Les hautes montagnes de Norpalie rougissaient à la lumière du crépuscule. La période estivale avait fait fondre la neige qui recouvrait les herbes de basse altitude. Bardok suivait un sentier qui épousait les courbes d'une rivière creusée entre deux montagnes. De temps à autres, des poissons sautaient hors de l'eau et de grands aigles plongeaient pour les attraper au vol. Un spectacle qui divertissait le nain. Qui le divertissait beaucoup trop. Il n'avait pas remarqué qu'autour de lui, les fougère s'agitaient et les hautes herbes tremblaient. Il s'arrêta un moment au bout d'une presqu'île. Ça me fera un bon lieu pour camper pensa le nain. Il pose ses affaires et commença à s'installer. Une herbe bougea et Bardok se retourna. Une fougère vibra et Bardok se saisit de sa hache. Rien. Tout cela devenait louche aux yeux du nain. Il s'approcha de cette dernière. Quand il fut suffisamment proche, il aperçut deux petits yeux. Un Grob ! Il courut jusqu'à ses affaires. Le gobelin le suivit en courant, une masse en bois à la main. Toutes les herbes autour de lui se mirent à bouger. Par le skruff de mes gromthi ! Qui ne m'a pas prévenu de cette petite fête ? Le nain sourit. Une demie-douzaine de gobelins. Il avait connu pire. Il se préparait mentalement quand il entendit un râle profond. Un troll était sorti, probablement attiré par l'odeur des gobelins. Mais quand il vit le nain, il chassa son idée de manger des gobelins. Un bon nain, même en armure et un peu vieux, restait mieux garnit et bien plus savoureux que six gobelins.

Le troll déracina un arbuste et s'en servit pour écraser un gobelin qui était sur son chemin. Il agite drôlement bien cet arbre… Mais il ne sait pas s'en servir conclut le nain devant la manière de l'ogre de faire tourner l'arbre dans sa main. Le nain esquiva sans soucis l'impact et alla chercher la tête des deux atures gobelins. Le troll, mécontent de l’échec, réitéra son coup. En vain, le nain était trop agile et plus rapide. Bardok laissa le sang des gobelins couler le long de l'acier de sa hache. Il ne lui restait plus que le troll. J'aurais dû faire plus de fiole d'embrasement d'acier, plutôt que de les utiliser pour impressionner des ours songea le nain.

Il entendit au loin le clapotement des sabots des chevaux dans l'eau. Une aide potentielle ! Il se dirigea vers la rive. Des armures et capes noires. Le gantelet ! Le nain leur fit signe.

-Hé les gars ! Vous avez vu ? Un demi-homme se bat contre un troll

-Euh, on dit pas un demi-homme mais un nain répondit son compagnon sur le même ton que font les nains.

-Ça te dirait qu'on aille « aider » notre ami?

-Pourquoi pas ? Un bras en moins et c'est tout de suite plus amusant d'affronter un troll.

Ils dirigèrent leur chevaux vers le nain et sortirent leur épée. Le nain parât le premier coup, mais la seconde lui laissa une entaille peu profonde à l'épaule. Même Bardok, pourtant aguerri par des années de mercenariat, ne pensait pas s'en sortir sans aide.

J’avais traversé une fois de plus cette tumultueuse et imprévisible mer des Larmes dans l’espoir de trouver une certaine paix d’esprit en venant en aide aux gens que je croiserais et pour découvrir des lieux qui m’étaient encore inconnus. En ce jour je pouvais affirmer que j’étais servie, me baladant dans la forêt au pied de la Redoute brumeuse en quête d’une chose à laquelle je n’aurais jamais cru devoir m’intéresser : de la merde de troll. Enfin, des ‘’excréments’’ pour reprendre les mots de cet alchimiste à la cervelle ramollie. Il était apparemment sur le point de découvrir une nouvelle recette qui viendrait à bout des rides et des imperfections du visage, grand bien lui fasse, tant qu’il me payait je voulais bien aller lui chercher n’importe quoi! Encore fallait-il que je retrouve mon chemin car vraisemblablement j’étais fichtrement perdue.

Le temps était clément, c’était déjà ça, et le fait de voir de l’herbe me réchauffait le cœur et me remplissait la panse puisque les bouquetins affluaient en grand nombre pour satisfaire leur propre estomac. Malheureusement j’avais deux haches fraîchement affutée et pas eux, mon sac était donc bien lourd de viande alors perdue ou pas j’avais de quoi bouffer. Après avoir cassé la croûte j’entamai ma descente faute d’avoir mis la main sur ce que j’étais venue chercher, mon employeur n’avait qu’à me fournir une carte digne de ce nom. Quelques minutes plus tard et j’entendais déjà la rivière, cependant des bruits de combat se mêlaient à celui de l’eau. Tout ce brouhaha eut tôt fait d’attirer mon attention et j’accourais déjà pour voir de quoi il en retournait.

M’extirpant de la pinède je tombai nez à nez avec trois blondinets vêtus de noir, un Nain les repoussant du mieux qu’il le pouvait et une créature aussi laide que le derrière de ma cousine. Je souris lorsque je compris qu’il s’agissait d’un troll, mais ces crétins racistes et fanatiques méritaient une bonne leçon, je devais donc me débarrasser d’eux avant toute chose. Je ne croyais pas vraiment en l’honneur, mais la bravoure de ce Nain éveilla en moi un désir de justice et c’est donc sans avertissement que je fonçai sur les Norpaliens qui s’acharnaient sur un être deux fois plus petit qu’eux. L’arrogance et la lâcheté devaient être punies.

La dernière expression du plus costaud fut l’hébétement avant que ma hache bien ancrée dans ma main droite ne lui tranche la gorge. Le Térovien parut agréablement surpris de me voir malgré le flot de sang que je laissais derrière moi. Je parai une première attaque puis je glissai mon arme le long de l’épée de mon assaillant avant de le désarmer, un second adepte du Gantelet alla tâcher les galets de sa dépouille infecte. L’immense troll entra alors dans la bataille tandis que je me joignais au brave Nain pour affronter les deux ennemis restants. Je m'adressai au guerrier qui mettait pieds à terre afin de mieux se défendre.

« Tu n’as pas la moindre chance contre nous et cette créatures, aide-nous à la terrasser et tu pourras partir! Prend ta décision, il arrive! »

Sur ce mon compagnon de fortune et moi évitions l’arme géante improvisée qui s’abattait sur nous. Le soldat se joignait visiblement à nous de peur de mourir tout seul. Je bondis vers lui pour lui briser la jambe gauche du revers de ma hache, le troll allait porter son attention sur lui et ça c’était bien.  L’homme hurla de douleur et de rage alors que le Nain m’invitait à le suivre hors de la zone de combat.

« Sale traîtresse, va pourrir dans l’Outre-monde!!! Arrrwwggg… »

« Honorable dernière volonté, scélérat, mais je ne reçois pas d'ordre d'une larve en ton genre.» crachais-je à son intention avant de le regarder mourir aux pattes de la bête au sombre pelage.

« Ravie d’avoir pu donner un coup de main, Nain. Je propose d’achever cette créature tandis qu’elle se goinfre, sa peau, ses dents et ses griffes valent une fortune. Vous pourrez tout garder, je n’ai besoin que de…Enfin je vous expliquerai plus tard. Qu’en pensez-vous? »

L’eau devenait rouge  sous nos pieds tout comme la gueule du troll qui déchirait la chair. Quelques âmes pourries en moins, j’étais plutôt fière.

Sans même comprendre ce qui se passait, Bardok vit une ombre verte se faufiler jusqu'à un des membre du Gantelet pour le transformer en monnaie pour pompe funèbre : un cadavre mort. Elle para avec une aisance digne des plus grands bretteurs. D'un coup de hache elle l'envoya sur les galets et le sang s'infiltra entre les roches, commençant à teinter l'eau d'un pourpre terne. Elle se déplaça vers le nain et apostropha le dernier membre du Gantelet. Elle proposait de s'allier pour vaincre le troll qui frappait le sol maladroitement, mais à peine le guerrier s'approcha, elle lui brisa la jambe. Le troll se précipita sur lui et commença à le manger alors qu'il finissait un dialogue des plus joyeux avec l'orc. Il saisit l'occasion et s'éloigna du festin.

-Ravie d’avoir pu donner un coup de main, Nain. Je propose d’achever cette créature tandis qu’elle se goinfre, sa peau, ses dents et ses griffes valent une fortune. Vous pourrez tout garder, je n’ai besoin que de…Enfin je vous expliquerai plus tard. Qu’en pensez-vous ?

Le nain considéra la proposition, puis lui répondit qu'il était d'accord.

Ils se dirigèrent vers le troll qui sentit leur présence s'approcher. La créature se retourna, mais trop tard, car la hache du nain était déjà fiché dans sa jambe. Le nain essaya de dégager son arme, mais impossible, elle était fichée dans l'os. Il sentit une pression sur son épaule et le troll hurla de douleur. Le monstre s'écrasa sur le sol. La lame de l'orc figé dans le crâne.

-Merci beaucoup mademoiselle. Il retira la hache d'un coup sec vous comptiez m'expliquer quelque chose ?

Le nain s'assit sur le cadavre du troll et commença à le dépecer.

À peine étions-nous hors d'atteinte que nous foncions déjà vers la créature qui agitait ses bras de façon désinvolte en tous sens. Quelle bête stupide, non mais regardez-moi ça. En un éclair le Nain lui asséna un violent coup de hache dans la jambe, il ne sembla guère apprécié. Cependant le fils de la pierre était incapable de retirer son arme qui devait avoir atteint l'os. Prenant un élan je pris appui sur mon compagnon de fortune afin de me propulser dans les airs avant de diriger mes deux haches à l'unisson vers sa grosse tête dégueulasse. Je ne voulais pas le rater et me faire prendre à revers par sa colère l'instant d'après.
 
Je sentis le crâne se fendre tandis que je goûtais le sang affreusement âcre de mon ennemi qui s’effondra sous mon poids. Je crachai par terre avant d’essuyer ma bouche du revers de la main. Une bonne chose de faite. Le Nain entama alors de dépecer la créature tout en s’adressant à moi, je ne tardai point à lui répondre.

« Ma foi vous avez bel et bien la force de la pierre en vous, c’était un combat plaisant et bref comme je les aime. Je suis heureuse d’être tombée sur vous puisque je suis venue chercher de la merde de troll pour un alchimiste de Fort-froid, allez savoir ce qui m’a passé par la tête d’accepter un requête si ridicule. Enfin bref, je n’ai d’autre choix que de lui ouvrir les intestins afin de récolter…ce dont j’ai besoin. Je vous laisse terminer de prendre cette peau nauséabonde et je m’occupe du reste. »

Il se contenta de rire de la situation avant de poursuivre sa besogne. Une fois terminée je m’approchai de la créature arborant une grimace digne de ma race avant de planter ma hache dans la chair en remontant d’un coup sec. Une odeur horrible se dégagea de la fente, j’avais malencontreusement percé les tripes. J’attrapai le bocal que l’on m’avait préalablement fourni puis je le remplis d’une bonne boulette de fiente. Voilà qui était fait. Dégoutant. Simplement.
Heureusement je pus me nettoyer dans la rivière à proximité.

« Si vous voulez nous pouvons retourner à la capital ensemble, enfin si vous en avez terminé avec cette montagne. Qu’en dites-vous? »

J’en avais marre de parler toute seule, Rikard et nos conversations me manquaient. Faute de mieux ce Nain courageux ferait l'affaire.

La raison de la présence de l'orc surpris le nain et il ne put se retenir de rire. Il finit de dépecer la créature et vit l'orc se plaça au-dessus du troll et lui ouvrir le ventre. Une odeur pestilentielle se répandit dans l'air. La présence de la rivière devenait une nécessité pour le bien-être de l'orc. Pendant qu'elle essayait de retirer l'odeur de ses mains et plus généralement de son corps, l'orc proposa au nain de rentrer à la capitale à deux. Bardok n'allait pas refuser la présence d'un orc. Il n'en avait pas souvent vu, et les rumeurs prétendent qu'ils ne sont pas du genre amicaux. Mais elle semblait sortir du lot.

-Vous allez rire, mais je suis aussi à la recherche de déjection. Il avait dit ça sur un ton des plus sérieux, avant de continuer avec mais d'un genre particulier. Je recherche en effet un dragon. Selon certaine légende il y en aurait un dans ces montagnes, mais cela fait plusieurs jours que je me gèle le derrière sans en voir la moindre écailles...

Il organisa son attirail et, avant de se prendre la route de la capitale :

-Je ne me suis même pas présenter : je me prénomme Bardok

Il tendit sa main vers l'orc.

Ce Bardok avait du nerf, cette poignée de main me rappela la force des miens, une chose qui ne se produisait que très rarement. Je souris donc, dévoilant mes incisives primitives et acérées.

 
« Ravie ser Nain, je me nomme Thaom, je représente les Ours-hurlants. Disons simplement que la bataille ça me connait. »
 
Je guettai sa réaction mais aucune trace de méfiance ou d’inquiétude, enfin un étranger comme je les aime.
 
« Vos rumeurs doivent être sacrément sérieuses ou votre employeur fichtrement riche pour que vous partiez à la recherche d’une telle créature. Je suis de ceux qui croient que certains vivent encore aujourd’hui alors vous voilà coincé avec une Orc, mon brave! Cet alchimiste aux désirs douteux attendra, après tout sa merde ne va tout de même pas se détériorer! J’étais vraiment en manque d’aventure, non mais qu’elle idée. Bref, quand partons-nous? »  
 
Après cet échange amical nous entamons donc de ramasser nos affaires, c’est-à-dire nos armes, mon grand sac de viande de bouquetins, la peau de troll fraîchement prélevée ainsi que mes précieux excréments. Ascension, me revoilà.  
 

La nuit nous trouva bien assez vite mais nous avions déjà parcouru un sacré bout de chemin. Je croyais que la taille de mon compagnon de fortune allait nous ralentir mais il n’en fut rien, ses courtes jambes recelaient une endurance et une force insoupçonnées. Notre campement était rudimentaire mais nous avions l’essentiel, un feu et de la nourriture. Je décidai de quérir des informations supplémentaires sur notre quête tout en mâchouillant un peu de ma viande grillée. Décidément, ces petites chèvres geignardes feraient fureur auprès des miens.
 
« Alors, combien de temps devons-nous escalader avant d’atteindre la zone encore inexplorée? Si nous dépassons les deux milles mètres, nous devons nous attendre à faire de sacrées rencontres et à nous geler les os. Les Norpaliens ne vont jamais si haut, et pour cause, les Mortitudes se font de plus en plus nombreux et ces bêtes-là sont les plus sournoises de tout Ildirith. J’ai choppé ma dernière cicatrice lors d’un ‘’échange’’ avec une de ces cochonneries en Térovia, regardez. »
 
Je retire mon lourd manteau avant de dévoiler une large blessure encore rosée sur mon flanc gauche. Même si les hauteurs regorgent de créatures vicieuses rien n’allait m’empêcher de gambader où bon me semble en compagnie de ce sympathique gaillard et de sa fidèle pipe. Toujours à l'heure celle-là!

L'orc dévoila sa blessure. Une blessure qui aurait envoyé n'importe quel Nain six haches sous terre. Il posa son lourd paquetage et bourra sa pipe. La fumée lui emplit les poumon et ressortit par les narines.

-Je pense que nous y seront demain quand le soleil sera au zéntih, si nous nous levons aux premiers rayons de soleil. Il fit une pause et sortit de son sac une corne remplie de bière. Il en bu une rasade et la tendit à Thaom. Les légendes parlent de grottes aménagées. Certaines disent qu'ils vivent dans les cratères de volcans… Et nombreux d'entre elles font mention d'un dragon qui vivrait dans ces montagnes.

Il prit un morceau de viande et le mangea goulûment. Cuite parfaitement. Il bailla.

-Je déteste demander ça, mais je manque vraiment de sommeil. Cela vous ennuierait-il de prendre le premier tour de garde ?

Il est plutôt avare de détails ce Nain, j'aime ça. Découvrir mon destin pas à pas, foncer la tête baisser, enfin il s'agit là d'une simple façon de parler, être surprise et prise de court, c'est ce que j'appelle vivre.

« Aucun problème, dormez sans crainte noble vieillard, Thaom protège le camp. »

Encore une fois je me rends compte trop tard que j'ai parlé de moi à la troisième personne, les vieilles habitudes ont la vie dure à ce que je vois. Bref, outre un petit sourire amusé il ne m'en tient pas rigueur. Je le laisse donc s'installer pour la nuit tandis que j'extirpe mon arc court et quelques flèches de mon énorme sac, je préfère être équipée d'une arme à distance si je venais à surprendre un ou des potentiels fauteurs de trouble. 

Le vent souffle à peine mais l'obscurité n'est pas silencieuse pour autant, elle regorge de petites bestioles qui se baladent et certaines viennent même nous épiées, mais un renard et quelques rongeurs n'ont rien d'inquiétant. Je reste assise adossée à un arbre pendant deux bonnes heures avant d'aller fureter un peu dans les environs, j'ai besoin de retrouver une quelconque sensation au niveau de mon derrière. Trois autres heures passent ainsi sans que rien d'intéressant ne se produise. Soudain une odeur qui m'est inconnue s'empare de mon nez tandis que mon instinct sonne l'alerte dans tout mon être.

Rapidement et silencieusement je retourne auprès de ce cher Bardok que je secoue modérément. Il ouvre les yeux et aussitôt je lui fais signe de garder le silence en pausant mon index droit sur mes lèvres craquelées par le froid. Nous n'avons pas le temps d'étouffer le feu puisque des secousses se font déjà sentir alors nous nous contentons de nous dissimuler derrière deux gros arbres à proximité. J'entends désormais un souffle rauque et des branches se briser tandis que les pas de la bête font trembler le sol. Je serre le manche de ma hache, au diable les flèches, la silhouette qui se dessine dans la pénombre ne les sentirait probablement même pas.

Le Nain jure dans sa barbe en me faisant signe de ne pas me dévoiler, apparemment il souhaite à tout prix éviter de confronter la créature. J'hésite un instant puisque je ne sais pas à quoi nous avons affaire, je patiente mais je me tiens prête.

Hors rp:

Noble vieillard. La remarque amusa le nain mais il savait que c'était la vérité, même s'il avait déjà vécu bien longtemps pour un nain. Il se glissa sous une couverture et le sommeil fut prompt à venir. Ce qui lui sembla ne dura qu'un moment avait en fait duré des heures et les légères secousses ne mirent pas longtemps à réveiller le nain. Thaom utilisa un signe universel : le doigt sur les lèvres. Le nain comprit facilement. Ses yeux s'habituèrent rapidement à l'obscurité et il distingua à son tour la forme massive. Il poussa un grognement dissimulé. Il chuchota à l'orc de se planquer dans la boue. Bien que l'idée ne lui plaisait absolument pas, il ne voyait rien de mieux à faire. Si la créature se déplaçait dans la nuit, soit elle était nyctalope, soit elle se fiait à son odorat. Ce camoufler dans la boue permettrait de résoudre les deux problèmes. Il avança, ventre contre le sol, jusqu'à une flaque de boue et se recouvra entièrement de boue, excepté le visage, pour y voir quelque chose. Il avait perdu son compagnon de vue, mais il fit confiance à l'orc. Il regarda la forme passé, et resta dans la boue jusqu'à ce que l'aube se lève.

Aux premiers rayons du soleil, il se leva. Il retourna au campement. Il était presque intact, sauf le feu. À la place, empreinte de pied d'une profondeur de 60cm environs. Il fut vite rejoint par Thaom.

-Nous avons eu de la chance qu'il n'ai pas décider de s'attarder plus longtemps dans notre campement... Merci encore.

Il ramassa ses affaires et ils partirent tous deux en direction des grottes censé accueillir des dragons.

Mais qu’est-ce qu’il fait bon sang, ce doit être glacé! Pas question de me plonger dans cette boue semi-gelée, je n’ai pas quitté ma Jungle pour me retrouver couverte d’autres substances brunâtres, ça non. Je demeure donc, obstinée comme toujours, adossée à cet arbre bien résolue à ne pas mourir écrasée par un sinistre Géant. Je calme donc ma respiration abaissant ma hache par le fait même, les pas se rapprochent…Puis s’éloignent quelques instants plus tard.

Je jette un rapide coup d’œil vers le campement et je vois l’immense silhouette disparaître dans la pinède vers l’aube naissante. Une fois que je suis certaine qu’il ne réapparaîtra pas de sitôt, je pars à la recherche de ce vieux Nain en remarquant au passage qu’une empreinte gigantesque a terrassé notre joli feu de camp. Créature imbécile que cet humanoïde hideux, non mais je rêve.
Bref, en cherchant Bardok je perçois un mouvement sur ma gauche, une ombre accompagnée d’une odeur poisseuse. Je me retourne donc instinctivement brandissant mon arc cette fois, mais il n’y a rien. Je reste ainsi plusieurs secondes puisque je sais qu’un intrus se terre dans la pénombre, mon gros nez ne me trompe jamais. Soudain l’ombre sort de sa cachette et fuit vers les hauteurs à une vitesse folle, je n’ai même pas le temps de viser et décocher ma flèche, il n’est déjà plus là. Mais qu’est-ce que c’est que ce truc?

De retour au camp, je tombe nez-à-nez avec le Nain couvert des restes de son camouflage de fortune. Je souris.

- Mais c’est que vous avez la peau dure, Nain. J’aimerais pouvoir en dire autant mais je ne m’habitue pas au froid, quoi que je fasse!

Il se décrasse sommairement en souriant à son tour avant de m’inviter à relancer notre périple, un vrai boute-en-train ce semi homme.

- Je mangerai en chemin alors, en route vers une mort certaine!

C’est donc en proie à une fébrilité bien connue que j’emboite le pas à mon compagnon qui avance avec vigueur comme à son habitude. Rapidement nous atteignons les plateaux rocheux puis nous nous élevons toujours plus haut au-dessus de la cime des derniers conifères enneigés. Quelques heures et une crampe au mollet plus tard, nous apercevons enfin l’entrée d’une grotte, et pas une petite.

- Quoi qu’on y trouve, ce sera mémorable. Allons taquiner le dragon!