Description physique

Elle entre dans la taverne bondée ; tout le village est présent et chacun attend sa prestation avec impatience. Il n'y a pas plus belle et énigmatique barde sur tout le continent. La porte se referme derrière la jeune femme faisant voleter sa somptueuse crinière immaculée et céleste. Le temps défile au ralenti. Chacune de ses mèches semble danser au rythme de sa beauté légendaire. Le cœur des spectateurs s'accélère déjà et des frissons apparaissent sur leur corps lorsqu'elle daigne enfin lever les yeux vers eux. Un iris bleu vif et éclatant les hypnotise tous pour ne les libérer que le temps d'un clignement de cils. Ses fines lèvres roses parfaitement dessinées arborent dès lors un sourire séduisant et malin tout à la fois. Elle avance en prenant soigneusement son temps. L'air fait frémir sa robe blanche et dans la salle les âmes se brisent en apercevant quelques parcelles à peine de sa peau divinement étincelante. Son corps est parfaitement proportionné ; 1,60 mètre pour 45 kilos de grâce et de souplesse.

La sublime barde s'installe désormais sur la scène et les uns comme les autres en profitent pour dévorer du regard ses courbes enchanteresses une dernière fois. Nul besoin de décor, elle prend place sur le petit banc de bois et entame de faire glisser ses doigts à la finesse angélique sur sa harpe dorée. Ses sourcils noirs et fins se froncent sous la concentration et la musique fait son travail en les envoutant encore plus. Les cœurs balancent et les esprits vagabondent loin de leur misère. Déterminée à les achever pour de bon, elle entame sa plus douce chanson. Une voix ensorcelante inonde la taverne. Des gens pleurent sous l'impacte de la mélodie adroitement interprétée. Le temps s'écoule et bientôt l'artiste se lève et quitte tout doucement l'endroit en prenant soin d'attraper la bourse que lui tend le tavernier ébahit. Les villageois prendront quelques minutes à se remettre de tant d'émotions. Toute bonne chose à une fin.



Description mentale

Il est à peine midi et cette représentation sera sa troisième de la journée. L'auberge des filles de joie, le Seigneur Dagathor et maintenant cette taverne miteuse infestée de boisson, de sueur et d'âmes en peine. Douce et aimante de nature, elle aurait voulu que tous ces pauvres gens ne le soit plus et que la joie berce leur vie. Il est impossible pour elle de rester indifférente à leur douleur, mais que peut-elle bien faire, elle qui n'est personne. Le bonheur a disparu de ces terres et l'Aasimar tangue peu à peu vers son côté sombre. Elle ressent de plus en plus souvent le mépris et la colère et elle doute même du bienfondé de son existence. Les voix qui la guidait ont disparus de son esprit. La seule voie raisonnable est celle de l'or pour cette barde itinérante. Elle entre donc en prenant soin de maudire les dieux pour son sort.

Dès qu'elle met un pied à l'intérieur le silence s'installe et le seul son perceptible est celui des cœurs affolés. Elle ne comprend pas ce que tous ces gens peuvent voir de si extraordinaire en elle mais elle s'en sert à son avantage. Elle déteste ça, mais c'est tout ce qu'elle sait faire. Elle n'a pas d'amis car elle ne fait confiance à personne et ceux qui prétendent avoir des intentions sincères ne sont guidés que par son apparence. Ce qu'elle est à l'intérieur, personne ne s'y intéresse. Sa façon d'être a disparu lentement et aujourd'hui elle se sert des autres pour assouvir ses désirs et ses besoins, détestant de plus en plus la faiblesse des sentiments de sa race et ses attraits trompeurs. Elle s'avance avec un petit sourire pour cacher sa gêne et son désarroi. La foule, hommes et femmes, la dévisagent. Elle prend place sur le banc, met sa harpe dorée sur ses genoux et commence délicatement à frotter les cordes. Au son de cet instrument merveilleux, elle réussi à s'évader et à s'émerveiller le temps d'une mélodie. Oubliant l'auditoire qui bave d'extase, elle laisse aller sa voix et chante les plus belles aventures qu'elle connaisse ainsi que les plus incroyables paysages.

Quand tout est terminé, la réalité reprend sa place et la tristesse brouille son cœur. Ne pensant qu'à survivre, elle sort de la taverne sans oublier son paiement en laissant derrière elle tous ces pauvres gens revenant eux aussi à leur réalité respective. Elle se faufile dans une ruelle et retire cette infâme robe pour enfiler ses vêtements de voyage ; un pantalon noir serré, un chandail blanc et une veste noire à capuchon pour mieux dissimuler son identité. On ne sait jamais sur qui on peut tomber.

Ses yeux retrouvent alors l'horizon ensoleillé et l'espoir revient un court instant. Une main sur le cœur et son paquetage sur le dos, elle reprend la route en espérant trouver un sens à sa vie.

Histoire du personnage

Une femme en pleures cours à en perdre haleine dans la forêt des Grands feuillus pour y trouver refuge. De la sueur mouille son front, des larmes coulent sur son visage à la peau scintillante et du sang apparait lentement sur l'intérieur de ses cuisses. Elle redouble d'effort mais la douleur devient insupportable et la force à s'arrêter. L'esprit confus elle se cache derrière un arbre, s'étend et s'adosse à ce dernier. Elle se sent dès lors plus en sécurité dans la nature sauvage que dans sa propre maison.

Elle avait confiance en ses amis et ce qui restait de sa famille, mais ils ont trahis leur parole. Rien de tout cela n'était de sa faute, elle n'avait pas pu se débarrasser de l'enfant qui grandissait en elle même s'il était le fruit d'un acte violent et impardonnable. Elle n'avait pu se défendre et on la punissait pour cela. Johana est une Aasimar et les gens de son village ne supportent pas l'idée qu'elle introduise en leur monde d'humains un monstre de plus. Ce qui les a fait craquer fut la récompense offerte en échange des nouveaux-nés indésirables. Ils ont donc fait venir le Gantelet pour qu'il règle ce petit problème rapidement et discrètement.

Johana a réussi à s'évader de sa prison de fortune et à fuir ses geôliers. L'enfant sera bientôt là et elle priait pour qu'une personne sincère croise sa route et qu'elle puisse lui confier sa progéniture car elle ne pensait pas survivre encore longtemps. Les villageois l'ont enfermé dès le jour où ils ont découvert qu'elle était enceinte. On ne lui avait pas donner d'eau ni de nourriture depuis deux semaines, espérant tuer l'enfant. Malgré tout, Johana tenait bon. Des voix remplies d'espoir lui intimaient de continuer et de garder courage. Elle sent leur bienveillance et leur chaleur en elle dans les moments difficiles.

Le travail était commencé depuis un moment déjà lorsque l'Aasimar entendit des chiens et des cris au loin. Pour étouffer ses propres hurlements, elle saisit une branche sur le sol et y plante les dents. Elle est essoufflée et tout son corps souffre. La terre autour est maculée de sang, de bien trop de sang. Le bébé se montre enfin et la mère le prend pour nettoyer son visage et couper le cordon ombilical avec une lame rouillée. Le nouveau-né inspire sa première bouffée d'air et se met à pleurer, dévoilant ainsi leur position. Johana sert sa petite fille dans ses bras tout en lui susurrant que tout ira pour le mieux. Elle est ravie de constater que la petite a les mêmes yeux éblouissants que sa maman. Avec ses dernières forces, elle déchire ses vêtements pour envelopper l'enfant. Soudain le sol tremble et des racines émergent pour enlacer la minuscule Aasimar. Johana tente de la retenir mais une main végétale vient doucement toucher la sienne.

- N'aie pas peur, être de lumière, nous la protégerons, murmura la dame toute faite de bois et de feuilles.

- Elle...Elle s’appelle.... Evoline, articula faiblement la pauvre femme.

Et la forêt emporta l'enfant juste à temps pour la cacher aux yeux des ignobles soldats à leur poursuite.
Lorsqu'ils trouvent enfin la fugitive, elle n'est plus. Affichant un dernier sourire, elle avait rendu son dernier souffle. Le chef du Gantelet, croyant que quelqu'un cachait l'enfant, fit mettre le village à sac et tua tous ceux qui refusèrent de parler. Le petit village du nord de Bélin brula et pas un ne survécu.

La Dryade tint sa parole et donna le poupon à une brave fermière nommée Marjolaine qui se promenait souvent dans ses bois et ce, toujours en chantant. Elle habitait seule avec son chien Chiva non loin de Bélin. Elle offrit à la jeune Aasimar une enfance tendre remplie de musique et d'amour. Marjolaine essaya tant bien que mal de lui expliquer les circonstances de sa naissance, mais Evoline n'arrivait pas à comprendre que tant de haine et de violence soit possible.

La dame mourut bien subitement d'une crise cardiaque lorsque Evoline n'avait que 12 ans à peine. La pauvre mit en terre sa chère mère et demeura dans leur maison où le passé la rattrapa. Elle avait 14 ans le jour où des cavaliers en armures sans reflets vinrent lui rendre visite. Un homme masqué sembla la dévisager un moment puis fit signe à ses sbires de s'emparer d'elle. Chiva bondit sur le soldat qui tenait sa maîtresse et elle pu se dégager. Sans réfléchir, elle s'enferma dans la maison. Quelques secondes plus tard le chien poussa son dernier jappement.

Evoline pleurait en tentant de comprendre ce qui se passait. Les hommes lui ordonnèrent de sortir. Elle couru se cacher à la cave. N'obtenant pas ce qu'ils voulaient, ils mirent tout simplement le feu à la maison. Heureusement, le sous-sol comportait une sortie de secours souterraine. Elle s'y réfugia pendant plusieurs heures pour être certaine que la menace était écartée.

Depuis lors, Evoline utilise sa voix et son charme pour gagner sa vie. Les propos à son égard son souvent blessants mais elle continue d'arpenter les routes à la recherche d'une personne de valeur qui pourrait lui rendre sa joie de vivre.


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