12ième jour d’Afail, 369ième année de l'ère du Grand Cauchemar

En cette froide journée, habitude parmi les terres de la Norpalie, naquit un jeune enfant. Descendant de Liam Sombracier et de sa femme, Aiyana, il fut baptisé Adrian. Jamais le couple ne s’était senti aussi heureux en cet instant alors que le cri du nouveau-né s’élevait dans l’air glacial.

Plusieurs années passèrent, et Adrian grandissait à vue d’œil. Il n’avait qu’à peine dix ans, et pourtant il faisait 1m50. Il avait les cheveux courts, légèrement ébouriffés malgré les tentatives de sa mère pour essayer de les arranger. Comme son père. Et cette comparaison ne le rendait pas peu fier. Adrian admirait énormément son père, lui qui était un Marcheur de Tonnerre, se battant aux côtés de ses camarades d’arme. Il rêvait d’une telle vie, et attendait avec impatience le jour où il pourrait intégrer l’armée et se battre à l’épée aux côtés de son père. Mais sa jeunesse l’obligeait à rester à la maison, apprenant les bonnes manières et les subtilités de la noblesse avec sa mère. Mais en secret, il s’entrainait à l’épée dans le jardin une fois la nuit tombée.

Dix années passèrent encore, et Adrian était enfin adulte, et soldat. Enfin il pouvait se battre sur un champ de bataille pour son pays avec fierté, aux côtés de ses compagnons. Il portait désormais une barbe, et arborait avec fierté son armure de plates sombre qu’il aimait tant. Mais rien ne lui faisait plus plaisir que de voir son père et de se battre avec lui. Il admirait sa technique à la hallebarde qu’il apprenait à Adrian lorsque l’occasion se présentait. Toutefois, Adrian préférait porter l’épée, plus rapide et plus maniable.

Un jour, alors que l’armée défendait me territoire de la Norpalie des goules impies, et que les soldats avaient bâtis leurs tentes, Adrian avait un mauvais pressentiment. Il ne savait de quoi il s’agissait, mais il avait une sensation qui ne l’avait pas quittée de la nuit. La nuit passa, mais son sommeil fut très troublé. Pourtant, sa fatigue fut comme envolée lorsqu’il empoigna son arme et sangla son armure le lendemain matin. Il était soldat, et il était prêt. Le temps du combat arriva, les armes dégainées, prêtes à ôter des vies. Très vite, ce fut un grand massacre et le sang coula à flot. Adrian tranchait, perçait, frappait, paraît, tuait par centaine, et son père faisait de même en dansant mortellement avec sa hallebarde majestueuse. La victoire semblait certaine, comme les autres.

Mais tout dégénéra en quelques instants.

Une nouvelle horde de goules se déversa sur l'armée Norpalienne, la prenant par surprise. Celle-ci se défendait du mieux qu'elle pouvait, mais leur nombre était très important, et les pertes commençaient à se faire nombreuses. Les cris s'élevaient, les lames tranchaient, les créatures tombaient, le carnage était sans pitié. En quelques instants, ce devint un véritable massacre, autant pour le camp des créatures que celui des Norpaliens, et Adrian commençait à le ressentir. Les goules tombaient plus rapidement, mais les soldats à terre commençaient à être trop nombreux, et leur absence se faisait sentir. Au bout de quelques minutes, quelque-chose frappa Adrian. Ce n'était pas une goule, ni une lame. C'était son père. Son corps jonchait la pleine enneigée. Mort. Cette vérité le frappa de plein fouet autant que si il s'était prit une lame en plein cœur. Une colère incontrôlable monta en lui, faisant bouillir son sang. Dans un cri de guerre, il lança son épée sur une des créatures, s'empara de la hallebarde de son père et trancha les goules dans une hargne dévastatrice. Son cri remonta le moral des troupes qui suivirent son exemple, et l'armée s'employa à tuer tout les monstres jusqu'au dernier.

Lorsque vint la fin de la bataille, que plus aucune goule de donnait signe de vie, Adrian se dirigea vers le cadavre de son père. Il récupéra au passage l'épée qu'il avait lancée et se posta devant son défunt père. Une seule larme coula, et une seule goutte de sang venant de l'entaille sur son nez se déposa sur le corps, tandis qu'il plantait sa lame devant sa tête, et que le vent froid de la Norpalie caressait sa peau.

Une nouvelle dizaine d’années passèrent, et la blessure d’Adrian ne s’était toujours pas refermée. L’entaille sur son nez avait laissé place à une cicatrice écarlate. Mais ce n’était pas de cette blessure qu’il s’agit. La perte de son père avait été une terrible épreuve, et ses tourments l’avaient changé. Il avait sombré dans la mélancolie et semblait dénudé de sentiments. Jusqu’à ce qu’il rencontre Eva. Cette jeune fille, qui ne semblait n’avoir rien de particulier, semblait avoir refermé la blessure que portait Adrian dans son cœur à sa simple vue lorsqu’elle se présenta devant le Roi. Sa décision fut immédiate. Il la rattrapa avant qu’elle ne quitte le château et lui annonça qu’il la prendrait sous son aile et lui ferait porter son nom. Il lui apprit l’art de l’épée et de la stratégie, tandis qu’il montait jusqu’au grade de Grand Général.

Ainsi commença la nouvelle vie d’Adrian Sombracier, Grand Général des armées Norpaliennes, ami et conseiller du seigneur Jerodian, père d’Eva Sombracier.