Histoire

~ Le destin ~

Au sommet d'un haut sémaphore continental, un détachement de Tolveks en armure surveillait les environs de Molavel depuis six heures déjà. Usés par la fatigue et la faim, les guetteurs savouraient enfin une frêle galette d'avoine recouverte de confiture de baies, accompagnée d'une boisson tout aussi visqueuse que revigorante. Leur tour de garde allait prendre fin dans les minutes à venir, les premières lueurs de l'aurore éclairant désormais les cieux. Une cloche sonna à l'étage inférieur, signe que les traqueurs revenaient de leur mission nocturne. Il n'y avait alors ni porte, ni muraille séparant les habitants et soldats de l'extérieur, et pour cause, les terres Eladrins n'étaient pas menacées par un quelconque danger, contrairement au continent qui leur faisait face par delà les mers.
Les traits tirés par une longue nuit de chasse, Nemendil surgit des ombres accompagnée des trois autres traqueurs de service ce jour là. Ils avaient reçu l'ordre de pourchasser un animal sauvage énorme, repéré la veille rôdant aux alentours du village. La bête n'était autre qu'un change-forme ayant probablement perdu l'esprit pour une sombre raison, et après l'avoir retranchée près d'une rivière d'altitude, l'étrange créature pourtant épuisée s'était rebellée et après avoir blessé l'un des traqueurs au visage d'un coup de griffes acérées, avait disparu dans les eaux boueuses descendant des montagnes. L'homme encore sous le choc, en voulait ardemment à ses compagnons de ne pas l'avoir suffisamment protégé et pestait à l'arrière de la marche, le faciès largement recouvert d'un bandage en forme de croix.

Un guetteur ricanant s'avança au pied du sémaphore, une tasse de son infâme boisson à la main.

- Alors Nemendil, je ne vois pas l'ombre d'une fourrure en trophée de chasse, ou est la bête ?

-On a perdu sa trace au bord d'une rivière, après que l'un d'entre nous l'ait taquinée d'un peu trop près. Elle toisa son compagnon du regard, et ce dernier baissa les yeux pris d'un étrange frisson de honte.

- Meh … au diable la bête, vous feriez mieux de vous dépêcher, le nouveau détachement pour Ildirith a été choisi dans la soirée par le Palandrin de Molavel, soignez-donc ce pourceau qui pue le sang séché avant le rassemblement.

Parvenue à sa hauteur, l'Eladrin envoya la paume de sa main rencontrer le dessous de tasse, inondant tel un tsunami imprévu le visage de son interlocuteur qui toussotait et s'essuyait maladroitement les yeux et le nez.

- Sois plus respectueux de ceux qui partent seuls la nuit dans les ombres que toi, tu ne fais que guetter du haut de ta tour. Un seul traqueur a probablement plus de courage et de sang-froid que cinq guetteurs réunis.

Ragaillardi par les paroles de Nemendil, le blessé lui offrit un sourire franc et chaleureux, puis bifurqua à droite et pénétra dans le bâtiment de chaume accolé au sémaphore, où il se ferait soigner par une infirmière.
Nemendil regagna seule le centre de Molavel. Malgré l'heure matinale, la rue centrale s'animait peu à peu. Sur sa gauche, des boutiques rénovées au milieu de ruines ancestrales, laissaient s'échapper de délicats fumets, ravissement des sens. Les boulangers appliqués sortaient leur première fournée de pains chauds et moelleux. A sa droite, les étals de fermiers se découvraient eux aussi, laissant apparaître une myriade de légumineux appétissants. La jeune Eladrin troqua alors avec l'un de ses fidèles amis, deux  pommes bien rouges contre une poignée d'herbes médicinales ramassées pendant la nuit. C'était en quelque sorte un rituel apaisant auquel elle ne dérogeait jamais en retour de mission. Parvenue au bout de l'allée centrale, elle prit à droite et entra immédiatement dans la première boutique du quartier des artisans.

- Par Thasilvia ! Jeune fille, enlève tes bottes pleines de boues avant de rentrer je te prie !

Elle leva les yeux au ciel.

Moi aussi, je suis heureuse de te voir ma tante.

Nemendil s'exécuta immédiatement, en nièce obéissante qu'elle avait toujours été puis s'installa sur une chaise haute,  pendant que Gemma ( sa tante ) lui versait du lait de chèvre dans un bol. Cette dernière scrutait sa nièce tous les matins et aucun détail ne lui échappait jamais, aussi était-il totalement vain d'essayer de lui mentir.

-Tu as passé la nuit en mission n'est-ce pas ? Et vous avez parcouru la montagne sans vous arrêter pour dormir ou vous restaurer.

- Je suis un traqueur Gemma, c'est mon devoir de protéger Molavel des menaces extérieures, et les menaces en question ne font pas de pauses pour dormir lorsqu'elles ont quatre chasseurs à leurs trousses.  

Elle but une gorgée de lait et dévora sa pomme en trois bouchées seulement. Sa tante la regardait, les yeux débordants d'un mélange d'affection et d'angoisse.

- Tes parents seraient fiers de toi, mais ils seraient aussi très inquiets. Je pense que tu devrais éviter de …

L'escalier trembla au fond de la pièce encore sombre, il en descendit un homme d'âge mûr mais bien portant, immense, épais et large d'épaules. Sa tête était aussi nue qu'un nouveau né, sa moustache bien dessinée donnait un air bonhomme à son visage pourtant sévère. Phiel était un tanneur de cuir connu à Molavel pour l'excellente qualité de ses articles, il était aussi l'oncle de Nemendil, et plus précisément le frère de son père. Il l'avait prise en charge alors que ses parents avaient été envoyés sur le continent quelques années plus tôt. Son regard gris dont elle avait hérité, se posa tour à tour sur sa femme et sa nièce avant de se diriger vers la fenêtre qu'il s'empressa d'ouvrir.

- Ses parents, ma chère, sont partis en guerre il y a près de vingt ans. Ils étaient tous les deux heureux de partir sur Ildirith et crois-moi, leur vaillance n'avait d'égale que leur bravoure. Aussi je ne pense pas qu'ils s’inquiéteraient du fait que leur fille courre après quelques bêtes dans les montagnes … alors que …

Nemendil envoya la seconde pomme à son oncle qui l'attrapa au vol avec une agilité déconcertante liée à l'habitude. Ce dernier croqua dans le fruit du bout des dents … quelque chose n'allait pas, habituellement c'était un ogre. Se redressant sur sa chaise, la jeune femme sentit son cœur battre la chamade, elle haletait. Son regard se perdit dans celui de son oncle, seul capable de le soutenir sans frémir. Phiel pointa une lettre d'un doigt vengeur, posée sur la cheminée, elle semblait flamboyer intérieurement d'une lumière malveillante.

- J'ai été choisie n'est-ce pas ? Le Palandrin m'a choisie pour partir sur Ildirith … Combien sommes nous ? Avec qui dois-je partir ?

Gemma tremblait, depuis la veille, sa tante restait dans le déni et ne parvenait pas à croire que sa petite allait être envoyée sur le champ de bataille. Son oncle quant à lui, demeurait grave et circonspect.

- Le peuple de Molavel s'est récemment désintéressé du continent. On assiste à une sorte de repli interne et les forces armées se sont également endormies. Les jeunes ne veulent plus partir, les goules, les démons, les factions qui se battent par delà la mer effraient les Eladrins. Notre peuple n'ose pas se montrer, de peur que la peste d'outre-terre, j'entends par là les menaces, ne viennent conquérir notre île.

- J'ai entendu parler de ce qu'il se trame là bas … bien que la guerre soit terminée, les esprits demeurent échauffés et de nombreuses créatures infernales rôdent encore sur le continent. Mais ça ne répond pas à ma question, quand dois-je partir et avec qui ?

Ses apparentés se regardèrent, conscients désormais que leur propre mission de formation toucherait bientôt à sa fin. Au fond, ils avaient toujours su que Nemendil partirait, qu'elle serait choisie pour ses compétences et son courage. Phiel soupira …

- Demain, vous serez cinq, quatre guetteurs talentueux sont envoyés sur Ildirith afin d'en apprendre d'avantage sur ce qu'il se passe là bas. Ils sont également chargés de retrouver tes parents, ainsi que tous les autres membres d'expéditions passées, afin de faire un rapport détaillé sur ce qu'ils sont devenus sur le continent. Quant à toi … tu es notre traqueuse la plus efficace et la seule à maîtriser la magie de combat. le Palandrin de Molavel a décidé de t'envoyer là-bas pour que tu y intègres une institution, et que tu représentes les Eladrins Tolveks dans la défense d'Ildirith. Tu es notre porte-guerre … c'est un aller sans retour.

Nemendil tressaillit. Bien sûr, elle avait déjà envisagé cette éventualité, et au fond cela ne la surprenait pas. Depuis toujours, elle protégeait Molavel avec ardeur et ferveur, et elle en avait été récompensée à maintes reprises ; cours particuliers avec d'anciens mages, entrainements intensifs avec d'excellents maîtres d'armes, regard bienveillant des habitants. Alors bien sûr, l'idée de quitter sa terre la blessait profondément. Elle se leva, glissa la lettre dans son corsage et entrouvrit la porte.

- Où vas-tu ?

- Je pars m'entrainer. Veillez l'un sur l'autre, même si ce n'est pas le destin qui m'est écrit, j'espère pouvoir vous promettre que je reviendrai.

La jeune Eladrin, encore secouée par la nouvelle pénétra dans l'atelier de tannerie. L'odeur caractéristique du cuir fraichement travaillé envahit immédiatement ses narines. Suivant les chauds rayons du soleil qui se glissaient enfin par les fenêtres de la ville, Nemendil ouvrit son armoire personnelle. Elle était là, sa tenue de chasse favorite, fabriquée de ses mains, souple et légère comme le vent, résistante et dure comme la peau d'un ours. Seule dans l'atelier, elle enfila l'attirail que jamais plus elle ne poserait ; bottes cloutées, arc court de chasseur récemment fabriqué sur mesure par l'armurerie Tolvek et dague en acier ciselé de vingt centimètres, cadeau de départ de son père.

~ la magie ~

~ Le départ ~

Hors-jeu

De quelle façon as-tu trouvé le forum ?

→ J'ai cherché parmi les topsites sur le net, tout simplement !

As-tu des suggestions ou des commentaires ?

→ Je pratique le RP depuis plus de 8 ans maintenant, aussi j'aime avoir des partenaires appliqués et une bonne ambiance si possible ^^

Quel est le code de validation caché dans les règlements? En l'inscrivant vous acceptez de vous soumettre aux règles établies.  

→ ...