« Physique»

Forme sombre dans le clair obscure d'une forêt ombrée, longue silhouette élancée et puissante, toute de muscles déliés et énergiques, toute de nerfs réagissant avec une rapidité digne d'une panthère. Longue chevelure volant au vent ou cascadant dans le creux de son dos droit et aussi souple que ses longs membres, mèches d'ébène sombres et douces comme la soie mais lourdes comme le velours parfois relevées en tresses délicates ou en queue de cheval simple alors que des mèches folles encadrent son visage à la fois sévère et délicat, paré de traits ciselés avec raffinement malgré l'expression souvent austère qui les parent, la voilant d'une froideur extrême, comme une statue de marbre plutôt qu'un être de chair.

Dans la lumière fugace traversant le dôme des feuilles sa peau pâle et lisse prend une teinte à la fois lumineuse et légèrement grise, comme une fine couche de cendres sur une pierre blanche. Cette enveloppe lisse et soyeuse gaine son être tout autant que son armure noire et légère faite de plaques mobiles pour lui laisser toute son amplitude de mouvement, une armure ouvragée et niellée d'argent complétée par la lourde cape noire à capuche qui dissimule une partie de son visage fin et racé, ses deux yeux rougeoyants légèrement et scintillant tantôt d'amusement tantôt de malice sourde, de ruse ou d'une irritation à peine dissimulée mais également les deux cornes atrophiées se nichant de chaque coté de son crâne, parmi les vagues sculptées de sa chevelure.

Son corps travaillé par des années d’entraînement trouve parfaitement sa place dans l'environnement sauvage de la forêt tout comme tout autre univers non civilisé mais cela ne l'exclut pas d'un dîner mondain bien que cela ne soit en rien sa tasse de thé, si son armure met en valeur ses formes bien découplée ce n'est certainement pas pour le plaisir des yeux. Ses mouvements fluides et félins sont mesurés et souples, tels les vagues sur la cote, tels les bonds des prédateurs à la recherche d'une proie, des mouvements venant accentuer l'aura d'autorité et de solitude qui entoure la jeune femme, une aura de façade qui fait souvent fuir les jeunes hommes trop empressés mais qui ne tient pas à distance ceux la côtoyant depuis longtemps.
Dans son dos, au milieu des lourds plis de sa cape, on peut apercevoir son carquois de cuir et de bois remplit de longues flèches empennées de plumes de faucon ou de griffon ainsi que les sangles retenant son arc énorme à double courbures et renforcé de mécanismes en métal pour améliorer la tension et l'allonge, orné de plumes et d'ossements et utilisant une corde en nerf de bête. Brillant dans les replis de l'armure on peut également voler un bref aperçu des multiples dagues à poignées d'os.
Ne gaspillant jamais d'énergie l'ombre bondit de nouveau hors de vue à la poursuite de son but.

« Caractere »

L'apparence peut-être toute à la fois trompeuse et véridique, un miroir ou un voile. Certes, elle est indépendante, comme beaucoup des siens, elle n'apprécie pas la compagnie, surtout la compagnie imposée, mais parvient tout à fait à travailler en groupe si il est composé d'individus doués et ne lui marchant pas sur les pieds. Capable de rester des heures voir des jours seule sans décrocher un seul mot elle peut très bien décider de s'approcher d'un individu qu'elle apprécie pour discuter avec lui de tout et de rien pendant un moment bien qu'elle ai une prédilection pour les sujets sérieux.

De même elle n'apprécie pas du tout de recevoir des ordres et ne supporte guère les hiérarchies, du moins si ses soit disant supérieurs ne lui ont pas largement prouvés leur valeurs d'une manière ou d'une autre. A ses yeux le respect se gagne et n'est en rien un luxe que l'on possède simplement par ce que l'on est un seigneur ou un noble. Bien au contraire. Cependant lorsqu'un individu a su gagner son respect ou, par miracle, son admiration, elle accepte, certes en renâclant un peu, de suivre ses directives ou ses conseils.

Elle aime la nature, non pour sa beauté mais plus pour sa richesse et pour les aventures qu'elle offre, pour sa sauvagerie et pour l'équilibre intrinsèque de vie et de mort qui l'emplit. Elle a, en effet, du mal à se défaire de cette lois du plus fort qui l'a accompagné durant sa jeunesse alors qu'elle était chassée. Cependant avec le temps elle a également apprit à se créer un idéal, de justice à défaut de paix, elle ne supporte pas de voir un être dans le besoin comme elle l'a été et elle est toute prête à donner une leçon à celui qui abusera de sa position de quelque manière que ce soit et ce à grand coup de poing si elle le doit. La violence ne lui fait absolument pas peur, à vrai dire elle ne la fait même pas sourciller, une délicate jeune femme de salon ? Elle ? Certainement pas, elle s'est taillée pour le terrain et n'a jamais rien comprit aux ronds de jambes et à l'hypocrisie. La franchise est une qualité qu'il est dur de posséder, quoi qu'on veuille bien en dire.

D'un naturel sévère et appliqué, austère, elle ne fait pas grand cas de richesses matérielles en dehors de ses trophées de chasses, ce qu'elle désire le plus c'est vivre pleinement sa vie, se battre, accomplir des exploits. Calme mais capable de colères terribles elle est l'eau qui dort et qu'il vaut mieux ne pas réveiller. Sereine, elle aborde la vie sans aucune peur pour elle même bien qu'elle se montre parfois protectrice envers certains de ses compagnons d'armes. Intelligente et rusée quand il le faut elle n'apprécie cependant pas les coups de poignards dans le dos, ne s'y résignant qu'avec fatalité. Elle a peu d'humour et en dispense ses rares compagnons, préférant se concentrer sur ses devoirs.

Déterminée, courageuse, prompt à se proposer, elle n'est pas un leader mais un champion.

« Histoire »

Monstre... démon... absurdité... erreur de la nature... Les humains ont tant de termes pour désigner ce qu'ils détestent, ce qu'ils haïssent, ce qui les effraye ou les emplit de doutes et si peu pour ce qu'ils apprécient. Peut-être tout simplement parce qu'ils ne savent pas apprécier le monde à sa juste valeur. Victimes de leur peurs, toujours et sans relâche ils les fuyaient, les laissaient prendre l'ascendant sur leur raisons pour les transformer en stupides animaux. Tout ce qu'ils ne comprenaient pas, tout ce qui échappait à leur sens étriqués, à leur esprits lents et repus d'eux-même... c'était pathétique, à en pleurer de rire et de rage. Monstre.. elle l'avait souvent entendu par le passé. Non. S'était un euphémisme. Elle l'avait tellement entendu par le passé qu'en observant le chemin qu'elle avait parcourut la première impression qui s'en dégageait était celle d'une de ces histoires pour gamins dans laquelle l’héroïne est une petite fille rejetée par tous se trouvant un beau jour un prince charmant pour la protéger et la couvrir de bijoux. La bonne blague. Les princes ont ne les trouvaient pas dans la réalité, seulement dans les rêves de petites filles encore trop niaises pour saisir que le but même de l'existence était de combattre, encore et toujours, pour son salut, pour sa prospérité... Elle ne s'était jamais reposé sur personne, ni par le passé ni à présent. S'en remettre à un compagnon était dangereux, s'était un coup de poker, soit il vous laissait tomber au pire moment soit il tenait bon... elle n'en avait pas souvent trouvé dans la seconde catégorie. Pas avant d'intégrer la main....

Son enfance ? Rien de reluisant, rien de fantastique, de notable. Elle était naît dans un village isolé de Norpalie, pauvre, agricole, un village comme tant d'autres où le plus grand intérêt restait les chasseurs de passage vers d'autres terres, à la recherche d'aventures ou de gibiers. Elle aurait pu avoir la maigre chance de naître humaine mais malheureusement pour elle son destin ou simplement mère nature, en décida autrement. Tieffelin, différente, celle que les autres gamins regardaient avec curiosité et méchanceté, lui faisant des misères, l'isolant, celle que les humains du village chassait, comme ses parents. Tellement commun comme histoire n'est ce pas ? Ses petites cornes répugnaient, ses yeux dérangeaient avec leur éclat rougeoyant comme des braises vives, son silence fracassant repoussait les rares tentatives, les rares approches. Grandir n'améliora pas son caractère solitaire et indépendant, ni les différences physiques que les villageois considéraient comme des tares mais au moins eut elle un brin de satisfaction, bref certes, à pouvoir damner le pion de ceux qui, plus jeunes, l'avait bousculée. Elle était plus forte, plus agile, préférant courir dans la campagne plutôt que de travailler. Préférant chasser les bêtes que de partager un repas en famille. Elle aspirait à tellement plus que cette vie bassement servile et inutile. Et finalement, à treize ans elle décida de quitter les siens pour partir à l'aventure, pour voir le monde et pour trouver une place qui serait bien à elle, dans un lieu où sa race et son apparence ne serait pas un facteur déterminant. Elle n'avait pas tant de biens que cela, simplement ses habits, quelques pièces et l'arc qu'elle s'était fabriquée avec ses petits moyens.

Sa décision arriva à point nommé bien qu'elle même ne le su que bien plus tard. Des hommes d'armes de passages mirent le feu à la demeure de ses parents et les exécutèrent sans cérémonie. La dure loi du plus fort frappant pour la première fois, marquant le début d'une longue série d’événements qui contribuèrent à lui forger le caractère. Elle se dirigea tout d'abord vers fort froid espérant rencontrer quelqu'un de qui elle pourrait apprendre le maniement des armes et la monte. Ce fut d'ailleurs à cet effet qu'elle s'engagea comme aide de camp auprès d'un chevalier errant, acceptant de le servir en échange d'une part dans ses aventures et de son savoir. Mal lui en prit, la seule chose qu'elle récolta de cette outre à vin fut des avances trop appuyées à son goût. Encore un fait qui semblait tellement classique, pourtant les dieux seul savaient à quel point elle trouvait déjà insupportable ce genre de comportements à l'époque. Elle l'abandonna donc sans demander son reste mais en lui chipant tout de même une de ses dagues au passage, une arme qu'elle pourrait utiliser plus facilement que son arc maladroit. Se trouvant alors dans les environs de Varak elle y effectua divers menus travaux qui lui permirent de subvenir à ses besoins. Elle n'aimait pas particulièrement s'abaisser ainsi mais parfois la fierté est un obstacle à la survie et il vaut toujours mieux un individu vivant mais honteux qu'un individu mort et plein d'honneur. Elle apprit ainsi à tirer son épingle du jeu quoi qu'il arrive même si le vol lui répugnait au plus haut point. A dix neuf ans elle tomba de la pire façon sur un capitaine Sombreflot. L'impudent en pleine tentative de séduction raté se vit récompensé d'un plongeon dans l'eau eau du port avant qu'elle ne décide finalement de s'excuser et de lui faire les yeux doux pour monter à bord de son navire.

Certes, les femmes sont mal vue à bord des grands vaisseaux mais cela elle s'en fichait éperdument. Ce qu'elle désirait s'était apprendre à se battre. Et elle apprendrait à se battre peut importe ce que le reste de l'équipage en pensait. Aucun d'eux n'était important à ses yeux, quantité négligeable que leur vie alors que son but était, semblait-il, à sa portée. Cyanis, le capitaine, était un homme de contacte et de peu de mots, qualités qui lui valurent tout de suite une place de choix dans l'entourage de la jeune tieffelin qui n'appréciait guère les longs discours et elle entretint avec lui des relations si non affectueuses du moins cordiales et de bons aloi. Et ce malgré sa tendance à toujours tenter de la mettre dans son lit. Si elle fut tout d'abord suspicieuse, n'ayant pas envie d'être lésée, sa méfiance fut rapidement dissipée quand elle reçu des armes correctes de la part de celui qu'elle appelait son ami, par pure politesse, mais qui tenait davantage de la compagnie intéressée. Formée avec les Sombreflots elle devint rapidement une archère de premier ordre et une guerrière honorable. Ce fut également à cette époque qu'elle se découvrit un don inespéré. Non, pas la magie. Mais quelque chose de bien plus précieux si l'on considérait sa prédilection pour les armes à distance. L’œil parfait. Une précision et une vision incomparable tant à distance qu'à courte portée, capable de déceler les défauts dans une cuirasse, les aléas d'un vol d'oiseau de proie dans le ciel ou les plus infime changement d'expressions sur le faciès d'un homme. Tout ce que l'on pouvait découvrir d'un simple coup d’œil elle le voyait sans le moindre soucis. Elle abandonna donc quelque peu le corps à corps pour se consacrer à l'exploitation de cette particularité fort bienvenue. Elle se forgea, malgré sa relative jeunesse, une réputation d'archère redoutable autant que d’icône de glace tant elle repoussait les autres.

Des anecdotes sur sa vie à bord du grand navire elle en avait des centaines, cependant la seule notable fut la création pour elle de Cœur de freux, l'arc superbe et mortel qui l'accompagnait partout. Ayant, par pur hasard, rencontré un maître artisan nain au court d'un voyage en solitaire elle parvint à le convaincre, à force de patience et d'arguments, de l'aider dans la réalisation d'un arc à sa mesure, Fait à la fois de bois pour les courbures, et d'un métal assez léger pour qu'elle le manie sans problème et assez résistant pour survivre à nombres de difficultés. Elle voulait un arc unique et elle fut servie, moyennant finance bien entendu. Tout ce qu'elle possédait de richesses durement acquise elle le lui remis, en plus de quelques services personnels. Mais le résultat était à la hauteur du prix, et même bien davantage. Cœur de freux fut donc son arme personnelle et elle dédaignât presque toutes les autres.

La création de son arme marqua également son départ du navire qui l'avait accueillit. Elle avait alors bien grandit et ses idéaux ne convenaient plus à cet univers. Elle prit alors le partit de voyager jusqu'en Térovia où elle eut affaire, pour sa plus grande horreur, à des membres du Gantelet qui manquèrent de peu de l'envoyer ad patres. Malgré ses qualités de combattante elle ne dû sa survit qu'à deux soldats de la main rouge opportunément présents dans les environs. On pourrait alors penser qu'il s'agissait là de son ' prince charmant ' mais mieux vaut ne pas trop se risquer à ce genre de commentaire. Quoi qu'il en était elle décida de les suivre, quelque peu contre leur grès il fallait bien l'avouer. C'est donc accompagnée des deux compères qu'elle rencontra Phélim Alberick afin d’intégrer la Main rouge. Pourquoi voudrait-elle faire partie d'une confrérie alors même qu'elle était si indépendante ? Tout simplement en raison de la réputation de ces guerriers d’exceptions dont elle aurait partagé les aventures avec grand plaisir. Après tout c'était pour cela qu'elle était partie de chez elle en tout premier lieu non ? Elle consacra ainsi les années qui suivirent à sa tâche d'éclaireur, s'adoucissant par la même quelque peu au contact des autres membres de la main rouge qui lui apprirent à faire de nouveau confiance...

H.R.P

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