Histoire

Ma naissance fut probablement une des plus remarquées de la Norpalie, ma mère m'a donné la vie en plein été. Je n'ai donc pas souffert tout de suite du froid comme nombre de nouveaux-nés. Enfant, je n'ai jamais été quelqu'un de turbulent, mes précepteurs en charge de m'éduquer m'ont apprit quelques notions telles que les mathématiques, la lecture, l'écriture, mais également une façon de penser, un art de vivre. On m'a enseigné la tolérance et la réflexion.

Ma petite enfance n'intéresse probablement par beaucoup de monde, bien qu'elle fut plutôt plaisante à mon humble avis. Je vais donc maintenant vous parler de ce qui suit l'enfance, et précède l'âge adulte, l'adolescence.
J'avoue avoir été parfois égoïste vis-à-vis de ma famille et mes amis, je m'en repens. Cependant cette période de ma vie ne fut pas des plus reposantes. Si vous remarquez du regret dans ma voix, vous comprendrez bientôt pourquoi...
Je n'avais que douze ans quand mon père m'annonça mon mariage prochain avec Zéphira Delsola, l'annonce ne fut pas faite de la manière la plus tendre et la plus réjouissante. Je sortais seulement de l'enfance et l'on me projetait directement à l'âge adulte, car pour moi, lorsque mon père parlait du mariage, c'était essentiellement des raisons politiques qu'il énonçait. D'ailleurs, il ne me parla jamais de ma promise, là n'était pas le sujet.
Mon père m'aime, mais c'est un norpalien jusqu'au plus profond de son âme, et les histoires de cœur d'un gamin, fut-il le siens, ne l'intéressent guère.

J'ai donc attendu, attendu que père accepte de m'emmener dans cette lointaine contrée qu'est le Bélin. J'étais fier d'être présenté ainsi au seigneur de ce royaume qui me semblait si différent de chez moi.
On me présenta enfin à cette jeune fille qui devrait un jour partager ma vie, elle était ravissante, j'étais terriblement gêné.
Le bon point de cette rencontre fut que le jour de mon départ, je savais que j'aimais cette dame et qu'un mariage avec elle serait tout simplement merveilleux.

Ensuite nous passâmes en Varakir, à Varak plus précisément, où nous furent accueillis de la meilleure façon qui soit, par le roi et un banquet. La cité était magnifique et, bien que le Bélin et Hydrasil soient tout simplement magiques, j'ai trouvé la cité de Varak tout simplement supérieure en beauté, en architecture et en histoire. Cela est peut-être dû au fait qu'Hydrasil n'ait que quatre cent et quelques années tandis que Varak, comme Ford-Froid, sont bien plus anciennes. Le dirigeant du pays n'était encore pas Dagathor, mais cet endroit regorgeait déjà de ressources et de richesses.
Nous retournâmes ensuite à Ford-Froid dans notre citadelle de glace.

Je retrouvai enfin la fameuse princesse quand j'eu vingt-deux ans. L'adolescence était déjà passée et je dois reconnaître que j'étais devenu plus sûr de moi mais aussi plus timide envers la gente féminine. Zéphira Delsola vint donc passer quelques mois ici, en Norpalie. Enfin... quand je dis ici, nous étions alors à Ford-Froid, pas à Garde-Fort, bien que l'endroit dû lui sembler vraiment glacial comparé à la terre que j'avais eu la chance de visiter six années auparavant.
J'ai profité de tout le temps qui m'était offert pour apprendre à la connaître. Une jeune femme probablement déjà plus mature que moi. Nous partageâmes énormément de nos coutumes, car la courtoisie des gens du nord est bien différente de la notre, même si les codes de la noblesses varient peu.
La séparation fut rude, mais père ne me laissa pas le temps de me lamenter et me ramena à mes tâches immédiates.

Passant mes journées à rêver, je ne vis pas passer ces années, jusqu'à ce que notre mariage fut annulé. Mon père expliqua cela par une histoire d'héritage, et je sais, qu'encore aujourd'hui, tandis que je regrette cet amour perdu, que lui se sent toujours insulté par cette annonce. Il l'accepta à contre-cœur, mais tout le monde fut bouleversé par cette annulation.
Ce moment me vit tout remettre en question, mon amour pour Zéphira ? Amour partagé ou non ? Etait-ce vraiment son père qui l'avait exigé ou elle ? Ma vingt-sixième année fut très morose, il ne me fallut pas moins de onze mois pour m'en remettre véritablement.
Puis elle fut couronnée par son royaume. Père trouva diverses raisons pour ne pas y aller bien que je sache, encore aujourd'hui, que son ego était encore blessé par l'annulation. Ce fut donc Joeffrey Hekhart qui hérita de la mission de transmettre nos vœux à la nouvelle reine.

Qu'ais-je fais ces dix dernières années ? Quand je me penche sur ce sujet lors de mes introspections hebdomadaires, je me heurte à une sensation de vide. J'ai l'impression d'avoir subi le monde sans y apposer ma marque, comme si je n'avais été qu'un fantôme en Norpalie.

J'ai bénéficié d'un voyage en Varakir récemment qui me permit de rencontrer le nouveau dirigeant de cette terre.
Dagathor Vel'Hislan, ne fut jamais d'accord avec nous sur la façon de gouverner, il est vrai qu'il agit en despote auprès de son peuple, mais en descendant dans la ville, je n'ai pas remarqué plus de malheur ou moins de bonheur que dans les autres cités du continent. Je pense que l'influence du commerce varakirois et sa richesse compensent le manque de liberté et qu'ainsi, le peuple peut vivre heureux même sous le joug d'un homme tel que Dagathor.
Il ne m'a pas semblé mauvais cependant, et l'on peut dire ce qu'on veut, son pays est sur la bonne voie, je me suis très bien entendu avec lui, contrairement à père qui espérait lui faire changer de vision sur la meilleure façon de gouverner, peut-être une trop grande différence d'âge...?

J'ai finalement trouvé un but il y a quelque temps, en accompagnant Sombracier, le héros de mon enfance, à Garde-fort pour repousser un envahisseur de plus en plus important.
Mes proches ne me manquent pas particulièrement, mon père est sur le front lui aussi, ma mère est restée à Fort-froid d'où elle m'écrit régulièrement.
Si vous voulez savoir sur quoi je m’interroge actuellement ? Je vous répondrai probablement que je pense à l'avenir de mon peuple, aux ambitions de mon père et de sa volonté d'instaurer une véritable démocratie. Tout cela est possible, cet homme est capable de soulever des montagnes pour son peuple.
Je suis cependant intimement persuadé que l'amour de Zéphira pour moi était véritable, et bien que j'essaie de chasser cette idée de ma tête, mon regard se perd souvent dans le vide, à la recherche de cette femme devenue reine et totalement inaccessible.

Actuellement à la guerre, je discute de plus en plus avec mon père et Adrian, qui sont constamment plongés dans leurs réflexions sur les mouvements des troupes. Ce sont des génies dans leur genre, et je me félicite d'être à leurs côtés. J'espère pouvoir mener mes propres hommes d'ici peu, car je commence à me lasser d'être ainsi en retrait de l'histoire, et je me demande ce qu'elle retiendra de mon nom ?

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