Ma personnalité est complexe et authentique. Il va sans dire que je suis une femme de tête, déterminée à ce qu'on me respecte et que l'on m'obéisse. Étant le chef d'un équipage d'hommes, il s'avère être tout un défi de s'imposer et d'ordonner, mais j'ai réussi à gagner la confiance de mes hommes, qui proviennent des quatre coins du continent. Je suis ouverte d'esprit et intelligente, je ne sers qu'une seule cause: la liberté.  En tant que corsaire, j'aime bien être aux services des pays lors des guerres, mais je n'ai aucun maître, sauf moi-même. Je ne compte sur personne pour survivre, je sais me débrouiller seule et je désire être un exemple de bravoure pour les autres, mais je n'exige pas cela d'eux. C'est moi qui créer ma vie, je l'assume entièrement et j'en suis fière. Je déteste le mensonge et les trahisons. Je suis capable d'être très dure si l'on me ment,et souvent, cela finit par le fouet ou la pendaison. Je dois avoir-confiance-en-mes-hommes et je n’éprouve aucun remord à utiliser la condamnation. Mon équipage me craint et me respect, aucun n'oserait me défier, car ils finiraient morts, et ce, sans aucun scrupule. Je suis féroce et intransigeante au combat et dans la vie, mais je possède un côté aimant et doux que je montre très rarement. Je n'ai pas d'attachement et plus de familles. Orpheline de parents et de patries, mon seul réconfort est l'immensité de la mer et les aventures épiques que la vie m'apporte. Bref, je suis une capitaine exigeante, dure et audacieuse, mais je suis une femme mystérieuse, forte, loyale, douce et aussi...vengeresse.

  Le cœur rongé par la peine et la peur,  Valrik Lerouge, mon Norpalien de père, m'amena de force sur son navire, un immense brick aux ailes écarlates et à la coque d'un noir profond. Prenant le temps de l'admirer, je remarquai que ce brick s'appelait Jasmina, comme ma défunte mère, et sa figure de proue était son portrait tout craché. Cela me réconforta un peu et me prouvait que mon père avait réellement aimé ma mère. Valrik me déguisa en garçon et me coupa très court les cheveux. Satisfait de ma transformation, il m'engagea comme matelot et me fit faire les tâches les plus ingrates et les plus dures qui soient. Au début, je fus toquée et refusa catégoriquement de m'y plier, mais après plusieurs coups de ceinture sur l'arrière-train, je dus me soumettre et devenir bonne élève. Étonnamment, j'appris à adorer cette vie remplie de danger et de liberté. Mon père m'enseigna tout ce qu'on devait savoir à propos d'un navire et de son équipage, ainsi que sur les étoiles et les caprices de la mer. Après un entraînement rigoureux et exigeant, je devins une experte à l'escrime, au lancer du couteau et au tire à l'arc. Ma souplesse et mon agilité à me déplacer de poutre à poutre en épataient plus d'un, ainsi que mes acrobaties incroyables afin d'éviter et d'attaquer mes adversaires. Avec le temps, je gagnai le respect de l'équipage et fier de mon ascension, mon père me nomma Contremaître. Ce fut à ce moment-là que je compris le but précis d'une telle instruction, qui m'avait paru si rude et si exigeante. J'étais son unique héritière et je devais m'en montrer digne. Il avait foi en moi et il savait que j'allais devenir une excellente capitaine. Finalement, il m'avait rendu un grand service en étant dure et intransigeant, car sinon, je n'aurais pas survécu. Avec le temps, il devint un exemple, il était mon pilier sur lequel je pouvais m'appuyer. Certes, ce n'était pas un père affectueux, mais à sa façon, il m'aimait beaucoup, tout comme j'appris à l'aimer et à le respecter. Malheureusement, un soir,mon existence chamboula...
 
  Plusieurs des hommes avaient défié mon père et une dispute avait éclaté concernant un trésor mal partagé. J'étais restée en retrait, observant anxieusement le déroulement du conflit. Mon père de sa voix forte avait ordonné de pendre les fauteurs de trouble, ce qui avait créé une scission entre l'équipage. Une nuit, endormie dans mon lit, je me fis réveiller par des cris à l'extérieur. Je me levai précipitamment, pris mes armes et sorties en trompe dehors. Ce que je vis me rendit livide de terreur. Des hommes s’entre-déchiraient, du sang coulait à flots sur le pont et les vagues éclaboussaient de toute part. La mort régnait partout et le peu d'hommes fidèles au capitaine, qui survécurent à cette mutinerie, furent emprisonnés dans la cale, moi y compris.  Combien de temps s'était-il écoulé dans cette eau nauséabonde puant la merde et le sang? Je l'ignorais, mais j'étais affamée, terrifiée et gelée. Où était mon père? Je ne l'avais pas vu parmi les morts, il devait être emprisonné quelque part. Or, une porte s'ouvrit et la lumière du jour nous aveugla momentanément. Des hommes me prirent sans ménagement et m'amenèrent de force dans la cabine de mon père. Je fus effarée de le voir si mal en point, son visage était couvert de bleus et d'ecchymoses, son épaule déboîtée et son nez cassé. Des chaînes le maintenaient immobile au sol. Les dents crispées, je levai les yeux vers les ordures qui l'avaient martyrisé et humilié. Leur chef, un varakois squelettique au regard de fauve, sourit sauvagement et vint vers moi. S'approchant dangereusement, il  plaça sa main perverse sur un de mes seins aplati par un bandage. Son sourire s'élargit, il murmura:
 
-Je savais que tu étais une femme. Barbe rouge a bien caché son jeu, mais je n'étais pas dupe. Maintenant, il va regretter d'avoir amené sa petite fille chérie sur son navire.
-Ne la touche pas, salaud! Rugit mon père en se débattant comme un beau diable pour se libérer de ses chaînes. En guise de réponse, il reçut plusieurs coups aux côtes et à la tête, le faisant perdre à moitié conscience. Ce fut à mon tour de me débattre, je vins donner un coup de tête au malfrat et lui cracha au visage. Furieux, il me gifla violemment et perdant l'équilibre, je m'effondrais au sol. Ce qui suivit fut cauchemardesque et encore aujourd'hui je ne sais pas comment j'ai réussi à m'en sortir psychologiquement et émotionnellement. Sans pitié, ils me violèrent comme des bêtes, me griffant, me giflant et me mordant. Rendu au cinquième assaut, mon esprit se déconnecta de la réalité. Cette nuit-là, j'avais failli mourir comme mon père, n'en pouvant plus, je m'évanouis. Quand je me réveillai, ma tête était couchée sur les genoux d'un homme, mes vêtements étaient trempés, mon bassin déplacé et le soleil m'aveuglait. Les traîtres nous avaient abandonné sur une île déserte, isolée du reste du monde, sans vivre, sans eau, sans rien. Pendant quelques jours, j'étais l'ombre de moi-même, des visages rouges hantaient mes rêves ainsi que le regard agonisant de mon père. Puis, un jour, une goélette vint à notre rescousse, leur capitaine travaillait pour Bélin, c'était un homme bon et juste, il se nommait Adrien. Celui-ci m'aida à me rétablir et à redevenir moi-même, je fus soulagée d'apprendre qu'il aimait les hommes. Or, possédant un large réseau de contacts, Adrien m'introduit dans la haute société de Bélin et de Varakir où j'acquis la confiance de plusieurs Seigneurs en réalisant des missions maritimes dangereuses et importantes: attaques de navires de guerre ennemis et leurs trafics marchands,chasse aux fugitifs et aux pirates, etc. En échange,ils me donnèrent des coffres d'or et grâce à mes gages, je pus m'acheter mon propre navire et prendre les hommes fidèles à  mon père comme équipage. Graduellement, ma réputation fut connue de tous en mer, du matelot au plus terrible des pirates, c'est ainsi que je me fis appelée Sirèna, signifiant la sirène des mers. Je suis fière de ce surnom, car cela fait de moi un symbole à la fois de crainte et de charme. Or, je recommençai ma vie, la tête reposée, mais le cœur haineux. En secret, je ne veux qu'une seule chose: torturer et tuer les hommes qui m'ont souillée et qui ont assassiné mon père. Ma vengeance sera terrible et c'est avec ivresse que je tue tous pirates et malfrats croisant mon chemin. 
 

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