C'était une belle journée.
Le soleil brillait déjà depuis une heure ou deux et sa chaleur réchauffait les coeurs. Un ciel bleu azure piqué de quelques nuages laiteux ou cotonneux en faisait ressortir le doré. Une petite brise faisait danser les plantes et les cheveux échappés des dames au rythme de ses envies.
Un temps parfait pour sortir, se promener, flâner et surtout se changer les idées.
La rue n'était foulée que par quelques badauds lorsqu'elle sortie de sa sombre auberge. Un mélange d'odeur lui assaillit les narines à la première inspiration, pain chaud, fleurs, sable et même une pointe d'iode venue de la mer. Les odeurs d'une ville éveillée. Les rayons du soleil vinrent se poser sur son visage et caresser sa peau aussi dorée qu'eux.
La rue était presque vide lorsqu'Anaël sorti de sa sombre auberge. L'heure matinale y était surement pour quelque chose, elle s'était levée tôt pour pouvoir découvrir la ville, ses secrets et ses merveilles. Un sourire éclatant se peint sur ses lèvres carmins, la jeune fille avait décidé d'assumer cette féminité depuis longtemps éveillée mais, refoulée a coup d'exercice physique. Maquillée donc, mais très légèrement, elle portait une tunique en coton blanc piquée de petits sequins qui accrochaient la lumière pour vous la renvoyer, un collant brun et des bottes de même couleur, ses bracelets étaient toujours en place mais s'accordaient très bien avec la tenue. Les cheveux détachés retombant sur ses épaules, sa besace sur l'épaule, elle prit la direction du marché pour découvrir les spécialités du coin.
Anaël flânait, regardait longuement les fleurs colorées, les arbres et les insectes qui bourdonnaient gaiment. Ses pas raisonnaient sur les pavés et créaient un rythme entrainant qui lui rappela une chanson de son enfance qu'elle se mit à siffloter. Un brouhaha commença à se faire entendre, elle arrivait près du marché. Les étales apparurent au coin de la rue, multicolores, odorants, les tables emplies de denrées. Les marchands criaient pour attirer les clients, chacun usant d'argument plus grotesques les uns que les autres.
Prise dans le tourbillon de bruit et de couleur, elle tenta de traverser la foule avec une souplesse féline ce qui ne l'empêcha pas de percuter quelqu'un. Le choc ne fut pas très fort mais c'est surtout la surprise qui la fit tomber sur le sol.
Elle releva les yeux et commença à s'excuser :
" Pardon, je suis désolée. Je ne regardais pas du tout où j'allais ... "