’étais en peine. J’aurais pu protester fortement… courir… m’échapper, simplement. Quelque chose pourtant me tenait là. Je n’avais que trop tardé, alors que l’homme se postait à quelques centimètres de moi. Je sentais une pointe - une larme, probablement - rencontrer ma chair en simple avertissement, alors qu’il venait murmurer quelques mots à mon oreille.

« Sans faire d’histoires, je t’ai demandé. »


Je cédais, prenant place à contre coeur.


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Eva Sombracier
Marcheur de tonnerre
Marcheur de tonnerre
Eva Sombracier
Âge : 35
Philosophie : Égalitaire
Divinité(s) : Revoran & Phélemée
Faction ou Clan : Au service de la Norpalie

Attributs
Races: Norpalien
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Adage: Les Hommes de bien ne meurent pas, ils se transforment en espoir
MessageSujet: Re: ♣ Une Aube Nouvelle [Eva - TERMINE]   ♣ Une Aube Nouvelle [Eva - TERMINE] EmptyJeu 27 Fév 2014 - 14:01



Jewuina 27 de Dan 16ème année de l'ère du second souffle

Le froid, enfin. Jamais je n'aurais cru être si ravie de revoir la neige, Varakir avait vraisemblablement bouleversé jusqu'à mon âme. Ce pays était vaste et ses dunes de sables infinies n'aidait en rien.Tout ceci me démontrait à quel point j'aimais ma terre natale et combien j'étais physiquement constituée pour affronter ses rigueurs. Peut-être que mon père avait vu juste finalement et que ce voyage en terre des mages et philosophes saurait m'apprendre à mieux me connaître.

Certes l'art du combat m'avait appris le contrôle, la précision et une certaine forme de sagesse, mais la vie de soldat n'est en est vraiment une que si on connait la valeur de notre existence et pas que sa nécessité. Mon instinct, je devais le nourrir d'improbable et d'inconnu et ce loin de chez moi. Là où je me rendais, je ne connaissais que ce les racontars du sud m'avaient laissé entrevoir.

Beaucoup de mes hommes souhaitaient se joindre à moi pour me seconder dans ce périple, mais je préférais prendre la route en solitaire. Si je devais partir pour parfaire ce que j'étais, pour décupler ma force d'esprit et mon courage, pour apprendre à connaître les autres peuples, je me devais de le faire seule.

Blancrin marchait tout près de moi avec sa fidélité et sa fouge habituelles. Jamais nous n'avions chevauché si loin ensemble et cela nous avait beaucoup rapproché. Je caressai ses flancs teintés de gris et sa crinière pâle au passage tandis qu'il me rendait la pareil d'un coup de nez sympathique sur mon épaule gauche. Je ne cessais d'être estomaquée par l'ampleur et l'aura lumineux que dégageaient la grande Hydrasil. Nous n'étions plus très loin, je pouvais apercevoir la porte principale, les remparts impressionnants ainsi que les nombreux gardes scintillants qui déambulaient et veillaient.

Nombreux étaient ceux qui allaient et venaient, mais on remarqua toutefois ma présence assez rapidement. Un homme se saisi des guides de ma monture tandis qu'un autre retirait son heaume pour s'adresser à moi.  Ce qu'il fit après un bref examen de ma balafre puis de mes atouts féminins. Je le regardais incrédule, un sourcil levé et l'air fort peu impressionnée.

- Bienvenue madame, Norpalienne n'est-ce pas? Bref, qu'est-ce qui vous amène dans notre humble cité?

- Je viens approfondir mes connaissances du vaste monde, rien de bien extravagant. Je ne compte rester que quelques jours puis je reprendrai la route, simplement. Cela vous convient-il?

- Bien entendu. Vous trouverez gîte et couvert à la Goule souriante au nord-ouest de la grande place près de l'Académie. Bon séjour en Hydrasil madame.

Je retrouvai Blancrin ainsi que notre cadence familière alors que la ville se dévoilait à nous dans toute sa splendeur. Les Bélinois semblaient aussi être de fins connaisseurs en matière d'équipement militaire. Outre l'armement de défense, de magnifiques statues représentant des chevaliers gardiens surplombaient les allées et longeaient les escaliers. Le pavé était de qualité et la végétation très présente. Fermant les yeux, je m'imprégnai de l'odeur de cette deuxième ville d'importance que je visitais.

...

Ce fut fort simple de localiser ladite auberge. J'avais laissé mon compagnon aux bons soins d'un palefrenier à proximité et il était temps pour moi de me reposer aussi. L'ambiance à l'intérieur était certes chaleureuse mais bruyante et je supportais mal le raffut de la populace ivre.  

Rapidement je demandai un repas chaud à la tenancière naine puis je trouvai une place libre près du mur du fond. Cela me convenait amplement, personne derrière et une vue dégagée devant. Ma nature me poussait à parer à toute éventualité c'est pourquoi j'avais dissimulé une épée courte le long de ma jambe sous une des couches de cuir de mon armure légère.

Une heure passa ainsi que deux ou trois choppes d'hydromel bien chaud avant qu'une scène en particulier n'attire mon attention. Laissant de côté ma solitude et ma passivité, je m'approchai du sombre imbécile qui menaçait une frêle demoiselle de sa vieille dague sans que personne ne remarque quoi que ce soit. Feignaient-ils donc tous de ne rien voir?  D'un mouvement fluide et précis, je le désarmai tout en me saisissant de son bras pour le ramener dans son dos lui arrachant un cri de douleur mais surtout de surprise.

- Il y a de ces choses qui me mettent en rogne et ton arrogance et ta lâcheté en font partie, misérable, dis-je la mâchoire serrée et les nerfs à vif.

Je resserrai mon emprise l’obligeant du fait même à s'agenouiller aux pieds de sa victime quelque peu ahurie. Un silence inconfortable régnait désormais dans la salle. Les deux comparses de l'individu se levèrent me toisant du haut de leur insignifiance. Mon visage en disait long sur mes intentions et ma détermination, ils quittèrent donc la salle sans demander leur reste. Je forçai l'agresseur à affronter le regard de la demoiselle.

- Je n'ai pas de pitié pour les rats de ton espèce, demande pardon sans quoi je te brise le bras très lentement, compris? Allez!!

Il s'exécuta et je relâchai mon étreinte avant de lui cracher à la figure. Plus aucun homme croisant ma route ne sortirait indemne s'il osait s'en prendre à plus faible que lui sous mes yeux. Replaçant de façon sommaire ma chevelure, mon attention se porta ensuite sur la demoiselle intrigante qui devait avoir à peine quelques années de moins que moi. Mon regard se fit bienveillant alors que je lui faisais signe de prendre place à ma table.

Je l'étudiais avec respect tentant tant bien que mal de découvrir ce qu'elle pouvait bien avoir de si mystérieux et sauvage à la fois. Elle dégageait une énergie craintive et semblait prompte à réagir à tout moment, mais pourquoi? Fuyait-elle? Et ces bracelets, et ce collier de métal, tout ça n'était pas là pour faire joli.

En apparence on aurait dit une humaine, mais lorsqu'elle avait affiché un bref sourire, j'avais pu remarqué des canines pointues. Ses yeux craintifs et brillants, d'une couleur dorée changeante, charmaient d'une certaine façon. Ils me rappelaient ceux d'un grand lynx blanc prisonnier d'un piège que j'avais jadis libéré, par Revoran, qu'il était paniqué. J'espérais sans doute lui inspirer la même confiance qu'à cette bête à l'époque.

Son allure en soi était différente, jolie et empreinte de jeunesse et de fragilité, mais peu commune. J'eus une pensée pour mon amie Ariana qui possédait la même grâce, la même douceur. Elle au moins était désormais heureuse loin de notre enfance de malheur...Jamais je n'avais regretté le jour de ma fuite car ce jour fut celui où nous gagnâmes notre liberté tout en assurant celle de plusieurs autres jeunes femmes.

Le regard fixe, j'étais de nouveau au cœur de mes pensées, en train de broyer une fois de plus cet espoir déchu qui me faisait vivre autant qu'il me faisait souffrir. Devant moi l'inconnue s'impatientait puisque je ne disais mot et me le fit savoir d'un raclement de gorge timide.

- Oh pardon je...

- Voilà ma jolie, et n'hésite pas si tu as encore faim! Je vais aussi m'assurer que cet imbécile heureux ne remette pas ses sales pattes de porc en ces lieux de si tôt!

Quant à moi, elle se contenta de m'adresser un hochement de tête reconnaissant avant de retourner derrière son comptoir. Ma compagne de table regarda la nourriture appétissante sans pour autant toucher une miette, se contentant d'essayer de dissimuler ses anneaux métalliques sous les manches amples de sa robe.

- Ne t'en fais pas,  tes bracelets ne m'intéressent pas. J'espère qu'il ne t'a pas trop secoué...Arrh ce fichu lâche... Je suis Eva Sombracier. Tu excuseras mes manières, je n'ai pas l'habitude de socialiser outre mesure alors...Bref, quel est ton nom ma chère? Et...Pourquoi personne ne t'a retiré ses entraves? ajoutai-je à mi voix, juste au cas.

Mon ton se voulait sincère et compréhensif, mais ma curiosité était bien plus grande. J'avais très hâte d'entendre se qu'elle avait à me dire...

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MessageSujet: Re: ♣ Une Aube Nouvelle [Eva - TERMINE]   ♣ Une Aube Nouvelle [Eva - TERMINE] EmptyJeu 27 Fév 2014 - 18:39



Encore incertaine quant aux minutes qui allaient suivre, je ne devais certainement pas m’attendre à ce dénouement. Un claquement sec alors que la lame allait choir sur le sol. Puis, un hurlement. Douleur, ébahissement puis consternation. Les évènements s’étaient enchaînés en une cadence soutenue. Cela ne s’était joué qu’à peu de choses. Pourtant tant à la fois.

« Il y a de ces choses qui me mettent en rogne et ton arrogance et ta lâcheté en font partie, misérable. »


L’homme posait genoux à terre. Pour ma part, je restais encore l’espace d’un instant interdite alors que mon attention se portait machinalement vers la jeune femme nouvellement arrivée. Je n’avais jusqu’alors pas remarqué sa présence en ces lieux. Pour autant, elle devait dès à présent être remarquée par tous. Considérant que l’occasion se présentait de prendre quelque peu de recul, je me redressais et esquissais un pas en arrière. Appréhendant la scène sous un angle nouveau, je passais tour à tour de l’homme à terre, à cette impénétrable inconnue, sans piper mot.

La jeune femme s’adressait avec assurance, d’un ton sec et sans réplique. J’étais indécise quant à la démarche à suivre. Le comportement de cette Norpalienne me paraissait fort rude. Pour autant, je ne pouvais qu’admettre son intervention comme tombée à point nommé. Peu importe le cheminement emprunté, les trois hommes avaient au bout du compte quitté ces murs, sans quémander leur reste. Je n’osais seulement soupçonner la frustration engendrée, et mettais un point d’honneur à ne pas croiser leur route d’aussi tôt.

Mon attention se reposait alors sur la jeune femme, me conviant à prendre place à ses côtés. Quelque peu désorientée par les divers évènements, je mis un certain temps avant d’esquisser le premier pas en avant. Quelques secondes de plus, et je prenais place alors que les conversations reprenaient peu à peu alentours. Conservant un mutisme obstiné, je posais mes mains sur mes genoux, liant mes doigts de telle sorte qu’il ne fut plus possible de discerner mes anneaux sans se courber.  Cette manœuvre ne devait pas passer inaperçue.

Les secondes s’écoulèrent ainsi. Une minute, puis deux. Je n’osais prendre parole, pourtant fort mal à l’aise face à cet examen qui prenait place. Nerveuse, le teint rosée que je présentais naturellement paraissait virer au pourpre, alors que mon regard se portait alentours. L’auberge avait bel et bien retrouvé son rythme habituel. Les conversations allaient à nouveau bon train, tant et si bien qu’il était à nouveau peu aisé de s’entendre sans élever la voix. Je n’avais cependant pas pour habitude de hausser le ton, plutôt discrète. Par ailleurs, mes propos ne concernaient nulle autre que la principale intéressée. Mais pour l’heure, j’attirais finalement son attention par un raclement de gorge a peine perceptible. Timide. Cela devait pourtant parvenir à ses fins, alors qu’elle prenait la parole… aussitôt interrompue par l’arrivée de la Tenancière.

Je parvenais à esquisser un mince sourire à l’attention de Mme Tomberlak, tandis que cette dernière déposait le diner sur la table, tout en m’assurant que cet homme – source du dérangement en son établissement – n’aurait sans aucun doute plus l’occasion de remettre le couvert d’aussi tôt. Je la remerciais en un murmure, inclinant doucement la tête. D’une certaine manière, sa présence était un réconfort. Alors qu’elle tournait les talons, je portais mon regard sur mon assiette, quelque peu embarrassée. La faim qui me tenaillait lors de mon arrivée au sein de l’auberge n’était plus. Bien au contraire. Le repas, pourtant généreux et sans aucun doute délicieux, me donnait pour l’heure la nausée. Je repoussais très légèrement l’assiette, désireuse d’en éloigner un tant soit peu l’odeur qui en émanait. C’était peine perdue, l’odeur était ambiante. Je tentais alors de me concentrer sur d’autres préoccupations. Eva devait prendre la parole juste à temps. J’en revenais alors à elle.


« - Ne t'en fais pas,  tes bracelets ne m'intéressent pas. J'espère qu'il ne t'a pas trop secoué...Arrh ce fichu lâche... Je suis Eva Sombracier. Tu excuseras mes manières, je n'ai pas l'habitude de socialiser outre mesure alors...Bref, quel est ton nom ma chère ? Et...Pourquoi personne ne t'a retiré ces entraves ? »


Eva Sombracier. Une jeune femme aux cheveux bruns, retombant en souplesse dans le bas de son dos. Une carrure féminine, mais pourtant robuste. Le teint pâle, un charisme certain émanant de sa personne. Je me devais bien tôt de prendre en compte qu’il était mot d’ordre d’aller à l’essentiel, sans passer par quatre chemins. Quelque peu brusquée, derrière une bienveillance pourtant apparente, je me mettais alors en quête du meilleur énoncé, écartant de mes propos ce qui n’avait pas lieu d’être en ce premier entretien. Mon ton restait bas, il lui faudrait tendre l’oreille.

« Je… Je me prénomme Danaelle… et je vous remercie pour votre intervention… »


Je marquais une pause, alors que je repassais mes mains par-dessus la table. Un tremblement tout juste perceptible paraissait les mouvoir involontaire. Aussitôt constaté, aussi tôt j’inspirais avec calme et profondeur, y mettant un terme. Je remontais alors mes manches au-dessus des deux anneaux qui y étaient dissimulés, préparant ainsi la suite de me propos. Cette question m’avait été posée à de nombreuses reprises. Ceux qui y trouvaient réponses se comptaient sur les doigts des mains. J’avais une dette envers elle, aussi, je me décidais à satisfaire au mieux sa curiosité.

« Car nul n’est parvenu à les faire céder… »


Et pour cause : nulle serrure, nulle faille. L’anneau ne paraissait posséder ni commencement, ni fin. Une énigme. Epais, parfaitement lisse… Fort à parier que nul n’en viendrait à bout par la Force, le Feu, ou le Fer. Sans doute était-il nécessaire de retrouver la Source… ou peut-être existait-il un autre moyen… Allez savoir. Là était tout le mystère. Un mystère parmi tant d’autres.

« Je n’étais pas consciente au moment de leur pose… Je ne sais comment… C’est… Assez compliqué. »


Assez compliqué…. Excuse bateau, maintes et maintes fois mise sous la dent de quelques curieux malins. Je ne désirais aucunement la froisser, et avais machinalement opté pour l’issue la plus évidente. Pour autant, je cherchais désormais une manière d’amener quelques pistes…

« Avez-vous déjà vu cela..? Certains aiment à croire que ces anneaux sont scellés par un lien qui dépasse l’entendement… sorcellerie, pratiques obscures… Forgerons et artisans divers s’accordent en cet unique point : ces anneaux ne sont pas scellés de mains d’hommes. Nombreux s’en sont allés après cette déduction… Vous comprendrez par ailleurs qu’il est peu aisé de tester la résistance de ces anneaux tant qu’ils sont ainsi placés… »


Je lui adressais un mince sourire. Chose peu commune. Bien assez tôt, pourtant, je retrouvais une posture qui se voulait neutre et impassible, alors que je portais mon attention alentours. Je n’étais pourtant plus sereine depuis quelques temps maintenant. L’avais-je jamais été ? Si je cherchais tant bien que mal à dissimuler cette angoisse, fortement accentuée par la cohue ambiante, je ne rencontrais que peu de succès en cette tâche. Je ne m’attardais que très rarement en ces lieux de grand rassemblement. Les évènements jouant grandement en mon seuil de tolérance, j’étais désormais mal à l’aise, s’il était possible de l’être plus encore que je ne l’étais déjà.


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Eva Sombracier
Marcheur de tonnerre
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Âge : 35
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MessageSujet: Re: ♣ Une Aube Nouvelle [Eva - TERMINE]   ♣ Une Aube Nouvelle [Eva - TERMINE] EmptyVen 28 Fév 2014 - 20:22


«Cela explique donc bien des choses» pensai-je en étudiant d'un nouvel angle cette fois le visage de mon interlocutrice. Cela m'attristait énormément d'enfin comprendre cette impression de déjà vu dans les yeux anxieux de cette pauvre jeune femme. Serait-ce judicieux de lui faire part de mon propre passé sans connaître les détails des tristes évènements qui forgèrent le sien? Non, pas maintenant, ne serait-ce que par peur de la blesser plus qu'elle ne semble l'être déjà. Sa voix était douce sans pour autant être enfantine, je notai une chaleur retenue par un quelconque mutisme involontaire acquis de par les années l'empêchant de dévoiler et de partager l'entièreté de ses émotions.

Je remarquai aussi qu'elle s'adressait à moi en me vouvoyant, décidément je faisais piètre figure côté politesse et usages en matière de première discussion. Peut-être affichai-je un air intimidant, moi qui avais pour habitude de donner des ordres à de puissants guerriers, je me trouvais là un peu démunie.

Après un bref sourire elle sembla être saisi d'un réel inconfort. Elle semblait de marbre mais je pouvais sentir son mal-être grandir. En cet instant, son minois me faisait étrangement penser à celui d'un chaton...Bref je devais répondre quelque chose.

- Tout ce que tu, enfin vous venez de dire me trouble beaucoup, je ne suis pas de celles qui s'y connaissent en magie mais il doit inévitablement exister un moyen de vous les retirer, c'est totalement injuste de devoir supporter leur poids tout comme celui des regards indiscrets QUI PRENNENT UN MALIN PLAISIR À FOUINER LÀ OÙ ILS NE DEVRAIENT PAS!

J'avais haussé le ton à l'intention de nos voisins de la table la plus proche et mon commentaire eut l'effet escompté. Cependant la salle n'était pas l'endroit idéal pour poursuivre une discussion alors je fis part de mon idée à la charmante Danaelle qui apprécierait sans doute.

- J'aimerais poursuivre cette discussion, j'arrive à peine et voilà que je découvre en toi des similitudes qui me touchent énormément. Nous pourrions nous retirer dans ma future chambre où tu pourrais prendre ton repas en paix suite à quoi je pourrais te parler de mon parcours, qui sait, nous pourrions être plus semblables que le laisse croire les premières impressions.


Dès la fin de ma requête je me sentis un brin maladroite ne sachant si cette demande était ''normale'' ou encore si elle aussi avait envie de faire plus ample connaissance. À première vue j'étais violente et impatiente alors pourquoi diable voudrait-elle s'entretenir avec une Norpalienne dont le sang bouillonne au moindre petit accro? Malgré ma féminité j'avais l'impression de ne rivaliser en rien avec sa douceur naturelle lorsque venait le temps d'être compréhensive ou polie.

Quelques secondes passèrent où elle sembla hésiter mais elle fini par acquiescer et je me dirigeai donc vers la patronne pour m’acquitter du paiement de ma chambre. Nous quittions enfin le vacarme incessant des âmes en fête, c'était à se demander par quel miracle les voix ne s'élevaient pas jusqu'au dortoir.

Nous nous installâmes donc dans le calme de la chambre sept. Tout était là, tout sentait frais même si l'espace était restreint. Je lui laissai le confort du lit me saisissant d'une chaise qui craqua sous mon poids. Tout en mangeant un peu elle m'écouta gentiment. Ces soirées entre filles me manquaient tout comme Ariana...Et mon père étrangement.

- J'ai quitté Fort-froid il y a de ça bientôt trois mois sur le dos de Blancrin mon fidèle compagnon gris. J'ai longé la route toujours plus loin vers le nord à la recherche de nouvelles expériences qui pourraient enrichir qui je suis. Et me voilà dans cette magnifique cité depuis cet après-midi. Chez moi je dirige mon propre bataillon de 200 hommes et femmes, surprenant n'est-ce pas...?

«Mon père adoptif est un grand général et je n'ai pu faire autrement puisque la justice m'appelle depuis ma plus tendre enfance. Quand je dis ''tendre'' ce n'est là qu'un expression. Pourtant je pense de plus en plus à changer de vocation, enfin, à dévier un peu de ma route, disons-le ainsi. Je pense utiliser certains talents appris auprès de mon mentor Eramos pour devenir...Et bien je ne sais pas encore.»

«J'ai été captive dans un camp de bandits pendant quelques années avant de prendre la fuite vers le château de la capital. Voilà, de façon abrégée et un peu brouillonne, mon passé. Rien ne t'oblige à me parler du tiens si tu n'es pas à l'aise, je comprendrais, après tout on ne se connait pas, mais si jamais tu avais envie de me parler de ce qui t'amène en ville, je suis toute ouïe.»


Cela avait été plus fort que moi et pourtant je ne cherchais pas à être prise en pitié. Je pris une profonde respiration afin de noyer l'inconfort de ma maladresse. Je me sentais finalement plus détendue et j’espérais le lui faire sentir, elle qui semblait pleinement mériter un peu de tranquillité.

[...]
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MessageSujet: Re: ♣ Une Aube Nouvelle [Eva - TERMINE]   ♣ Une Aube Nouvelle [Eva - TERMINE] EmptySam 1 Mar 2014 - 9:22



« Tout ce que tu, enfin vous venez de dire me trouble beaucoup, je ne suis pas de celles qui s'y connaissent en magie mais il doit inévitablement exister un moyen de vous les retirer (… »


Je hochais doucement la tête. Ces anneaux étaient devenus mon quotidien. Combien avaient supposé tenter, sans parvenir à les faire céder. Meurtrie par quelques tentatives vouées à l’échec, je ne laissais plus grande chance à quiconque de se mettre à l’essai. Aussi avais-je admis leur présence comme une fatalité. Je ne relevais pourtant pas ses propos, me contentant de ce hochement de tête.

« …) c'est totalement injuste de devoir supporter leur poids tout comme celui des regards indiscrets QUI PRENNENT UN MALIN PLAISIR À FOUINER LÀ OÙ ILS NE DEVRAIENT PAS! »


Alarmée par son ton brusquement changeant, je portais mon regard sur la table voisine, tandis que mes mains retrouvaient machinalement leur chemin jusqu’à mes genoux. Si je me peinais de cette attention malsaine portée par ces inconnus, je n’en laissais rien paraître. J’en revenais aussitôt à mon interlocutrice, que je gratifiais d’un mince sourire, mi reconnaissant, mi résigné.

Encouragée par cette malencontreuse intervention, elle en vint à soumettre l’idée de poursuivre cet échange en une pièce voisine. L’auberge comptait nombreuses chambres, et il serait sans aucun doute plus aisé de s’y entendre loin des regards et oreilles indiscrètes. Si cette proposition partait d’une bonne intention, je marquais pourtant une hésitation prononcée. Aussi aimable ait été en apparence cette jeune femme, aussi reconnaissante étais-je de son intervention… Cela supposait que je lui portais un crédit qu’il ne m’était pas aisé à accorder… Je pesais le pour, et le contre, en un temps qui parut infime, mais pourtant nécessaire.

Rester ici ne m’enchantait aucunement. L’isolement supposé pourtant me peinait également. J’ignorais tout de cette Eva Sombracier, si ce n’était son nom. Quelque instants de plus, et je hochais finalement la tête en guise d’approbation. Qu’avais-je à perdre ? La vie, tout au plus. Cette dernière paraissait pourtant s’accrocher avec plus d’ardeur que je ne lui en avais accordé ces derniers temps. Vivre était devenu une notion bien abstraite, un luxe que je ne paraissais plus en mesure de m’accorder. Survivre paraissait plus à portée. C’était déjà cela.

Quittant ma chaise, je m’emparais de l’assiette qui reposait encore sur la table, pourtant peu disposée à m’y attaquer. Allant à sa suite alors que je tentais tant bien que mal de ne pas heurter les autres occupants de l’établissement, qui tardaient à s’écarter sur mon passage, je patientais finalement et prudemment alors qu’elle conversait brièvement avec la tenancière. Nous prenions suite à cela le chemin de la chambre qui lui était attribuée pour la nuit.

Je m’arrêtais quelques secondes à l’encadrement de la porte. L’odeur délicate qui émanait des draps propres et frais parvint jusqu’à moi. J’observais dès lors avec une stupeur apparente cette pièce que je considérais d’un point de vue tout personnel comme spacieuse et de tout confort. Les auberges que j’avais pu jusqu’alors occuper durant mon parcours n’auraient su égaler la commodité et l’hygiène de celle-ci. C’était également sans compter sur la cellule qui m’avait tenu de chambre durant des années.

Un craquement léger, et elle prenait place sur une chaise. Aussi, mal à l’aise, je prenais place sur le rebord du lit, déposant mon assiette sur mes genoux. Je ne devais pas attendre bien longtemps, avant qu’elle ne prenne la parole.

Ainsi j’apprenais son passé, son présent, et sa quête d’un futur à venir. Une parcelle de sa vie et de ses rêves qu’elle mettait à nu devant moi, simple rencontre de passage. Si j’étais troublée, je ne l’interrompais sous aucun prétexte. Respectueusement et avec une attention certaine, je prêtais l’oreille à son récit. Fort froid… J’avais une idée assez précise de son emplacement, bien que ne m’y étant jamais personnellement déplacée. J’apprenais également que cette bien jeune femme (elle ne devait avoir que quelques années de plus que moi, bien que son être tout entier paraissait marqué par les expériences qui avaient fait d’elle celle qui se tenait aujourd’hui sous mes yeux) possédait sous ses ordres deux centaines d’hommes et de femmes. Surprenant était le mot exact, oui. Pour autant, je ne doutais aucunement de ses propos. Elle possédait un charisme certain.

Je suivais ainsi la suite de son récit, découvrant au fil de ses mots les prémices d’une vie qui n’avait pas été des plus évidentes, ponctuée par une destinée qui n’avait pas été motivée par ses propres choix, mais par son sang. Elle paraissait pourtant à présent prête à reprendre les choses en main… C’était une preuve de courage. Je ne doutais d’ailleurs en aucun cas que mon interlocutrice n’en ait jamais manqué. Force et courage. De belles qualités qui auraient su me faire défaut en certains temps. Non, il était assuré que je n’avais ni sa force, ni son courage.

Puis, sans me brusquer, elle en vint à m’inviter à prendre la parole, dans l’optique de lui conter les raisons de ma présence en ces lieux. Mon parcours. Je me décidais après une certaine hésitation à lui rendre la pareille.


« Je viens d’un village modeste, localisé au sud de Varakir… Mais quelque peu plus au nord de vos terres… Nous vivions là, mon père et moi… Nos voisins nous supportaient plus qu’ils ne nous appréciaient vraiment… Les gens n’osaient réellement nous approcher. Un soir venu, les hommes sans… - je me reprenais - Des cavaliers sont venus à nous, et ont embrasé chaque demeure… Nombreux ont dû périr par les flammes… Mais pas moi… »


Je marquais une pause alors que je me redressais pour aller déposer mon assiette à peine entamée sur une petite table de bois.

« Un homme est venu me tirer de mes draps, cette nuit là, alors que ma maison connaissait le premier appétit des flammes… Je pensais alors à quelque secours, et me laissais mener à travers une fumée s’épaississant de secondes en secondes… Je peinais à respirer, mais découvrais soudainement l’ampleur de la catastrophe… J’appelais mon père, sans réponse… »


A nouveau, je marquais une pause dans mon récit. Chaque détail me revenait avec force, comme survenus la veille. Je portais mon attention sur la fenêtre qui donnait sur une ruelle désertée en cette heure. La pénombre était ambiante, oppressante. Parfaitement à propos…

« Puis… Rien. Je me suis éveillée en une cellule… sans connaissance de la raison qui m’avait menée en ces lieux froids et austères… 4 ans… 5 ans… J’arrêtais de compter les jours bien assez tôt… Jusqu’à ce qu’un homme et ses compagnons ne viennent à bout de mes barreaux, pour me mener à Varak… Je n’ai, depuis lors, jamais eu de nouvelles de mon père… Mais il est en vie, j’en suis assurée… Je le trouverai, et avec lui, je l’espère, des réponses. Je parcourrai pour cela chaque terre de fond en comble s’il est nécessaire. »


Reportant mon attention sur sa personne, j’esquissais quelques pas en sa direction.

« Me voici donc ici, en quête de ses traces… Avec pour seul espoir, ce "pisteur" rencontré plus tôt dans la journée… Je ne sais dans quelle mesure il peut m’apporter secours, aussi reviendrai-je à sa rencontre demain… »


Je lui laissais le loisir de s’exprimer, avant de me rendre compte de ma potentielle maladresse. Il était bien mal venu de m’attarder en ces lieux. Assurément, je l’empêchais de prendre repos. Par ailleurs, Céréna n’était pas informée de mon absence, et je redoutais de l’inquiéter plus que de raison. Aussi, je lui adressais un mince sourire.

« La nuit est bien avancée, et je ne souhaiterai vous déranger plus amplement… Je ne sais comment vous remercier encore pour votre intervention, et vous suis redevable… »

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Eva Sombracier
Marcheur de tonnerre
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Eva Sombracier
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MessageSujet: Re: ♣ Une Aube Nouvelle [Eva - TERMINE]   ♣ Une Aube Nouvelle [Eva - TERMINE] EmptySam 1 Mar 2014 - 19:38



Lorsque j'avais croisé Danaelle pour la première fois aujourd'hui, je l'avais perçue frêle et timide, craintive et soumise, mais il n'en était rien. La peur qui l'habitait n'avait rien d'une peur habituelle et qu'elle se tienne en ce jour devant moi tout en me racontant sa triste histoire démontrait un courage indéniable. L'incompréhension devait cependant être pire que tout, la contraignant sans cesse à faire face à d'horribles impasses.

Je ne voulais pas m’immiscer dans sa vie, mais j'aurais tant aimé pouvoir lui venir en aide d'une quelconque façon...Je ne me sentais pas dans l'obligation de la protéger, je me reconnaissais plutôt en elle et c'est comme si j'avais la chance de revenir en arrière pour réparer une partie de ce que j'étais si je prenais soin de cette jeune femme. «C'est purement égoïste Eva!»


- Quelle récit horrible...Je ne sais que dire..! Je te trouve extrêmement courageuse de parcourir villes et villages en quête de ton père. J'aimerais beaucoup te proposer mon aide, mais je ne sais pas si tu la trouve appropriée..

Elle semblait au prise avec un lourd débat intérieur lorsqu'elle décida de partir vu l'heure avancée et la lune bien haute alors je décidai de mieux lui expliquer mon offre avant qu'elle ne parte.

«Et si jamais ton fameux pisteur parvenait à te fournir des informations suffisamment pertinentes, crois-tu que je pourrais au moins t'accompagner sur la route histoire que tu ne sois pas complètement seule ? Je ne veux pas d'or bien entendu, je peux même te trouver une monture, qu'en dis-tu ?»

Je soutenais son regard tentant de projeter un aura bienveillant et sincère ce qui n'était pas forcément dans mes habitudes. Je la raccompagnai à la porte tout en écoutant ce qu'elle avait à me dire.

[...]
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MessageSujet: Re: ♣ Une Aube Nouvelle [Eva - TERMINE]   ♣ Une Aube Nouvelle [Eva - TERMINE] EmptyDim 2 Mar 2014 - 6:27



« Quel récit horrible...Je ne sais que dire..! Je te trouve extrêmement courageuse de parcourir villes et villages en quête de ton père. J'aimerais beaucoup te proposer mon aide, mais je ne sais pas si tu la trouve appropriée… Et si jamais ton fameux pisteur parvenait à te fournir des informations suffisamment pertinentes, crois-tu que je pourrais au moins t'accompagner sur la route histoire que tu ne sois pas complètement seule ? Je ne veux pas d'or bien entendu, je peux même te trouver une monture, qu'en dis-tu ? »


A mon tour de ne savoir que répondre, alors que nous parvenions à la porte de la chambre. Nous n’avions passé que peu de temps ensemble, pour autant, cette jeune femme paraissait décidée à se porter une nouvelle fois à mon secours. En avais-je réellement besoin ? Assurément… mais à quel propos ? Cela m’était encore inconnu. Cette proposition n’engageant aucunement ma compagne, je finissais par hocher doucement la tête, en guise d’approbation.

« C’est entendu… Je vous remercie, encore une fois… Et que la Nuit vous soit agréable. »


Sur ces brèves paroles, j’inclinais doucement la tête, lui adressais un mince sourire, et quittais instamment la pièce.




Même heure, même endroit.

Le retour vers Céréna s’était passé sans encombres. La pénombre était ma compagne, et je me mouvais aisément en sa présence. Pour autant, je n’avais que très peu dormi, ressassant les évènements passés, et supposant ceux à venir. Qu’allait me porter cette rencontre ? Allais-je finalement pouvoir, après tant de recherches, revoir mon père ? Ce questionnement incessant qui rythmait ma vie allait-il prendre fin ? Je portais de grands espoirs en cette seconde entrevue. La première piste concrète potentielle. Je repensais également à cette jeune femme, rencontrée la veille. Eva. Etait-il vraiment raisonnable de la mêler à tout ceci ? Probablement pas. Trop de sang avait coulé sur ma route. Je m’en savais d’une manière ou d’une autre responsable.

J’avais finalement pris la route de la demeure d’Adhémar, à l’instar du jour précédent. Mon pas était mesuré, sans se presser. Je redoutais assurément ce que j’allais découvrir, sans pouvoir me l’expliquer outre mesure. Le temps était clair, alors que des nuages s’annonçaient à l’horizon. Un vent frais paraissait me pousser plus avant. Les minutes passèrent ainsi, jusqu’à ce que je ne parvienne à destination. Peut-être un peu en avance, ou peut-être un peu en retard… Le cours du temps m’avait échappé l’espace d’un instant. Tout juste assez pour me perdre en route. Je portais trois coups légers à la porte – elle s’ouvrit quelques instants plus tard.


« Oh ! Danaelle. Entre mon enfant. Tu es en avance. »


Voilà qui était entendu. Je ne m’offusquais en aucune manière quant à l’appellation dont il m’avait affublée, bien que je ne puisse certainement plus m’apparenter de près ou de loin à une enfant. Je n’en avais plus ni l’âme, ni les doux espoirs et rêves naïfs. Je reconnaissais là pourtant un terme qui se voulait bienveillant et protecteur. Aussi, j’esquissais un sourire succinct et pénétrais dans la pièce principale.  La pénombre restait encore omniprésente. Une simple chandelle reposait en un schéma identique. Sans attendre, je prenais place autour de la table, imitée par mon hôte du moment.


« Bien… »


Marquant un temps d’arrêt, il s’emparait de quelques parchemins entassés sous la table. Les examinant un à un, il se mit à marmonner à sa propre intention.

« Non… non plus… non, certainement pas celui-ci… Oh ! La voilà. »


Repoussant le parchemin jusqu’à moi, il le bloquait en position à l’aide de deux encriers ouverts, dont l’encre devait avoir séché depuis maintenant bien longtemps. Une carte. Une carte des continents, grossièrement esquissée. Je reconnaissais pourtant aisément l’agencement de ces territoires que j’avais d’ores et déjà exploré. Nombreux pourtant me restaient inconnus. S’emparent de petits cailloux, il en vint à les disposer en divers endroits. Je l’observais faire, sans intervenir. Patiemment. Je les comptais pourtant, au fur et à mesure. Un… deux… trois… deux de plus par ici… quatre de ce côté-là… et à nouveau trois par ici.

« Qu’est-ce donc… ? »

« Vois-tu, je n’ai eu que peu de temps pour répondre à tes attentes. Pour autant, ton histoire ne m’était pas étrangère… Aussi, la tâche m’a été plus aisée… Les lieux indiqués ici, ne sont que sources de rumeurs locales, allant bon train depuis quelques temps maintenant. Pour autant, nul ne porte à les prendre au sérieux. Des histoires censées décourager les plus jeunes à fuguer, tout au plus. Ce sont tes Cavaliers. Ou potentiellement, tout du moins. La dernière escouade en date aurait été aperçue ici. »

« Sur ces terres ?! »

« Les forêts avoisinant la capitale pour être exact. »

« Mais… c’est improbable. Que feraient-ils en ces lieux ? »

« N’en as-tu pas même une mince idée ? »

« Mon… père ? Mon père se trouverait là-bas ? »


Secouant doucement la tête en signe de négation, il retirait quelques pierres à la carte, ne laissant en l’état que celles situées entre Fort froid et Bélin. Observant avec attention les quelques destinations restantes, je plissais doucement les yeux, cherchant à y apporter une quelconque cohérence. Puis ce fut l’étincelle. Je me redressais soudainement, alerte, manquant de renverser la chaise sur laquelle je me tenais précédemment. Je posais la paume de mes mains sur la carte, m’y penchant comme pour m’assurer que mes yeux ne me jouaient pas quelques tours.

« Non ! C’est impossible ! »


Redressant la tête vers Adhémar, je reculais de quelques pas, maudissant en mon fort intérieur l’ampleur de ma bêtise et de mon inconscience. Lui pourtant n’avait pas cillé, s’adressant à moi avec flegme, imperturbable.

« Tu dois apprendre à dissocier la proie du chasseur. »

« Tout cela n’a aucun sens. Que suis-je censée faire, alors ? »

« A toi seule d’en décider… »


Sur ces quelques paroles, il se redressait, laissant passer à travers les airs l’une des petites pierres. Je la rattrapais aisément, l’enfermant distraitement dans la paume de ma main. Je restais interdite, troublée et parfaitement égarée. Si infimes aient été les certitudes qui m’avaient menées en ces terres, elles venaient de s’écrouler, alors qu’un cruel dilemme prenait place en l’instant. Mais quel crédit pouvais-je porter à ces propos ? A tout ceci, même ? Quelle assurance que tout n’était pas qu’une grotesque farce malintentionnée ? Je n’en avais aucune. Cela cependant restait un fondement de mes recherches. L’incertitude.

M’ouvrant la voie jusqu’à la porte, je m’y rendais sans plus desceller mes lèvres. Je ne savais quoi ajouter. Le remerciant succinctement, je passais l’encadrement et regagnais la ruelle, sans un regard en arrière. Perdue en mes songes et en quelques vaines réflexions, je devais me rendre à l’évidence : je revenais en un point de départ. Tout devait être remis en cause.

Et alors que je marchais depuis un certain temps maintenant, je prenais conscience de la pierre encore enfermée dans le creux de ma main. Desserrant mes doigts aux jointures blanchies par la force que je leur imposais depuis quelques instants, je portais mon attention sur ce petit caillou… qui s’avéra bien tôt ne pas être celui auquel je m’attendais. Je cessais subitement ma progression ; dans ma paume reposait une petite pierre paraissant muée par une vie propre, où se jouaient ombres et lumières en une danse subtile. Cette pierre m’était familière… et pour cause, je l’avais moi-même ramassée, alors que je n’étais qu’une enfant.

Je pivotais brusquement, revenant sur mes pas à vive allure. J’allais entre les passants, qui ralentissaient ma route en s’obstinant à ne pas daigner s’écarter. Certains allaient jusqu’à protester alors que je manquais de renverser leurs paniers fraîchement garnis. Je ne prenais pourtant pas le temps de m’excuser, encore moins de me justifier. J’étais bien trop préoccupée. Comment cette pierre était-elle parvenue en possession de cet homme ? J’avais besoin de réponses, et sur le champ.

Revenue à destination quelques temps plus tard, je m’apprêtais à frapper à la porte. Je me devais pourtant bien tôt de m’arrêter en mon élan, alors que je trouvais cette dernière entrouverte.


« … Adhémar ? »


Je poussais prudemment la porte, tandis qu’une odeur âcre parvenait jusqu’à moi. Prenant conscience de la situation, je pénétrais dans les lieux sans plus de procès. La sur la table, une pile de parchemins était en proie aux flammes, entretenues par la chandelle renversée.

« Adhémar ! »


Tout en continuant à interpeller l’occupant de la demeure, je m’empressais de chercher un point d’eau. Parcourant chaque pièce, alors que la fumée devenait plus présente d’instant en instant, je trouvais finalement une petite bassine, datant probablement de l’aube. M’assurant qu’il s’agissait bien là d’eau, je m’en emparais et la transportais tant bien que mal jusqu’à la source de l’incendie. Non sans peine, je reversais le contenu sur la table, mettant aussitôt un terme aux flammes en un amoncellement de fumée blanchâtre. Je peinais plus encore à respirer, et retournais à la porte d’entrée pour y recouvrer un peu d’air, sans pour autant prendre conscience des quelques passants qui se retournaient sur ce spectacle. Je savais pourtant ne pas devoir m’attarder plus avant…

Sur la table, nul parchemin n’avait survécu à l’ouvrage. Je ne m’attardais donc en aucune manière de ce côté-là.


« Adhémar ! Où êtes-vous ?! »


Je glissais maladroitement sur l’eau que j’avais moi-même renversé à terre, et me rattrapais au mur le plus proche. Ma main devait pourtant rencontrer là une substance curieuse et peu agréable. Je portais mon regard sur cette dernière, tentant de percer la pénombre et la fumée, sans succès. Je revenais donc à la lueur du jour.

« Par tous les Astres… »


Du sang. Ma main était couverte de sang. J’ouvrais la porte en grand, et tandis que la fumée s’engouffrait en cette issue, je découvrais peu à peu l’ampleur de la scène. Adhémar n’était plus ici. Pour autant, la pièce était couverte de sang, en de nombreux endroits. Si je peinais à respirer, désormais, ça n’était certainement plus uniquement à cause de la fumée. Reculant de quelques pas, je passais le pallier de la porte en marche arrière, les yeux rivés sur l’horreur présente à l’intérieur.

Prise d’une panique soudaine et incontrôlée, je tournais les talons, et quittais ces lieux au pas de course. Les passants curieux, pourtant, se tenaient non loin, et mon départ de l’habitation ne devait pas passer inaperçu. Alors que je m’élançais, un homme vint à m’attraper au vol, m’arrêtant aussitôt en ma course folle.


« Hep là ! C’est toi qui a fait ça ? Où cours-tu comme cela ? »


Tous au dehors supposaient en cette scène un probable incendie, bien que nulle flamme n’était désormais apparente. Me sauvant de la sorte, couverte de suie et chaines aux poignets, je faisais une criminelle idéale. Pourtant nul n’avait encore pris conscience du réel crime. Terrorisée maintenant, je me débattais avec force, m’extirpant tant bien que mal à cette prise. Je reprenais ma course de plus belle. Sans doute n’avais-je jamais couru aussi vite.

Machinalement, je retrouvais le chemin de l’auberge où j’avais pour habitude de me rendre. J’ignorais si là était le meilleur endroit, mais c’était en tout cas le seul qui me vint en tête sur l’instant. Je passais la porte de l’établissement, le souffle coupé et en bien piètre état. Une chance pour moi, la pièce était presque vide en cette heure. Presque, mais pas assez pour ne pas m’attirer quelques regard ébahis.  Je laissais la porte se refermer lourdement derrière moi.


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Eva Sombracier
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MessageSujet: Re: ♣ Une Aube Nouvelle [Eva - TERMINE]   ♣ Une Aube Nouvelle [Eva - TERMINE] EmptyDim 2 Mar 2014 - 22:30


De nouveau seule. D'ordinaire je me serais sentie heureuse d'enfin pouvoir aller dormir, d'enfin être libre et...Livrée à moi-même. À peine était-elle partie que cette jeune connaissance creusa un vide en mon être qui m'était encore inconnu. J'avais l'impression d'être restée sur ma faim, j'aurais volontiers accepté de discuter toute la nuit jusqu'à en oublier pourquoi j'étais là, pourquoi j'étais si loin de chez moi...Peut-être est-ce ainsi que l'on se sentait lorsqu'on rencontrait une future amie, qu'en savais-je après tout, moi qui n'avais jamais su que faire ce que l'on attendait de moi, que saisir les opportunités et combattre pour des causes bien trop grandes pour moi. Peut-être qu'au fond de moi j'étais toute aussi fragile et apeurée que cette pauvre Danaelle qui contrairement à moi affrontais ce mal aux yeux de tous.

Cette nuit là n'allait m'apporter que quelques heures de sommeil mais j'avais vu pire. Cependant les pensées qui me tenaillaient étaient bien pire que quelconque mauvais rêve. Je pensais à Eramos et à mon père, à leurs idées si divergentes qui prenaient toutes racines au fond d'un même désir d'équité et de justice. Eramos n'hésitait pas à briser quelques règles pour les bonnes causes mais mon père ne croyait qu'en son seigneur et en la défense de la Norpalie à tous prix. J'avais quitté ma maison pour mieux me retrouver, pour peser le pour et le contre de tous mes enseignements et pour parfaire mon jugement.

Je pensai bien évidemment à la gentille Danae pour qui j'avais plus de respect que de pitié et encore une fois je me trouvais bien loin de ma zone de confort. Ce pouvait-il que les faibles portent en eux une force bien supérieure à ceux et celles qui croient être puissants de part leurs muscles et leur vaillance? J'avais définitivement beaucoup à apprendre de cette jeune personne et j'attendais donc avec impatience notre prochaine rencontre puisqu'elle serait déterminante pour nous deux, elle aurait une chance de retrouver son paternel et moi l'occasion de voyager en sa compagnie tout en découvrant de nouveaux paysages et visages.

Après un bref petit-déjeuner, j'étais allée retrouver Blancrin pour prendre soin de lui tout en l'assurant que je n'étais pas bien loin. J'avais aussi visité les alentours allant de kiosque en kiosque pour sentir, goûter et toucher de nouvelles marchandises. L'Académie était un édifice plutôt impressionnant tout comme le fameux temple des Cinq à proximité. Hydrasil était éblouissante en cette heure, mais je décidai de retourner à l'auberge pour attendre la possible venue de ma toute dernière connaissance aux bracelets de métal mystérieux.

Les minutes passèrent tout comme les clients mais toujours pas de Danaelle, peut-être que son rendez-vous n'avait finalement rien donné de concluent...Peu après la porte de la Goule souriante s'ouvrit brutalement pour laisser entrer une jeune personne apparemment à bout de souffle et les mains rouges de sang. Voilà une chose qui m'extirpa vite faite de ma torpeur! Je m'approchai rapidement évitant habilement les meubles et quelques buveurs.

- Par Revoran, que s'est-il passé?! Tu es blessée?! lui demandai-je tentant de conserver mon calme en cette situation inusitée. Reculant d'un pas pour faire état de la situation je ne remarquai rien d'anormal, aucune blessure ni la moindre entaille.

« Danaelle, à qui diable appartient ce sang?! »

À peine eut-elle répondu la voix hésitante qu'on entendit les cliquetis métalliques caractéristiques des gardes s'approcher et des voix s'élever au dehors. Avant que la scène ne dégénère davantage, la gentille Naine nous saisit par le bras pour nous précipiter avec elle vers l'arrière de l'auberge sans donner d'explications autres que : Suivez-moi MAINTENANT!
Semant un chaos total dans l'une des réserves de nourritures, elle nous dévoila ce qui allait être notre ultime porte de sortie.

- Vous me remercierez plus tard mes jolies, puissiez-vous demeurer saines et sauves...Vous, veillez sur elle ! Allez !!

Les guerriers pénétraient dans la taverne avec fracas et je sentis mon estomac se nouer violemment.

Après de brefs adieux nous étions déjà mêlées à la foule en direction des écuries où m'attendait Blancrin et sans doute la future monture de ma jeune amie quitte à l'obtenir de gré ou de force, par la ruse ou la vitesse ! Je ne comprenais pas ce qui se passait mais l'idée de finir dans les cachots ne m'intéressait pas et encore moins Danaelle qui ne supporterait sans doute pas du tout la chose. La fuite pour l'heure et les explications pour plus tard.
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MessageSujet: Re: ♣ Une Aube Nouvelle [Eva - TERMINE]   ♣ Une Aube Nouvelle [Eva - TERMINE] EmptyLun 3 Mar 2014 - 6:17



Quelle idée insensée ! Pourquoi donc avais-je pris la fuite ? Qui plus coupable d’apparence que celui qui se sauve à la découverte d’un crime. Sans doute aurai-je du rester sur place, appeler au secours, expliquer ma version des faits aux Gardes et citoyens… Auraient-ils seulement pris le temps de m’écouter ? Moi, vêtue de haillons, chaînes encore apparentes et vestiges d’une captivité certaine, sang sur les mains… Et pas humaine. M’aurait-on seulement permis de soumettre une seule parole avant de m’envoyer en quelque geôle souterraine ? Plutôt perdre la vie que de retourner derrière des barreaux. Néanmoins, les Gardes et les curieux n’avaient pas été source de mes premières terreurs, bien que les ayant attisées avec soin. Je redoutais par-dessus tout le mal tapis dans l’ombre, qui avait sournoisement semé le chaos, et probablement pris la vie d’Adhémar. Je n’avais aucune preuve de ce dernier point, mais j’en avais vu bien assez pour imaginer qu’il était peu aisé de perdre tant de sang, tout en conservant une once de conscience.

La panique m’ayant gagnée avec force, je ne parvenais à apaiser ma respiration, haletante. Ce n’était pas le moment. Adossée à la porte d’entrée – tout comme si cela aurait pu empêcher quiconque d’entrer, j’observais les environs en un succinct examen. La vision trouble, je discernais pourtant cette silhouette parvenir à moi, en quelques promptes enjambées. Je reconnaissais cette voix, sans aucun mal : Eva.


« Par Revoran, que s'est-il passé?! Tu es blessée ?! Danaelle, à qui diable appartient ce sang?! »


Je secouais la tête, sans parvenir à m’exprimer. Les mots paraissaient lutter pour parvenir à passer mes lèvres, pourtant prêtes à les recevoir.

« Ad… Adhémar… »


Un seul mot. Un nom, extirpé non sans peine. Cela ne devait en aucun cas lui parler, et guère plus la mener en quelques pistes de réponses à ses interrogations du moment, mais je n’étais pas en mesure de pousser outre la réflexion. Un bruit au dehors, quelques recommandations portées avec ferveur, et je bondissais de ma position, alors que, me plaçant aux côtés de la jeune femme, je braquais mon regard sur la porte de l’établissement, m’attendant à devoir rendre des comptes d’un instant à l’autre alors qu’elle s’ouvrirait à la volée.

Il n’en fut rien. Une main saisissant mon bras alors que Mme Tomberlak nous menait à sa suite, sans laisser place à quelque protestation que ce soit. J’étais bien trop sonnée pour protester. Les évènements s’enchaînaient hors de contrôle. Les causes et conséquences se mêlaient en mon esprit avec force, troubles et pourtant d’une évidence sans pareille. J’aurai probablement dû chercher à quitter la ville par mes propres moyens. Pourquoi étais-je retournée en cette auberge ? C’était d’une inconscience sans précédent.

Et tandis qu’Eva nous menait à l’écurie, je regrettais au plus haut point de la mêler à tout ceci. J’aurai pu… J’aurai dû protester. Lui intimer de rester ici, lui assurer qu’elle n’avait rien à voir avec cette histoire, que me porter secours ainsi n’était que bon à lui attirer quelques ennuis, et non des moindres. Mais j’en étais incapable. En moins de temps qu’il n’en aurait fallu à quiconque pour seller un cheval, elle mettait pied à l’étrier. Voler une monture pour aller à sa suite ? C’était exclu. J’avais bien assez d’ennuis comme cela.

Un homme soudain parvenait à l’écurie au pas de course, portant son regard tour à tour sur la cavalière, puis sur ma personne. Je reculais de quelques pas. D’un jeune âge, il ne possédait ni l’allure, ni l’accoutrement des gardes. A dire vrai, il paraissait plutôt négligé et présentait quelques brins de paille en une chevelure dérangée. Pointant un index noir de terre en ma direction, il prit finalement la parole en un ton sec et sans réplique.


« Toi. Suis-moi. »


Je restais cloitrée dans le fond de l’écurie, peu consentante à m’exécuter. Sans en faire cas, je le vis tourner les talons alors qu’il allait désormais en tous sens, s’exécutant de ci, de là. Finalement, il en vint à nous présenter un jeune cheval sellé et bridé, qu’il mena jusqu’à moi.

« Mme Tomberlak est bien trop bonne. Vous allez nous attirer des ennuis, c’est certain. Je n’vous dois rien, aussi, lorsque les gardes viendront en ces lieux, la vérité leur s’ra dite. J’vous conseille donc de vous trouver loin à c’moment-là. Lorsque vous serez hors de portée, relâchez mon ch’val, il saura retrouver sa route jusqu’à nous. Ne tardez pas trop, manquerait plus que vous me le perdiez. »


Sans attendre de réponse, il me prit par la taille, m’aidant à prendre place sur la monture. Je ne pesais pas bien lourd. Le cheval paraissait nerveux, mais ne protesta outre mesure, alors que je m’installais maladroitement sur son dos.

« Tu sais monter… Hein ? Alors déguerpissez. »


Mettant un claque légère sur l’arrière train du cheval, il s’écartait par la suite, la mine quelque peu renfrognée. L’idée de laisser sa monture aux mains d’une étrangère – d’une étrangère en fuite, qui plus était – ne devait sans aucun doute n’avoir rien pour le réjouir. J’ignorais ce qui le poussait à consentir à nous venir en aide. J’avais pour habitude de côtoyer hommes et femmes peu à même de se soucier de leur prochain. Les choses paraissaient différentes, ici. Mais jusqu’à quel point ? Inclinant très brièvement la tête, je suivais le mouvement de la monture se mettant au pas. Il n’était pas nécessaire d’attirer l’attention outre mesure en partant au galop, tant que cela n’était pas nécessaire.

« Retrouvez là ! Elle ne doit pas se cacher bien loin ! Fouillez l’auberge, les écuries, séparez-vous ! »


Ces mots avaient claqué derrière nous, tandis que les gardes maintenant plus nombreux se séparaient en petits groupes de recherche. Nous étions si exposés désormais… que nul ne devait faire attention à nous. Pour l’instant, tout du moins. Nous parvenions jusqu’aux portes de la Capitale sans encombres. La nouvelle ne paraissait pas encore être parvenue jusqu’à ce point pourtant important de la ville. Cela ne saurait tarder. Un frisson soudain me parcourait l’échine, alors qu’une voix rauque s’élevait par-delà la foule.

« Ici ! Ne les laissez pas passer ! »


Notre bonne étoile n’aurait su s’attarder plus en avant. C’était soit le moment d’affronter le jugement de la garde, soit le moment d’accélérer l’allure… Je portais mon regard sur Eva, alerte. Elle possédait sans aucun doute une connaissance plus riche quant à cette situation. Je ne savais concrètement à quoi m’attendre face à ces hommes d’armes, et redoutais de devoir m’adresser à quelques sourdes oreilles. Aussi, je m’en remettais entièrement à elle, chose pourtant peu commune de ma part. Quelle était la solution la plus judicieuse ?



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