Dolgarim est l'engeance d'une forte lignée, mieux encore, on le dit desclos d'un bon roc, celui des Bris-Bec et des Berbuels. Bien haut et hardi pour un fils de la pierre, il frôle outrageusement les cinq pieds, ce gaillard bien bâti et de large charpente est un géant parmi les siens. D'où son surnom d'ailleurs, Hautfrontel. On le pense ventripotent à cause de ses oripeaux, mais sous la cuirasse de couenne soigneusement entretenue par l'écuelle, il y a de la bonne chair fuselée par l'effort. Comme l'affirme ce Haut-nain, les cochons n'ont qu'un régime, les châtaignes et les marrons dans le groin, quant aux truies on leur sert le gland après la porchoison. Cette réplique est généralement appuyée d'un rire gras et d'une oeillade égrillarde.
Sur le crâne échevelé, du bon Dolgar' à la toison épaisse et hirsute, s'expose un front bien dégarni et proéminent, un support raviné pour ses sourcils forts broussailleux. Ses petits yeux espiègles, d'un gris d'acier sont divisé par un gros nez camus vilainement buigné. Ses lèvres ténues et pincées sont coiffées d'une barbasse longue et tressée de cordons rouges. Sans doute une marque distinctive de son appartenance.
Il porte généralement un Gambison sombre doublé d'un plastron d'écailles de cuir brun, ainsi que des apports d'armure lamellaire. Ce nain là s'harnache léger. Il compense cependant par le port d'une rondache large d'ébène, riveté de piques, liserés et d'un umbo conique, de Mithral. Ce rempart est toujours pendu en son dos par un baudrier large.
Au braïeul il porte un Bec de corbin, une arme de dernier recours que l'on pourrait qualifier de secondaire quand on le voit toujours porter "Combrisgar".
Combrisgar, aussi appelée Fléau à échasses, casse-patte ou éclate rotules est un magnifique marteau de guerre transmis depuis des éons chez les Berbuels. La Masse travaillée dans l'adamantium représente une massive tête de Bouc et est soutenue par une hampe de bois de fer, annelée du meilleur acier nain.

Les gens du peuple affirment que le Hautfrontel n'est qu'un soiffard et dépravé ... La vérité est sans doute plus alambiquée. Par les pies de la crémière, ces babeleurs ne traquent pas des aberrations, ils porpissent déjà dès qu'un Barel à mousseuse hurle un peu fort ...
Bien sûr que ce paillart boit et desrobe toutes les ribaudes potelées comme si chaque veillée était la dernière, vous feriez la même chose si vous aviez de la panse et des bourses.
Dolgarim est un solide et courageux gaillard, un fantassin qui n'a point perdu son temps comme on dit. Il en a fait voler des quenottes et il en a enfoncé des crânes, à faire crier les truands de petites et grandes brigues comme des catins. Les Bourlingueurs semblent exhaler une aura, une nimbe d'intimidation qui dissuade généralement les bravaches de venir jouer du fer ... Le dernier né des Bris-bec fait partie de cette caste. On ne vient clairement pas lui chercher querelle. Les jouisseurs viennent partager une bonne ambrée avec lui et si le coeur leur en dit, un rougeaud flatteur, car on ne peut nier que ce Patrouilleur est un bon-vivant. De nature grivois, rustre et râleur, ce grand courtaud au verbe aigre reste en dépit de ses travers, un bon compagnon. Allié loyal, résolument téméraire pour ne pas dire inconscient, il est pour les membres de la main rouge un élément des plus fiables et il a su s'illustrer déjà, dans quelques batailles, comme étant un redoutable combattant.

Enfant de Brives et de travailleurs de la pierre, Dolgarim a passé son enfance au Faubourg, près des petites exploitations minières. Porteur du nom d'un Forgeron reconnu, Tarkor Berbélin et des Joailliers de Haut fais, Bris-bec, ce bon parti a rapidement été initié aux armes. Voué à être rompu, de part sa carrure, aux choses militaires, ce butor a suivi, après une juvénile passe d'apprenti tanneur, les enseignements d'Ulför Filgrisle.
Filgrisle se fit des poils blancs, ce fut autant l'ouvrage du temps que les faits d'un apris à tête de pioche. De toute évidence, Dolgarim avait hérité des Berbuels, ses élans de bête à cornes. Mais il était doué ce sale grogneur baubi aux manières de brigand.
Il s'illustra d'ailleurs à sa cinquante-deuxième année, lors d'une ronde ...

Cette nuit là le petit avant-Poste situé près de l'affluent n'avait rencontré des problèmes qu'avec quelques pillards Orques, sans doute des maraudeurs désireux d'aller siphonner les exploitations minières du sud du territoire d'Ecarlate.
Le problème était tout autre cependant, car des "Cellules mortes", des "Empreintes de la vieille magie" avaient corrompu les profondeurs d'un gisement de cuivre. Auverfel, ou la grotte d'Or rouge semblait être le siège d'un mal Innommable. La fière brigue de Filgrisle s'en alla donc armes et lanternes en main, faire la lumière sur ce qui se tramait dans l'abîme.
Aujourd'hui encore, Dolgarim revient peu sur les évènements qui eurent lieu sous terre, mais il se raconte comme une contine dans les hostelleries de l'Ouest.


Sur Huit compagnons, seuls Dolgarim et deux autres guerriers parvinrent à s'extirper des profondeurs d'Auverfel. Pour ce que l'on en sait, les nombreuses goules hantant les boyaux rocheux avaient toutes été éliminées ... Mais à quel prix ?
Les tailleurs de la carrière remercièrent les rescapés de ce massacre et repartant pour Faubourg avec ce nouveau fait d'armes sur les épaules, Dolgarim fut repéré par la Main Rouge. Sous l'Office de Phelim Alberick, il s'enrôla comme Factionnaire chez les patrouilleurs et devint le vieux bouc qu'il est aujourd'hui.

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