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| L'arrache-gueule [RPG Solitaire] | |
| Auteur | Message |
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InvitéInvité | Sujet: L'arrache-gueule [RPG Solitaire] Lun 25 Aoû 2014 - 15:46 | |
| L'armure scintillante dans cet après-midi déjà bien entamé attirait l'œil des quelques passants. Et même si certains faisaient semblant de ne pas lui prêter attention, tous finissaient par échanger, tout au pire, de simples regards, tout au mieux (et c'est là ce qui se produisait le plus souvent), quelques chuchotements. Mais il n'en avait que faire. Asgaroth trouvait ce genre d'attitude tout à fait déplorable, comme la plupart des comportements qu'avaient les Ildiriens. Il savait ce que les gens pensaient de lui, mais le Tiefflin ne résonnait pas de cette manière. Pour lui, une personne était jugée selon deux critères : la faiblesse et la puissance. Et ce n'était ni une armure, ni un poste haut placé qui conférait cette dernière. C'était quelque chose d'inné, de naturellement présent dans l'esprit de l'individu. Et Asgaroth savait que la grande majorité des personnes présentes sur Ildirith ne connaissaient que la faiblesse. Seul un tout petit nombre était habité par la puissance. Asgaroth ne savait dans quel groupe il se trouvait, mais il était sûr d'une chose ; il était bien décidé à mener une vie de manière à se rapprocher le plus possible de son but : devenir un être affranchi de tout entrave sociétale, possédé seulement par la puissance absolue. Aussi ne se contenta-t-il que d'ignorer les quelques personnes présentes sur cette route.
Marchant à moins de deux cents mètres de l'entrée de Voltecime, Asgaroth avait décidé de s'arrêter quelques temps dans cette ville, avant de reprendre son périple. Explorant la Norpalie, le Tiefflin vivait tantôt dans les montagnes, tantôt dans les forêts ; il lui arrivait cependant d'oublier quelques jours le climat hivernal de la Norpalie pour venir se réfugier dans une auberge (de préférence là où peu de monde se trouvait), afin de gagner quelques pièces. Alors qu'il marchait, comme à son habitude, d'un pas sûr et imposant, Asgaroth aperçut enfin l'entrée de Voltecime. La pauvre ville arborait fièrement les quelques bâtiments remis à neuf, mais elle affichait également les habitations et autres édifices ravagés par l'attaque des goules, environ cinquante ans plus tôt. Mais le Tiefflin ne plaignait pas les morts tués ce jour-là. La nature faisait son tri parmi tous les êtres d'Ildirith, et les deux sacs de la faiblesse et de la puissance devaient être remplis, bien que débordant pour l'un, et rempli de seulement quelques personnes pour l'autre. Asgaroth attrapa sa petite bourse suspendue à sa ceinture et se rendit compte qu'il ne lui restait que quelques pièces d'argent et de cuivre. Il lui fallait donc trouver un moyen de remplir ce manque, et assez rapidement. Il avait assez de pièces pour passer deux nuits à l'auberge, mais rien de plus. Le jeune homme reposa donc sa bourse et reprit la marche. En pénétrant dans la ville, il se rendit compte, comme lors de son dernier passage, que Voltecime était bien différente de Fort-Froid. Ville autrefois belle et attirante, elle n'était désormais plus que l'ombre d'elle-même. Elle était loin d'égaliser la capitale en terme de nombre d'habitants, et seule la tranquillité du coin faisait d'elle un endroit qu'Asgaroth appréciait particulièrement. Après quelques minutes à errer dans la cité, Asgaroth se dirigea finalement vers l'auberge la plus importante de Voltecime. Lorsqu'il franchit la porte, le Tiefflin attira tous les regards. Au total, environ trente personnes peuplaient l'endroit. De sa haute stature, Asgaroth était de loin la plus imposante des personnes présentes, ceci étant notamment dû au fait que son armure lui faisait de l'épaisseur, et lui donnait une certaine présence. Arrivé au comptoir, il demanda de sa voix froide et dérangeante :
— Une bière.
La serveuse — une jeune femme âgée d'environ vingt ans — lui adressa un léger sourire avant de se détourner pour aller chercher la commande. Asgaroth remarqua immédiatement sa démarche maladroite, ce qui le laissait penser qu'elle était à ce poste depuis peu de temps. Sur ses lèvres, un sourire se dessina.
— Votre commande, monsieur.
Sa bière devant lui, Asgaroth retira son casque. Son visage, certes assez beau, était totalement impassible, sans la moindre trace d'émotion. Ses yeux rouges pourpres laissaient émaner de lui une force et une détermination peu commune. Ne fixant que sa bière, Asgaroth posa son casque sur le comptoir et se saisit de sa boisson. Il commença de la boire lorsqu'une voix venue de derrière l'interpella.
— Je peux m'asseoir ? | |
| | | InvitéInvité | Sujet: Re: L'arrache-gueule [RPG Solitaire] Mar 26 Aoû 2014 - 4:27 | |
| Asgaroth ne répondit ni ne se retourna pas. Il avait les yeux fixés sur sa bière et ne pensait qu'à rien d'autre qu'à trouver un moyen de remplir un peu sa bourse pour pouvoir repartir en exploration.
— Une bière pour moi aussi, s'il te plait.
La serveuse gratifia l'homme d'un sourire. Agé d'une bonne trentaine d'année, l'individu s'assit à la place à côté du Tiefflin. Il l'observa le temps que sa commande lui soit servie. Comme il l'avait constaté quelques instants plus tôt lorsque le jeune homme était entré, il était impressionnant. Il semblait doté d'une force physique non-négligeable, et son visage renforçait cette sensation de dureté que l'on éprouvait à son égard. Même s'il n'avait pas de cornes, il était facile de deviner qu'Asgaroth était Tiefflin, sa peau écarlate et ses yeux rouges intenses parlant pour lui.
— Avec mes gars qui sont assis là-bas, on se demandait quelle somme d'argent te ferait plaisir en échange de ton armure.
Toujours impassible, Asgaroth ne répondit pas.
— Elle a dû être faite par un artiste, vu ses formes. Alors, combien ? On t'en propose dix pièces d'or.
Le Tiefflin regarda la serveuse.
— Une autre.
Affichant de nouveau un sourire amical, elle se dépêcha d'apporter la commande, qu'elle ramena au bout de quelques secondes.
— T'es dur en affaire, toi. Douze alors ?
L'homme attrapa le casque d'Asgaroth histoire de le jauger, mais ce dernier lui agrippa la main et lui serra au point que quelques craquements se firent audibles. Aussitôt, quelques hommes d'une table voisine se levèrent.
— Elle n'est pas à vendre, dit-il.
— C'est bon les gars, ça va, assura l'autre.
Se tenant la main, l'individu se rendit compte qu'elle n'était pas loin d'être cassée, ce qui le fit grimacer.
— C'était pas la peine de réagir comme ça ! Tu ferais mieux de ne pas te faire trop remarqué. On est quatre et toi, tu es tout seul.
— Ma bière, répondit Asgaroth en se tournant vers la serveuse qui s'était arrêtée en voyant la scène.
La jeune femme lui apporta, puis s'éloigna.
— Ouais, c'est ça. Je crois que tu n'as pas bien compris, mon gars. C'est nous les chefs, ici. Maintenant, tu vas m'écouter...
Lassé, Asgaroth se leva de toute sa taille. Il dépassait l'autre homme d'une bonne tête et le fixa droit dans les yeux, bras croisé.
— J'écoute, dit-il.
Sans se démonter, l'autre le dévisagea. Il trouva de la détermination sur le visage du Tiefflin.
— Nous allons te proposer une belle somme, et toi, tu ne vas pas refuser. D'acc...
— Non merci, rétorqua sèchement le jeune homme.
Abasourdi, l'autre en resta bouche-bée, stoppé dans sa lancée. Alors qu'il commençait à admirer son interlocuteur, il lui trouva désormais de l'orgueil et de la vantardise. Comme s'il était autorisé à tout faire.
— Ingvar, répondit-il sans se retourner, va préparer mon cheval ; on va bientôt partir. Mais avant, j'ai quelque chose à régler...
— Attendez, dit Asgaroth. Vous avez un cheval ?
Voyant qu'il commençait à être intéressé, l'homme afficha un grand sourire.
— Exact. Ca t'intéresse ?
Asgaroth réfléchit un instant. Il dévisagea, tour à tour, les hommes qui composaient la troupe. L'un était petit, le ventre rond et la mine blafarde. Visiblement, il n'était pas le plus courageux d'entre eux. Il semblait pressé et excité à l'idée de partir. De sa place, il avait avancé de quelques pas lorsque celui qui semblait être le chef avait ordonné que le cheval soit préparé. Il devait donc être Ingvar. Le second était de loin le plus imposant de tous. Asgaroth lui donna une taille d'un mètre quatre-vingt-deux, pour un poids d'environ quatre-vingts kilos. Imposant, c'était celui qui dégageait le plus de force physique. En revanche, il semblait peu vif d'esprit, le regard perdu. Le Tiefflin continua son enquête corporelle. Le troisième, et le dernier des hommes à cette table, était de taille moyenne. Il semblait rusé et pragmatique, car son visage aux traits fins laissé présager quelques talents de diplomates. Asgaroth savait reconnaître ces gens-là ; il avait passé assez temps à Fort-Froid pour apprendre à les repérer. La politique et les lois étaient les deux choses que le Tiefflin détestait le plus, après la faiblesse. Ses poings se serrèrent à la vue de cet individu, mais il les relâcha assez vite. Enfin, il reposa ses yeux sur le visage de son interlocuteur, le sourire monté jusqu'aux oreilles et les yeux pétillants. Une moustache bien taillée et une légère naissance de barbe constituaient sa pilosité faciale. Le jeune homme n'avait pas ce genre de problème : il était totalement imberbe, ou presque. Son beau visage, élégant et froid à la fois, témoigné des réflexions qui s'opéraient dans sa tête. Il répondit :
— Oui. Pourrais-je le voir ?
— Oh, mais avec joie, dit-il.
Asgaroth lâcha quelques pièces sur le comptoir, se saisit de son casque et se dirigea avec les autres, hors de l'auberge. Lorsqu'il vit la bête, broutant, installée à côté de trois autres, le Tiefflin sourit intérieurement. Il avait une petite idée du genre d'offre qu'il allait proposer. | |
| | | InvitéInvité | Sujet: Re: L'arrache-gueule [RPG Solitaire] Mar 26 Aoû 2014 - 8:11 | |
| — Il s'appelle...
— Je me fiche de son nom, rétorqua Asgaroth. Ce qui m'intéresse, c'est son âge et sa santé.
Très légèrement surpris, le chef de la bande répondit :
— Eh bien, il a un peu plus de sept ans. Il est en bonne santé, je pense. Je l'ai obtenu dans un état convenable, et il ne lui est rien arrivé depuis. Il t'intéresse ?
Asgaroth jaugea l'animal. Grand, totalement noir, ce cheval lui convenait parfaitement. Cependant, il lui fallait trouver un moyen de l'acquérir, ce qui n'était pas chose facile. Il n'avait pas assez d'argent pour se payer un cheval, et il n'était pas prêt à céder son armure pour si peu. C'est alors que, constituée quelques instants plus tôt dans son esprit, il tenta le tout pour le tout, et proposa son idée.
— Je vous propose un marché, dit-il. Mais avant, je dois savoir : est-ce que l'un d'entre vous possède une épée ?
Le bruit d'une lame sortie traversa l'air. Le plus imposant des membres de la petite troupe dessina un cercle invisible.
— Parfait, reprit Asgaroth. Voici mon offre : je vous affronte un par un en combat singulier. Le premier qui désarme l'autre l'emporte.
Les quatre hommes se regardèrent. Celui qui semblait être le chef demanda :
— Quels sont les gains ?
— Si un seul d'entre vous parvient à me désarmer, je vous donne mon armure, et mon arme. En revanche, si je vous désarme tous les quatre, vous me donnez le cheval.
— Quoi ! s'exclama Ingvar. Un cheval ne vaut pas une armure.
— Attends-moi un instant, dit le chef. Il faut que je m'entretienne avec mes amis.
Asgaroth lui adressa un petit hochement de tête. Tous les quatre en cercle, la petite bande émettait quelques chuchotements, les uns s'agitant plus que d'autres. Celui qui semblait le plus emporté demeuré Ingvar, qui visiblement, n'était pas d'accord avec le reste d'un groupe. Finalement, tous se tournèrent vers le Tiefflin.
— C'est d'accord, dit le chef tout en souriant. Le premier sera Ingvar.
Ce dernier s'avança, le pas peureux. Le colosse de l'équipe lui lança son épée, qu'il reçut avec une certaine maladresse. Intérieurement, le Tiefflin souriait, mais son visage demeurait impassible. Le casque à la main, il mit ce dernier sur sa tête. Son visage disparut dans la noirceur du heaume, d'où ne surgissaient que deux yeux rouges, dominés par la colère et la détermination. Face à cette vision effrayante, Ingvar frémit légèrement, mais il reprit assez vite son sang-froid. Il s'avança. Asgaroth tira son épée. Le son qu'elle émit firent trembler les quatre hommes, et Ingvar s'arrêta net. A présent, il avait peur. Le Tiefflin avança à son tour, mais contrairement à son adversaire, c'est d'un pas lent et imposant qu'il se déplaçait. La force qui émanait de son allure était prodigieuse, et tous en eurent la gorge nouée.
— Commençons, dit Asgaroth.
Il n'eut pour seule réponse qu'un léger hochement de tête. Le Tiefflin allait apprécier. Cependant, si jamais le groupe adverse ne tenait pas ses engagements, il n'aurait aucun remord à tous les tuer. Sa foi en ses aptitudes était absolue. | |
| | | InvitéInvité | Sujet: Re: L'arrache-gueule [RPG Solitaire] Mer 27 Aoû 2014 - 2:22 | |
| Le premier coup partit d'Ingvar. L'homme au ventre rond souhaita en finir au plus vite et ne perdit donc pas de temps ; cependant, il fit l'erreur de ne faire aucune stratégie. Maladroit, il frappait du mieux qu'il pouvait, alternant entre estoc abouliques, fouettés mal placés et tailles trop puissantes. Utilisant toute sa force, Ingvar se fatigua trop vite, et bientôt, il fut à corps de techniques, trop épuisé pour réfléchir. De son côté, le Tiefflin ne se ménageait pas. Les centaines d'heures d'entraînement passées à la forge furent bien utiles à Asgaroth pour parer chaque coup de son adversaire avec le moins d'énergie possible. Lorsqu'il constata qu'Ingvar manquait de souffle, il utilisa une frappe bien placée : après avoir feint de perdre du terrain, le jeune effectua un grand et inattendu bond en avant, lequel fut suivi d'un magnifique dérobement, puis d'un vif coup du poignet qui désarma l'adversaire. Plaçant sa lame en direction d'Ingvar, le Tiefflin sourit derrière son masque.
— Suivant, dit-il.
Offensé, son adversaire protesta. Il souhaitait se battre de nouveau, ayant pris goût au combat.
— Non, dit Asgaroth. Un marché est un marché. Au suivant.
Ainsi, le chef de la bande désigna le colosse.
— A toi, Glön. Montre-lui ce que tu sais faire.
D'un sourire, le géant se dirigea vers le Tiefflin, lequel avait reprit sa place de départ, tout en traçant quelques coups d'une vitesse et d'une précision époustouflantes dans l'air. Plaçant sa lame à la verticale devant lui, sa main libre se referma en un poing compact.
— Prêt ? dit-il.
— Oui, répondit Glön tout en reprenant l'épée à Ingvar et en se frappant la poitrine. Tu ne gagneras pas, cette fois.
D'un rapide moulinet du poignet, Asgaroth retrouva une position plus naturel. A peine eut-il le temps d'évaluer son opposant que ce dernier chargea, poussant un cri semblable à une bête sauvage, assoiffée de sang. Il s'en fallu de peu ; le jeune combattant esquiva un coup destiné à lui trancher la gorge. Parant le second de plat de l'épée, il fit glisser cette dernière jusqu'à la garde de l'arme adverse, bloquant ainsi les deux lames. Il profita de ce coup pour assainir un prodigieux coup de poing en plein sur le nez de Glön. Ce dernier recula sous le coup du choc, légèrement étourdi. Il reprit rapidement ses esprits et fonça de nouveau sur son adversaire. Asgaroth comprit donc la technique de Glön : il n'en avait pas. Il ne faisait que charger et frapper de toute ses forces. Et c'est en effet ce qui se produisit. D'un puissant coup vertical, la lame adverse s'abattit avec une telle violence sur la sienne qu'Asgaroth en trembla. Il recula, le corps tout tremblant d'avoir encaissé un tel assaut. Dans sa tête, Asgaroth calculait les probabilités des coups suivants, et parvint à ne pas perdre plus de terrain. Tournant l'un autour de l'autre, le combat était équitable, et le Tiefflin ne trouva pas d'ouverture. Après plusieurs minutes d'un affrontement intensif, Asgaroth tenta le tout pour le tout, et pria Revoran de lui donner assez de force pour accomplir ce à quoi il aspirait. Alors qu'il reçut un puissant balestra de la part de Glön, il fit de son mieux pour encaisser le coup, et, sans prévenir, se jeta à son tour sur son adversaire, juste après avoir lancé son arme dans les airs. Le percutant de tout son corps, il enchaîna avec un nouveau coup de poing qui alla s'écraser en plein dans la mâchoire de son adversaire. Regarda derrière son épaule, il rattrapa tout juste son arme à temps, dans son dos. Sonné le temps d'une seconde, Glön ne put contenir la puissance du coup lorsque la lame d'Asgaroth s'abattit avec une extrême violence sur la garde de son arme, laquelle alla finir sa course dans le sol froid de Voltecime. Le visage déformé par la haine, Glön commença de s'engager dans un combat à mains nues, mais la lame du Tiefflin vint lui presser la gorge.
— Au suivant, dit-il. | |
| | | InvitéInvité | Sujet: Re: L'arrache-gueule [RPG Solitaire] Jeu 28 Aoû 2014 - 5:04 | |
| Tenus par un sentiment d'impuissance, les quatre hommes se réunirent de nouveau en cercle. Ils débattirent quelques longues minutes quant à l'issue des prochains combats ; Asgaroth soupçonna que ses adversaires montèrent quelque stratégie nouvelle pour pénétrer ses défenses, mais il était quasiment sûr de l'emporter. Cependant, il continua de rester sur ses gardes, car il ne souhaita pas se laisser battre, simplement par manque de rigueur. Après plus de cinq minutes passées à se concerter entre eux, les quatre hommes furent interrompus par le Tiefflin.
— J'attends.
Forcés de reprendre le combat, ils envoyèrent le plus rusé d'entre eux, celui qu'Asgaroth avait soupçonné comme tel dans l'auberge. D'un pas de félin, il s'avança de façon à se trouver à quelques mètres d'Asgaroth. Ce dernier le fixa quelques instants de ses yeux rouges, puis prit une position digne des plus grands duellistes. De profil, l'épée tenue à deux mains, il affichait une silhouette élégante ; son armure brillante, bien entretenue, lui conférait un air féroce ajouté à sa haute stature. Il inspirait crainte et respect.
— Je me nomme Dhourn, dit son opposant. Mes amis me surnomment l'aigle invisible, car personne n'a encore pu m'attraper en combat.
— Trêve de bavardage, dit Asgaroth. Commençons.
C'est alors que le dénommé Dhourn fit quelque chose de surprenant : il se recroquevilla légèrement sur lui-même, en équilibre sur un seul pied. Soupçonnant de vicieuses pensées derrière cette étrange position, le Tiefflin ne se démonta pas, et redoubla de prudence. Si son adversaire souhaita l'impressionner, il se trompa. Ce fut donc Asgaroth qui porta le premier coup : un grand bond en avant, destiné à le rapprocher de la gorge de son adversaire. Mais quelque chose d'époustouflant se produisit. Alors qu'il ne bougeait pas d'un centimètre, solidement campé sur sa position, Dhourn se détendit tel un ressort, et passa par-dessus la tête du combattant ennemi en un magnifique saut périlleux avant. Ne comprenant pas, Asgaroth, tint par la surprise, n'eut pas le temps de se retourner et fut frappé d'un coup de pied dans le dos, ce qui eut pour effet de le propulser à plat ventre sur le sol de la cité. Reprenant rapidement ses esprits, il se retourna, esquivant de justesse la lame du combattant adverses, qui vint se planter dans le terrain froid, à quelques centimètres seulement de là où il se trouvait. Prit de colère, il se releva d'un bond et se rua sur Dhourn. Agile comme le vent, ce dernier se déroba sous les bras massifs du Tiefflin qui tentaient de le saisir. Une seconde plus tard, il se trouva juste derrière Asgaroth, lui assénant un nouveau coup de pied qui alla cette fois-ci s'enfoncer dans les côtes du jeune homme. Protégé par son armure, il en eut tout de même le souffle coupé.
— Je te l'ai dit, personne n'a jamais réussi à m'attraper, dit Dhourn. Je ne vois pas pourquoi cela changerait aujourd'hui. Peut-être souhaiterais-tu abandonner et nous donner directement ton armure, ce qui, tout à fait sincèrement, t'éviterait de subir d'autres coups comme celui que tu viens de recevoir ?
Asgaroth ne répondit pas, mais derrière son masque, un rictus de colère déforma son visage. Mais alors que son adversaire lui tournait autour d'un pas léger, il eut une idée. Puisque la force brute ne servit à rien face à lui, il lui fallait appliquer une autre stratégie. Mu par quelque folie passagère, le Tiefflin lança son arme de toutes ses forces dans les airs. Regardant la lame voltiger du coin de l'œil, Dhourn resta concentré sur le combat et son adversaire. Ce dernier se dirigea vers lui à une vitesse grandissante et retira son heaume qui laissa apparaître un visage serein et parfaitement impassible, comme s'il n'était gouverné que par le calme et la détermination. Quoi qu'il en fût, Asgaroth lança son casque en direction de Dhourn (qui ne s'attendait pas à ça), qui esquiva le projectile d'un roulé boulet sur le côté. Lorsqu'il releva la tête, la lame d'Asgaroth, reprise par son propriétaire alors que son ennemi esquivait l'attaque, s'abattit sur lui avec une telle rapidité et une telle force qu'il n'eut pas assez d'énergie et de temps pour la stopper. Son arme ne lui échappa pas des mains, mais la puissance du coup le renversa sur les fesses. Enchaînant sans attendre, le Tiefflin leva sa lame au-dessus de sa tête, et le fit descendre aussi vite que précédemment sur le fer adverse. Trop puissant pour lui, Dhourn ne put contenir le coup, et son épée lui échappa des mains. Positionnant le bout de sa lame entre les deux yeux de son opposant, Asgaroth lui enfonça légèrement dans la peau, mais sans lui causer aucune blessure.
— Rapide tel un aigle ? dit-il. Certes, mais aussi résistant qu'une mouche. Il est tant de passer au dernier combat.
Tétanisé, Dhourn n'osait plus bouger. Il avait vu la mort passer de près, croyant que son adversaire allait bien lui couper la tête lors du dernier coup. Mais il parvint tout de même à se relever, après quelques instants passés sur le sol. Ce fut donc au tour du dernier d'entre eux, le chef de la bande. Parmi les quatre combattant, c'était celui qui avait montré le moins de peur, même s'il avait affiché à quelques reprises un visage crispé et tendu. Bien que redoutant ce combat lorsque Asgaroth avait battu le colosse, il avait tout de même gardé espoir et prié il ne savait quel dieu pour que Dhourn l'emportât, sans succès. A présent, il était plus tendu que jamais, mais fit de son mieux pour ne pas le montrer. Saisissant l'arme que Dhourn lui tendit, il s'avança vers le Tiefflin, qui avait remis son casque.
— Ainsi donc, c'est à moi, dit-il. Penses-tu pouvoir me battre ?
Asgaroth sourit intérieurement.
— Honnêtement, je n'en ai aucune idée. Mais je n'ai pas peur de la défaite.
— Et qui a dit que c'était mon cas ? répondit le chef.
— Tu trembles, tel un petit chat apeuré perdu dans le froid des montagnes. Ton corps parles pour toi, ce qui n'est pas mon cas.
Serrant les poings, le chef mit fin à la discussion d'un geste de la main.
— Ca suffit. Commençons.
— Avec grand plaisir, répondit Asgaroth. J'attends ce moment depuis l'instant où tu as posé tes sales pattes sur mon casque. Approche-toi donc ! Voyons si je suis capable de te battre. | |
| | | InvitéInvité | Sujet: Re: L'arrache-gueule [RPG Solitaire] Ven 29 Aoû 2014 - 5:38 | |
| Dans le beau ciel bleu de Voltecime, le soleil indiquait quatre heures de l'après-midi. Un petit couple d'oiseaux passa au-dessus des deux adversaires tout en sifflotant quelques douces et agréables notes. Le vent frais de l'est vint quant à lui caresser la peau du chef de la petite bande, lui soulevant au passage quelques poils dérangés par la fraîcheur des montagnes. A l'écoute de leur instinct, les deux combattants se préparèrent au combat qui déterminera lequel des deux aura la chance de repartir avec le bien de l'autre. Solidement campé sur ses jambes, le Tiefflin prit une position de défense ; de trois-quarts, le dos face à son adversaire, Asgaroth avait la lame qui pointait vers le ciel, tandis que ses yeux évaluaient l'ennemi à affronter. Ses deux mains tenaient solidement la poignée de son arme, prêtes à lancer cette dernière en plein vers l'homme face à lui. La tension était palpable. — Mon nom est Guélon. Il était temps que tu connaisses celui qui gagnera ton armure. Bien qu'il soupçonnât que son adversaire tentât de le distraire, le Tiefflin donna lui aussi son identité. — Je m'appelle Asgaroth, répondit-il. Il est temps que tu connaisses celui qui gardera son armure, et qui repartira dans quelques minutes de cette cité, sur ton cheval. Une grimace de colère déformant son visage, Guélon commença de tourner autour du Tiefflin. Courroucé, il attendait le bon moment pour attaquer, et comme il le voyait lui tourner autour, Asgaroth se mit à faire de même, dans le sens opposé. Durant deux longues minutes, les deux adversaires cherchèrent une ouverture, l'instant propice pour lancer l'offensive, mais aucun des deux ne trouva le moyen de tirer avantage de la situation, et ni l'un ni l'autre ne souhaita prendre le risque de lancer une attaque totalement hasardeuse. Mais finalement, se fut Asgaroth qui toucha le premier. Il attendit le bon moment et attaqua soudainement, lorsqu'il eut le dos face au mur est de l'auberge, à quelques mètres du bâtiment. Ainsi commença la lutte entre les deux hommes d'un coup piqué vers l'avant, le Tiefflin élancé vers son opposant. Durant de longues minutes, la situation ne progressa guère mieux que précédemment. Bien qu'il ne fût point doté d'une forte musculature et d'une haute taille de guerrier, Guélon avait une excellente technique à l'épée ; il utilisait des coups brefs, bien placés et peu énergiques, et se déplaçait intelligemment, de façon à ne pas se fatiguer inutilement. Sa méthode était efficace et bien pensée. De son côté, Asgaroth n'avait pas modifié sa façon de procéder : il attaquait avec de puissantes attaques et se servait de sa grande taille pour ne pas perdre de terrain (bien qu'il ne fût pas en mesure d'en gagner, son adversaire se déplaçant trop habilement). La quasi-parfaite égalité entre les deux duellistes faisait que l'issue du combat était totalement incertaine ; aucun des hommes présents ne pouvaient prédire qui allait l'emporter. Alors que le duel s'éternisait, Asgaroth commença de faiblir. La fatigue des précédents combats prenait le dessus, et bientôt, il se retrouva à moins d'un mètre du mur de l'auberge. Voyant son adversaire en train de s'essouffler et acculé, Guélon laissa un large sourire apparaître sur ses lèvres. Il était sûr de gagner, à présent, et les membres de son petit groupe souriaient également. Stoppant le combat, le chef du groupe dévisagea un Asgaroth qui peinait à reprendre son souffle. — Tu ferais mieux d'abandonner, dit Guélon. J'ai le dessus, désormais. — Qu'importe, dit Asgaroth. Je ne céderai pas. Cette armure m'appartiens, et je ne la donnerai à personne. — Laisse-moi te prouver le contraire. Reprenant une position de combat, Guélon lança son dernier assaut sans même prévenir. Il continua d'attaquer le Tiefflin jusqu'à ce que son dos touchât presque le mur. Et alors qu'Asgaroth semblât perdu, il exécuta une magnifique technique : bloquant la lame adverse avec la sienne, il fit glisser son arme jusqu'à la garde de l'épée de Guélon et bloqua ainsi les deux épées. Profitant de la surprise, il enchaîna dans la seconde suivante en se saisissant de l'autre arme et l'enfonça dans le mur de l'auberge, terminant sa manœuvre par un puissant coup de pied dans le torse de son adversaire. Celui-ci, le souffle coupé et saisit d'un grand étonnement, se retrouva allongé sur le sol, sa lame solidement planté dans la paroi du bâtiment. — En revanche, dit Asgaroth, ton cheval me revient désormais de droit. Abasourdi et en même temps très en colère, Guélon se releva d'un bond et brandit les poings vers Asgaroth. Ce dernier se saisit de l'épée plantée à l'horizontale sur le mur et s'avança vers le chef de la bande, les deux lames pointées devant lui. Face aux deux armes, Guélon recula et se dirigea finalement vers les autres membres du groupe, tandis que le Tiefflin marchait d'un pas imposant vers le cheval. Retenu par un lacet attaché à un poteau planté dans le sol, l'animal fut libéré par Asgaroth qui monta ensuite sur la selle. Dans son armure sombre comme la nuit, une épée dans chaque main, le Tiefflin inspira une grande crainte aux hommes qu'il venait d'affronter ; le cheval quant à lui ne semblait pas mécontent d'avoir échangé son habituel de cavalier contre ce nouvel arrivant. — Tu regretteras ce jour, Asgaroth ! dit Guélon. Crois-moi, tu le regretteras ! — Quelque chose me dit que certains le regrettent dès à présent, Guélon. Je te remercie de ton offre très chaleureuse, et te souhaite bonne continuation. Maintenant, si tu me le permets, je vais me retirer. Lançant l'épée du colosse du groupe à son propriétaire, Asgaroth saisit les rênes et fit exécuté un demi-tour au cheval. Durant le déplacement, Guélon, qui avait saisi l'épée du colosse, se rua sur Asgaroth et l'animal, essayant de lui couper un membre ou, tout du moins, de l'atteindre. Mais le Tiefflin bloqua l'attaque de sa lame et fit cambrer le cheval qui alla poser ses pattes avant sur le visage du Guélon, qui mourut sur le coup, écrasé par le poids de la bête. Pointant son arme vers les autres membres du groupe, complètement tétanisés, Asgaroth les fixa lourdement de ses yeux rouges. — Que ce jour soit béni par la puissance de Revoran ! Car c'est celui où des hommes faibles ont enfin découvert le véritable sens du mot puissance. Et maintenant, je vais vous laisser. Puisses les dieux être avec moi. Rangeant son arme dans son fourreau, le Tiefflin dirigea le cheval en direction de la route de Voltecime et s'engagea à vive allure vers la sortie de la ville. Alors que le soleil brillait doucement dans un ciel bleu où seuls quelques nuages dansaient dans le vent, Asgaroth quitta ainsi la cité autrefois resplendissante, sur le dos de sa nouvelle acquisition. Repensant au pauvre Guélon, le Tiefflin trouva un parfait nom pour son cheval. — Arrache-gueule. Tu seras l'arrache-gueule. FIN | |
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