Siril, Chapitre premier ; le don de puissance

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8ième jour d'Autron, 15ième année de l'ère du Second souffle

La saison chaude était à nos portes, mais la brise du soir me faisait frissonner alors que je méditais. La Vallée était vaste et magnifique malgré son passé obscur, et tout cela me donnait envie de rester et de réfléchir. Les goules étaient là, dans la brume des montagnes gelées, et je me devais de faire un choix crucial. Il allait de soi que je participe à la bataille ainsi que les derniers guerriers Reirims, la question n'était pas là. Ce qui me rongeait était de savoir si mon fils était prêt à affronter ces monstres.

« Quelle funeste fin nous attend, grands Divins... ? Que me reste t-il à sacrifier pour que les miens connaissent la paix à nouveau ? Je devrais sans doute m'en charger seul et prouver ma valeur pour ainsi gagner votre confiance. La bête noire sera présente au combat et peu m'importe la mort, sur mon honneur je ne reculerai pas devant cette chance. »

Mes pensées se dispersèrent peu à peu alors que mon cœur se calmait tout en regardant le soleil s'enfoncer par-delà l'horizon. Je pensai alors que rien n'était perdu.

Soudain je ressentis une intense douleur à la poitrine. Puis ce fut le tour de ma tête, de mon ventre et ainsi de suite jusqu'à ce que j'ai l'impression que tout mon corps était en feu. J'étais cloué au sol et tout en retenant mes cris je vis une lueur qui émanait de mon abdomen. La douleur cessa mais je restais pantois devant la lumière qui s'intensifiait lentement. J'étais en proie à une panique que je n'avais pas ressenti depuis longtemps. Je dus fermer les yeux tant mon corps irradiait. Puis plus rien. Le silence qui suivi cet étrange phénomène ne me disais rien qui vaille. Je me levai et regardai tout autours sans trop savoir ce que je cherchais. Puis, sans crier gare, mon bras se disloqua et je me mis à hurleur de douleur. Ce fut le tour de mon second bras, et je tombai à genoux les larmes aux yeux et la peur au ventre. Je levai la tête vers le ciel et aperçu une ombre s'approcher. Elle fondit sur moi. Je vécu alors la pire souffrance de toute ma vie alors que je m'éloignais du sol sans comprendre. La noirceur tourbillonnait autour de moi comme autant de démons se payant ma tête. Lorsque tout s'arrêta net, je constatai la fourrure sombre et les griffes remplaçant ma main d'Éladrin. Mon souffle était rauque et chaud, mes dents devenues crocs acérés et mon visage...

- QU'AVEZ-VOUS DONC FAIT DÉMOONNS!! hurlais-je sans savoir à qui revenait la faute, MONTREZ-VOUS !

Je n'eus pour réponse que l'écho de mes rugissements vides de sens. Que m'arrivait-il ? Quelle force pouvait ainsi transformer un Palandrin en vulgaire animal ? Une voix se fit entendre mais je ne voyais personne.

La main de Litrish

C'en était assez. Peu d'êtres vivants pouvaient prétendre posséder la force nécessaire et encore trop peu d'entre-eux pouvaient se venter d'avoir reçu l'aide d'un Dieu. Celui-ci continuait pourtant de crier et de geindre alors que je lui avait offert si beau présent.

- Démon ? Que dis tu là Éladrin ? Je réponds seulement à tes prières et t'offre ce cadeau. Personne ne te prête attention, à part moi bien entendu. Tu mérites mes faveurs, pour l'instant du moins. Tu pourras aisément vaincre les goules avec ce pouvoir et promouvoir mes talents et ma générosité par la même occasion...

- Qui êtes-vous donc ?! me lança le fauve géant avec haine.

- Je suis l'esprit de la forêt, je suis la magie derrière chaque pierre. Je suis Solarim et je viens à toi, mon enfant.

Invité

Sa voix m'étourdissait, comme si elle venait de partout à la fois. Mon corps était celui d'un animal démesuré et mon interlocuteur prétendait être la dieu de la magie...Quel honneur et quelle détresse je ressentais à la fois. Autour, tout semblait plus agréable à voir, à sentir. Au fond de moi je savais qu'une chance pareille ne se reproduirait pas. Le grand Siril dans la peau d'un énorme jaguar noir, pourquoi pas ? Serait-ce permanent ? Mon fils ! Les questions se bousculaient mais je devais peser mes mots pour ne pas l'offenser.

- Je, Maître de la nature, pardonnez-moi, je ne comprends pas...Que suis-je donc devenu ? Un Sulis ? Je me sens si...

La main de Litrish

- Si puissant, en effet. Non tu n'es pas un Sulis, quoi que tu leur ressemble, tu es plus fort et plus agile encore. Tu ne peux pas t'exprimer dans la langues des Hommes, mais tu as connu pire n'est-ce pas ? Cela fait plus d'un siècle que je te surveille. Tu mérites ta place au sein de ton peuple, Siril. Je t'ai donné la vraie force de la bête noire qui sommeillait en toi, voilà ce que tu es. Un être deux fois centenaire, puissant et sage par la même occasion. Quant à ce que je veux, et bien c'est très simple ; prouve ta force et ta volonté en détruisant le plus de ces goules de malheur, perfides indignes et horribles bestioles de l'Outre-monde, et je guérirai ton peuple.

J'attendais sa réponse mais le suspense perdurait. La bête semblait perdue et hésitante. Pourtant tout ceci était des plus limpides...

Invité

Solarim entrait et sortait de ma tête à sa guise, tout ceci était très éprouvant. Devais-je accepter ma condition, me révolter ? À quel prix...S'il pouvait guérir les miens, je ferais selon ses plans.

- Vous savez très bien que rien ne se mettra en travers de ma route, grand Divin, protecteur de la terre. J'agirai selon vos vœux, je vous remercie et je ne vous décevrai pas. Mon peuple est perdu sans vous.

Il ne répondit rien mais je sentais mes sens se décupler et ma magie grandir à l'intérieur. Que faisait-il ? Comme s'il avait entendu mon interrogation sa voix retentit à nouveau et plus douce cette fois.

La main de Litrish

Lorsqu'il cessa de se débattre je me calmai aussi. Je ressentais sa fierté et sa volonté sans faille. Si les Éladrins avaient une chance de retrouver leur grandeur, je les aiderai avec grand plaisir. Mais ils devront se battre jusqu'au bout et se montrez dignes.

- Ta puissance sera en éveil à l'approche des goules et sera latente le reste du temps. Cependant, ta magie est passé à un niveau supérieur, sois prudent. Si Ildirith revient au Hommes à la fin de cette guerre, peut-être reprendrais-je la place qui m'est due. La terre n'a que trop souffert de mon absence. Bête noire, montre-toi digne et n'oublies pas combien ma bonté est grande. Va !

<< Je ne serai jamais bien loin, Siril. >> ajoutai-je pour moi-même.

Invité

Après que l'écho des dernières paroles de Solarim se soient estompées, je cessai d'être chancelant et étourdi. J'étais animal mais je me tenais à la verticale, sur mes deux énormes pattes arrières. Mon torse deux fois plus large qu'à la normale se mouvait maladroitement au rythme de ma respiration saccadée et hasardeuse. Il me fallu un temps avant de reprendre le contrôle et je fis un pas à la fois vers le centre de la vallée désormais calme et sans un bruissement. La noirceur me plaisait car ses reflets me paraissaient tout à fait clairs. Je fis plusieurs mètres avant de poser mes deux autres pattes pour tenter l'expérience d'une vie ; courir à la vitesse et avec la puissance d'un jaguar gigantesque. Une patte après l'autre je trouvai mon équilibre et pris rapidement de la vitesse. C'était incroyable ! Pourtant, ma course prit brutalement fin et j’eus tôt fait d'être recouvert de la terre que j'avais retournée en voulant m'agripper. Sur le dos, haletant, je riais. Ma gorge émettait de drôle de miaulements alors qu'à l'intérieur je m’esclaffais. Je m'attardai ensuite sur ma nouvelle apparence. La bête était définitivement très musclée. Des tatouages linéaires parcouraient mes bras et mes jambes et dégageaient une faible lueur violette. La magie sans doute. Je devais mesurer plus de 2,60 mètres à présent. Mon pelage noir cachait des taches argentés que la lumière de la lune dévoilait. Mes griffes aiguisées comme des rasoirs étaient plus grande que le fut jadis ma main. Je touchai mes oreilles qui étaient désormais rondes et touffues. Le moindre son attirait mon attention, j'allais sans doute mis faire. Je sentais ma mâchoire surpuissante et mon museau lui semblait tout percevoir. Mes vêtements n'étaient plus que lambeaux alors je les arrachai, ne conservant que mes multiples colliers et bracelets ainsi qu'un bout de tissus pour mieux garder mon intimité.

Je restai là un moment avant de me remettre à marcher le long des arbres. Que la nuit était douce. Soudain je me mis à penser aux miens, et à Bohem. Je me m'arrêtai et me concentrai sur moi-même afin de me retrouver. Comment procéder ? Solarim n'avait rien dit à ce sujet...Dix bonnes minutes passèrent et toujours rien. Je ne pouvais tout de même pas me montrer en ville ainsi transformé , on voudrait ma mort ! Je décidai donc de dormir après maintes tentatives.

...