Une pause... Parfois il était bon de revenir sur ses pas, de revenir dans un lieu familier, au moins pour se vider l'esprit, reposer son corps. Darïne adorait son train de vie à la main rouge mais depuis quelque temps, certaines choses lui manquaient. Château rouge, son père... Alors pour remédier à cela, la naine avait simplement pris congé pour quelques jours avant de repartir à l'aventure. Mais voilà, Dorin, bien qu'heureux de revoir sa fille avait très vite fait comprendre qu'il était encore et toujours contre l'idée qu'elle se soit enrôlé dans la main rouge. Le forgeron ne voulait qu'une chose, garder sa fille près de lui. Manque de chance, Darïne voulait tout sauf rester à château écarlate. Ainsi s'achevait cette journée sous les cris interminables d'une dispute.

À présent, la chasseuse n'avait qu'une envie, c'était repartir aussi vite qu'elle était venu. Une véritable girouette mais la situation actuelle n'aidait guère à rester ici quelques jours comme Darïne l'avait espéré. Par conséquent, la naine avait quitté le confort de château écarlate pour rejoindre Faubourg. ce fut dans le quartier du Rubis que la naine au regard perçant vint oublier sa colère. Entrant dans l'une des nombreuses tavernes, elle se laissa bercer par les chants des nains, du bruit des choppe de bière que l'on cognait sur les tables en bois. Rien de mieux qu'une soirée auprès de bon buveur pour soulager son âme de ses tourments. Darïne prit place à une table, seul avec une bière à la main. Dans un soupir, elle but quelques gorgées de son alcool préféré (commun à la plupart des nains) et observa la salle.Un rot bruyant lui parvint aux oreilles et la femme ricana en levant sa bière. La bonne ambiance de la taverne lui donnait du baume au cœur. La seule chose qui manquait réellement c'était un ami avec qui partager cette soirée, Darine ignorait que son souhait silencieux se verrait bientôt réalisé.

 Ceux qui revenaient du Baroud, ceux qui s'étaient dressés aux premières lueurs pour guerroyer contre les pillards Orques, ne revenaient jamais avec les lèvres scellées. Sauf si bien sûr il s'en retournaient à Ecarlate les paupières closes dos à l'écu ... Nombre de louanges étaient attribuées aux faces de Porc, on babillait concernant leur hardiesse et leur force mais qu'un de ces bipèdes s'en rappelle, être haut et charpenté ne dispense pas de faire garde basse. Maculé de sang bruni, la barbe poisseuse, le visage moucheté et la mine maussade, Dolgarim venait de franchir les grandes Portes du Rempart, toisé par les petites gens de la garnison. Il fit s'élever quelques ricanements, tant de cachins qui firent écho à son passage empreignant son sillage comme une sale odeur de chiure. Il gratifia d'ailleurs les plaisantins de regards furibonds, jusqu'à ce que ces lièvres de garnison arborent un silence monastique.
Il fallait pas l'ennuyer le Hautfrontel, pas en des jours comme celui-ci, pas quand il n'avait pas lavé la souillure par le baiser ardent de l'alcool. 

" Chiabrena ! Je fleure le Porcor mort "  Fulmina le courtaud. 


 Remarque qui fit s'élever une nouvelle salve de ricanements gras dans la Cour du palefrenier. Mais cette fois, le Nain ignora ces affronts et gagna un bassin pour se passer le visage à l'eau claire. Une fois ses ablutions faites, alors qu'il fut sommairement décrotté, il gagna l'Echope la plus proche du Rubis, tannant la large porte d'un coup d'épaule rageur. Le battant trembla si fort que le chambranle crachant sciure et poussière menaça de s'effondrer ...
C'est face à de nombreux regards interloqués que le Robuste Bris-Bec s'engouffra dans l'Hostellerie, gueulant à gorge déployée, de sa voix de stentor fort gutturale.-

" Une Ambrée taulier ! Et pas de la pisse de bardot ! " 

Cette voix... Elle l'aurait reconnu parmi des milliers d'autres. Pas deux nains avaient un timbre de voix comme celle-ci. Pire encore cette silhouette, un géant parmi les nains. Darïne leva le nez de sa chope et fixa avec une moue interloquer son mentor de la main rouge. Le guerrier, bien que nain, était plus grand que les autres dans la pièce, réclamant d'une voix puissante sa bière et exigeait en plus que celle-ci soit de qualité. En somme, pas une bière humaine. Darïne attendit un instant, se contentant de regarder son ami de loin, vu l'expression de son visage, celui-ci avait combattu il y a peu de temps, peut être n'était-ce pas le bon moment pour l'aborder. La naine termina sa bière, faisant glisser la chope sur la table et se leva, se frayant un chemin parmi les clients qui de la taverne. Petite (bien plus que les mâles ici présent), il fut facile pour la chasseresse de se glisser dans le dos de Dolgarim sans être vu. Elle posa ses mains sur ses hanches généreuses tout en détaillant le dos du nain puis elle souffla.

"Et pas un verre pour une amie ?"

La naine émit un rire malicieux avant de contourner Dolgarim pour se poser à ses côtés, poussant un nain ivre sur le côté. Il grogna, tituba et finit par aller s'écrouler dans un coin de la taverne. Darïne esquissa un sourire, dardant sur Dolgarim, son regard ambré comme la bonne bière commandée par celui-ci. Elle attendait une réaction du nain, voici un moment que leur route ne c'était pas croisée, pour elle c'était un vrai plaisir que de revoir l'ami avec qui elle avait botté le derrière d'une liche. De bon souvenir, c'est tout ce qu'elle avait de Dolgarim. Donnant une tape amicale sur l'épaule du guerrier en clamant haut et fort, le sourire aux lèvres.

"Vieux gueulard, tu pourrais au moins me saluer!"

 
Les veillées des Fils de la pierre étaient sans pareil, aube ou crépuscule, tout était démesure. Les tète pinte et autres soiffards étaient les seigneurs de ce domaine, tout le monde avait quelque chose à oublier ici. Contrairement à bien d'autres pourtant, Le Bris-Bec n'était pas du genre à noyer les songes dans l'écume, pas plus qu'à enfermer ses souvenirs dans l'ambre ... Non, il venait se délasser, et sa quête ne s'achèverait qu'une fois repus, alangui par les vapeurs ardentes de la rincette et si les hôtesses n'étaient pas trop vilaines, par un repos du guerrier. Chez les rougeauds, il était d'une rigueur et d'une austérité de Juste mais une fois libéré de ses obligations, il profitait avec une goulue concupiscence des plaisirs d'existence. En bon jouisseur, il avait repéré une tablée, dont le vernis n'avait pas encore été usé ... C'était limpide, personne n'était venu user l'assise ou dégorger dans ce coin, c'était l'endroit rêvé pour se prêter à ses vices. Alors qu'il commençait à jouer des coudes pour bousculer les traine-patin, une voix s'éleva au milieu de la cacophonie, un timbre qu'il reconnaissait bien. Darïne ? Pivotant lentement, il lorgna la donzelle, le coude apposé sur la tête de son éclate-rotule : 

" Il y aura toujours un tonnelet pour toi ... Par les Gorjons de la None ! Tu m'as l'air en forme ... Et en formes " - Le rustaud ne manqua pas de lorgner le balconnet de la Fille Durgal


Levant sa main calleuse et potelée, il enjoignit sa comparse à le suivre vers la tablée qu'il avait alors repérée. Trois autres guerriers avaient aussi louché dessus mais s'étaient vite résignés quand le Patrouilleur s'était manifesté pour en prendre possession. Tirant la chaise, sans plus de cérémonie, il s'installa, alors que le taulier arrivait avec une chope d'étain l'air contris. Là dessus, toujours aussi provocateur, l'Estampilleur houspilla le tenancier :


" L'ami ! Où sont tes manières ? Apportes donc deux cruches, des miches de pain dorées et de la cochonnaille ! Galope ! " 


Courroucé mais habitué aux fortes têtes, le vénérable Nain s'en retourna à ses fourneaux hochant vigoureusement la tête, tablier rejeté sur le bras. Dardant la Chasseresse de ses billes d'acier, Dolgar' ne manqua pas de s'enquérir : 


" Alors voilà une bonne saison que nous ne nous sommes pas croisés, qu'à tu à me conter ? " 

Quand le nain prit conscience de la présence de son ami, il la salua joyeusement, complimentant sa forme et... ses formes. Il était vrai que pour une naine, Darïne avait de quoi faire tourner des têtes. Auprès des siens elle avait eu du succès de nombreuses fois mais n'avait jamais cherché à se caser. Un mari ? des enfants ? pas pour elle, seul le bruit de l'or, le gout de la bière et quelques aventures lui suffisaient à faire son bonheur. Il faudrait en faire beaucoup pour rendre la guerrière amoureuse. Elle rit faiblement à la remarque de son ami et à son regard qui glissa sur sa poitrine bien en forme moulée dans un tissu tout juste retenu par un crochet taillé dans un os.

"Et toi tu semble plus grand que jamais. Par la barbe du vieux Smouk avec quoi t'ont nourris tes parents ?"

La naine suivit le patrouilleur du regard avant de le suivre jusqu'à une table qui semblait bien moins ancienne que les autres. Dolgarim prit place , suivi de près par darïne tandis que le nain réclamait boisson et nourriture. Avec tout ça, la naine réalisait qu'elle n'avait rien avalé de la journée. La charcuterie et le pain lui feraient le plus grand bien et avec ça, elle se gorgerait de l'alcool avant d'aller s'endormir totalement ivre. Une bonne soirée s'annonçait.

"Tu me connais, je ne reste jamais en place... J'ai voyagé en Norpalie avant de revenir en Térovia... j'ai pas trouvé grand chose à chasser ces derniers temps, et toi ?"

Une fois les mets et la boisson sur la table, la naine s'attela à découper de généreux morceaux de saucisson de pain et de fromage, laissant son ami conter son propre parcours. C'était bon de revoir Dolgarim car depuis la mort d'Ulfin, il était le seul ami qu'il restait à la naine. Elle sourit faiblement en portant sa chope de bière à ses lèvres puis la reposa bruyamment sur la table en essuyant ses lèvres d'un revers de main. Pas glamour pour un sou, la naine avait décidé que ce soir elle se soulerait jusqu'à l'inconscience, et quoi de mieux qu'une beuverie entre amis pour oublier les petits tracas de la vie .

S'appuyant confortablement sur l'assise de son siège, fendu d'un sourire jovial, le rustaud leva le menton, passant ses doigts dans sa barbe encore crottée de sang bruni. L'oeillade déjà luisante, il accusa plutôt bien les flagorneries de Darïne concernant sa taille. Il eut cependant la correction de ne pas souligner de façon libidineuse, la remarque de sa comparse, en affirmant que son braquemart était tout aussi grand que lui et qu'on le surnomma le trépieds grâce à cette heureuse difformité. Le Bris-Bec se devait de le céder à la Durgal, elle avait de la poigne, pas comme les donzelles humaines poudrées, qui tombaient en pâmoison dès qu'un nigaud montrait ses quenottes. :


" Je sais pas si c'est le giron de ma bonne mère ou les autres mamelles dans lesquelles j'ai avidement mordu, mais pour sur les femmes m'ont engrandi comme je les ai élargies ! "


Portant a gorge déployée sa tirade tendancieuse, Dolgarim eut un auditoire réceptif. Les mâles empourprés s'esclaffèrent, emplissant la salle d'une nouvelle cacophonie. Les culs de pinte martelèrent les tables comme des applaudissements. Mais déjà ravisé, le Haut courtaud lorgna la Chasseresse d'une oeillade plus austère, l'écoutant conter son histoire et il ne manqua pas de répondre à ses questions. Qu'avait-il fait qui mérite d'être déclamé comme une épique contine ? 
Chasser quelques gueux en guenilles ... Accessoirement réglé un contentieux avec quelques parias ... Ah ! Si ! :


" Ho ! Si tu savais, j'ai croisé ce Tire-Masse au nord de Terovia, pas loin des avant postes de la Dissidence. Un fiéret qui voulait jouer avec son Morgenstern, il a chargé comme un forcené et a réussi à me faire lâcher Combrisgar le bougre. Il était plus enhardi qu'un jovencelin devant sa première femme, il tardait à s'investir et était pressé d'en finir ! J'ai donc porté mon bec de corbin, je lui ai décalotté la tête en agrippant son camail et je lui ai engoncé le cap si profondément dans le col qu'il avait plus que les poils de barbe qui sortaient de sa cuirasse. Il a continué de marcher sur une dizaines de pieds avec la tête bosselée comme une aubergine gâtée avant de s'écrouler. Les gars l'ont surnommé l'armure a franges ... ha ha ha ha "


Martelant la table de son poing épais, la larme à l'oeil, le paillard s'amusa de cette évocation. Le tenancier lui venait d'arriver pour déposer les savoureux mets sur la table, ainsi que les carafons ... Pour sur il avait le bras large.

Dolgarim était connu pour ses exploits au combat, pourtant son humour lui semblait n'avoir aucune limite. Déjà dans la salle les nains riaient à ces tirades osées et déplacées et Darïne ne manqua pas de joindre son rire à celui des autres nains. Elle engloutit une tranche de saucisson de sanglier, son préféré et bu goulument une autre gorgée de bière avant de lâcher.

"Ton bélier ne voudrait-il pas venir se frotter à ma porte ? il semble que les gonds méritent d'être huilé... ça commence à rouiller depuis le temps que je n'ai pas eu de visite..."

La délicatesse féminine. Darïne n'avait rien d'une dame, alors que les femmes auraient été outrée par les tirades du guerrier, elle préférait renchérir, accompagnant les gestes à la parole... À l'abri des regards, la main de la naine se glissa sous la table pour venir se glisser malicieusement sur la cuisse du bris-bec avant d'y faire une légère pression. La naine esquissa un sourire et ressortit sa main pour empoigner d'un couteau de chasse à sa ceinture et venir le planter dans un bout de fromage. Délicatesse féminine disions-nous... La femme jeta un coup d'oeil à son compagnon de la main rouge tout en mordant dans le fromage et écouta son récit avant de se remettre à rire, manquant de s'étouffer. Elle toussa un moment avant de taper du poing sur la table et souffla un coup.

"Voilà un moment que je n'avais pas rit ainsi! Il faudrait que je reparte en voyage avec toi un de ces jours Vieille branche... ton humour me manque."

Terminant sa chope, Darine lâcha un rot, bien plus discret que ceux de ses compères de bar mais pas ragoutant pour autant. Elle ricana, s'étira et hurla.

Taulier! Une autre tournée d'ambré pour mon ami et moi!!!"

La remarque de Darïne en aurait ébranlé plus d'un, mais Dolgarim se contenta de se fendre d'un rictus sournois avant de ricaner. Il venait lui aussi de tremper dans la mousseuse et reposait le boque d'étain sur le bois de leur tablée. Bien qu'il fut sensible aux charmes de sa comparse, il préféra ne rien laisser transparaître, question de fierté masculine sans doute. Un paillart qui cédait trop vite devenait un nervi et il comptait bien, en bon mâle conserver le statut de chef de meute. Même si il se confrontait dans le cas actuel à un binôme, l'allégorie restait bien sentie. Saisissant une rondelle de saucisson qu'il mâchonna pour éponger l'ambrée, il ne manqua pas de répondre à la Durgal :

" Aussi goulue pour t'engorger que pour cancaner, on verra pour tes problèmes de chambranle une fois qu'on aura réglé quelques détails gourgandine. J'ai peut-être bien quelque chose qui devrait t'intéresser ... "

Marquant un temps d'arrêt suffisant pour évaluer l'attention de la Chasseresse Rouge, il attendit que la seconde commande soit passée, au plus grand désespoir du taulier, pour aborder un projet des plus audacieux. Il avait pensé à de nombreux affidés pour mener à bien son expédition, mais aucun ne lui semblait suffisamment solide pour remplir les termes du contrat, il fallait de l'estomac. L'affaire en question, ne concernait de surcroit pas, les affaires de la Main rouge :

" Voilà, j'aimerais bien aller en Etragore ... Sortir des sentiers battus ou du moins ceux tracés par l'ordre afin de voir ce qu'il se passe "réellement". Jusqu'ici on a fait que partir en campagne, sans véritablement savoir ce qu'on combattait. Là un peu d'investigation ne ferait pas de mal ..."

A présent inquisiteur, il attendait de voir la réaction de la Naine, il parlait bien d'opérer en son propre et sans l'aval de l'ordre. Ce qui pouvait, sait-on jamais, leur attirer des ennuis. Sans bénédiction, ils n'avaient plus de protection, plus de hautes instances pour couvrir leurs arrières. Somme toute, ils seraient seuls, face à un danger certain. Peut-être était-ce le quotidien itératif de la main rouge qui poussait le Bris-bec à de telles entreprises ... Ou une folie latente, allez savoir.

Les dés étaient jetés, Darïne passerait le reste de la nuit avant son compagnon de la main rouge. La naine n'avait aucun doute sur le fait que la soi-disant marchandise de Dolgarim pouvait l'intéresser. Elle esquissa un léger sourire en mordant dans un bout de pain accompagné de fromage, l'idée de passer un moment privilégier avec son ami faisait jubiler Darïne comme jamais. S'en était presque aussi excitante qu'une bataille. Presque.

" Tu sais ce qu'elle te dit la gourgandine...? Vieux gueulard."

La naine rit de plus belle, tapant de son poing sur la table avant de jeter un coup d'oeil à son ami qui vint à parler de son prochain voyage. Hm, sortir des sentiers battus . Voilà une proposition intéressante. Une proposition qui risquait de leur attirer la colère de la main rouge. Par tous les dieux, Darine s'en fichaient royalement puisque seul son propre intérêt comptait, de plus la naine n'était pas connue pour son obéissance.

" Tu me prends par les sentiments Dolgarim... Je suis avec toi. Quand partirons-nous ?"

Darïne frissonna d'excitation à l'idée de voyager sans avoir à suivre les ordres. Et voyager en compagnie de son unique ami qui plus est... C'était une pensée réjouissante. La naine mordit à nouveau sans son fromage avant de lever sa chope vers le nain, prête à trinquer.

"A nos retrouvailles mon ami."

A la bonne heure ... A dire vrai, il n'avait pas douté une seule seconde de l'aval de Darïne pour cette entreprise, aussi périlleuse fut-elle. Saisissant deux nouvelles rondelles de cochonnaille, il entreprit alors de lui exposer un peu plus en détail le tenant de cette quête, sans vraiment en connaître les aboutissants d'ailleurs. Il ne tarda pas à poser son énoncé en agitant férocement le porc seché qu'il tenait entre ses doigts :

" On devine aisément que la source vient du Sud d'Etragore, mais pour ce qui est de la localisation exact du problème, je crois que tout le monde bute ... Sauf les concernés bien entendu. La Main rouge semble plus décidée pour le moment à "défendre" les intérêts des opprimés et protéger Ildir, mais je pars du principe que la meilleure défense est parfois l'attaque. T'es quand meme consciente qu'on risque fort de se faire remonter le braïeul par le Ser Alberick ? "

Oui, il voulait laver sa conscience, après tout, il n'était pas vendeur de camelote et ne comptait pas jouer de la viole à la fille Durgal. Il l'aimait bien après tout. Il aurait pu trouver un corniaud suffisamment enhardi et sottard pour se lancer à corps perdu dans ce genre de gourbis, mais déceler dans le lot, les bons guerriers était une tâche des plus ardues. Il posa la surenchère quand les pintes se levèrent avant de descendre sa blonde d'un seul trait. Il s'attela ensuite à écouter attentivement la Chasseresse, il ne voulait pas la voir défaillir. Il ingurgita d'ailleurs deux autres bouts de cochonnaille avec un peu de pain beurré pour faire glisser le tout..

Écoutant son ami avec attention, Darine continuait de manger bien qu'elle ralentir l'allure sur l'ingestion d'alcool. Il valait mieux avoir l'esprit clair pour parler travail. Lorsque Dolgarim fit mention du grand Ser Alberick, la naine s'exclama en agitant sa lame vers son ami, un sourire malicieux aux lèvres.

"Tu sais, c'est souvent que je me fais remonter les bretelles par le grand patron... je suis plus à ça près et j'adore voir la tête de ce Norpalien chaque fois que je fais un truc qui lui plaît pas! Et puis tu sais parfaitement que sont les règles ce n'est pas mon genre Dolgarim."

La femme observa son ami engloutir le saucisson avant de pincer les lèvres et de planter son couteau dans le dernier morceau. Celui-là était pour elle, le bris-bec n'aurait plus qu'à faire une autre commande. Darïne avala son saucisson et ajouta:

"Je l'aime bien Alberick, mais toi je t'aime plus. C'est décider, je viens avec toi mon gueulard, on n'a pas mal de temps à rattraper toi et moi... maintenant dis-moi quand nous partirons que je puisse préparer mes affaires pour ce voyage."

Dans la taverne, les rires retentirent de plus belle alors que deux nains en vinrent aux mains. Darïne ricana en observant le spectacle. C'était pittoresque, ces hommes n'avaient sans doute jamais rien connu de mieux que des bagarres de bar tout au mieux. L'idée de répartir en vadrouille avec son ami de la main rouge lui fit comprendre que son père allait être à nouveau furibond. À cette pensée, le sourire de la naine s'estompa. Elle resta un instant à observer les deux nains puis elle se leva lentement.

"J'ai besoin de prendre l'air... tu m'accompagnes ?"